Photos, vidéos + report : Mitch
Ce soir est un triste soir, ce sont les adieux de l’association Post.Lyon (nommée précédemment Lyon Post Rock), et la mise en pause du groupe de son président Jean-Sébastien Mattant, Where Mermaids Drown.
Cette orga a proposé à Lyon plus de 65 soirées post rock, post metal, math rock et indie depuis 2016, autant avec des groupes locaux qu’internationaux, toujours de très grande qualité.
Et en ce début 2024, les planètes ne sont plus alignées… Affluence à la peine après-Covid, manque d’options de salles et « d’ouverture d’esprit » de certaines d’entre elles, manque de soutien des institutions locales… Sans parler du déménagement au Japon de son fondateur…
Ainsi, le sacerdoce est trop lourd à porter, les quelques soirées glorieuses étant trop souvent effacées par des efforts dans le vide.
Bref, l’heure est à l’émotion, mais pas à la larmiche, il est temps de se laisser emporter une dernière fois dans les planeries du post rock instrumental et de célébrer ces belles années !
Still Waters Run Deep ouvre le bal, jeune groupe lyonnais disposant d’un multi-instrumentiste venu des antipodes (clavier, guitare, saxophone). On est dans du post rock assez classique, avec des textures de son, de longues plages enivrantes et quelques montées un peu plus énergiques. Il m’aura manqué un petit quelque chose pour « partir », peut-être un peu plus d’engagement scénique, ou bien des parties de basse un peu moins rectilignes, un peu plus de contrastes et d’accroches (même la sortie du saxo sur le dernier titre s’est montrée assez discrète). Un moment agréable, qui deviendra peut-être mémorable avec un peu plus de bouteille !
Puis c’est le moment du discours du « patron », Jean-Sébastien conclue cette aventure en remerciant tous ceux qui l’ont rendue possible, groupes, bénévoles, salles, techniciens, public, avec une photo souvenir de toute l’équipe de l’asso. Un joli tableau à son effigie lui sera remis par le groupe LAC, la photo de son visage sera également accrochée à la grosse caisse pendant toute la soirée ! C’était un travail d’équipe, mais il est vrai que la personnalité de Jean-Seb était fortement associée à Post.Lyon et à la vie du post rock local.
Si un groupe ne manque pas de personnalité, il s’agit bien de LAC, trio guitare – basse – batterie instrumental de math rock étonnant. La guitare, portée très haut, varie en tappings frénétiques et arpèges déstructurés (avec un son assez peu saturé, donc plus indie rock que metal), pendant que la basse se montre très groovy et volubile, quand elle ne suit pas les tappings à l’unisson. Le tout donne un univers assez difficile à pénétrer pour qui n’est pas dans l’humeur adéquate ou n’y accorde pas l’attention nécessaire. Mais gageons que le public de connaisseurs du soir aura saisi l’incongruité des parties rythmiques de LAC, autant qu’il aura tapé du pied sur certains moment presque « dansants » (on ne saura donc jamais si l’annonce « on va zouker sur le prochain titre » était une vanne ou une vérité !).
L’assistance, très généreuse ce soir (on serait sur la deuxième plus forte affluence des soirées Post.Lyon !) se tasse dans la salle principale du Rock n’Eat, deux belles rampes de lumières sont activées sur les côtés de la scène, la tension monte avant l’arrivée du groupe de Jean-Seb, Where Mermaids Drown, de même que le niveau de « professionnalisme » et d’efficacité du show. Il faut dire que Where Mermaids Drown, s’il n’a existé que pendant cinq ans, a visé haut immédiatement, avec des tournées européennes, avec un guitariste italien (Nello) de grande qualité, avec des productions et visuels soignés.
Et ce soir, les quatre nous font la totale, le dernier album « Reminisce » est joué dans sa totalité, agrémenté de trois tires supplémentaires, « One Week », « Mydriasis » et « Brine Pool » ; les accessoires sont de sortie, un archet pour Nello (pas un petit e-bow électronique, un véritable archet de violoncelle !), une sorte de tournevis ou lime avec laquelle Pierrick frotte ses cordes. La complicité et les sourires sont de sortie, et la fête n’est même pas gâchée par un léger malaise en bord de scène (un spectateur transporté de tant de sons oniriques ?) qui viendra introduire un peu de drame pile entre deux morceaux (rien de grave, apparemment). Belles lights, son parfait, musiciens investis, titres – voyages efficaces, avec contrastes, planeries et montées énergiques, ce concert est magnifique, une bien émouvante conclusion à deux aventures héroïques.
Comme le dit le sous-titre de la soirée, « Some existed before, others will exist later« , certes, mais ce sont là des choses qu’on dit par modestie et pour adoucir la douleur de la séparation. En tout cas, Post.Lyon aura été un moteur extraordinaire du post dans la cité des Gaules, et Where Mermaids Drown un « bras armé » de bien grande qualité.
Merci, merci, merci.
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