Finntroll, Samael, Rotting Christ + guests : Lyon [13.12.2010] ...
Programmation alléchante s’il en est au Ninkasi Kao, ce lundi 13 décembre, pour les amateurs (et amatrices) de décibels et de décilitres avec cette affiche internationale à laquelle nous convie MyReferencEvents. Jugez plutôt, aux hirsutes monstruosités finlandaises de Finntroll, se joignent pour l’occasion les Suisses de Samael, incontestables leaders de la scène death-indus et les Grecs de Rotting Christ, leur puissant dark-metal hellénique sous le bras. Et ce n’est pas tout puisque à ce trio hétéroclite s’ajoutent encore les Estoniens de Metsatöll et Nothnegal qui eux, nous viennent tout droit des Maldives.
Malgré cela, en termes d’affluences, le pari était tout de même loin d’être gagné pour les organisateurs. D’une part car historiquement, décembre est toujours un mois onéreux et d’autre part, c’est un fait, les trois poids lourds de l’affiche sont déjà passés par Lyon cette année : Finntroll lors de l’édition 2010 de l’itinérant PaganFest (avec Eluveitie et Arkona notamment), puis Rotting Christ en ouverture de Bolt Thrower cet été, et enfin Samael en compagnie de Paradise Lost, il y a tout juste un an. En période de crise, il est compréhensible que certains y réfléchissent à deux fois avant de mettre la main au larfeuille. Pour ma part, ayant raté Rotting Christ lors de leurs deux derniers passages, le choix était vite fait. Mais ça, on s’en fout !
A notre arrivée aux abords du Ninkasi, Nothnegal sont déjà sur scène délivrant leur … metal-sympho extrême ? Ni totalement death-metal, ni totalement black-metal, trop rageur pour rentrer dans le carcan du metal-sympho ‘de base’, les maldiviens, ravis de leur récente signature chez Season Of Mist, nous délivrent un set court, sans réel temps mort, basé logiquement sur leur unique EP « Antidote Of Realism » (2009). Même si le groupe nous vient d’une région peu représentée sur l’échiquier métal, on pourra néanmoins remarquer en son sein Marco Sneck (Kalmah, Poisonblack, Charon) aux claviers et Kavin Talley (Dying Fetus, Misery Index, et tant d’autres) à la batterie, qui ne doivent pas non plus être étrangers à cette signature sur le label français. A voir donc, ce que le futur apportera à cette jeune formation.
Viennent les Estoniens de Metsatöll, dont le nom ne m’évoquait rien jusqu’à leur montée sur scène ou je me suis finalement aperçu que j’avais déjà prêté une oreille à ce combo. Metsatöll évolue dans un registre qui lui est propre mélangeant heavy-metal mid-tempo et consonances folk de chez eux et moi, personnellement, c’est ça qui me fait craquer. Qu’ils soient grecs, espagnols, moyen-orientaux ou autres, si leur musique présente un minimum d’intérêt, j’aime ces formations qui mâtinent leur metal d’ambiances traditionnelles et pour peu qu’on ne soit pas réfractaire au genre, Metsatöll et son folk-baltique a tout pour plaire. D’autant qu’un de ses membres se consacre entièrement aux instruments folks (flûtes, cornemuses et cithares, notamment) pour un rendu live très agréable. Markus ‘bunny’ Teeäär, au micro, communique avec le public en toute humilité, sans surjouer et permet au groupe de distiller sa bonne humeur aux premiers rangs. Bonne humeur oui, mais pas que, car Metsatöll n’a rien d’un groupe festif, ses textes et ses compos, retraçant l’histoire estonienne, se voulant épiques, voire même légèrement progressifs. En tout cas une chose est bien certaine, c’est que Metsatöll à convaincu, signant là une très belle prestation.
