Combichrist, Mortiis [02.02.11] à Paris
Soil reporteur: juliA photosynthese
photos: juliA photosynthese
A Paris, nous sommes particulièrement gâtés pour les concerts et la scène extrême n’est pas en reste! En Février, c’est un joli programme électro/indus qui nous attend. Cela commence au Divan du monde ce mercredi 2, avec les norvégiens qui n’arrêtent plus de grimper en popularité et de nous faire danser en soirée : Combichist et en première partie, le cultisme Mortiis.
Je savais le guichet sold out, mais il semblerait que nous étions plus que prévu dans cette toute petite salle (étant donné qu’ils n’avaient pas affiché complet en Août dernier, les orgas n’ont pas dû le voir venir!).
A l’annonce de la première partie, je fus très surprise d’y voir Mortiis, moi qui suis restée sur « l’ère 1 » très « dark ambiant tendance médiévale » que j’associais volontiers à l’ambiance geek ou à un rpg grandeur nature! Je me demande alors : mais qu’est qu’ils veulent nous faire?? Nous faire rêver aux pays des lutins maléfiques avant de nous faire convulser chez les fous furieux du dance floor?!
A part la Norvège qui les unit, il y aussi le fait que nous avons affaire à deux « one man band », qui naviguent sans cesse de projets solos en changements de line-up.
Havard Ellefsen alias Mortiis (du Latin « qui attrait à la mort ») est un champion du genre, et n’aura de cesse tout le long de sa carrière de passer de groupes en projets solos… Il est actif depuis 1993, alors âgé de 18ans, et cela ne vous aura peut être pas échappé mais Mortiis est l’un des fondateurs et guitariste du célèbre groupe de black metal Emperor ! Il n’y fera qu’un bref passage, pour cause de divergence musicale! (On peut tout de fois l’entendre dans la première démo «Wratch of the Tyrant » en 1992 et dans l’album « In the nightside Eclipse » en 1994 ou il avait participé à l’écriture). Mortiis en fait, des choses: il écrit, compose, joue de la guitare, de la basse et du synthé (instrument qui est l’un de ses principal compagnons de compo). En parallèle il participe à d’autres projets : en 1994 dans « Vond », en 1996 dans « Cintecele Diavolui » et en 1997 dans « Fata Morgana ». Mais Mortiis, on le connait surtout de ce que les médias ont appelé l’ère 1, ou on le retrouve essentiellement en solo, avec des compos orientées dark ambiant/médiéval avec diverses expérimentations. Projet qui, au fil des années prendra une tournure plus électro. En bon hyperactif, il créa également en 1995 son propre label (Dark Dungeon) qui meurt en 1999. On le connait aussi pour ses multiples visages! Particulièrement avec son masque inspiré de « blix » le lutin du film de Ridley Scott « Legend ». Aujourd’hui on le retrouve dans un style plus « destroy » grandes dreads, et extravagance, comme ses vêtements rapiécés avec de l’adhésif noir, ou recouvert de farine de maïs ! Mais pour le citer: « je ne suis pas un lutin, ni même un troll, un elfe ou quelqu’un vivant à l’époque médiévale je suis simplement Mortiis ». C’est à la dite ère 2 que tout va changer, avec l’album « Smell of rain » sorti en 2001 qui a été assez mal perçu par les fans, car jugé trop « électropop ». A la suite de ça Mortiis deviendra un groupe et ouvrira l’ère 3 et avec des musiciens de sessions qui ne cesseront de changer. Trois albums « the Grudge » sorti en 2005, « Some Kind of Heroin » en 2007, et le dernier sorti le 10 octobre 2010 « Perfectly Defect » initialement prévu en 2009 sous le nom de « The Great deceiver » (arrangements par Chris Venna batteur de NIN en 1992 et de Manson en 2004), avec son de plus en plus électro indus/rock. C’est donc dans cette ambiance ére3 que l’on s’apprête à trembler devant les norvégiens!
