Rorcal + Impure Wilhelmina + L’Orchidée Cosmique (Chambéry, le brin de Z ...
Photos : Didier Coste
Report : Le Révérend
Une soirée concert un vendredi soir avec deux groupes phares de la scène genevoise, cela ne se refuse pas ! Le Brin de Zinc est la première date d’une tournée d’hiver, avec le post-hardcore d’Impure Wilhelmina et le doom black de Rorcal, tous deux partageant en leur sein plusieurs musiciens.
Un one man band, L’Orchidée Cosmique d’Annecy, ouvre la soirée. Basse à la main, entourée de pédales d’effets, looper, synthé et diverses autres machines, Florian va développer son post-rock éthéré devant une petite foule de fidèles connaisseurs du groupe. Typique de cette musique, les moments calmes succèdent aux moments plus intenses, tout cela avec dextérité et talent ! Petit bémol pour ma part, ce style avec de multiples ramifications, très à la mode au début des années 2000 avec des groupes tels que Mogwai ou Sigur Rós pour les plus connus, s’est un peu essoufflé à trop répéter les mêmes plans. L’Orchidée Cosmique manque de ce petit côté autre, que l’on peut retrouver chez un autre one man band, le Canadien Thisquietarmy qui a trempé son post-rock dans le drone.
Ce soir le quatuor Impure Wilhelmina s’est transformé en quintette, le chanteur guitariste Michael Schindl s’étant malencontreusement cassé la clavicule, c’est JP Schopfe de Rorcal qui le remplace derrière le manche pour cette tournée. Avec Diogo Almeida à l’autre gratte et le bassiste jouant lui aussi dans les deux bands, on peut appeler cela une vraie tournée commune ! Mais trêve de papotage organisationnel, parlons du principal, la musique ! Et là, les Genevois vont me mettre une claque monumentale. Depuis 1996, leur post-hardcore a pas mal évolué, le chant érayé de Michael a petit à petit laissé place un chant clair et les mélodies sont devenues plus complexes, plus subtiles. Difficile d’expliquer une telle musique, qui puise dans la simplicité des émotions, un entrelac de rythmes où une puissance retenue poétise un son brut. Cela est beau sur disque, le voir prendre forme et se développer sur scène est une émotion brute, intense. Tout est fluide, se déploie avec aisance, nous porte dans un univers onirique, où une douce âpreté mélancolique se mêle à une certaine dureté… Un pur bonheur d’avoir pu voir ce groupe, un pur moment de s’être laissé allé dans ce set !
Rorcal vont eux nous emmener dans un tout autre univers, lumière rouge, strombo, fumée dense, bienvenue dans le chaos des Genevois ! 35 minutes à un rythme effréné, où chaque note conduit au bout de la noirceur, épuise la moindre tentation d’espoir. Un chanteur possédé éructe haine et dégoût, guitare lourde et froide, tapisse l’atmosphère d’un mur sonore, épaulé par une basse de tueur et une batterie juste hallucinante d’efficacité et de précision ! Un périple dans les abysses d’un doom black metal de grands seigneurs. Car oui, Rorcal devient au fil des ans un très grand groupe et il serait temps que cela se sache !
Une bien bonne idée de la part de Minimal Chords d’avoir organisé cette soirée, même si le monde n’était pas vraiment au rendez-vous et cela est bien dommage… Mais bon, les présents ont eu droit à des sets de très haute qualité, tant pis pour les absents !
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