Opeth + Myrkur à Le Trianon (Paris) le 21/11/2016
Live report + photos + vidéos : Bloodybarbie
Note : Une belle galerie photos vous attend à la fin de l’article !
Ah ! Opeth, ce nom me donne des frissons à chaque fois que je l’entends. Ils font partie des groupes pionniers de l’histoire du Metal, mais pas que puisqu’avec le temps, leur musique s’est vu transformée de ses racines Death authentiques à un metal aux diverses influences (prog, jazz, fusion…), présentant ainsi une autre image, très positive, du Metal aux yeux des ignorants de cette scène que nous chérissons tant. Opeth a donc connu deux grandes périodes dans son histoire, selon qu’elle se situe avant ou après le virage qu’a été « Pale Communion » : l’Opeth old-school, plus extrême, et l‘Opeth new-school, plus soft et tout public. Avant cet album, seule la communauté Metal connaissait Opeth. Maintenant, même ma mère connaît et quand on voit la diversité du public (des mamies et papis qu’on ne croise pas dans les concerts de Metal), ma théorie se confirme davantage. Opeth devient une sorte de messager, un prophète du Metal. Si vous voulez introduire subtilement et inconsciemment des initiés au Metal, alors faites leur écouter : Opeth, Anathema et Katatonia, en commençant par leurs périodes soft puis, en fonction de leur degré de tolérance, montez le niveau vers leurs périodes plus extrêmes. Si les Suédois voulaient gagner un pari, celui de toucher encore plus de monde avec du prog/expérimental, ils ont très bien réussi, surtout avec ce nouvel album, le motif de cette tournée d’ailleurs : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/opeth-sorceress. En tout cas, c’est la conséquence des goûts musicaux de Mikael Akerfeldt qu’il a enfin fini par exprimer dans sa propre musique sans se soucier de si ça allait plaire aux fans old-school ou pas mais c’est aussi parce qu’il n’a plus de voix pour assurer les growls.
Myrkur:
Si Londres a eu la chance d’avoir Sahg et Anathema comme invités spéciaux de la tournée, Paris a eu la malchance d’avoir ce truc, pardon, ce projet solo de la danoise Amalie Bruun qui se fait accompagner par deux filles qui assurent les chœurs (je les plaignais, à les voir dans cette posture figée pendant 30 minutes) pendant que la chef s’amuse à jouer, tantôt du piano, tantôt de la guitare acoustique, et chanter en même temps. Il faut dire qu’elle a une magnifique voix cristalline ! Myrkur, c’est de la musique ambiante et éthérée à la Enya (rien à voir avec le Metal), parfois folk, sous forme de ballades acoustiques, et qui a une certaine notoriété si on se fie au nombre de « j’aime » sur sa page facebook.
Myrkur ça allait bien 5 minutes, 10 minutes, mais la demi-heure passait difficilement et le temps paraissait infini ! On avait hâte que ça se termine. Je ne remercie pas la personne qui, parmi un choix fou de groupes de Metal, nous déteste tellement qu’il nous a mis Myrkur en ouverture pour Opeth. Ça peut plaire à certain, ça aurait bien passé pour une date appropriée, une séance de détente ou de méditation, un concert de folk, mais passer juste avant Opeth… ça c’est le drame, un coup à nous gâcher notre début de soirée. Néanmoins, aux yeux des hommes c’est aussi un plaisir visuel, à contempler une telle beauté féminine qui fait de la musique douce et subtile. Cette femme-là qui a dit : « C’est ma musique, j’en fais ce que je veux. Et si vous l’écoutez parce que « c’est une femme qui l’a composée », alors éteignez tout. N’écoutez de la musique que si elle parle à vos oreilles et à votre cœur ». En tout cas, elle ne parle ni à mes oreilles, ni à mon cœur !
