Progressive Nation 2009 : Unexpect, Bigelf, Opeth , Dream Theater ...
Connaissant de réputation les salles parisiennes ayant la mauvaise habitude de faire entrer le public alors que le premier groupe commence à jouer et, ne le cachons pas, Unexpect, même en première position sur l’affiche est certainement le groupe ayant le plus motivé mon déplacement, c’est donc avec plus d’une heure d’avance que nous nous présentons devant le Zénith, mais le tout-progueux parisiens est déjà là. Las, ne nous laissons pas abattre, il y existe toujours quelques moyens non-avouables de gratter quelques centaines de places, dans une file d’attente.
A notre entrée dans les lieux, il faudra bien quelques quarts d’heure avant que le spectacle ne débute, le temps de constater, t-shirts à l’appui, que les fans de Dream Theater, pour la plupart trente-quarantenaires assumés, sont les plus nombreux. Tout en gardant le terme ‘prog’ à l’esprit, cette affiche se veut tout de même éclectique au possible, notez par vous même : Unexpect (avantgarde-metal), Bigelf (hard psyché-70’s), Opeth (death-progressif) et enfin Dream Theater (metal-progressif). Le hasard faisant bien les choses, Soilchronicles, s’est coupé la poire en deux, spécialement pour vous, afin de vous faire profiter de l’avis de deux chroniqueurs.
== Unexpect (Bodom)
Comme je l’ai dit plus haut, la présence d’Unexpect m’a presque, à elle seule décidé de l’achat du billet (même si Opeth, écrit un peu plus haut, réjouit tout autant). Quoiqu’il en soit, nos cousins canadiens investissent les planches sur la partie orchestrale de ‘Silence 011010701’ leur instrumental, ici utilisé en guise d’intro. Et c’est parti pour trente minutes de metal avant-gardiste et complètement déjanté avec le classique ‘Novae’ tiré de leur EP « We, Invaders_« . D’ou nous sommes, en gradin face à la scène, le son est quasi impeccable, seul le violon étant sur-mixé par rapport au reste. Et heureusement, car la musique ‘du band’ s’avère être un beau bordel sonore … mais ‘so amazing’ ! Nous rappelant nos premières écoutes (et les migraines suivantes), on concevra et pardonnera donc les mines dubitatives de certains fans de prog plus ‘classique’, surtout pour une découverte dans des conditions live. Néanmoins les canadiens impressionnent, mais savent aussi calmer le jeu le temps des parties acoustiques plus posées d’un ‘In velvet coffins we slept’ toujours issu du même EP. Petite surprise, un titre du futur album (tout juste terminé d’enregistrer) nous a été interprété, laissant présager du meilleur, entre cabaret-barré, dissonances maîtrisées et grandiloquence de rigueur. Il faudra attendre le quatrième (et déjà) dernier titre, pour avoir un extrait de « In A Flesh Aquarium« , le dernier album en date du combo. C’est assez logiquement ‘Desert Urbania’ qui s’y colle, pour clôturer un superbe set, malheureusement trop court, mais qui personnellement m’aura ravi.
01. Novae
02. In velvet coffins we slept
03. ‘nouveau titre’
04. Desert urbania
== Bigelf (Son)
Pendant l’interlude après la prestation des québécois, je retrouve mon cher Bodom, ce qui nous permet de philosopher sur le style musical et sur la technicité assez éprouvante de leurs compositions. Quand soudain, j’entends une mélodie mondialement connue envahir la salle du Zenith. Je me précipite alors vers ma place pour entendre la fin de la célèbre Marche de l’Empereur (non pas les pingouins, Star Wars, ce n’est légèrement pas la même chose). Apparaissent alors quatre grands gaillards au look « Quand Jack l’éventreur se met à la mode Flower Power », dont un à la particularité d’être « enfermé » entre deux machines sombres et inquiétantes… Bigelf, groupe atypique, vient de faire son entrée. Leur présence à cette soirée est assez commentée, au vu de leur style, un rock ’70 progressif et psychédélique étant leur marque de fabrique. Mais la réponse est assez rapidement trouvée, quand au bout de deux morceaux le chanteur remercie chaudement Mike Portnoy, son super pote, de les avoir invités sur la tournée. Tiens tiens….et qui voit on apparaitre comme de par hasard sur le morceau suivant ? Portnoy en chair et en os, piquant la place du batteur et nous balançant la sauce comme il sait faire. Pendant 30 minutes, Bigelf nous présente principalement son nouvel album, « Cheat the gallow« , avec un son assez correct (pour une fois que les guests ne se retrouvent pas avec un son pourri, comme ce fut le cas lors de la tournée de DT avec Symphony X , les présents s’en rappelleront). Les titres sont extrêmement riches avec une ambiance assez particulière imposée par une scénographie inhabituelle : le chanteur est en fait entouré de deux gros synthés, et passe son temps à pianoter par ci par la, à farfouiller dans ses sons, tout en assurant vocalement parlant. Le guitariste et le bassiste, quand à eux, jouent les sattelites autour de cet etrange bonhomme au chapeau haut de forme. J’attendais beaucoup de cette prestation, au vu de leur dernier skeud, et je ne fus pas déçue. On oublierait presque que les ptits gars sont la depuis…1991.
