Red Bull Music Festival Paris le 25/09/2019 : Major Arcana ...
Live report : Bloodybarbie
Metal, Red Bull, Tarot… trois mots clés qui me semblaient incompatibles, si bien que ça dépassait mon imagination et je n’arrivais pas à voir ce à quoi allait ressembler ce concept spectacle. Un événement bizarre, avec un descriptif obscur qui laisse vagabonder notre imagination, sans savoir comment tout allait vraiment se passer. J’avoue avoir relu le descriptif plusieurs fois, et à la énième, je n’avais pas la moindre idée du concept. Mis à part qu’il allait y avoir des illustrations et animations pendant chaque set et que c’était une grande messe de metal français (enfin presque, Nostromo sont suisses) !
J’ignore si c’est l’effet Alcest ou Perturbator (ou les deux) ou, peut-être, l’effet intrigue, mais le concert au Trianon a été victime de son succès et a affiché complet !
Mille photos ne valent pas une bonne vidéo montée par les soins d’Arte, vous retrouverez en fin d’article la vidéo du concert complet !
M’ennuyant dans la file d’attente, qui a bien occupée toute la rue longeant le Trianon, je sonde un peu le public et ses motivations. On retrouve effectivement beaucoup de gens qui viennent pour satisfaire leur curiosité au sujet de cet événement intriguant, et d’autres parce qu’ils étaient curieux de voir le mariage Alcest / Perturbator.
Un cousin d’un musicien nous explique le principe : le concert est découpé en trois actes, et chaque acte voit deux groupes jouer ensemble des morceaux de chacun d’eux, soit trois paires de groupes. Chaque acte est illustré, en fond de scène, par de sublimes dessins et animations des deux artistes amoureux, le couple Førtifem (Jesse et Adrien). Pour ceux qui ne connaissent pas Førtifem, ils sont à l’origine des artwork d’Alcest, de Regarde Les Hommes Tomber, Emperor, Ulver, Rammstein (et la liste est longue)…
Pour combler tous les moments de silence, car le silence laisse place au chahut de la foule, c’est le musicien Varset Zéro qui a animé, en musique, le warm-up et les changements de plateaux. Son arcane le représentant est le Chariot, celui qui conduira le show avec sa musique cold ambient industrielle jusqu’au Noise, inspiré du black metal (pour les plus curieux, le lien Bandcamp ici )
En tout cas, une chose est sûre, la star du comptoir ce soir c’est le Red Bull (même si beaucoup restent fidèles à la bière).
Nous avons eu le droit à un jeu de devinettes pour associer un arcane à chaque groupe, sur la page Facebook de l’événement (très bonne idée, d’ailleurs).
Pour ce premier acte, Nostromo est représenté par l’arcane du Mat (le Fou) et Dehn Sora par celui de l’Ermite.
Le thème qu’a choisi Førtifem pour cet Acte I est la Mort. N’ayant pas d’idée sur l’orientation musicale qu’allaient prendre les sets, les deux illustrateurs ont voulu leur trouver une valeur, une couleur et une vertu. L’arcane de la mort est funeste mais représente la transition et le changement, comme un set qui passe de la folie de Nostromo au recueillement de Dehn.
Le parisien Dehn Sora est un homme de l’art : graphiste et motion designer, musicien et photographe (site internet ici). Il a collaboré avec Colin H. van Eeckhout, le chanteur de Amenra pour Sembler Death. Il a également un projet solo de dark ambient et immersif, Treha Sektori, depuis 2005. Ainsi qu’un autre projet black metal : Throane.
Nostromo est un groupe suisse fondé en 1996 de brutal metalcore/Grind et que nous aimons bien chez Soilchronicles (lire chronique du dernier album ici )
Dehn Sora ,qui était au fond de la scène (ça correspond bien à l’ermite qui essaie de se cacher loin du monde), va donc apporter sa touche de musique ambiante et ses notes de guitare (même sa voix : ébruitements par moments) au set de Nostromo. Il y a tout de même un morceau de composition commune entre Dhen Sora et Nostromo : Treha 1.
Un set bien agressif et fou (d’où la représentation par le Mat) qui aura ravi les fans du genre, mais un son, par moment, assez bruyant (en même temps, j’ai du mal à apprécier avec le brutal metal et le grind, je laisse ça aux connaisseurs).
Setlist Nostromo / Dehn Sora :
-Intro Dehn
-Stillborn Prophet
-Pull The Pin
-Interlude Dehn
-As Quasars Collide
-Treha 1
-Interlude Dehn
-Rude Awakening
-Epitomize
-Intro Dehn
-Uraeus
-Superbia
Entracte d’une vingtaine de minutes, le temps d’un changement de plateau animé par notre cher Varset Zéro. On voit déjà deux batteries se mettre en place, annonçant (spoil) un duo de batteurs (youhou).
Le thème de l’Acte II est le Diable. Les amoureux ont tiré cet arcane pour Regarde Les Hommes Tomber et Hangman’s Chair, car le diable représente la prise de risque. Les deux groupes ont eu envie de travailler ensemble. Certes, c’est un pari risqué que de lâcher deux monstres, mais cette union de surpuissance a été canalisée pour un résultat transcendent !
