Interview réalisée par mail par LittleGirlWithAGun
Il y a des personnalités qui n’ont rien à voir avec un groupe, un instrument (quoiqu’il en ai plusieurs à son arc), mais qui oscille dans le milieu underground de curieuse manière. Mon choix s’est porté sur TomaBw, rencontré à Dijon, pour l’organisation d’un concert. J’ai choisi de lancer, une interview de cet « homme » caché derrière les groupes, mais aussi artiste, photographe…
Une première question en toute logique, peux-tu te présenter ?
Oui, je suis un jeune homme de 30 ans qui navigue dans la sphère culturelle dijonnaise en tant que photographe et graphiste amateur.
Comment as-tu commencé ?
J’ai commencé ma démarche de photographe avec quelques ami(e)s , dont la Doune avec qui j’ai pu réaliser mes premiers travaux, au cours de l’année 2006.
Quels sont tes « talents » ?
J’ai pratiqué la musique pendant de nombreuses années, c’est là la grande source de ma passion.
Guitariste dans quelques groupes (death, punk, ska) et percussionniste, multi-« touche à tout » au sein d’une formation de musique acoustique « BBB ».
Suite à des soucis personnels, j’ai du stopper la musique et me suis consacré exclusivement à l’écriture. Plusieurs années de réflexions et d’inspirations diverses m’ont poussé à écrire pas loin de 500 textes à vocation poétique sur des thèmes tels que le temps, la folie ou encore la possession. Je pratique aussi la calligraphie traditionnelle, la gravure (estampe), la jonglerie de feu… mais la majeure partie de mon travail artistique est dédié à la photographie et l’infographie.
Quels sont tes outils ?
Je travaille en plusieurs temps. D’abords, la prise de vues, par le biais de séances photos, avec un appareil numérique reflex. Ensuite viens la partie infographie, réalisée avec Photoshop.
Es-tu inspiré de certains artistes, qu’ils soient des musiciens ou des peintres ?
Mes inspirations se situent plus dans la sphère musicale que picturale mais j’apprécie le travail de photographes, graphistes ou peintres ; je citerai Seth Anton Siro pour son travail de photo/graphisme, Akiza pour l’infographie minimaliste, et les peintres surréalistes en général. J’ai un intérêt neuf pour le street art, Dark Ox, Banksy ou Blu.
Certains grands de la musique m’inspirent également, mais loin du star system ; mes gouts se dirigent naturellement vers ce qui est neuf à mon oreille. Les guitar heros, business mens de l’underground, etc, je m’en passe.
Quelles ont été tes activités en 2010 ?
Photo, graphisme, gravure, écriture de nouvelle, création du projet Nocturnia, artworks et logos pour des groupes…
Tu as eu la chance de faire des expos, peux-tu en expliquer les concepts ?
Oui, j’ai grâce à un cercle de connaissance eu l’occasion à plusieurs reprises de présenter des expositions de mon travail. Sur Dijon essentiellement mais aussi à Paris à la Cantada. Les concepts varient en fonction du type d’expo, j’ai fait des expos d’une soirée lors de plusieurs concerts métal au VLV à Dijon, une expo commune à thème à la boutique ciel rouge.., une expo d’un mois… J’essaye de proposer à chaque fois un concept nouveau en m’adaptant au lieu, au public et à l’événement ; travaux photos, sérigraphie, infographie…
Quelles sont tes motivations ?
Ma motivation principale est de prendre du plaisir à créer et à transmettre. J’ai une lourde source d’expériences qui ont grâce à cette démarche artistique la possibilité d’être partagées. C’est un moyen de ne pas garder l’ensemble de ce que j’ai vécu pour moi et de partager avec d’autres au moins une esthétique, au mieux une vision commune des choses.
Certains travaux sont très sombres, peux-tu les expliquer ?
N’ayant pas d’image précise à « défendre », j’aurais du mal à expliquer.
Mes travaux sont parfois très sombres, c’est vrai. Je pense que cela est dû à ma culture métal et alternative. J’ai passé mon adolescence avec l’arrivée du black métal en France, dans les années 90. J’ai donc été « nourris » par des esthétiques sombres et des thématiques « diaboliques » ^^
Tu réalises également des jaquettes pour des groupes, voir des logos, comment t’y prends-tu ?
Oui, j’ai réalisé pas mal de pochettes et logos ces années dernières. Les groupes me contactent avec leurs demandes. Généralement, ils ont une idée assez précise de ce qu’ils veulent ; mon travail étant exclusivement créé à partir de photos, ce n’est pas toujours aisé de réaliser leur projet je m’adapte et trouve avec eux des solutions.
Je peux créer un artwork, ou bien travailler à partir d’une photo leur appartenant, faire la retouche et la mise en page, ou encore utiliser une de mes créations perso ; ca dépend, chaque projet se fait différemment.
De même pour les logos, certains groupes me font simplement écouter leur musique et me donne « carte blanche », d’autres ont déjà une idée du style, on travaille là à partir de modèles dont ils me précisent ce qu’il leur plait, etc.
Quel style de jaquette de CD préfères-tu ?