Si la vie m’a appris une chose, c’est de ne pas m’arrêter à la première et mauvaise impression, NE JAMAIS m’arrêter à la première impression (valable uniquement en ce qui concerne la musique). Je m’empresse de découvrir Myrkur sur album en rentrant chez moi, et à ma grande surprise, c’est excellent et trèèès différent de ce que j’ai entendu en live. Probablement que madame a préféré voyager léger (enfin deux nanas, chacune de 70 kilos environ, même une batterie aurait pesé moins lourd que les deux en bagage supplémentaire) et a opté pour des morceaux plus calmes que l’espace intersidéral. Son album « M » contient des morceaux atmosphériques mais aussi d’autres plus lourds avec une batterie et des guitares électriques, une sorte de BM atmosphérique ténébreux limite Shogaze, à la Sylvaine, je citerai le magnifique « Onde Borne ». En fait, sur album la batterie a été assurée par les soins de Øyvind Myrvoll (Nidingr), et quelques parties de guitares par Telloch (Mayhem). Il y a aussi des invités pour assurer le chant BM dans « Mordet » ou « Skadi », deux chefs d’œuvres !
Même si, je n’ai pas du tout apprécié son concert soporifique, au moins j’aurais découvert une gracieuse pépite, son seul album à ce jour : « M » ! A noter que Myrkur a joué au hellfest 2016 et cela a renforcé sa fanbase underground.
Opeth:
Une vingtaine de minutes d’attente, pendant ce temps nous observons la déco.
Si l’année dernière nous avions eu un magnifique concert anniversaire de 25 ans où l’album « Ghost Reveries » a été joué en entier (mais également tout plein d’autres titres), le magnifique décor était à l’image de la pochette de l’album : plusieurs chandeliers ornaient la scène, créant une ambiance tamisée avec des lumières discrètes. Cette tournée-là est plutôt orientée high tech, plusieurs écrans en damier (voir photos et vidéos dans cet article) pour diffuser des vidéos, exactement comme le concert de Dream Theater en mars dernier à l’occasion de la sortie de leur nouvel album « The Astonishing », lorsqu’ils nous ont présenté ce concept curieux d’un concert de musique « déshumanisée ». Le jeu de lumières du concert d’Opeth était indéniablement irréprochable (tout comme le son) avec des diffusions de vidéos clips réparties sur ces plusieurs écrans comme celui de « Sorceress ».
On remarquera que les morceaux choisis sont dans l’ensemble assez softs avec peu d’extrême où ceux ou Mikael doit growler, on comptera les growls sur une main, on sent que ses cordes vocales ne sont plus très en forme comme elles le furent quand il était plus jeune. Donc vous pouvez emmener vos parents ou grand-parents, ainsi que vos amis non metalleux en leur garantissant une excellente soirée tranquille et détendue.
Ce que j’aime le plus dans un concert d’Opeth c’est le côté humoristique de Mikael, car il ne peut pas s’empêcher d’improviser des blagues et des anecdotes pendant que ses musiciens et lui-même accordent leurs instruments, c’est toujours très drôle, jamais deux fois les mêmes blagues, et sur toute une tournée (ceux qui étaient le lendemain me le confirment). C’est la partie la plus fun du concert, si on cumule le temps qu’il passe à blaguer et discuter avec le public, il aurait le temps de jouer un ou deux longs morceaux mais on ne le lui reprochera jamais parce que cela fait partie du spectacle et du mythe d’Opeth, pardon de Mikael Akerfeldt. Cet homme est plus qu’un musicien, c’est un artiste au sens large du terme, attentif à ce que le public lui dit et rétorque en fonction de ce qu’il entend (si vous avez déjà assisté à un de leur concert, vous comprendrez mieux), c’est le plus attentionné et le plus bavard de tous les musiciens que j’ai pu voir sur scène à ce jour (bon j’aurais dit Steel Panther mais c’est hors sujet et incomparable à Mikael). Ce soir nous avons non seulement passé un excellent moment grâce à ces très bons morceaux qu’ils nous ont concoctés, mais aussi nous avons beaucoup ri, merci Mikael d’être toujours aussi génial et plaisant ! Je ne pourrais certainement pas vous raconter tout ce qu’il nous a dit mais on note déjà que Mikael, dès son entrée sur scène, nous avoue qu’il est fatigué, ce qui m’a bien fait rire puisqu’au Motocultor il a commencé son concert en disant “je suis sensé être couché à cette heure-ci” (il était minuit).
