Le changement dans la continuité. L’expression semble être ce qui caractérise cette troisième édition de la Nuit du Rock. Si ce sont toujours les mêmes équipes qui chapeautent la soirée, aussi bien à l’orga qu’aux sons et lumières, synonyme de conditions réellement professionnelles, cette fois, on reprend le principe d’une seule soirée qui était prévu au départ, et – pour penser aux couche-tôt, légion dans la région – de quatre, on est passé à trois groupes, plus un DJ en introduction.
20H30, j’entre dans la salle qui, à la première impression semble plutôt remplie. Malheureusement, elle ne se remplira guère plus par la suite, ce qui est dommage, vu la qualité des groupes de ce soir.
Mister T. est déjà sur scène. Et là, je sens déjà les questions venir : mais que fait un DJ dans une « Nuit du Rock » ? Et bien un peu d’ouverture d’esprit s’impose. Car Mister T. pratique ce que l’on appelle du Dubstep. Quézako ? Ben à vrai dire, n’étant pas réellement fan d’Electro, même si j’apprécie la Trip-hop et quelques autres choses informatisées, je ne saurais pas vraiment dire ce qui différencie la Dubstep d’autre chose (et puis je suis pas Wikipédia moi !). Toujours est-il que le genre semble être bien prisé ces temps-ci, puisque Korn s’y est mis sur son dernier album. Pour en revenir à Mister T, le DJ mixe, pour la soirée en tous cas, de nombreux hymnes Rock bien connus, tout en les réinterprétant à sa sauce. On a quelque chose de plus intéressant qu’un David Guetta qui se contente de passer le refrain d’une chanson en boucle pendant 3 minutes 30. Non, là, les titres sont remaniés, déstructurés, restructurés, pour donner quelque chose de nouveau. Il est juste un peu dommage que le DJ n’ait pas plus interagit avec le public. Voilà une introduction plutôt originale, tout en étant pas si éloignée de l’esprit Rock de la soirée.
Après quelques installations, c’est Nève qui s’empare de la scène. Nève étant de la région toute proche, je les connaissais un peu, sans pour autant les avoir vus sur scène. Et je m’attendais à voir un groupe avec des compositions efficaces, mais encore amateur. Et là, je dois dire que je me trompais. Énergique, furieux, rageur, le groupe a investi la scène comme on le voit rarement. C’est bien simple, ils m’ont rappelé Mok, révélation de l’année précédente, sur cette même scène. Soutenu par un chanteur complètement hyperactif et possédé par sa musique, Nève se montre impressionnant. Le genre de show dont on se demande si le gars va tenir la distance. Et bien oui, il a dû finir complètement crevé, mais il a tenu jusqu’au bout ! Et le reste du groupe n’est pas en reste et sont bien présents, même s’il en ont moins la possibilité, compte tenu de leurs instruments.
Et pour la musique ? Et bien Nève propose un mélange entre un Rock Français hargneux et direct, sans tomber dans la facilité, et ce qu’on peut voir de l’autre côté de la Manche. Le tout est des plus efficaces. Un groupe à voir sur scène, assurément.
Plus posé, mais plus hypnotique, Sarro monte sur scène. La scène se fait un peu plus vide, puisque de quatre musiciens on passe à un trio, mais le groupe sait comment la dominer. Un show presque acoustique, pas besoin de fioritures, Sarro charme. Le groupe me fait penser à certains groupes de post-core, que j’ai pu voir, dans la manière de se tenir sur scène, presque enfermé dans leur monde, envoutés, pris par la musique. Les membres du groupe blagueront d’ailleurs à ce sujet au bout de quelques chansons sans entretien avec le public : « Le bassiste me fait signe de parler, mais vous voyez, il a un micro à un mètre de lui. », « À la basse Damien, avec un micro qui sert à rien ! ».
Niveau inspiration, Sarro semble piocher dans un Rock américain très seventies. Une guitare cristalline, soutenue par une voix envoutante bien loin de ce que l’on fait habituellement dans le Rock Français.
Tout en douceur, Sarro a réussi à conquérir le public de ce soir.
C’est avec un trio cent pour cent féminin que la soirée se conclut. Et c’est un quatrième changement de genre, puisque Raz’Rockette pratique du Pop Punk proche des Américains. C’est efficace, sautillant et festif. Le groupe me fait penser à du Avril Lavigne, sauf qu’en live, elles savent chanter, contrairement à la demoiselle avec sa voix fausse et sans souffle. Là, le duo vocal fonctionne bien entre une voix aiguë et l’autre un brin plus cassée.
Si c’est moins ma tasse de café au lait que les prédécesseurs, objectivement, ça reste bien fichu et ça part directement dans les pieds pour qu’on ait envie de sautiller sur place. Je m’attendais à un truc un peu plus énergique, mais ça fonctionne.
Il est toutefois dommage que même avec la suppression d’un groupe, les couche-tôt soient déjà partis. A moins que ce soit le changement de style, qui n’a pas plu. Qu’importe, les Raz’Roquette se font plaisir en se donnant sur scène, toujours le sourire au lèvres. Et, comme elles le disent, ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de jouer sur une scène aussi grande, dans des conditions pareilles.
Au final, les absents ont toujours tort. Malgré le côté excentré de la capitale romaine, ce sont les Lyonnais qui se sont le plus déplacés pour assister à cette troisième édition. Et il est fort dommage que Miribel soit autant une ville dortoir dans laquelle ses habitants sont trop fainéants et trop pantouflards pour soutenir les actions locales.
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