Vendredi 15 octobre, 16h08. L’heure de la dernière chance et la chance de la dernière heure : la réponse de PyrProd, organisateurs de la venue des Scorpions à Dijon, est favorable, l’accréditation est accordée. Et me voilà à jongler avec mes congés et les horaires capricieux de la SNCF afin de m’assurer un déplacement sûr jusqu’à la capitale bourguignonne, car il est nullement question de louper une soirée pareille. Comprenez, annoncée comme l’ultime tournée des pères fondateurs du hard-rock allemand, ce « Get Your Sting And Blackout – World Tour 2010 » se présente un peu comme l’unique chance d’assister à un concert des Scorps avant leur retraite scénique. Et pour cause, après 45 années (!) de bons et loyaux services, le groupe, dont je vous épargnerai la présentation, a récemment révélé que ce tour du monde marathon serait son dernier.
Pour avoir vainement cherché une place de parking, à notre arrivée devant un Zénith complet (preuve que Scorpions font encore recette), Karelia, le groupe français de première partie, a déjà quasiment terminé son show. Aaah ! La rigueur allemande ! On ne plaisante pas avec l’horaire et lorsque le début des hostilités est annoncé à 19h30, ce n’est pas dix minutes plus tard. Ceci dit, vu l’horrible bouillie sonore qui nous est servie, on ne s’en plaindra pas non plus. C’est bien simple : absolument tout, le chant comme les instruments, est noyé sous une basse mélophage. Rien n’en réchappe. Si bien que nous ne pourrons rien tirer des deux titres auxquels nous assisterons… pas plus que nous ne pourrons comprendre si le chanteur se prend réellement pour Axel Rose (vestimentairement parlant), ou si il s’agit de second degré ? Enfin bref, c’est dommage qu’un groupe de première partie puisse hériter d’un son aussi dégueulasse surtout que, même si Karelia est maintenant plus connu comme le groupe des premières parties françaises de Scorpions (même booker, alors que nos voisins allemands se régaleront devant Edguy), cela aurait permis de juger son évolution musicale depuis « Usual Tragedy » (2004). Une prochaine fois peut être.
Après une pause qui parait s’éterniser, lorsque les lumières s’éteignent enfin, une véritable vague d’applaudissements va retentir, grâce à plus de 7000 paires de mains, pour accueillir l’entrée en scène d’un James Kottak dont la batterie, placée sur une plate forme va rapidement s’élever, surplombant ainsi la scène. Et paf ! Un lightshow comme rarement vu dans cette salle, va nous sauter aux yeux, tandis que le reste du groupe prend possession des lieux sur le logique et récent ‘Sting in the tail’. Et voilà déjà que Meine, Schenker et Cie tapent dans les classiques ‘Make it real’ et ‘Bad boys running wild’ en tête. Mais sans trop savoir pourquoi, ni comment, le son plutôt correct se dégrade d’un coup, noyé … par la basse, bingo ! Alors, même si le mixe est moins crade que pour Karelia, il faut maintenant se concentrer ou attendre une mélodie de guitare, voir un refrain pour reconnaître tel ou tel morceau. ‘The zoo’ et ‘Loving you sunday morning’ en prennent pour leur grade. Même l’instrumental ‘Coast to coast’ nécessitera un petit moment d’attention avant d’être identifié (le fait de voir Klaus Meine s’emparer d’une guitare au lieu de chanter aide aussi, je vous le concède). A part cela, nous sommes également prit d’une étrange impression d’assister à une prestation en pilotage automatique : tout parait millimétré et longuement étudié (pour ne pas dire répété), des encouragements de Klaus ‘merci beaucoup Dijon’ Meine aux courses de Schenker vers le devant de la scène. Seul Matthias Jabs, le guitariste spécialiste es-soli parait un minimum sincère et content d’être là. Pavel Maciwoda, à la basse, malgré son outrecuidance sonore, lui, est totalement transparent.
