Photos + report : Cassie Di Carmilla

S’il y a l’art et la manière, l’art ne se définit par seulement par une œuvre esthétique mais par la volonté de son auteur de vouloir véhiculer des émotions, des messages, des engagements et, la manière de Sidilarsen peut alors surprendre.

Je vous parlerai dans ces lignes du concert de Sidilarsen : sur la scène de la Péniche à Châlons-Sur-Saône, le 05 novembre dernier mais, avant ça, abordons déjà l’opening de cette soirée.

Ferraille : un nom cohérent pour un groupe de Metal ! Plus qu’une première partie, il s’agit d’un « support your local band » pour cette première date du groupe Bourguignon. C’est dans une ambiance intimiste que le quartet nous dévoile une musique stoner aux accents sludgy et grungy à la maîtrise surprenante pour un groupe profane de la pratique scénique.

Et bien que le stress des membres de se produire avant un groupe dont la notoriété n’est plus à faire et devant une salle comble soit quelque peu palpable, leur plaisir d’être là transparait d’avantage. Le sourire du batteur ne quitte pas son visage de tout le set tandis que la chevelure du guitariste ne cesse de se balancer au rythme de la musique. Cette énergie envoutante semble conquérir le public. Le chanteur ému, mouvant et émouvant oscille entre chant éraillé et voix claire avec une aisance et une justesse saisissante. Leur prestation se termine sous les acclamations d’un public que je pensais être essentiellement composé d’amis venus les soutenir mais, c’est aux abords du stand de merch’, que je réalise que les gens sont à la fois réellement conquis par le travail de ces autochtones et déçu de ne pas avoir pu se procurer un CD (pas encore sorti à ce jour).

Setlist : Inconnue

Le staff s’affaire sur scène. Ecrans, plateformes, lights. Un grand spectacle s’annonce.

Masqués de crânes dorées, entre des geysers de fumée, les protagonistes s’élèvent sur leurs piédestaux tels des sculptures mortuaires qui ne restèrent de marbre qu’un fragment de seconde.

Sidilarsen, un groupe qui dépasse l’âge de certaines personnes dans le public. Après plus d’une vingtaine d’années d’existence, le groupe conserve cette même énergie et cette ardeur qui a plus dès leur première démo en 1998. Des étincelles électriques qui crépitent d’album en album pour garder la flamme du groupe intacte, dix sorties plus tard, avec ‘On Va Tous Crever’, en 2019. Un titre aussi incisif que leurs compositions.

Le set commence avec la violence d’une gifle par ‘A vif’ ! Une grosse baffe qui réveille et secoue l’esprit pour remettre les idées en place ! Sans jamais ralentir la cadence, les toulousains ébranlent par un métal brut et brutal à la rythmique puissante. C’est massif et agressif ! La french touch électro qui a fait le succès de Sidilarsen est subtile : c’est le souffle frais qui apaise la brulure.

L’art ! Œuvre unique et originale loin du simple tableau contemplatif (bien que la mise en scène soit époustouflante même pour une petite scène comme celle de la Péniche) est une véritable arme entre les mains de ces artistes. La musique n’est pas seulement faite pour être belle, les voix de David « Didou » Cancel et de Benjamin « Viber » Bury pas seulement justes, c’est un ensemble indissociable qui est destiné à être transmis – L’art, c’est la culture – L’art, c’est le partage mais, c’est aussi la révolte ! Insoumis, le groupe aborde des sujets difficiles afin d’éveiller les consciences. Il dépeint une société uniformisée où il est nécessaire de se différencier, de se mettre à nu pour revenir à l’essentiel, pour faire bouger les choses ! Et bouger, c’est concrètement le cas dans la salle ! ‘Back to Basics’, évidemment !

Mais, il n’y a pas que le message qui est important : la manière de le dire est primordiale. Celle de Sidilarsen est réjouissante ! C’est sur musique joyeuse et dynamique que le groupe a décidé de nous conduire au bûcher. Le public scande néanmoins gaiement les paroles. Il est donc possible de s’insurger avec le sourire. Passif-agressif ? Je ressens plutôt cela comme de la narquoiserie. J’assiste donc à une satire sarcastique et j’adore ça ! Plus savant que d’allier du métal à de la techno, des paroles abordables à des mélodies obsédantes, c’est d’allier la joie à la colère. Et de cette obscurité jaillit la lumière ! Cette flamme est finalement un flambeaux d’espoir ! C’est l’ ‘Ardeur Du Vivant’ ! Dernier souffle de vie avant le trépas : le set touche à sa fin.

Malgré tous ces efforts, certaines personnes ne se laissent pas piquer à vif par la flèche ardente du quintet. Juste à côté de moi, une femme hurle pour se faire entendre du groupe ! Pourquoi ? Pour se faire payer une bière, pour avoir de l’attention ?! Difficile de faire abstraction. David la remet en place et la soirée bat son plein (car ça s’est déjà produit et ça recommencera malheureusement, ici ou ailleurs). Ecouter Sidilarsen et être présent à leur concert signifie que le public comprend la nécessité de changer les choses mais le fait-il pour autant puisque, de toute manière… ON VA TOUS CREVER ?!

Setlist : À vif / Money game / Retourner la France / Guerres à vendre / God’s got guns / Interdit de se taire / Le meilleur est à venir / La Morale de la Fable 2020 / We come to get it / On va tous crever / Back to Basics / Comme on vibre / L’ardeur du vivant / Des Milliards

Je remercie la Péniche de m’avoir permis de shooter ce soir-là. Soirée qui marque pour moi la reprise des concerts. Je salue le travail des ingés sons et lights d’avoir si bien mis en valeur les groupes de la soirée. Merci Ferraille et Merci Sidi !