C’est donc au tour de Regarde Les Hommes Tomber, représenté par l’arcane de La Tour (un des emblèmes du groupe), et Hangman’s Chair, représenté par le Pendu (facile), d’animer l’Acte II.
Regarde Les Hommes Tomber est un groupe originaire de Nantes (un groupe des Acteurs de L’Ombre, gage de qualité) qui marie le black metal au sludge, doom et post-rock. Et Hangman’s Chair est un groupe de l’Île-de-France fondé en 2005 et spécialisé dans le bon sludge.
Il y avait beaucoup de monde sur scène, ils étaient tous là, neuf musiciens sur scène ! Les chanteurs se tiennent loin, de part et d’autre de la scène mais s’échangent les rôles. Si l’un chante, l’autre headbang et se lance dans une transe. Les deux batteurs se sont partagé le travail sur certains morceaux, et sur d’autres, l’un se reposait pendant que l’autre jouait. Même pour ceux qui ne connaissent pas par cœur la discographie des deux groupes, il était facile de distinguer deux styles différents avec quelques sonorités communes.
J’ai été en immersion totale dans un autre monde très sombre et sordide (l’effet et la magie des animations y sont pour beaucoup).
Setlist RLHT / Hagman’s Chair :
-L’Exil (RLHT)
-A Sheep Among The Wolves (RLHT)
-Banlieue Triste (Hangman’s Chair)
-Naïve (Hangman’s Chair) / The Fall (RLHT) (Medley)
-Can’t Talk (Hangman’s Chair)
-Outro
J’ai particulièrement adoré les animations sordides et diaboliques, en noir et blanc, de cet Acte II (j’avoue avoir été mal placée au début du concert pour pouvoir apprécier les animations, il m’a fallu monter au balcon du Trianon pour mieux admirer le spectacle).
Dernière entracte de la soirée, animée par notre cher Varset Zéro avant le set tant attendu de la soirée. Et c’est l’arcane de la Roue de la Fortune que Førtifem a choisi pour l’union de Perturbator et Alcest. Elle représente le destin et la croissance. Il était écrit qu’Alcest et Perturbator s’unissent ce soir.
L’arcane représentant Alcest est l’Étoile, car non seulement Alcest est une star (du blackgaze), mais Alcest est aussi brillant qu’une étoile, symbole de l’imagination et la spiritualité.
L’arcane représentant Perturbator est le Bateleur (ou le Magicien), il brille par sa créativité, sa volonté et son talent dans la musique électronique.
Dans le troisième et dernier acte, Perturbator et Alcest s’élèveront ensemble vers d’étranges et curieux sommets, entre froid industriel et beauté éthérée.
Ce dernier acte commence par Neige qui accompagnera James Kent (Perturbator) et son batteur (dont la batterie est très stylée) pour trois nouveaux morceaux. Puis le batteur de Perturbator quitte la scène et les musiciens d’Alcest font leur entrée sur scène pour jouer trois morceaux : Kodama, suivi de deux nouveaux (qui passent super bien en live) de la prochaine merveille d’Alcest (je me permets de le qualifier de merveille car je l’ai écouté), Sapphire et Protection (dévoilés en single sur le net). Si la guitare d’Alcest a apporté quelque chose aux morceaux de Perturbator, Perturbator n’a clairement rien apporté à ceux d’Alcest, vraiment rien ! Je n’entendais aucune différence ou ajout aux originaux, et pourtant il avait l’air de tripoter son synthé, il semblerait qu’il y avait un problème de son (ou alors il faisait semblant). C’était la grosse déception du concert. L’autre déception est qu’on s’attendait à plus de morceaux d’Alcest (même si ce n’est pas un concert avec une tête d’affiche), mais quand même, trois titres seulement c’est vraiment trop peu pour un groupe comme Alcest. C’était court mais très intense avec des animations oniriques qui nous ont transportés loin dans les cieux.
Setlist Perturbator / Alcest :
-Trois nouveaux morceaux de Perturbator
-Kordama
-Sapphire
-Protection
Ce spectacle nous a fait vivre une expérience unique avec un concept original et des illustrations magnifiques qui marquent les esprits ! Les collaborations par duo de groupes n’étaient pas tirées au hasard, chacun a choisi son binôme, même si certaines unions se sont faites naturellement. Une fois qu’on a goûté à ce concert-concept, on aimerait que tous les concerts soient animés par des illustrations comme celles de Fortifem, c’est tellement magique !
Espérons que l’on aura droit à un autre concept-concert de ce genre l’année prochaine !
Un grand MERCI à tous les groupes qui nous en ont mis plein les oreilles, à Fortifem qui nous en a mis plein les yeux, aux organisateurs et à Zaza Media Corp pour l’accréditation.
Pour immortaliser ce superbe show, Arte était là, un grand merci à cette chaîne, la seule qui s’intéresse et soutient le metal.
Vous pouvez voir ou revoir le concert :
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