Dans le milieu métal, je me rappelle de « Dusk.. » de COF, « Des Bibles, Des Hymnes, Des Icônes… » de malleus maleficarum, « Scarlet queen » de Chaostar…
J’aime particulièrement ce qui se rapproche de mon domaine, le graphisme, retouche et montage photo ; les libertés sont infinies, c’est un formidable outil pour un artiste et le résultat, avec du savoir faire, peut être très impressionnant.
Que penses-tu des pochettes d’albums de groupe comme Septic Flesh, ou encore Tool ?
Je suis très fan des pochettes de Septic flesh, l’ésotérisme suinte de ces artworks, avec une qualité technique de réalisation irréprochable. Je trouve les pochettes de Tool beaucoup moins intéressantes.
Fais-tu parti d’une association ?
Oui, j’ai monté ma propre structure associative cette année, ART Diffusion. Nous sommes quelques artistes réunis en son sein, on s’échine à présenter des expositions en région bourgogne. Je fais aussi depuis peu partie de l’association artothèque Nü Köza à Dijon.
Soutiens-tu un projet ?
Je soutiens tout le réseau d’artistes avec lequel je partage ma passion, les groupes, structures, auteurs, illustrateurs… et il y a du monde.
Quels sont tes gouts musicaux personnels, ont-il un impact sur ton œuvre ?
J’apprécie tout ce qui se fait dans la scène métal extrême, avec un gout particulier pour le black sympho. Des choses un peu plus trad aussi, folk pagan, gothique, neo-classique, expérimentale.
Tu associes parfois des corps humains à des têtes d’animaux, pourquoi ?
^^
C’est l’expression de l’animalité perdue. Ces personnages s’élèvent à un rang de divinité pour moi.
Peux-tu expliquer les diverses utilisations de masques ?
Les masques ont été, au départ de mon travail, centraux. Ils étaient le moyen le plus simple de donner une dimension « obscure » aux personnages. Ces masques étaient en fait l’inverse de ce qu’ils sont… ils étaient la réalité de l’être et non pas un leurre. Le masque assumé comme étant l’étape nécessaire à la déconstruction de ce qui l’a créé, de ce qui a poussé à le porter. Le moyen de « se » montrer.
Peux-tu expliquer le terme de « ambigramme » ?
Un ambigramme est un mot pouvant se lire dans différents sens. Le système est assez utilisé dans les logos de métal, il s’agit généralement d’ambigramme à symétrie à axe vertical. Quand je réalise un logo, j’aime bien partir sur une base d’ambigramme, le jeu me plais ; la symétrie obtenue n’est pas toujours de 100 % à part quand la demande est explicite. Je vous conseille d’aller voir le travail de John Langdon pour découvrir les possibilités dans le domaine.
Ambigramme : LittleGirlWithAGun
Peux-tu expliquer ton changement pour le projet « Nocturnia » d’où en vient l’idée ?
Le projet Nocturnia est né d’une envie de longue date. Il y a quelques années que je souhaitais monter un projet de design à développer sur des supports textiles, tee shirts, etc. Avec l’association, j’ai enfin pu réaliser ce projet et le mettre en place. J’ai créé, au lancement du projet une 30aine de visuels, et en ai rendu 15 disponibles. Le jeu de création me plaît bien, les contraintes (bichromie blanc sur noir) me donnent assez d’espace pour expérimenter de nouvelles manières de créer. Aujourd’hui j’ai dépassé la 100ème création…
Quels moyens de communication as-tu pour transmettre ta passion ?
J’ai plusieurs outils à ma disposition ; les événements, expositions, ect auxquels je participe. Internet, et le bouche à oreille.
A ton avis, est-ce-que la musique métal a sa propre version de l’art ?
Oui je pense, tout un univers cohérent est présent dans l’iconographie du métal. Le jeu des ambiances, des thématiques, des esthétiques, donnent au milieu métal une vraie place dans la culture artistique. Les codes qui le caractérise et les influences extérieures qui le composent font de l’art dans le métal un maillon de la culture artistique contemporaine.
Que peut-on te souhaiter pour 2011 ?
La réalisation de tous les projets non aboutis mis en place en 2010…
Pour mon travail personnel, trouver des éditeurs pour différents projets d’ouvrages, mon recueil de poésie, l’artbook « De l’image aux mots » et le roman graphique en projet avec OKIKO « Le Royaume de l’Ombre ».
Pour mon activité de graphiste, travailler avec de nouveaux groupes pour la création d’artworks, de logos…
Et continuer à présenter des expositions.
Toutes les photos sont la propriété de l’artiste.
Liens
Gallerie
http://tomabw.deviantart.com
Blog
http://tomabw.over-blog.com
Myspace
http://www.myspace.com/tomabw
Facebook
http://www.facebook.com/pages/TomaBw/133579291463
Nocturnia
http://nocturnia.over-blog.com
http://www.facebook.com/pages/Nocturnia … 7445676246
1 Commentaire sur “TomaBw (Graphiste)”
Posté: 23rd Fév 2011 vers 21 h 59 min
pour avoir vu certaines de ces oeuvres en « vrai » à Dijon, je peux vous garantir que certaines ont vraiment de la gueule !!
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