No Return, Dysmorphic, Whisky of Blood, Worthless God: Laudun [22.02.14] ...
Trois semaines après l’impressionnant Forum Fest, l’OMC Laudun l’Ardoise accueille son dernier concert, avec en tête d’affiche No Return. Une soirée plus intimiste, dans une autre salle, plus petite que celle du Forum – et dont l’emplacement me fera maudire mon GPS –, mais qui se verra pas mal remplie, en compagnie de quatre groupes, dont trois que je connais déjà. Une bonne excuse pour ne pas louper cette ultime affiche.
J’arrive juste à temps et, à cause mon retard dû à ma saloperie de GPS, la soirée débute direct avec Worthless God. Les Nîmois, formés en 2010, pratiquent un Death à l’américaine, bien rentre-dedans, très ravageur, qui semble ne pas s’embarrasser de subtilités, sans en être, paradoxalement, dénué. Le quatuor prend bien la scène, avec une mention spéciale à Rance, guitariste, qui n’hésite pas à aller faire des petits tours dans la fosse pour lancer quelques pogos en jouant. Les deux autres, font le job, et pas mal, en prenant diverses poses, mais se montrent un brin plus appliqués dans leurs instruments. Un léger – très léger surtout pour Jesus, le chanteur – retrait qui se verra de plus en plus atténué à mesure que le show avance.
Vers la fin, un problème technique – le premier d’une série ce soir, comme si la salle était maudite – les obligera à faire une pause, le temps que Jesus tente de réparer sa guitare, pendant que Rance nous racontera une petite blagounette. Le micro de la gratte semblant mort, c’est donc sans deuxième guitare que Worthless God poursuit son show. Et si ceux qui connaissaient le groupe ont dû remarquer une différence avec le morceau original, je dois dire que les Nîmois s’en sont pas mal sortis du tout. La musique perdait certes un peu en complexité, mais elle se révélait plus aérée, ce qui ne l’a pas desservie.
Pour le deuxième groupe, c’est un groupe d’un genre tout à fait différent auquel on a affaire, puisque c’est les Grenoblois de Whisky of Blood et leur Hard Rock savamment tubesque. D’ailleurs, c’est le seul groupe qui ne soit pas affilié Death, ce soir, tout comme leur autre concert auquel j’ai assisté. Alors moi, le Hard Rock, c’est pas ce que je préfère. J’aime bien, j’ai quelques CDs, mais ce n’est pas mon genre de prédilection. Et pourtant… Et pourtant, je prends un pied monumental à voir Whisky of Blood. C’est dû à quelque chose de bien simple : ces gars prennent un plaisir de malade à jouer ; ça se voit sur leurs visages – souriants et parfois peu avares en grimaces, surtout Attila, bassiste –, dans leur attitude, tout, tout ! Un plaisir qui se communique instantanément à toute la salle. En plus, c’est aidé par des morceaux, qui nous rentrent immédiatement dans le crâne, c’est bien simple, au premier refrain, on écoute, aux autres, on chante.
C’est purement ça, WoB, un groupe taillé pour le live, fait pour s’éclater sur les planches – même si un album studio est bien sûr sorti. Bon, on aurait bien aimé qu’il y ait la strip-teaseuse, mais le jeu scénique est tout de même vraiment bien assuré.
Si un bon gros larsen bien gras est venu gueuler régulièrement sans qu’on comprenne d’où il vienne – transformant certains moments plus calmes en une sorte de Ballade Hard Rock Noise –, il n’en a pas gâché la fête pour autant. Lord Whisky va même jusqu’à jouer de la guitare avec sa bouteille de bière comme Jón Þór Birgisson le fait avec son archet. Et c’est dans un bon gros bordel bien festif que se termine ce set.
Le troisième groupe peut donc entrer sur scène en compagnie d’une salle bien échauffée. Ce troisième groupe, je l’attendais, et pas qu’un peu ! Puisque Dysmorphic, est l’un des tous premiers albums que j’ai chroniqué, et ça datait de 2010. L’occasion de voir ce qu’ils sont devenus, surtout que pas mal de changements de line-up sont venus mettre leur petit grain de sel.
