Jeudi 1er Juillet 2010, c’est avec un énorme sac à main que je foule les trottoirs de la petite ville de Fresnes à la recherche de mon arrêt de bus. Celui-ci m’amènera au métro, qui lui-même m’amènera au RER, puis enfin à l’aéroport Charles de Gaulle. Je connais cet endroit par cœur pour y avoir déjà passé une nuit à l’occasion du concert d’AC/DC du 15 Juin dernier. Pas de RER la nuit, donc tout avion pris tôt le matin amène à dormir sur place. Je déambule donc jusqu’au terminal 2B, et attends avec impatience le départ de mon avion jusqu’en Finlande.
Cette année, je fais dans le lourd. C’est tout juste après le Hellfest, mon reportage à peine terminé, que je repars cette fois à près de 3000 bornes de chez moi pour… le plus grand festival metal des pays scandinaves, dit-on. Un événement certes plus restreint que le Hellfest ou un Wacken Open Air mais qui réunit toutefois près de 10000 personnes chaque jour. Un festival au beau milieu d’Helsinki (appelée pour l’occasion « Hellsinki »), je ne cache pas ma curiosité ! Comment, sans camping, sans installation annexe pour les festivaliers, peut-on réunir autant de pointures de la musique metal ? Habituée de gros festivals allemands, j’avoue avoir du mal à m’imaginer la possibilité d’existence d’un gros fest du genre entre deux carrefours…
« Touchka »… répondent les finlandais en riant quand je mentionne le « Tuska ». L’avion arrive sans encombre sur les terres de Finlande. La vue juste avant l’atterrissage est superbe, le sud du pays est bourré de verdure et de lacs à perte de vue. Je passe ma première nuit dans la ville d’Helsinki, étant arrivée complètement « à l’arrache » et sans hôtel. Je cherche évidemment un moyen de connecter mon Pc portable au monde entier par l’intermédiaire d’internet. Mc Donald ? Oui, la capitale finlandaise en est bourrée. Seulement, après deux tentatives, ça ne fonctionne pas pour une raison que je ne connais pas. Seul, un bar metal trouvé au hasard, nommé « Praha », me permet non seulement de passer une très bonne soirée mais aussi de me connecter. Extra. Quelle surprise quelques heures plus tard de voir que le soleil brille déjà à… 5 heures du matin. D’accord, j’avais oublié que l’été à Helsinki, c’est 26 degrés C° et des nuits très courtes. Paraît-il que le milieu est bien plus hostile l’hiver (MOINS 26 et des nuits interminables) donc je ne me plains pas. Je termine la nuit à la gare et là, moins évident. Se faire virer à coups de grolles par les gars de la sécu, ça n’est jamais très agréable, en effet.
L’après midi arrive vite, et je récupère mon accréditation toujours affublée de mon sac à main plus gros que moi. Quelle horreur, ce sac, il m’avait semblé y avoir mis uniquement mon matériel et deux trois fringues, ça fait 25 kilos ça n’est pas logique. Passons. Le site du festival est en effet moins grand que celui du Hellfest, la Mainstage aussi mais elle est très sympa, bien équilibrée et assez profonde. Deux tentes, la « Sue » et la « Inferno » délimitent le site, bien placées. Je trouve rapidement un vestiaire pour mon sac et m’en vais découvrir l’espace Presse, les raccourcis, la structure du site qui le l’avoue est vraiment bien fichue.
Les gens commencent à arriver vers 13 heures, le site se remplit rapidement, et je m’en vais faire un passage sur la Sue, où joue un groupe d’inspirations très mélodiques, Barren Earth. Présence d’un clavier bien prenant, une technicité où il n’y a rien à redire… et quand je pense que le claviériste avait peur du manque de public à cette heure-ci, je peux garantir que dans l’Inferno, pour The Arson Project, il y avait bien moins de monde !
Première claque de la journée, et constat direct de la qualité du son offert sur la Radio Rock, Testament ! Toujours un show de qualité, je n’étais pas inquiète pour ça, ils semblent ravis de jouer en Finlande. Quel répondant de la part du public, quelle énergie balancée pour une ouverture sur la plus grande scène du festival ! Tout en solos rapides et jeu de scène incroyable, Testament nous prouve là qu’il n’y a plus rien à prouver.
