Periphery + The Contortionist + Destrage (Lyon, CCO, 25 mai 2017) ...
Report + photos : Laura Kerneis
La soirée s’annonce bien avec une affiche aux petits oignons signée Sounds Like Hell.
Il fait encore frais malgré le beau temps et c’est pas plus mal vu la queue à l’entrée du CCO.
Car une fois tout ce beau monde dedans, il fait déjà bien chaud.
C’est devant une salle bien remplie que Destrage monte sur scène et les italiens ne ménagent pas la foule. Ils font monter directement la température d’un cran en ouvrant avec « Don’t Stare at the Edge ». Leurs riffs endiablés menés par un chant alternant avec fluidité et précision entre le scream, le growl et le chant clair accrochent d’emblée le public. Destrage décharge une telle énergie que la foule se laisse emporter et commence déjà à headbanger, hurler et à se presser contre le devant de la scène.
Destrage pratique du rentre-dedans à coup de refrains à la fois catchy et couillus que le public ne se prive pas de scander. Le set est dense, composé essentiellement de morceaux tirés de « A Means to No End ». Leur plaisir de jouer est communicatif et les musiciens prennent aisément possession de la salle avec un jeu de scène survolté.
Les envolées de batterie de Frederico Paulovich dominent largement et on peut apprécier toute sa maîtrise et sa technique vu qu’il est omniprésent dans le mix.
Paolo Colavolpe nous sert un chant puissant avec une telle assurance que cela semble soudainement naturel d’hurler « DJIEAZ !! ».
Le seul bémol de cette grosse demi-heure de folie est le son : sur le devant de la scène, le chant reste en retrait et est même par moment presque complètement éclipsé.
Évidemment, la température continue à monter et bien que la foule se presse au bar et file prendre l’air pendant le changement de plateau, The Contortionist arrive sur scène sous une chaleur étouffante.
Dès les premières notes, le groupe d’Indianapolis pose l’ambiance et affiche son caractère distinctif. Pas de folie débridée avec eux, ce sont des lumières quasi tamisées en camaïeu de vert qui ouvrent le set. Mike Lessard se recroqueville presque sur son micro, presque dos au public, tandis que le reste du groupe se serre vers le bord de la scène. Il n’y aura aucun échange direct avec le public mais pourtant The Contortionist parvient à installer son univers.
Alternant entre mélodies planantes et riffs violents, l’ambiance reste surtout onirique à la limite du contemplatif malgré les prouesses de Cameron Maynard et le jeu incisif de Jordan Eberhardt.
Cela dit Mike Lessard est peut-être secrètement un des meilleurs chanteurs du monde puisqu’il nous livre des envolées vocales d’une justesse et clarté extraordinaires alors que monsieur n’as pas de retours intra et se contente tout juste de s’équiper de bouchons d’oreille premier prix orange fluo.
Toutefois, bien que The Contortionist arrive à nous faire voyager, l’atterrissage est plus que brutal : le groupe quitte la scène au bout d’une grosse demi-heure laissant le public un peu surpris et pas tout à fait certain que ce soit vraiment déjà la fin.
Après un changement de plateau un peu plus long mais qui a permis au public de souffler et d’aller se rafraîchir à l’extérieur, c’est enfin le tour de Periphery qui eux aussi annoncent la couleur dès leur entrée sur scène. Plus pop, plus punchy, plus coloré, plus sucré, mais quelle aisance sur scène ! D’ailleurs Spencer Sotelo clame qu’il ne peut être plus à l’aise puisqu’il est en jogging sur scène (« I’m wearing fucking sweatpants! »). En effet, jogging, pantoufles et bonnet et pourtant cela n’entache en rien son charisme et ne l’empêche pas de prendre possession de la scène sans ménagement. De toute façon la foule est déjà conquise et entonne d’emblée « A Black Minute » dès les premiers accords tandis que Spencer Sotelo laisse volontiers la foule chanter à sa place.
Cela dit, lorsque Spencer Sotelo reprend enfin la main, il n’y a rien à redire sur le chant. Sa voix puissante et si particulière trouve sa place dans la brutalité polyrythmique et chaotique du groupe.
L’absence de Adam « Nolly » Getgood ne passe pas inaperçue mais est bien gérée. Du coup, Mark Halcomb occupe avec joie toute la scène tandis que Misha Mansoor livre timidement toute sa virtuosité à des spectateurs qui en redemandent. D’ailleurs l’excitation du public est à son comble. On a même droit à quelques téméraires prêts à crowd-surfer. Le son est énorme et l’éclairage puissant met en valeur le jeu de scène de tous les musiciens.
En fait, tout y est. Et tout est tellement bien huilé que ça frise le divertissement grand public. Finalement, Periphery a le même problème en live que sur ses albums. Ces derniers sont soit trop mélodiques selon certains soit pas assez mélodiques selon les autres. En live Periphery oscille entre le bon concert bourrin et le bon concert grand spectacle sans clairement prendre position.
Mais quand on sert « Lune » en rappel et en ultime morceau de la soirée, on sait de quel côté on penche.
Merci à Sounds Like Hell pour cette soirée énorme et cette belle affiche. L’organisation était impeccable et chapeau pour la gestion du bar face à ce public à moitié terrassé par la chaleur.
Merci aussi à Sly pour ses remarques et commentaires avisés.
Merci à SLHP pour l’invitation.
Laissez un commentaire