Photos + report : Manu Caron

C’est la première édition du Metal CH4, organisée par l’association du même nom. Nous marchons sur les traces de feu « Le Gohell Fest » de Loos-en-Gohelle.
L’association a à cœur de valoriser le Bassin Minier au travers du metal. Alors CH4, c’est quoi ? Et bien, c’est le méthane, gaz hautement inflammable qui compose en grande partie le « Grisou », responsable de nombre d’accident minier, « le coup de grisou ».
Cette première édition investit le Colisée de Lens. Le Colisée est un théâtre, et Lens la sous-préfecture du Pas-de-Calais ou l’on s’ennuie un peu, beaucoup, à la folie, passionnément… Alors l’arrivée du Metal CH4 ne peut qu’apporter un regain d’intérêt, au moins localement.
Cinq groupes sont au rendez-vous : Sorcières, BreakHead, Deliverance, Sangdragon et ACOD.
Une belle affiche soutenue par une organisation aux petits oignons et des gens forts sympathiques, et un bel espace consacré au merchandising.
Le Colisée n’est rempli qu’à moitié voire aux deux tiers. Génial pour les photos mais dommage pour les groupes, qui sont cependant ravis de jouer dans un tel cadre. Ça change des petits troquets !

Sorcières ouvre ce nouveau festival minier. On prend alors conscience de la qualité acoustique du Colisée. Les Lillois proposent un Black Pagan Symphonique. La prestation est saisissante, technique, mélodique. Le violon est opportun et accompagne à merveille les autres instruments, jusqu’à les soutenir. Le groupe se bonifie avec le temps et délivre un beau concert axé autour de leur unique album « Empoisonné » qui devrait vous ravir. Quelle belle alchimie sombre.

BreakHead prend la suite. Actifs depuis 2013, les calaisiens nous décolle la tête avec un thrash metal puissant, hargneux, à la croisée du Old-School et du moderne. Une recette efficace en concert comme sur disque ! Dans la salle on a du mal à quitter son fauteuil. Quelques-uns vont pourtant rejoindre la « fosse » et parfois même le groupe sur scène. Les compositions de BreakHead s’enchainent et le tempo ne retombe pas, il déroule des morceaux de ces deux albums : « Neurasthenia » (2017) et « Allegiance to Materiality » (2020).

Changement de style avec Deliverance qui en provenance de Paris débarque avec son Black / Doom technique, sombre, mélodique. Sombre, c’est aussi le cas de la scène ou la lumière se résume à quelques candélabres pour une ambiance « concert aux bougies – dure pour le photographe mais qui sied à merveille à l’ambiance dégagée par Deliverance. Les moshers auraient ils tout donné de leur énergie avec le groupe précédent ? Qu’à cela ne tienne, si tu ne vas pas au chanteur, le chanteur vient à toi. Descendu de sa scène, il enjambe les premiers rangs, se campe au quatrième et tout en poursuivant le show invite à entrer dans la danse névrotique.

Après ces trois groupes, on se dit que c’est bien bon tout ça. La sono est excellente, mais c’est ça aussi le théâtre. Je pense que comme moi, beaucoup attendent ACOD avec impatience.

Sangdragon commence sa prestation et je m’empresse de retourner dans la salle, encore un peu vide, ou pas remplie devrais je dire. Parce que comme moi beaucoup ont été appelé par la musique qui reprenait. Originaire de Macon, on compte parmi ses rangs un enfant du pays, un beau bébé barbu. C’est le bassiste Will, un gars d’euch’ Nord, eud’ min coin ! Heureux d’être devant ses « tiots’ Biloutes ». Mais, revenons en à la musique, à la scène. Celle-ci est bien occupée, Sangdragon  a monté un siège, version épique, médiévale.

Et la musique envoie, prend l’auditeur avec sa fougue, ses couleurs, ses variations sur le même thème, ses voix. Celle de Vincent, éructeur délicat, et celle de Cynthia, lumineuse, cristalline et envoutante ! Clairement, c’est la claque. Sangdragon nous prend aux tripes avec un Black / Death Symphonique comme une fresque médiévale. Côté instruments, tambour et mandoline (instruments médiévaux) viennent compléter le quatuor chant/guitare/basse/batterie. Mais attention, ils ne sont pas là pour nous faire danser le menuet. Ils instillent aussi de l’électricité et des ondes positives. Ne manquent que les chevaux !
Les trois premiers groupes nous avaient captés, Sangdragon nous a happé. Il va se passer quoi après ? Avec ACOD ?

Dès les premières notes d’ACOD, nous sommes prévenus, ça va être sombre et pourtant mélodique, technique et brutal. Les Marseillais ne sont pas venus en terres du Nord pour nous parler foot ou bal musette. Versets Noirs, le dernier album (2024), est mis à l’honneur avec une prestation dantesque, un laisser passer pour l’enfer. Des passages épiques, black/death, des riffs qui nous emportent, une intensité vocale avec les passages narratifs qu’on retrouve sur album. Passages narratifs qui renforcent le côté sombre et occulte de ce death/black mélodique envoutant. ACOD aurait pactisé avec le diable ou se serait simplement entouré de sorcières ? Voyager avec ACOD dans son épicentre infernal, tourmenté, parsemé de dragons, de magie noire et de poésie parmi les plus sombres de la création, et un incontournable !

Le travail de composition, d’orchestration, de violence et de débauche imprimé sur album est magnifié ici en concert dans ce théâtre du Colisée qui aurait pu bruler face à l’intensité du set. J’ai pris une belle claque Noire, est j’ai Versé des larmes de joie ! C’est ça le metal façon ACOD, faire naître la joie et le plaisir d’un champ de désolation avec des actes maléfiques !

Ce festival Metal CH4 première édition est une énorme réussite tant par le lieu et l’organisation que par les prestations des cinq groupes tous très en forme et généreux, plus gentils qu’ils ne veulent le faire paraître sur scène et en musique. Des artistes confirmés à suivre Et si ce n’est pas encore le cas, ruez vous sur les albums et scrutez les prochaines dates de leurs passages par chez vous. S’ils ne viennent pas à vous, allez jusqu’à eux !
Merci Metal CH4, merci les GROUPES, et merci à toi Oh Colisée qui nous offre cette exceptionnelle acoustique.
Metal CH4, à l’année prochaine !