J’ai aussi adoré son anecdote qui annonçait le morceau qui suivait, sur la sortie d’Orchid : “je me souviens quand cet album, notre premier alors qu’on était jeune, j’avais 18 ans et j’étais très sensible. Puis on est tombé sur cette chronique d’un magazine français papier de l’époque dont je ne me rappelle pas le nom. La chronique disait que l’album est très ennuyeux et pas inventif et nous ont mis 1/10. La pire chose qu’on peut dire à un groupe c’est qu’il est ennuyeux !”. Ensuite nous avons sorti notre troisième album « My Arms your Hearse » (Opeth très old-school et excellent) dont est extrait ce prochain morceau « Demon of The Fall », et dans le même journal ils ont dit la même chose « très ennuyeux et pas inventif ».
Aussitôt le morceau terminé, un gars du public rajoute “pas ennuyeux et très inventif” que Mikael remercia en rajoutant “j’espère qu’on aura une bonne chronique demain”.
Puis il nous raconte sa vie (enfin celle de son père) “après son divorce, sa deuxième femme l’a quitté avec l’excuse qu’il est ennuyeux : “je pense que le pire qu’on puisse dire à quelqu’un c’est qu’il est ennuyeux”. On voit qu’il était vraiment touché par la chronique (rire)
Et puis jve ne vais pas me mettre à raconter toutes ses blagues, il y en a tellement et puis c’est mieux raconté par Mikael !
Les morceaux s’enchaînent, les blagues aussi, le son est vraiment parfait, mais la voix de Mikael vieillit de plus en plus ! On leur reprochera tout de même de ne pas renouveler la moitié de la setlist, la même depuis quelques années comme « Cusp Of Eternity », « Delivery », « The Drapery Falls », « The Grand Conjuration » surtout que ce sont des morceaux longs, à l’exception de l’année dernière qui était une tournée spéciale des 25 ans de « Ghost Reveries » (donc 3h de concert). Messieurs, il est peut-être temps de sortir d’autres chefs d’œuvres oubliés et délaissés qui prennent la poussière !!!! Ma crainte était qu’ils jouent trop de morceaux du nouvel album, mais finalement les deux qui ont été joués passaient plutôt bien. Je reste tout de même une éternelle fidèle à l’Opeth Old-School.
Tout concert d’Opeth se termine traditionnellement par le saint morceau que Mikael ne peut pas ne pas jouer, le morceau qui va le délivrer du concert pour qu’il rejoigne sagement son lit dont il rêve depuis le début : « Delivrance », 13 minutes de plaisir intense (mais c’est bon j’en ai eu ma dose de ce morceau depuis le temps qu’il est joué et puis ce n’est pas mon préféré) ! Mais avant, il nous présente chacun des membres, qualifiant le bassiste de « légendaire » : Martin Mendez (dans Opeth depuis « Still Life » 1999), à la guitare lead et au chant : Fredrik Åkesson (dans Opeth depuis « Watershed » 2008), et aux multiples claviers chant et bongos : Joakim Svalberg (dans Opeth depuis « Heritage » 2011). Puis, enfin, la présentation très originale du batteur et la plus longue car il tapait sur l’élément désigné à chaque fois (j’ai adoré) : “on snare drum,bass drum, tom 1, tom2, tom3, tom4, HH 1, HH2, crash 1, crash2 , crash 3, the ride symbal, the china and the spalsh : Martin Axenrot. Il termine par “my name is Mikael, I play guitare and I sing” (comme si on ne le savait pas tout comme quand il dit “We’re called Opeth, we know that you know before I told you”!). Pour ma part et à ce jour, aucune présentation des membres n’égalera celle d’Enslaved, la plus originale de toutes !
J’en connais qui se sont refaits un deuxième concert d’Opeth le lendemain et qui ont eu le droit à « Hex Omega », « The Devil’s Orchard » et « In My Time Of Need ». J’ai préféré voir Ihsahn à côté, une autre légende du Metal, qui d’ailleurs a assisté à cette date-là d’Opeth puisqu’il est arrivé la veille.
Un grand merci à Garmonbozia pour avoir permis cette date et pour l’accréditation et également à Opeth de nous avoir bien fait rire et transporté par leur musique !
Setlist Opeth:
-Sorceress
-Ghost of Perdition
-Demon of the Fall
-The Wilde Flowers
-Face of Melinda
-Windowpane
-Cusp of Eternity
-The Drapery Falls
-Heir Apparent (with Master’s Apprentices snippet)
-The Grand Conjuration
Encore:
-Deliverance
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