Note du soilchroniqueur (Wën) : 6,5/10

Peut être le nom de Soulgrind ne vous est-il pas totalement inconnu ? « The Origins Of The Paganblood », l’album précédent, en 2005, a en effet permis à la formation scandinave de s’extraire de la multitude de groupes écumant les scènes nordiques. Et en quinze années d’existence, il était tout de même temps.

Alors tout d’abord, soyons clairs ! Malgré leur patronyme explicite, nulle trace de grind (et encore moins de soul) dans le metal du sextet finlandais. Comme il est plus d’usage en ces latitudes polaires, c’est de metal extrême dont il s’agit … de black-gothique, à en croire les encarts promotionnels. Appellation aguicheuse s’il en est, puisque de black, Soulgrind n’en garde que quelques brides, de simples réminiscences spirituelles ; le coté gothique étant quant à lui, mis en avant par la présence de vocalises féminines. Afin d’éviter à l’auditeur alléché de se retrouver déçu et de descendre inutilement ce « Pakana » (et le blackeux contrarié n’est pas tendre), il était de bon ton de commencer cette chronique par cette petite précision. Sachant maintenant de ce dont il retourne, libre à vous de vous laisser tenter par une écoute ou tout du moins une lecture.

Donc, la question reste en suspens : à quoi ressemble ce « Pakana » ? A un subtil patchwork entre plusieurs styles musicaux, serions nous tenté de répondre !

Pour en revenir aux propos précédemment énoncés, nous retrouvons donc une facette heavy indéniable que ce soit au niveau des rythmiques ou de certaines structures, surlignée par des claviers mélancoliques comme sur ‘Throught the gates of desperation’, le titre d’ouverture. Alors, bien sur, rien à voir avec un Judas Priest et son heavy sauce eighties … ce serait plus avec des groupes comme feu-Sentenced qu’il faudrait établir une comparaison, à l’inverse que les vocalises sont ici essentiellement féminines (ce qui n’empêche pas d’évidentes similitudes dans les intonations et le phrasé).

Mais tout n’est pas blanc, triste et froid dans l’univers de Soulgrind, une tempête peut se lever bien vite et amener le groupe à durcir rapidement le ton. Ainsi sur des titres comme ‘The soul of the battle’ ou ‘Against the grain’, une autre référence vient nous frapper d’emblée, de ses lettres d’acier forgé. En effet l’ombre de Graveworm plane indubitablement sur ce genre de compositions se voulant plus vindicatives et plus sombres. L’emploi de claviers mélodiques, de guitares hachées, et l’utilisation d’un chant extrême ne laissent aucune place au doute, mais le tout reste néanmoins bien assimilé et digéré.

Même si la plupart des compos se partagent entre mélancolie et rage, le groupe ne s’arrête pas qu’à ces deux influences majeures. Nous pouvons en ajouter une troisième : Finntroll. Car comme son étymologie le suggère (‘pakana’ signifiant païen en finnois), nous retrouvons fort logiquement des ambiances pagan-folk sur ce disque, plus ou moins poussées, n’allant pas sans rappeler leurs compatriotes, tels ces ‘Pakana’ ou ‘Northbound reverend’ (si l’on excepte le chant féminin).

Certes, qualifier Soulgrind d’opportunistes musicaux ne serait sans doute pas si faux que cela … mais ce ne serait pas rendre justice au groupe. Car au final ces influences précédemment citées sont bien digérées et le rendu ne se limite pas une simple énumération de ces groupes. Soulgrind y ajoute ses propres atouts : alternance de vocaux féminin/masculin, une utilisation intelligente de la double-pédale, soli judicieux et refrains accrocheurs, pour faire de ce « Pakana » un disque bien plaisant, qui ne pourra sans doute pas rivaliser avec les ténors du genre, mais qui pourrait néanmoins permettre au groupe de se faire une petite place sous ce froid soleil hivernal.

Page Myspace : www.myspace.com/soulgrind