Tous ces éléments doivent vous donner l’impression d’un premier tiers de concert moyen, non ? Et vous n’aurez pas totalement tord. Mais ce serait oublier que Scorpions en plus d’être un putain (pardon) de poids lourd du hard-rock des 70-80’s, a avant tout un putain (pardon) de talent lorsqu’il s’agit de composer des putains (rhôôô, décidément) de power-ballades. Et la demi-heure mélo est lancée par un magnifique et touchant ‘The best is yet to come’ tiré du dernier album en date. Touchant, c’est peu dire, surtout ce final a capella repris 2 fois de suite, où le petit chanteur ne se lasse pas d’entendre le public bourguignon. Car lorsqu‘il s’agit de donner de la voix, petits et grands (trois générations de fans sont présentes) reprennent en chœurs les standards du groupe. Et quant à cela s’enchaînent des versions acoustiques de ‘Send me an angel’ et ‘Holiday’ (non amputé de son final tout électrique), c’est vraiment tout un panel de sensations fortes qui s’empare de vous, c’est obligé. Le summum sera atteint avec l’indétrônable ‘Wind of change’ et ses images de la chute du mur de Berlin diffusées sur les écrans géants d’arrière plan : grandiose ! D’autant plus que l’attitude à priori distante du groupe a changé : Klaus Meine a retiré ses lunettes de soleil vissées sur le crane depuis le début du show et s’adresse enfin à son public entre les chansons. Mais le bon gros rock va vite reprendre sa place avec un ‘Raised to rock’ des familles, un lascif ‘Tease me, please me’ et un détonant ‘Dynamite’ (et ses explosions pixelisées en arrière plan), nous ramenant aux heures de gloire du combo.
Il est déjà l’heure pour le groupe de s’éclipser une première fois pour laisser libre cours à l’imagination débordante de son batteur le temps d’un solo absolument… chiant. Certes l’idée de se mettre en scène sur les différentes pochettes du groupe (« Pure Instinct », « Fly To The Rainbow », « Lovedrive », « Animal Magnetism », « Love At First Sting », etc.) est amusante, mais le solo en lui-même est juste ennuyeux à mourir. Par chance, l’ambiance va se réchauffer dès le retour des autres musiciens pour un final absolument dantesque : ‘Blackout’ et ‘Big city nights’ entrecoupés d’un duel de guitares puis, en rappel, ‘Still loving you’ et l’hymne intemporel qu’est ‘Rock you like a hurricane’. Logique ! Voilà en tout cas, qui clôture de fort belle manière un set qui a mis un peu de temps à vraiment démarrer.
Pour conclure, il est encore tôt lorsque les lumières du Zénith se rallument, après un ultime salut du quintet allemand. Les scorpions nous ont livré le show que l’on attendait d’eux. Ni plus ni moins. Un peu terne au début mais qui à peu à peu gagné en intensité, pour finir par une explosion finale de hits. Une setlist logique, mais sans surprise en définitive. Alors certes, on pourra regretter l’absence de titres de la première période du groupe, l’ère ‘Uli Jon Roth‘, mais avec la palanquée de classiques que le groupe se trimbale, on ne lui en tiendra pas rigueur, d’autant plus qu’après une riche carrière de 45 ans, la fougue n’est plus la même que celle d’antant. Quoiqu’il advienne, après toutes ces années passées à défendre le rock de son dard affûté, une chose est sûre, c’est que la bête aura méritée un repos bien légitime.
Et comme elle se permet de nous le faire comprendre, malgré tout ‘The best is yet to come’ !
Setlist Scorpions :
01. Sting in the tail
02. Make it real
03. Bad boys running wild
04. The zoo
05. Coast to coast
06. Loving you Sunday morning
07. The best is yet to come
08. Send me an angel
09. Holiday
10. Wind of change
11. Raised on rock
12. Tease me, please me
13. Dynamite
14. Kottak attack (solo batterie)
15. Blackout
16. Six string sting (soli guitares)
17. Big city nights
— Rappel
18. Still loving you
19. Rock you like a hurricane
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