Lumière bleue, contre-jour et de légers stronbo, autant vous dire que le décor est planté dans une dimension dark/indus, on y voit à peine les musiciens… La scène est amputée d’une partie, car les instruments de Combichrist sont déjà installés. Et c’est sur ce petit bout de planche qu’arrive dans un premier temps les musiciens, puis le mystique Mortiis : Grimé, allure de zombie avec un genre de sourire de joker et naturellement recouvert de farine de maïs ! Un son très lourd, très rock indus assez loin de l’ambiance « synthé pop » des années 2000. Une émotion très dramatique se dégage de la musique, qui pour ma part saura me tenir en haleine. Après d’un point de vue technique, nous avons affaire à de l’indus très classique, avec des roulements de batterie typiques, de beaux riffs bien nerveux, planqués et lourds. Le chant dans une tonalité moyenne avec, ici ou là, des cris. On peut sentir l’influence de Mayard James Keenan (Tool) notamment dans les effets, et également pour les passages plus chantés un coté Trent Reznor (NIN). On peut aussi y voir une petite touche indus/punk à la Treponem Pal pour le chant et la musique. Si j’ai trouvé cela efficace et que j’écouterai volontiers de nouveau, je dois avouer qu’il n’y avait pas non plus une grande originalité dans les compos qui restent très caractéristiques du genre, cela manquait un peu d’originalité surtout lorsque l’on connait l’audace de Mortiis. Néanmoins le son est impeccable, les musiciens visiblement plus jeunes suivent bien le nouveau style de Mr Mortiis qui aura pris soin de légèrement les relookés. Un guitariste porte d’ailleurs lui aussi de longues dreads… de beaux yeux…et pas que ! (il l’a bien choisi celui là !). Le set se termine et j’en aurais bien écouté encore un peu!
Et comme si l’on ne transpirait déjà pas assez, des retardataires ou les « je m’en fous de la première partie », viennent nous rapprocher encore un peu plus les uns des autres… Un public il faut le dire très féminin, assez looké, mais aussi des metalleux qui doivent jurer, en société, ne jamais écouter d’électro!
Le temps d’un petit verre avant de retrouver ce que nous attendons tous Combichrist!
Groupe formé par Andi Laplegua, grand amateur de bourbon, de whiskies et apparemment de jeunes femmes (il fréquenterai un actrice X…) , mais avant tout un musicien aux multiples talents, puisque c’est lui qui compose, écrit, et joue de tout les instruments lors des enregistrements en studio. Il s’occupe de toute la direction musicale, et a également plusieurs projets en parallèle: Icon of coil et Panzer AG. C’est en 2003 en Norvège dans son pays d’origine que démarre l’aventure Combichrist, se situant entre l’électro indus ( ou nouvelle vague de l’EBM, bien que le terme soit contesté par les puristes qui n’y classent que les groupes des années 80) et l’aggrotech ( mouvement musical qui prend naissance dans les année 90, mélange d’électro/indus et de dark électro, ou l’on y trouve des rythmiques lourdes, sampler de son de machine, saturé au possible et avec des paroles engagées, militantes et surtout enragées! D’excellents groupes de ce style nous font souvent danser dans les soirées comme : Hocico, Grendel, Tamtrum, Suicide Commando…). Bien sûr la notoriété de Combichrist prendra un méchant coup de pied, lors de leur tournée avec les allemands rois de l’Indus: Rammstein. Il en est que bien avant ça ils remportaient déjà beaucoup de succès dans des villes comme l’Allemagne, Belgique… ou la culture électro est importée. Ils sont notamment extrêmement bien placés dans le billboard’s top 10 avec le titre « get your body beat » et l’ep « sex drogen und industral » numéro 1 des charts alternatif allemand. Dans les références musicales d’Andy, on peut trouver diverses choses comme Johnny Cash, Bowie, Death in june, des groupes rock’ab’ ou minimaliste électro.