Je file ensuite voir Insomnium et jeter un œil sur un groupe local, Rythmihaïrio. Pour le premier, je suis très agréablement surprise. Un show tout en douceur teinté de lents et rythme lourds, sur des lumières sombres et pastels. Je ne reste pas longtemps sur le deuxième, et constate cependant que les Finlandais sont là pour soutenir ce groupe du coin, la tente est bourrée de monde !
Tarot achèvera ensuite de nous mettre tout à fait dans l’ambiance du Tuska. Ils sont Excellents, généreux, tout en maturité technique. Ils nous proposent un Heavy d’une rare qualité, et je suis impressionnée par leur décontraction, et surtout cette capacité de pouvoir jouer de la guitare le mégo au bec. Style, expérience, on m’avait conseillé Tarot et je suis loin d’être déçue.
Pain et Swallow the Sun… Pour le premier, j’avoue que ce n’est pas trop mon truc, trop mélodique, je dirais, je m’attendais sans doute à autre chose mais ceci n’est qu’une affaire de goût. Les gens cependant me font un très bon retour de leur prestation. Pour ce qui est de Swallow the Sun, j’avais fait cette très belle découverte durant le Hellfest, et ici à Helsinki, pas de mauvaise surprise, le show est égal à celui proposé en France. C’est lourd, c’est bon, c’est toute un univers à part. Les musiciens restent planqués dans leur brouillard pâle, et ça leur va très bien. J’adore. Malheureusement je suis trop en arrière pour prendre quelques clichés.
Évidemment en avance, je m’empresse de me faire un passage au milieu des photographes pour Satyricon. Je me régale les yeux et les oreilles, bouche bée, devant le show donné par le groupe, je vous fais part d’un spécial report écrit à part. Croyez moi ils le méritent bien.
Après avoir assisté au restant du concert, je suis abasourdie et un peu dans la lune, je rate « Dewin Towsand » (qui paraît-il étaient excellents) et m’enfuis en ville trouver quelque chose à manger. Il faut savoir que dans chaque pays, ses spécialités dans les rayons des supermarchés, mais ici, je tente de goûter à des choses que je ne connais pas. Salades, produits laitiers, pains de seigle, petits craquers à la cannelle, tout ce qu’il faut pour reprendre du poil de la bête. A la caisse, crack, la lanière de mon énorme sac à main se sépare en deux morceaux. Trop lourd. Le Pc portable, le pied de caméra, l’appareil photo et tous les chargeurs qui vont avec… Mais non, mais non, je n’ai rien pris… Je trouve une solution de fortune en nouant des chaussettes sur mon sac à l’aide de nœuds marins, bah, ça tient. Vive la voile ! (Hisséoooo…)
Le bar où je pouvais me connecter est plein à craquer, nul besoin de refaire une tentative, je file dans un resto rapide afin, au moins, de recharger les batteries du matos et de vider mes cartes mémoire sans oublier de me rincer l’œil sur mes photos de Satyricon et de cette première journée, ma foi, réussie ! La nuit fût un peu plus dure car presque blanche. Ma première nuit d’hôtel n’est prévue que pour demain soir, il va falloir s’accrocher. Cela me permet d’arpenter les rues de la ville et de constater les dégâts causé par une population jeune en manque de festivités durant l’hiver, probablement. Les McDos, ouverts jusqu’à 5 heures du matin, sont jonchés de détritus, de restes de nourriture et de cadavres humains… bourrés de chez bourrés. Ca c’est une chose qui m’a étonnée. A Helsinki il est normal de se balader dans la rue bouteille de Vodka à la main, apparemment. Bon nombre de gens déambulent ainsi, parfois très jeunes, aussi bien filles que garçons.
Je croise certains membres du groupe Mayhem (qui ont joué dans un bar la veille, si je ne me trompe), Attila, l’ancien chanteur arbore une croix à l’envers un rat mort fixé dessus, criant à qui veut en pleine rue je ne sais quelles bizarreries ! Je fais un bout de chemin avec eux jusqu’à leur hôtel et j’ai pu constater les dégâts du Whisky 18 ans d’âge qu’Attila tenait dans sa main gauche… C’est sans gêne que l’imposant bonhomme se met à pisser par la fenêtre de sa chambre, ainsi que dans les plantes… Bref je vous passe les photos !
