Ah…J’aime les fins de mois de Mars, comme ce samedi 26 Mars où les premiers rayons de soleil ravissent les citadins… le ciel vient se noircir de nuages et nous couvrir de sa première pluie chaude… Atmosphère mélancolique, à l’arrière goût d’une tempête de Turner… L’idéal pour aller à un concert d’Ulver….
Après une petite marche fort agréable dans le parc de la Villette, on est obligés de repasser sur le côté romantique dû à un forte fréquentation de thrasheux… qui se dirigent non loin de là vers le Zenith! Mais nous allons au Tranbendo, pour l’affiche : Zweizz/Ulver.
19h et déjà du monde devant les portes. Celles-ci s’ouvriront à 19h30, à peine les premiers fans entrés que le merch’ est pris d’asseau ! Il faut dire que ce sont des petits malins chez Ulver, t-shirts inédits à chaque tournée, 1er album en vinyle et en exclu avant sa sortie officielle et les collectionneurs étaient nombreux. Tout cela nous ferait presque oublier que sur la scène « trône » des wc … si si !! Pourquoi ? Et bien la première partie… Après le trip mystique d’Attila en 2010, que va t-on nous réserver cette année??
Et bien Zweizz alias Svein Egil Hatlevik, originaire d’Oslo. Il nous sert une mixture entre IDM (intelligent dance music), une grosse base de noise, de l’électro acoustique et du black metal (enfin ça il faut le savoir!). Outre son projet solo on le retrouve en groupe avec Fleurety, mais on le connait surtout pour son passage dans un excellent groupe de black metal… mais pour ceux qui ne le savent pas, je vous réserve la surprise après vous avoir peint la performance du garçon.
C’est avec de sérieux acouphènes et une légère nausée, que je ne perds pas la foi en allant me chercher une bière, et fumer une cigarette sur la terrasse du trabendo. Avant d’accueillir ceux que l’on ne présente plus (mais je vais le faire quand même !) : Ulver.
Groupe norvégien formé en 1993, par Garm (Kristoffer Rygg) alors âgé de 16ans, inspiré bien sûr par la scène black metal de l’époque en Norvège, il se démarquera des les 1er EP par son influence folk, et il compose des albums de plus en plus folk jusqu’en 1998. Garm et le groupe cultivent une image assez élitiste, et une profonde haine contre le christianisme. C’est avec le très bon album « Theme of Willian Blak » (qui reprend les poèmes de celui-ci dans son œuvre « le mariage du ciel et de l’enfer »), que l’électro fait son apparition dans la musique d’Ulver, conservant un côté metal et une grande haine pour les religions. Au fil des années les albums prendront une tournure de plus en plus électro, comme « Perdition city », psyché avec du saxophone, ou « Shadows of the sun » (2007), avec des instruments classiques (violon, violoncelle…). Également des collaborations pour des musiques de films, ou encore avec Sun o))) pour des reprises de chansons hippies des années 60. Ulver verra passer beaucoup de musiciens : Garm toujours fidèle au chant et à la programmation, s’associe depuis 2009 à Daniel O’ Sulivan, qui vient apporter son expérience de musicien d’une scène plus expérimentale et néo-classique. Le dernier album « Wars of the roses », pas encore sorti en cd le jour du concert (prévue pour le mois d’avril), sera joué en entier ce soir…
Les loups s’apprêtent à envahir les lieux… Daniel O’ Sulivan en tête, bouteille de rouge en bouche, suivi de Garm, puis des autres musiciens, armés eux aussi de leurs bouteilles ! On peut apprécier dans un premier temps les lumières qui pour une fois dans un concert metal ne sont pas criarde et changeantes, un éclairage doux légèrement bleu, parfois rouge. La scène est également mise à jour par l’écran qui diffuse comme au Hellfest, des vidéos genre d’artiste post-expressionniste, drame, mort, tempête et psyché… douce mélancolie, qui reste fort agréable et passe très bien en second plan de la musique tout en ne s’ exposant pas aux habituels clichés de ce genre de concept. Ouverture sur « Febury MMX », mise en bouche du dernier album histoire de nous annoncer la couleur, un son assez rock, mais on ne peut pas s’y tromper c’est bien de l’Ulver!! Un concert de Ulver c’est magique … musicalement ça pourrait très bien se jouer devant un tout autre public … qu’il faudrait le chercher pour savoir Ulver sort du fond de la Norvège black metal. Il en est qu’Ulver est un concentré d’émotions, de rage et de passion, toutes ces énergies puisées dans le black metal, mais composé différemment et avec intelligence. Un public majoritairement metal qui adopte pourtant un comportement tout à fait différent : silencieux, contemplatif, les larmes ne sont pas très loin…c’est simplement à la dernière note que les applaudissements retentiront dans la salle. Comme si nous étions dans une espèce de cérémonie d’un autre type, ou possédés ici par la musique. De plus les musiciens sont excellents, Garm a une voix unique et magnifique, qu’il maîtrise parfaitement sur scène, il sera aussi le chef d’orchestre du futur derrière sa table ou il travaille entre tables de mixage et autres, ainsi que son Ipad avec lequel il dansera à plusieurs reprise pour rythmer le son, son visage éclairé par l’appareil. Il sera également accompagné par deux autres personnes pour les sons, on peut d’ailleurs constater la présence d’un de ses anciens musiciens derrière les tables de mixage. Garm se place tout de fois comme étant le personnage principal de cette pièce, secondé de prés par Daniel O’Sulivan qui lui semble être tout droit sortie des années 70, alternant avec élégance guitare, basse, piano et chant. Scéniquement les autres musiciens sont plus placés en figurants, mais avec un talent tout aussi significatif. Le batteur est excellent, un très bon feeling et une subtilité tout à fait en accord avec Ulver. On peut aussi remarquer que les musiciens sont peu communicatifs avec le public, mais j’ai envie de dire que ce n’est pas utile, ils ont la capacité de le faire avec la musique. Un tout petit bémol viendra du son de la salle, qui lorsque l’on se place devant la scène, les basses sont légèrement écrasées mais d’une manière générale le son est bon. L’heure du dernier morceau arrive trop vite … Il s’agira de « Stone Anglels », un morceau de 15minutes, un final majestueux, avec Daniel O’Sulivan au piano, lisant un poème soutenu par une ambiance funèbre à la fois pesante et apaisante. Comme s’ils voulaient nous entraîner à la fin de se set, comme dans une petite mort…. Ce morceau nous fait trembler, frissonner … 1h de concert et tout de même un rappel, avec « allways of always » (Perdition city). Un morceau incontournable sur scène, avec des beats plus électro que l’album que l’on vient de découvrir. Ce morceau que tous les amateurs connaissent, vient subliment nous réanimer du voyage « Wars of roses » et nous donner envie de plus les quitter… Mais les lumières vont s’éteindre… les messieurs vont simplement nous saluer et partir…
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