Le ton va se durcir d’un cran avec l’arrivée des grecs de Rotting Christ. Quoique … Depuis une décennie, le groupe a peu à peu troqué le black de ses débuts pour un dark-metal aux compos plus posées mais toujours dotées de cette griffe hellénique caractéristique. Je l’attendais ce putain de concert et Rotting Christ ne m’auront pas déçu. Débutant par un ‘Aealo’ des familles, tous chœurs dehors, Sakis et sa bande faisant plaisir à voir, se mettent d’entrée de jeu le public en poche, qui répondra à chacune des sollicitations du bonhomme. Fort logiquement la setlist fait la part belle aux années post-2000, « Aealo » le dernier opus, en tête puisque plus de la moitié du show y sera consacrée, le reste étant dévolu à « Theogonia » (2007, 2 titres) et « Sanctus Diavolos » (2001, 1 titre). Pour les classiques il faudra repasser ou attendre d’assister à un set ‘longue durée’, puisque ce soir, seul un ‘King of a stellar war’ issu de « Triarchy Of The Lost Lovers » (1996) sera lancé à la fosse en tant que représentant des années ‘old school’ du quatuor. Le show va malheureusement passer trop vite, et c’est avec le fédérateur mid-tempo ‘Noctis era’ que Rotting Christ clôturera sa prestation, sous les applaudissements d’un public apparemment conquis.
On quitte la péninsule hellénique pour les Alpes et la Suisse avec Samael, qui ont eux aussi un statut à défendre puisque de leur début sous le signe du pentagramme, ils ont su évoluer et s’imposer comme figure de proue de la scène metal-indus. Un concert de Samael, c’est un peu comme un petit suisse, on sait à quoi s’attendre mais le coulis peu parfois mettre beaucoup de temps à prendre. Ca a été mon cas puisque les prestations du groupe auxquelles j’ai assisté sont passées du ‘moyen’ au ‘très bon’ avec les années. Et là, le groupe investit seulement la scène qu’on sait déjà qu’on va assister à un gros moment : ambiance survoltée, Vorph (chant/guitare) impérial, Mas (basse) et ses déhanchements, riffs imparables et atmosphères martiales, Samael sort le grand jeu et ne va convaincre son monde en moins de temps qu’il n’en faut pour écrire schimi … shimili … schmilibilick … bref. Tous les ingrédients sont réunis et la setlist pioche, comme d’habitude, allègrement dans tous les albums. Un bon point, puisqu’en deux ans et trois prestations à Lyon, le combo à toujours su se renouveler à ce niveau, contentant les amateurs de toutes les périodes du groupe (et elles sont nombreuses). Cerise sur le gâteau, les Suisses nous offrent un titre du prochain album en plus de leur nouveau single, ‘Antigod’, tout juste paru et contrairement à « Above » (2009) qui fut loin d’avoir fait l’unanimité à sa sortie, ce nouveau « Lux Mundi » parait aller de l’avant et s’annonce sous les meilleurs augures. Vous l’aurez compris, nous assisterons encore à un très bon set.
Restent les trolls finlandais donc, qui ne tarderont pas à s’emparer des planches. Et même s’ils sont tête d’affiche et que le CCO fut blindé au printemps dernier, il faut croire que le public, plus âgé que pour une soirée ‘pagan’ classique, s’était surtout déplacé, ce soir, pour Samael et Rotting Christ. On voit donc une salle qui commence à se vider légèrement, la curiosité des premiers titres passée. J’ai déjà pu voir Finntroll en festival dans une ambiance à la fois folle et festive et j’avais été déçu par leur show lors du PaganFest … et j’en reviens au même avis, cette fois encore. Alors oui, je ne suis pas un inconditionnel du combo, mais je suis loin d’être réfractaire au style, et les trolls donneront un bon concert mais manquant de moment forts auxquels se raccrocher, la faute peut être à des morceaux s’enchaînant sans trop pouvoir les dissocier les uns des autres, en conditions live. Ca c’est mon avis qui par chance, il n’engage que moi. Car en bas, dans la fosse, une bande d’irréductibles mènent un joyeux bordel. On donnera une mention spéciale aux éclairages et effets de lumières sur les backgrounds qui instaurent une véritable ambiance sur scène entre marais glauques et lugubres forêts, ainsi qu’à la prestation du fin mais charismatique Vreth (chant) qui, haranguant sans cesse la foule, permet de la maintenir sous pression malgré l’immobilisme flagrant du reste du groupe.
Voila donc le bilan pour cette dernière mais délectable soirée metal de l’année. MyRef ont su une nouvelle fois miser sur les bons chevaux permettant de réunir là une bien belle affiche qui, même si elle n’a pas fait salle comble, a néanmoins permis à une partie des metalleux lyonnais (les trentenaires ?) de prendre un bon pied ! Mention spéciale à Samael, Rotting Christ et Metsatöll !!
Laissez un commentaire