Partis de Tours, les gaillards ont dix heures de route dans les pattes, un manque de sommeil qui aurait fait s’effondrer plus d’une personne, et bien permettez-moi de vous le dire : ça ne se voyait pas du tout ! Tellement, d’ailleurs, que s’ils ne me l’avaient pas signalé en discutant à la fin du show, je ne l’aurais absolument pas remarqué.
Dès les premiers instants, leur Brutal Death nous fout une bonne grosse claque, porté par Baptiste, chanteur imposant et peu avare en poses. Les autres ne sont pas en reste, puisque la scène est particulièrement bien utilisée, elle se montrerait même un peu juste, tant Dysmorphic prend l’espace. Entre le jeu, les headbangs… les photographes sont bien servis. Une petite mention spéciale à François le Lyon, fraîchement arrivé et bien en forme.
Quant à la musique, si elle est puissante et brutale (c’est un peu le principe du genre, en même temps), elle n’en oublie pas pour autant les ambiances sombres, portées par des riffs malsains et les soli tordus à souhait.
Bref, si déjà à la base, Dysmorphic m’avait séduit, ces quatre années de maturation et tous ces départs et, surtout, ces arrivées ne l’auront pas desservi. Le public en demandera même un rappel, visiblement réellement pas prévu par le quintet, qui sera tout de même heureux de nous en faire profiter.
La soirée avance, et, après une intro, le dernier groupe arrive sur scène. Ce groupe, c’est No Return, qui fête cette année son quart de siècle d’activité. C’est pas rien ! Vingt-cinq ans parsemés de huit albums. Un groupe vraiment culte pour les amateurs de Thrash/Death. Je les avais déjà vus, en 2010, pour la première partie de Samael et Arch Enemy, mais aujourd’hui, le groupe est totalement différent, puisqu’en 2013, trois nouveaux membres sont arrivés.
Des changements qui, à la vue de ce set, n’ont absolument pas desservi le groupe. Non pas que les anciens étaient mauvais, loin de là, mais durant cette soirée, ils tous sont tellement à l’aise et semblent si content de jouer dans No Return, que ça fait presque tout oublier – et puis, comme en 2010, je m’étais fait INJUSTEMENT virer de la salle par l’orga et les vigiles, ça m’a laissé un petit souvenir amer de ce concert-là, même si ça n’avait absolument rien à voir avec le groupe.
Mick se sert de ses années au sein de Destinity pour envahir la scène et la salle, et chauffer le public à grands coups d’appels et de pauses. On le sent même de l’émotion, dans certaines de ses interventions, de faire maintenant partie de ce groupe qu’il a aimé et écouté adolescent.
Les autres se démènent pour prendre la totalité de la scène. Ils bougent d’ailleurs tellement qu’il est étonnant de constater qu’aucun « accident » ne soit à déplorer. Ça va, ça vient, ça échange ses places, ça pose, ça se marre, ça prend son pied et surtout, ça joue ! Même le léger problème technique, le troisième de la soirée, vite réglé, n’aura pas raison de la fureur dégagée par ces gaillards.
Au bout d’environ une heure de jeu piochant dans toute sa discographie, No Return quitte la scène, clôturant ainsi une bien chouette soirée.
Enfin, clôturant, oui et non, puisque l’ambiance est si bonne qu’on ne peut résister à rester discuter et se marrer avec tout ce petit monde. Avoir choisi de changer de salle, c’est ainsi pas une mauvaise idée. Ça fait plus petit, peut-être plus « amateur », notamment à cause des lights fixes, mais ça fait surtout plus intime, plus chaleureux. Et c’est pas les vannes et les bières partagées avec les différents groupes qui me feront dire le contraire.
Pour sa dernière soirée, une fin précipitée par les prochaines élections, l’OMC Laudun l’Ardoise nous aura fait un ultime joli cadeau. Espérons que l’orga renaîtra d’une façon ou d’une autre.
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