Sans plus attendre, voici l’arrivée des messieurs sur une intro! Il est assez difficile d’atteindre le devant de la scène, c’est avec peine et en me faisant insulter que j’y arrive (ça se la raconte, chez les fans de Combi!). Premier titre « electrohead » (qui est l’un de mes réveils matin…malédiction!) cela dit ça reste un très bon morceau! Les lights sont toujours bleues, mais pour une touche plus électro, on est mitraillés de stronbos! J’espère qu’il n’y avait pas d’épileptique dans l’assemblée. En tout cas le public est en forme, ça danse, ça headbangue, il y a des slams et des pogos, tout cela dans un espace vital très restreint! Cette énergie tient sa source de la scène, le charisme d’Andi y est pour beaucoup et il en faut pour occuper l’espace musical d’un genre ou les plages de « chant » ne sont pas des plus dominantes. Il nous tiendra en haleine tout le long du show, sans folklore outrancier, juste une belle énergie, en traversant la scène dans tout les sens, en sautant partout, grimaçant, ou se laissant vénérer par ses fans! Niveau chant le « level » est là aussi, grave, agressif, tantôt influencé Rammstein ou Laibach, mais pour certain morceau un petit coté goth se fait sentir (genre Covenant ou Typo). Nous avons deux batteurs, ce qui d’un point de vue esthétique, est tout à fait efficace. Ils se permettent pas mal d’extravagances scéniques, ils dansent avec leurs baguettes, les jettent, l’un d’eux grimpera même à plusieurs reprises sur sa batterie! Histoire de nous la jouer « on joue dans un endroit glauque » ils mettent de l’eau sur les tomes, effet assuré! Le deuxième batteur n’était techniquement pas indispensable, mis a part de temps à autre quelques jeux en contretemps, l’extravagance musicale était donc beaucoup moins impressionnante, enfin on n’était pas non plus dans un concert de free-jazz expérimental mais dans un concert pour danser! Le claviériste n’est pas en reste, perché du haut de son pupitre, gérant avec talent synthé et autres machines, il danse et se déchaîne, je pense qu’il sera bon pour la minerve le lendemain! Niveau look cela reste minimaliste en terme de tissu, tous torse nue, et maquillé (une partie du torse et du visage complément recouvert de noir). Andy est en mode film d’horreur, c’était efficace, surtout l’effet dents de sorcière qui rend son sourire plus flippant qu’amical! C’est vraiment une ambiance particulière, ce groupe, puisque il y a vraiment un coté très techno (limite de boîte de nuit ou de rave-party), mais avec un sentiment pesant, lourd, grouillant vraiment caractéristique du metal, une boîte de nuit pour déganter et dépressif quoi! Des thèmes qui sont également typique de la scène metal (discours anti-religion, luxure, colère etc…). Niveau set-list nous avons été gâtés, des titres du dernier album (Making monsters) et des perles comme : « follow the trail blood », « Today i woke to the rain of blood », « scarred », « fuck that shit » et sans oublier le fameux « what the fuck is wrong with you? » qui était scandé en cœur avant même que le morceau commence. Juste un regret, je voulais « shut up and swallow »!
Bref un concert d’une heure et demie mené par le gourou Andy et Sa troupe d’excités. Deux rappels, où la scène se fera envahir des fans! Un audacieux tentera même d’attraper le pied d’un des batteurs, avant que celui-ci renverse complètement sa batterie, qui s’écroulera et finira en morceaux, des fans seraient volontiers partis avec un bout de celle-ci!
Un concert qui nous met en transe, qui transpire le rock, mais qui nous fait danser comme dans une soirée goth. Un retour étonnant et plaisant de Mortiis, et Combichrist énorme qui nous offre un concert qui restera dans les mémoires! Une belle claque pour mon premier concert de « Julia en mode électro », mais je vous retrouve très prochainement, avec du très lourd …. Un indice…. il est question de nos frenchies les plus excités et colorés de la scène électro…
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