Line-up sur cet Album
Lars "Lazare" Nedland : chant, batterie, claviers Cornelius Jakhelln : chant, guitare, basse
Style:
Post Black, avant-gardisteDate de sortie:
Novembre 2010Label:
Indie RecordsNote du soilchroniqueur (Dada Noël) : 8,5 / 10
J’aime noël. Voilà c’est dit. Je sais que ça va en choquer plus d’un de le lire mais c’est vrai. Et tant pis pour mon image de metalleux intrépide mais j’aime contempler le sapin illuminé près d’un bon feu (assez éloignés l’un de l’autre quand même). J’aime mettre le petit Jésus dans la crèche lorsque sonne minuit. J’aime regarder les classiques Disney en mangeant des pains d’épices. Allez hop ma chronique de noël !
J’ai une confession à faire (oui une autre). Quand les fêtes arrivent, les disques de Metal se font rares dans ma platine (non me tapez pas !). Surement l’effet de la neige ou les chocolats matinaux du calendrier de l’avent qui me conditionnent. Chaque année, je délaisse provisoirement mes chouchous de Vomitory ou Suffocation pour des galettes plus sucrées et chaleureuses. Ainsi cet hiver j’ai un faible pour l’excentrique La Roux, la fabuleuse Florence and the machines et surtout la « Neuvième Symphonie » d’Anton Bruckner. Vous imaginez ma joie intérieure lorsque je me suis attelé à la tâche d’écouter le nouvel album du duo norvégien Solefald. Surtout que leurs précédentes sorties me donnaient l’impression d’un groupe en quête d’identité. Après avoir crié à tout le monde « Nous faisons dans le pur Black », les deux norvégiens se sont autoproclamés groupe de pagan, puis de black guerrier typé allemand avant de clamer « Nous sommes des vikings ! » avec une série de concepts albums peu convaincants. Leur recherche identitaire (tel un Eric Besson) est visible également à travers les photos officielles du groupe, tantôt habillés en chevalier, en DJ gays ou encore en poetic lovers.
Mon manque de motivation avait aussi pour origine mon souvenir de la tête de nos deux compères, lorgnant davantage du côté d’un père fouettard en manque de vitamines C que de Santa Claus. De plus, je venais de faire connaissance avec le Vrai esprit de noël Celui des centres commerciaux où celui qui achète le moins de cadeaux à la fin de la journée est un vrai loser. Je me suis perdu, je me suis fait piétiner, je me suis évanoui sous les odeurs de transpiration. Et là, dans un magasin, je me suis retrouvé face à des punkettes (ou gothiquettes) se battant pour un t-shirt d’Edouard le vampire. J’ai su alors la vérité. L’impensable vérité. Deicide, Marduk et consorts se trompent quand ils nous font rêver avec les limbes, l’antre de Satan, les vices et les souffrances éternelles. Je sais maintenant que l’enfer ressemble à un Claire’s géant. Devant moi, à la caisse, se tenait une jeune fille avec deux oreilles qui ressemblaient à des trompettes en forme de patates. Je me suis dit qu’elle n’était pas très belle mais qu’au moins elle devait bien entendre. C’est peut être même un avantage. C’est alors que, perdu dans mes pensées, je me suis juré d’écouter non pas une mais plusieurs fois ce nouveau Solefald le soir même.
Dès les premières notes, il est certain que Solefald ne pratique pas du true black metal, avec ces chœurs aux timbres de voix proches de Tyr. Ce premier titre est d’ailleurs séduisant par son ambiance de grand froid et de vent nordique. Des chants en canon et de lointaines voix féminines contribuent à dresser un portrait mélancolique réussi. Proche de l’atmosphère de Solstafir, des sonorités black se font présentes de temps à autre. Certes, cela reste anecdotique et continuera d’irriter les puristes qui crient à l’unisson « Du true, du true ! Encore du true ! Il est bon mon true ! ». Et après tout, n’est pas true qui veut. La preuve sonore, le titre éponyme qui se veut plus énervé avec ses blasts et ses grognements est décevant et apparaît comme un sous-Aborym. Le chant haut perché heavy agace et ne colle pas avec la rapidité du morceau. Autant un groupe comme Grand Magus assure ce type de chant avec des compos rapides, autant là la sauce ne prend pas et fait du mal aux oreilles.
Mais ce serait une erreur de s’arrêter à ce faux pas. L’album enchaîne sur Tittentattenteksti avec au chant la grandiose Agnete Kjølsrud. Officiant déjà au sein de Dimmu Borgir, sa prestation totalement hallucinée, fait de cris de petites filles et d’intonations rageuses, donne l’impression d’entendre chanter une héroïne énervée d’un manga de Kishiro (Gunm). L’ensemble de l’album demanderait de le décrire tracks by tracks tant son hétérogénéité est forte. Nous passons d’un black théâtral à la Hollenthon à un morceau de délice au saxophone (Eukalyptustree) aux vocaux enchanteurs. Essentiellement en norvégien vous l’aurez compris, les deux érudits aiment surprendre. C’est ce qui fait qu’aucun album du groupe ne se ressemble. L’auditeur ne peut donc jamais savoir à quoi s’attendre, alors laissez Dada Noël vous le dire : il s’agit d’une bonne cuvée Solefald.
Les passages les plus tranchants (Hugferdi) sont complétés par des expérimentations sonores, des envolées épiques (le génial (Vitets Vidd i Verdi), des passages électro et un large panel de chants, féminins, masculins et non définis. Pour son aspect avant-gardiste, nous ne sommes pas loin de Sleepytime Gorilla Museum avec un supplément de groove et de mélodies étourdissantes. Enfin vient le final, guerrier et superbe. Car si le groupe pèche, par manque de légitimité, sur les passages les plus rapides, il excelle sur les moments lents et intimistes.
Il apparaît après plusieurs écoutes attentives que le manque de cohérence musicale reproché au départ donne à cet opus une saveur particulièrement attirante et originale.
Finalement, ça sera un bon noël, métallique à souhait. Découvrir Norron Livskunst sous le sapin fera le bonheur de tous nos p’tits métalleux. Quand tu descendras du ciel, avec des jouets par milliers, n’oublies pas mes petits souliers…
Lien myspace : www.myspace.com/solefaldofficial
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