Dans le milieu metal, et ce plus que pour toute autre communauté, la période estivale rimant avec ‘festival’, les mois de Juillet/Août marquent, chaque année, une période de disette en terme de concerts et autres festivités scéniques. C’est donc avec un intérêt certain que les lyonnais n’ayant pas la chance de partir (ou d’être en vacances) en viennent à considérer les rares dates annoncées comme une bénédiction et à se regrouper logiquement devant les portes du Lyon’s Hall, livides et hagards, le regard vitreux, la bave à leurs lèvres suspendue : « Du metôôôôôôl !! » Oulla, je m’emporte … et j’exagère, car à part quelques proches des groupes, il n’y aura malheureusement pas foule au portillon à l’heure dite, la faute comme bien souvent à une promo quasi-inexistante.
Et pourtant, pour les amateurs de formations en devenir, l’affiche de la soirée était pour le moins alléchante, avec Gravity en tête d’affiche, descendu de Montpellier pour nous présenter son death-core, puis Aesmah (death-mélodique, Vienne) et Scipio (rock-metal, Mâcon).
Après plusieurs annulations et remplacements, ce sera à Soul Tripper d’ouvrir les hostilités. Malgré sa jeune moyenne d’âge, le combo ne parait pas trop impressionné et maîtrise d’ailleurs bien une prestation oscillant entre du Megadeth et du Metalloche période « Black Album« . Des influences flagrantes que la reprise, entre autres, du ‘Enter sandman’ des Four Hoursemen ne viendra que confirmer. Ses similitudes avec les deux géants du heavy-thrash à l’américaine ne sauraient s’arrêter là, puisque le guitariste-chanteur de la formation en plus d’avoir la même tignasse que le père Mustaine, ne pourra s’empêcher de ponctuer ses phrases des « yah » si chers à James Hetfield. Mais tout cela n’empêche absolument pas le groupe d’envoyer la sauce avec ses propres compos et le public d’en apprécier pleinement la prestation. En tout cas, le quatuor a fait bonne impression et gageons qu’en se démarquant davantage de ses influences, Soul Tripper devrait faire parler de lui.
C’est au tour des Bourguignons de Scipio de faire parler la poudre et c’est prêts à en découdre qu’ils investissent les planches du Lyon’s Hall. Le heavy-thrash fait maintenant place à un heavy-rock puissant et sévèrement burné. Emmené par une paire de guitaristes alternant parties leads et grosses rythmiques, le groupe peut aussi compter sur un chanteur, certes un brin poseur, mais de bon niveau sachant se démerder aussi bien en screams et autres borgorismes qu’en chant clair lorsque les grattes décident de calmer le tempo le temps de quelques arpèges acoustiques. Même si nous sommes loin de l’affluence des grands jours, le public sort doucement de sa torpeur et se lance dans du secouage de tignasse au son des anciens titres et des plus récents issus de « My King« , le premier album des mâconnais. Le groupe terminera sa prestation de bonne qualité sur une touche d’originalité, le temps d’un final complètement barré.
On change de registre avec l’entrée en scène d’Aesmah et de son death mélodique à rapprocher d’un Insomnium (pour les parties guitares) et d’un Dark Tranquillity (pour les nappes de clavier). Un clavier d’ailleurs difficilement audible (Lyon’s Hall oblige) hormis en mode ‘piano’ sur les parties plus calmes, ce qui est d’autant plus regrettable qu’il contribue intelligemment à renforcer les atmosphères du groupe. Oui, car l’un des points forts du groupe, comme son confrère finlandais cité plus haut, consiste à alterner des riffs typiquement death-mélo à des parties acoustiques bien moins vindicatives. Techniquement rien à redire, des grattes au chant, chacun assure avec brio ses parties respectives (mention spéciale au batteur, doté d’un sacré bagage technique). Là aussi le groupe en pleine préparation du successeur de sa démo « Hegemony« , présentera plusieurs nouveaux titres dont un instrumental. Aesmah a donc assuré un show de bonne facture laissant présager de bonnes choses pour la suite.
Débarquent enfin les membres du dernier groupe de la soirée, à savoir Gravity. Les montpelliérains sortent immédiatement le gros son, nous balançant leur death-metal un peu thrashy/un peu core mais taillé pour le live. Emmené par une chanteuse toute menue, c’est certainement là que se situe l’originalité du combo, car c’est qu’elle crie comme une brute, la diablesse. La miss se permet aussi quelques incursions dans le domaine lyrique, mais moins convaincantes, malheureusement. L’impact sonore est bien réel mais dénote un peu trop avec le côté visuel, manquant un peu de maturité (guitare bardée de stickers Gojira, jeu de scène de la chanteuse proche de l’envie de faire pipi). Rien de dramatique, bien sûr mais c’est dommage de s’arrêter sur de tels petits détails … A corriger pour que tout soit tip-top. Mais sinon, peu de choses à dire : les titres sont efficaces, c’est bien le principal.
Un bon petit bilan donc, pour cette soirée. Quatre groupes pour quasiment autant de découvertes scéniques et aucun regret sur l’ambiance générale, à part peut-être une affluence très faible. En tout cas, voici une excellente mise en bouche avant le programme déjà chargé de la rentrée.
Page myspace Aesmah : www.myspace.com/aesmah
Page myspace Gravity : www.myspace.com/gravitymetal
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