Suppose It’s War – Suppose It’s War
Line-up sur cet Album
Julien : Guitare, Choeurs Nico : Chant, Guitare Vince : Batterie Antoine : Basse
Style:
Punk / ThrashDate de sortie:
Mars 2010Label:
Non signé - Auto ProductionNote du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller)
6.5/10
En 1981, l’iroquois Walter David Buchan de « The Exploited » balançait à la face de la planète musicale dépravée de l’époque son mythique « Punk’s Not Dead ». Le mouvement Punk héritier des Sham 69 et de leur figure emblématique les « Sex Pistols » des Sid Vicious et Johnny Rotten marquait alors des signes d’essoufflement et retrouvait avec l’arrivée de cette nouvelle vague un second élan. Les combos s’en proclamant nappaient toujours leurs sons de saturation à l’extrême, mais les trois accords simplistes accolés jusqu’alors à la musicalité de leurs prédécesseurs se voulaient de plus en plus déviants vers les riffs Thrash et Heavy. Seuls les sujets des lyrics demeuraient immuables, sex , violence, bastards, une liste non exhaustive ou l’on ne peut omettre les rituels « Fuck » et « Oi », véritables marques de fabrique et cris de ralliement. Plus qu’un genre musical, -la technicité des zikos du mouvement n’étant pas forcément à louer- un véritable style de vie ou le leitmotiv du « No Future » ne s’effaçait que devant l’envie de renverser l’ « Etablishment ».
Trente ans après, la caste parait avoir fait long feu, et de plus en plus rares ou de moins en moins influents sont les groupes s’en proclamant. Il faut dire par ailleurs que les locomotives (à vapeur) de l’époque ont vraiment pris de la bouteille et qu’à l’image des « Anti Nowhere League » clamant puérilement « Mother, …You’re a liar », seuls les légendaires « Discharge » carburent à l’électricité haute tension avec leur speed destructeur et sans concessions. Le style reste dorénavant underground et marginal, non pas parce qu’il a égaré ses lettres de noblesse ; mais tout simplement car il n’est plus trop en vogue de nos jours. L’histoire, cyclique, n’étant qu’un éternel recommencement, on ne peut cependant pas parier que comme pour le Heavy, par exemple, le Revival soit improbable.
Voir donc débarquer dans cette contrée musicale peu sillonnée en tous sens « Suppose It’s War » paraitra un peu incongru. Qui plus est quand vous saurez que le combo né en 2008 nous vient de Bretagne, ce qui n’est pas légion pour un style musical résolument d’outre manche, mais pas non plus une rareté si l’on se remémore les « Trotskids » et autres « Collabos » au fantastique titre « Sylvain Bergaste ». Petit aparté sur ce dernier morceau qui à l’époque avait déclenché un sacré buzz avec son « Je veux avoir un gros zizi, mais malgré tout il reste petit » en guise de refrain… A mettre en parallèle avec un humoristique « Suppositoire », « Suppose It’s War ».
L’ogive rectale propose donc un premier effort auto produit de onze titres et près de quarante minutes, dont un cover des allemands de « Bonehouse ». Le groupe articulé en quatuor autour du guitariste chanteur Nico (Retentum Curiae), des ex « Altokon » (encore de l’humour phonétique !!!) Julien (guitare/chœurs) et Vince (Batterie), et enfin d’Antoine à la basse délivre une musicalité résolument Old School et fleurant bon le Punk/Thrash. Quelque part entre les Dead Kennedys du charismatique Jelo Biafra et les défunts Ramones, à mi chemin des précurseurs d’ « Angelic Upstars » et de leurs fistons précités les Exploited ; les bretons naviguent dans le pur style et esprit du Punk des eighties. Des titres pèchus, concis –comme il se doit dans ce style-, envoyés en rafale et sans fioritures, du riff gaillard, simple et accrocheur ; le tout empreint de lignes vocales légèrement éraillées ou les chœurs viriles assènent en échos.
La recette, on ne peut plus traditionnelle, produit immédiatement et irrémédiablement son effet dès l’entame et un « We Won’t Back Down » véritable highlight en forme d’hymne dont on ne peut que reprendre en chœur le refrain. Une tracklist qui défilera à la vitesse grand V en allant parfois flirter parcimonieusement dans les méandres hardcore, ou gros rock hard qui tache, manière « Viking Skull » ou « Blackness ». Seul l’instrumental de milieu de galette, un surprenant « Jimmy S » tendance Metal mélodique, se démarquera de l’unicité musicale des Suppos. Mené tambour battant, avec une production « juste grasse ce qu’il faut » et donc sur mesure pour les compositions proposées, les quatres frenchies ne donnent jamais dans la faute de gout ou dans le soupçon de manque de maturité. « Procession Of Death », véritable brulot à la Lead incisive et itérative émergera de la track tout comme un épais « End It All » et un accrocheur « Mass Inferno ».
Au final, le ressenti se voudra sympathique et viscéralement positif. Une mélodicité saisissante au premier abord et dont la contagion virile vous emplira de testostérones sur boostées. Du bel ouvrage bien ficelé et sans temps morts… Mais sans trop d’originalités non plus. Revers de la médaille ; à naviguer en terrain connu, un sentiment de linéarité et d’archaïsme risque de naitre chez les non adeptes d’un genre Metal empêtré dans des carcans réducteurs. « Suppose It’s War » aurait fait un tabac il y a plus d’un quart de siècle… Mais de nos jours, les iroquois ne trainent plus trop les rues en grands nombres. Alors, malgré les qualités intrinsèques du groupe et de cette première offrande, la pilule risque d’être difficile à passer… No Future ???
Myspace : http://www.myspace.com/supposeitswar
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