J’ai pu tout de même prendre une douche et repars de plus belle à l’assaut du festival, armée d’une bonne dose de fatigue. Aujourd’hui je fais le pied de grue jusqu’à 17 heures pour cause d’interview de Satyricon, et c’est stressée, le soleil et le bruit attaquant ma petite personne… que j’assure le coup tant bien que mal. Malgré les mauvaises conditions, « au moins ça a eu lieu », comme dirait mes amis. Je rate du coup Blake, Sotajumala, Torture Killer, et c’est durant la prestation d’Hypocrisy que je réalise mon interview, rendue du coup très difficile pour cause d’environnement sonore trop riche. Bref. J’avais vu une bonne partie du show d’Hypocrisy au Hellfest, et je sais bien que Peter et ses bonhommes sont bien contents de s’exprimer à nouveau après quelques quatre bonnes années d’absence, ça s’entend !
J’ai besoin de me remettre après ma rencontre et mon interview, et je m’accorde un bon moment de repos ponctué de beaucoup de rencontres avec des journalistes, photographes, professionnels divers et je rate encore Crowbar (enfin, je file voir une petite partie quand même mais j’en connais qui vont me tuer, à la longue).
Egalement raté FM2000, Dewin Towsand Project et Survivors zero. Après, en même temps, on ne peut pas être partout et recharger les batteries avant la suite, c’est tout aussi important. Qui disait qu’être accrédité pour un festival est un moyen de se farcir tout gratis sans rien fournir en retour ? C’est avec une très chouette découverte que je me réveille, Armed for Apocalypse attire toute mon attention et je me déplace comme aimantée par ce son hyper propre, une rythmique techniquement irréprochable, du bon death forgé avec des matériaux différents, cela donne un résultat varié, très carré. J’ai vraiment aimé !
Je passe prendre des photos de Kamelot, et dans la fosse, on a tous été crâmés par la pyrotechnique, faut dire que ça envoie. Je sens le cochon grillé en sortant de là, mais je me suis régalée les yeux et les oreilles, moi qui ne connaissais pas bien le groupe, j’ai été gâtée du fait de la proximité offerte par la fosse.
Pour rien au monde je ne raterai par contre la prestation d’Overkill, qui était… Oh, mon « Dieu du Metal », extraordinaire. Je sais que les annulations sont monnaie courante avec ce groupe, mais je peux vous affirmer que quand ils sont là, ils sont là !!! Bonds de kangourou, pêche à revendre, tous les classiques et morceaux phares y sont passés pour la plus grande jouissance des metalleux présents dans une tente encore une fois blindée de monde. Overkill !
Crevée, je rate Bloodbath et Nevermore, mais là, besoin de dormir. Je suis un peu frustrée de ma rencontre un peu anarchique avec Satyricon, donc une bonne nuit ne sera pas du luxe.
Le Dimanche débute un peu plus tard, vers 14 heures. Les Finlandais sont toujours aussi pêchus, et tous présents des le début des concerts. Grande différence avec le public français, le public ici est très communicatif et répond avec enthousiasme et passion aux appels des différents groupes. A chaque fois, les tentes sont pleines, et les gens s’éclatent comme des petits loups !
L’espace Presse est toujours bourré de « gratin metallique », toujours marrant d’avoir Ihsahn derrière soi en mangeant, ou Peter Tängren (Hypocrisy), mais attention, pas de « groupisme » en Finlande. On ne se jette pas sur les gens, on les croise comme ça, et à la limite, on dit bonjour quand la personne est disponible. C’est ce respect mutuel qui apparemment, fait que les artistes resteront accessibles, pouvant montrer leur nez sans problème de brochettes de filles aux fesses. J’avoue encore une fois qu’avoir Satyr et Frost dans un rayon de 5 mètres autour de moi m’a posé un gros souci de déconcentration Samedi, mais il fallait s’y attendre (*glop*). Je rencontre tout de même dans cet espace bon nombre de personnes aussi intéressantes les unes que les autres… tant d’échanges encore très porteurs de choses nouvelles toujours et encore pour la même passion, la musique. A propos et après avoir jeté un œil (encore un !) sur un autre groupe local Turmion Katilot qui ne me marque pas, je vais voir Finntroll, toujours cet attachement affectif avec ce groupe que je vois donc cette année pour la troisième fois… et pour les Finlandais, ils ont changé leur Set-List, ajoutant des morceaux, faisant varier la chronologie du show, j’en connais dans mon entourage qui auraient été ravis de voir ce show ! (Clin d’œil à Finntroll France !)
