Line-up sur cet Album
Nagant: Chant Holocaust: Première guitare Destroyer: Basse Destruction: Batterie
Style:
War Torn Black MetalDate de sortie:
13 Septembre 2010Label:
Candlelight RecordsNote du Soilchroniqueur (Gwenn): 7/10
Inspirés par la torture quotidienne que vivaient les soldats durant la deuxième guerre mondiale, fascinés par le crépitement des fusils, dépassés par les vagues de sang fumant déversés sur un sol froid, les anglais d’Eastern Front nous sortent « Blood on Snow » dans un esprit de partage de tous ces sentiments. Comme ils le précisent, ils ne soutiennent aucun parti politique ou mouvance de ce genre. Par respect des soldats morts au combat, devoir de mémoire et de culture, Eastern Front propose une approche de ce sujet pour le moins qu’on puisse dire, très subjective. Sur un Black Metal traditionnel, ils y ajoutent des passages d’inspiration Doom, Death, parfois même expérimentale. D’où le Black Metal complexe, technique, coloré et contrasté que j’ai le plaisir de découvrir.
Aux commandes de l’énorme machine de guerre noire présente sur la pochette, on ne sait trop où, ni comment tirer. Les doigts glacés, on imagine sans peine l’angoisse soulevée par le simple fait de se trouver ici, au milieu de ces collines recouvertes de neige blanche et immobile. L’intro de « Stalinorgel » est courte, donnant suite à une rythmique saccadée typique d’un black metal qui se respecte. La voix de Nagant, oscillant entre Death et Black, marque son étendue. Le char se met en marche, troublant le calme environnant et diffuse son tonnerre sonore autour de lui. Les personnes aux commandes sont invisibles. Quelques passages lents quelque peu atmosphériques mettent l’auditeur dans le ton et permettent à un esprit assombri de s’évader.
« Battle of Smolensk » se veut beaucoup plus « black extrême ». On entend ici la rage des soldats à l’intérieur du char qui croisant l’ennemi, n’ont pas hésité à user de leur carapace de métal maintenant échauffée par le feu des tirs. Le sang coule sur la neige si froide qu’elle ne fondra pas. Au milieu du morceau, un autre passage très doux qui m’évoque une mort digne et la rage de vaincre. Aussi, le devoir de se protéger, et peut-être une pensée pour une famille restée à domicile. Un peu doux peut-être mais ce contraste marque le style du groupe.
« Blood on Snow », les soldats sont descendus de leur véhicule diabolique dans le but, certainement, d’aller récupérer les blessés. C’est évidemment dans une neige mêlée de sang gluant qu’ils marchent. On a ici un morceau d’une structure très abordable, une batterie ultra rapide mais le tout est construit de telle sorte à ce qu’on puisse se poser sur un fil conducteur. La voix est black et crie la douleur figée sur les visages morts, au sol. Plein de colère, d’incompréhension, de questionnements, ce titre éponyme est réellement incisif et assez impressionnant.
Le char a repris sa route et passe devant des troupes alliées criant des choses dont je ne saisis pas le sens. « Unleash the Panzer Division » est marqué d’une structure différente des morceaux précédents. Il martèle le sol de manière nette, dure. Les lignes de guitare sont claires, le rythme est soutenu et pourrait s’apparenter à quelques passages Heavy/Speed. Nagant se fait toujours le porte-parole de sa troupe et hisse le drapeau de sa victoire.
C’est ici qu’Eastern Front marque de ses mains blessées, la pierre du souvenir. Une guitare sèche aussi douce que celle d’un musicien espagnol, c’est avec une douceur chaleureuse et féminine que démarre « MotherLand ». La Terre Natale, celle que l’on défend. Celle pour qui on meurt avec brutalité, sans avoir eu le temps de transmettre son savoir, son sang. C’est peut-être contre cela que ce morceau reprend un black metal techniquement irréprochable, modifiant riffs et tonalités, rapide mais également ambiant et structuré. Mon préféré.
« Moskvy » ne cache pas son désir d’émouvoir. Il achève le cauchemar d’un papa perdu. Le souci c’est que le réveil est difficile et les larmes coulent toujours. Les yeux embués, ils tirent, sans contrôle, les sensations ont tout à fait disparu et les corps sont meurtris. Les morts ne se comptent plus et le ciel est noir. L’environnement sonore est brutal, évoquant le pire d’un combat dont seuls les survivants ont encore les flashs rouges dans leurs têtes.
« At The Gate of Moscow » redémarre avec rage et toujours ce style contrasté entre un black presque atmosphérique et une agressivité sans nom. Ici, le Death refait son apparition dans les vocaux et c’est avec délice que ce morceau s’écoute du fait de sa place dans l’album. Ici, personne n‘a gagné quoi que ce soit et les troupes n’attendent plus rien, les choses sont comme irrévocables mais l’espoir est toujours là pour certains. La vie reprend ses droits par moments de manière miraculeuse.
« When Warriors Once Fell ». Le jour où les morts sont comptés. Le cor sonne, apportant la partie épique presque attendue. L’orage gronde et la pluie tombe. Les troupes se remettent en route pour aller on ne sait où. L’allure lente du morceau, mélodique, marque un retour en sécurité et un repos, peut-être un repas chaud. Certains s’allument une cigarette en marchant. D’autres tentent de sourire. D’autres encore se retournent sur la rythmique à nouveau agressive du morceau… et regardent cette bête de métal restée derrière, morte elle aussi au combat.
Le char, littéralement coupé en deux, trône honteusement dans un renflement de la colline glacée.
Myspace:
Site officiel: www.wartornblackmetal.com
Laissez un commentaire