01. The Evils of Rock & Roll
02. Neuropsychopathic Eye
03. Blackball
04. Madhatter
05 Money Machine
== Opeth (Bodom)
C’est maintenant au tour d’Opeth d’investir les planches. Pour avoir déjà partagé une tournée américaine en co-tête d’affiche avec Dream Theater, les suédois sont maintenant familiers du public progressif plus traditionnel (comprendre, pas forcément familier du growl et des accélérations typiquement death-metal). Les détracteurs pointant du doigt le groupe pour son manque de finesse, pourrait se le retirer avec douleur du fond de l’oeil, puisque c’est avec le planant ‘Windowpane’, titre phare de leur opus acoustique, qu’Opeth vont débuter leur set. La set-list, sera en majeure partie adaptée pour l’occasion, avec quelques titres bien progressifs et faisant la part belle aux vocaux chantés, tels que ‘Harlequin forest’ et ‘Hex omega’ en fin de set, respectivement tirés de « Ghost Reveries » (2005) et « Watershed » (2008). Des titres, si je ne m’abuse, jamais interprétés avant cette tournée, et comblant aussi les fans du combo, montrant par là même un groupe pas seulement cantonné aux codes du metal extrême (qui l’eut cru, d’ailleurs). Mikael Akerfeld, le facétieux leader-guitariste-chanteur, égal à lui même, s’en amuse justement lors de ces interventions entre les morceaux, comme pour l’annonce de ‘April Ethereal’ et du chant growlé qui va inévitablement en faire fuir certains. Cette petite vieillerie issue de « My Arms, Your Hearse » (1998) qui prouve qu’Opeth savent en garder sous le pied … surtout enchaîner à un ‘Deliverance’ des familles, classiques parmis les joyaux du groupe. Bien sûr, une heure de concert d’Opeth, limite forcément le nombre de titres joués, mais la formation avec son habitude à varier les set-lists et les plaisirs, a su proposer un show intense et moins conventionnel qu’à l’accoutumée (seulement un titre en commun avec leur dernier passage à Lyon – et même topo avec leur DVD sorti l’année précédente). Les deux groupes pour lesquels j’aurais fait le déplacement ne m’auront décidément pas déçu.
01. Windowpane
02. The lotus eater
03. Harlequin forest
04. April ethereal
05. Deliverance
06. Hew omega
== Dream Theater (Son)
A nouveau, une petite sortie à l’air frais s’impose avant de s’aventurer à nouveau dans un show prometteur. Quand la musique du film Psychose sonne le glas, je file à la vitesse de l’éclair me préparer pour, je l’espere, un super concert de Dream Theater. Un voile noir est suspendu sur la scene devant la batterie du maitre, on suppose donc un rapport avec leur entrée sur scene, toujours très attendue car différente à chaque fois. La lumière s’eteint, et les première notes du magnifique A Nightmare to remember commencent. Fideles à la tradition, ils jouent le premier morceau de leur dernier album, « Black Clouds & Silver Linings« . Au moment fatidique, le rideau tombe, et tous les musiciens apparaissent. Un peu attendue cette intro. Mais bon, ca ne gache pas le plaisir ressenti comme à chaque début de concert de Dream Theater. Des questions inhérente se posent alors : quels morceaux anciens vont-ils jouer, La Brie sera il en forme, vont-ils se taper une impro ou une reprise, Portnoy réussira t’il tous ses jonglages de baguette, que nous réserve Rudess dans ses délires clavieriens, John va-t-il faire un salto arrière pendant un solo de basse, ecetera, ecetera. Sans surprise, les réponses elle aussi sont attendues : le trio Portnoy/Petrucci/Myung est fidèle à lui-même dans son stoïcisme, ses grimaces et ses poses héroiques (quel ‘Dance of eternity’ de folie), Rudess continue dans son évolution à jouer avec brio et delire, tout comme son avatar cheri (The Magician), ce qui le met à chaque nouvel album de plus en plus en avant vis-à-vis du reste du groupe, et la part belle est faite à « Black Clouds & Silver Linings » qui sera joué dans ses 2/3. La petite (et agréable) surprise viendra de James Labrie (de son vrai prénom Kevin) qui va nous faire un de ses plus grands shows jamais réalisé depuis plusieurs années : une forme epoustouflante, une voix presque parfaite (Ah pas facile le passage sur aigu dans ‘The Name of God’), et une proximité presque touchante avec les autres musiciens. Avec le public, c’est très différents. Dream Theater a beaucoup été critiqué sur le fait qu’il n’était pas un groupe de scene, communiquant peu avec le public….Dream Theater, ne pas communiquer ? Ils passent leur temps à faire ca ! Mais la communication, ce n’est pas que dans la voix, c’est aussi dans les regards, dans la gestuelle, dans leur mimiques musicales, dans le choix des morceaux (les anciens seront heureux de retrouver ‘the mirror & lie’), dans leur final toujours très émouvant,… et encore plus depuis qu’ils ont abandonné leur show de 3h, qui certes nous manquent beaucoup (une véritable épopée à l’époque), mais qui ont laissé place à une prestation beaucoup plus intimiste et authentique. Alors bien sur, quand au bout d’1h15 le groupe quitte la salle, on s’est beaucoup inquiété : fatigue ? Ras le bol ? Fausse alerte ? DT a l’habitude des rappels, mais nous, on n’a pas l’habitude de set aussi court ! Les ricains nous gateront alors avec ‘The Count of Toscany’, morceau fleuve de 25 minutes admirablement réalisé et qui clotura cette grosse soirée. On sortira du Zenith fatigué, essouflé, mais rempli de plus de 3h30 de musique prog à toutes les sauces, qui enlèvera le gout amer et inachevé malgré tout présent inexorablement quand Dream Theater nous effectue un set plutôt court et restreint. Désolée, il va falloir prendre l’habitude !
01. A Nightmare To Remember
02. The Mirror Lie
03. A Rite Of Passage
04. Keyboard Solo
05. Wither
06. The Dance of Eternity
07. In The Name Of God
08. The Count Of Tuscany
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