Wasp, ensuite, tout simplement à cassé le pôle Nord en deux. C’était génial. Nul besoin de vous présenter Wasp, mais ils ont été accueillis comme il se doit et l’échange avec le public est passé comme dans du beurre. Ils sont magnifiques. Je n’ai rien vu de Trigger the Bloodshed ni de Warmen, je suis vissée encore à l’Espace Presse prendre des photos d’un petit collègue journaliste tentant de se faire tirer le portrait avec toutes les stars du metal croisées ici… (Clin d’œil Théo !)
Cannibal Corpse. HAHA, ça change ! Du death Grind après Wasp, ça vous remue les cervicales ! Cannibal, c’est toutefois de la valeur sûre, et leurs prestations ne baissent pas en qualité. Bravo les mecs, ça fait un : moment que je vous suis depuis mes jeunes années alsaciennes, et ai été très heureuse de revoir vos tignasses !
Nile, je n’en vois presque pas, la tente est trop remplie de monde, mais j’entends évidemment que le groupe assure dans un son propre. Dommage, j’aurai voulu être un peu plus proche. Amatory, je vais les voir aussi car j’ai la mission de chroniquer leur album… c’est assez rigolo ! Du death mélodique progressif je ne sais quoi, mais surtout avec l’accent russe, ça a l’art de faire marrer le public ! Mais c’est pas mal, en fait !
Tout ça m’amène sans peine au fameux concert de Megadeth, énorme ! Je tente de faire les meilleurs clichés possible et ça n’est pas simple, j’ai de la concurrence ! De plus nous avons droit à deux morceaux au lieu des trois premiers, sur ce coup. Le concert est excellent, Mustaine et ses acolytes ne nous déçoivent pas, bien que pour beaucoup de gens, ils manquaient quelques morceaux essentiels… (De l’album Youthanasia, par exemple) En même temps, le temps imparti n’était peut-être pas suffisant, on ne sait pas. Pour ma part, ce concert a été une clôture magnifique du Tuska.
La dernière soirée se termine à l’Espace Presse, et n’ayant vraiment pas beaucoup de sous, je termine un verre de « Long Drink » (espèce d’alcool léger au soda mais servi dans de gros verres…) qui traîne sur la table. Quand tu vois le prix de ces boissons à l’achat, je comprends à peine comment on peut laisser son verre ainsi. Bref. Je passe une dernière nuit tranquille avant de regagner mon aéroport, un jour à l’avance certes, mais sans le sou, on ne fait pas grand-chose nulle part, je m’y attendais. J’ai tout de même des étoiles, encore une fois, plein les yeux, des souvenirs déjà bien ancrés dans mon petit cerveau.
A noter que l’aéroport d’Helsinki est à recommander pour tout « Geek » ou « Nolife » comme moi. Une politique de connexion gratuite à Internet, dans chaque recoin de l’aéroport, ce qui a eu l’art de m’occuper pendant mes trente heures d’attente, parfait !
Retour sur Paris, mon avion décolle presque à l’heure, et je dors sur tout le trajet.
Et oui, je l’ai fait. Tant bien que mal, mais j’y suis arrivée. J’ai bien envie, je l’espère en tout cas, de vous dire… à l’année prochaine en Finlande pour l’édition 2011, merci à toute l’organisation pour l’accueil, et pour m’avoir permise de réaliser ce petit reportage !
En bref, un festival unique, teinté de simplicité, d’esprit metal comme on l’aime. J’y ai rencontré beaucoup de français, cherchant simplement à profiter d’un festival pas trop grand, d’une affiche de tuerie et de concerts généreux, puissants. Merci au Tuska Open Air, à Helsinki !
Miss Gwenn
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