Line-up sur cet Album
E. Falaschi : chant K. Loureiro : guitare R. Bittencourt : guitare F. Andreoli : basse R. Confessori : batterie
Style:
heavy-progressifDate de sortie:
09/2010Label:
Steamhammer record/SPVNote du soilchroniqueur (Wën) : 6,5/10
Angra, en voilà un fier représentant, pour ne pas dire LE représentant de la scène heavy-metal sud américaine. Une formation talentueuse qui a fourbi ses armes et connu son heure de gloire dans le milieu des 90. Ses atouts ? Une paire de guitaristes hors du commun et un excellent chanteur (André Matos) donnant dans le heavy-power mélodique de très grande classe, racé et épique, tour à tour progressif ou plus symphonique et agrémenté de nombreuses parties folk typiquement brésiliennes. Le nouveau millénaire voit cependant le split du line-up : Matos, Confessori (batterie) et Mariutti (basse) s’en allant fonder Shaaman, tandis que la paire Loureiro/Bittencourt remet le navire à flot en y embarquant Edu Falashi (ex-Symbol) au chant, Aquiles Priester à la batterie et le jeune prodige Felipe Andreoli à la basse.
Evidemment, après une telle mutation, le style pratiqué par les brésiliens va forcément évoluer et après un « Rebirth » (2001) ou le groupe se cherche encore, c’est avec le génial « Temple Of Shadows » (2004), chef d’œuvre du genre, flanqué d’une belle palanquée d’invités venus pousser la chansonnette (Hansi Kürsch de Blind Guardian, Kai Hansen de Gamma-Ray/Helloween, Sabine Edelsbacher d’Edenbridge), que la formation va réellement prendre une autre dimension. Malgré cela, l’Amazone n’étant pas un long fleuve tranquille, c’est boudé par ses fans de la première heure et dans un quasi-anonymat que va sortir son successeur « Aurora Consurgens » (2006). Faute de nouvelles fraîches et les rumeurs de split allant bon train, nous pensions tout bonnement le groupe perdu corps et âme.
Il était donc plus que grand temps pour nos brésiliens de se rappeler à notre bon souvenir avec ce cru 2010 qu’est « Aqua« . Aqua, l’eau. Un élément fort et riche en symbolique : la pureté, la vitalité mais aussi, par son cycle perpétuel, l’immortalité. Ainsi, en un éternel retour aux sources, la vie succède à la mort, puis la mort à la vie, chaque période d’accalmie annonçant une nouvelle tempête. Et c’est justement par cette libre interprétation de « The Tempest » de William Shakespeare, qu’Angra fait de ce liquide, l’élément phare de la trame de son nouvel opus.
C’est donc avec une certaine appréhension mais en m’attendant tout de même à passer un bon moment, que débute ce désormais commun rituel de la première écoute. Mais celle-ci passée, quelle ne fut pas ma déception. Passé l’intro de rigueur, assez mystérieuse mais n’ayant que peu d’intérêt à part celui de nous plonger dans l’ambiance, débarquent les guitares, techniques et incisives. Le duel qu’elles se livrent et nous délivrent ne laisse nul doute subsister : Angra est de retour, décidé à frapper fort. Hélas la production semble en avoir décidé autrement. Là ou ses prédécesseurs envoyaient le purée à grands renforts d’orchestrations et de doubles pédales omniprésentes, ici, même si le tempo demeure élevé, il manque incontestablement un je-ne-sais-quoi de puissance, de grandiloquence également. Confessori, de retour derrière les futs et moins emporté que son remplaçant (ou trop mixé en retrait, je ne saurais vous dire) participe à ce sentiment persistant de carence sonore même si, toujours sur ces premières écoutes, la double pédale n’est pas la seule aux abonnées absentes. Où est donc passée cette basse virevoltante ? Et l’inspiration ? Certaines lignes vocales paraissent étrangement familières (parfois déjà entendues chez Helloween, Stratovarius … ou Angra) et les riffs, eux, déstabilisent manifestement par leur côté moins percutants qu’à l’accoutumée.
Mais la règle d’or, dans cet exercice périlleux qu’est la chronique d’un groupe apprécié, est surtout de ne pas laisser ses premières impressions prendre le dessus, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Passé ce premier avis plus que mitigé, en se repenchant sur l’œuvre, on comprendra alors que cette facette moins accrocheuse est totalement assumée et qu’en procédant ainsi, Angra renforce une base progressive demandant logiquement plus de temps d’assimilation. Epurant leur musique du superflu, les brésiliens ont donc opté cette fois pour la carte de la complexité. Nous présentant un hybride chronologique, mêlant des rythmiques se rapprochant de sa première période aux mélodies dont il a prit l’habitude de nous rassasier dernièrement, le groupe renoue ainsi avec ses racines, quelque peu écartées sur les opus précédents, au profit de la vitesse. Cependant, objectivement parlant, le résultat reste correct, mais sans plus.
Certes Angra nous propose quelques très bons passages comme ces deux titres d’ouverture typiques du groupe aux mélodies imparables. Ici, un break piano époustouflant (‘Awake from darkness’)ou une basse clinquante (malheureusement bien moins mise en avant qu’auparavant), là un chant plus agressif (‘Rage of the waters’) qui devient doucereux et grave (‘Ashes’). Là encore, un passage ethnique (‘Spirit of the air’), grattes sèches et percussions à l’appui. Mais l’un dans l’autre Angra semble souffrir d’une panne d’inspiration et se contenter du minimum syndical. Cet « Aqua » manque de corps et d’âme, de profondeur. Il contient de bonnes chansons, d’autres plus moyennes, mais sans cette réelle osmose nécessaire à une œuvre ambitieuse. A aucun moment je n’ai reçu cette baffe tant attendue. Le groupe s’essaye à autre chose, essayant de concilier les deux franges extrêmes de ses fans, mais le résultat est malheureusement en deçà des attentes. Pas mauvais, mais scintillant trop timidement et qu’en de trop rares moments par rapport aux autres joyaux de sa discographie.
Site officiel : www.angra.net
Page myspace : www.myspace.com/angraofficial
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