August Burns Red, Norma Jean, Beartooth – Lyon [21.06.16] ...
Le 21 juin, le premier jour de l’été, tandis que la plupart des gens descendent dans la rue pour voir se produire gratuitement des lycéens aux goûts douteux et au jeu approximatif ou le club de musique municipal reprenant les tubes de Kendji Girac ou Zaz*, certains ont préféré payer pour avoir un spectacle d’une autre qualité. Et c’est au CCO que ça se passe. Une salle toute particulière pour moi, puisqu’elle fut celle de mon premier concert de Metal ainsi que de mon premier pass photo.
Et c’est une triple surprise qui m’accueille à mon arrivée, un peu avant 20h. La première, c’est que Sounds Like Hell Productions semble débuter à l’heure indiquée sur l’affiche, puisque Beartooth est en plein set lorsque je franchis les portes. La deuxième, c’est que visiblement, aucun des deux « C » de CCO ne veut dire « clim ». Une chaleur étouffante a déjà envahi la salle, accompagnée d’une légère mais bien présente odeur de transpiration. C’est certainement autan dû à l’été, enfin arrivé, qu’à Beartooth, qui a déjà bien chauffé le public.
Et c’est lui, la troisième surprise. Parce qu’à vrai dire, avec son pédigrée – la formation étant fondé par un ex-membre d’Attack ! Attack !, l’un des groupes les plus moqués du monde du Hardcore – et les quelques chroniques que j’avais pu lire sur des sites de confrères – allant du c’est bien foutu, mais trop calibré pour sortir de la masse, à des commentaires bien plus catastrophiques –, je pensais vraiment avoir affaire à des types qui joueraient devant une fosse à moitié vide avec seulement quelques types écoutant poliment. Eh bien non, puisqu’à peine arrivé, c’est des pogos que je vois. Des pogos, et des paroles reprises en chœur par un public visiblement déjà conquis. Et je dois dire que je le comprends assez.
Beartooth envoie bien, avec un jeu de scène dynamique soutenu par des lights en grande forme (ça fait d’ailleurs du bien, de revenir dans une grosse salle), bien que déconseillée aux épileptiques. Bien-sûr, ce groupe, c’est du calibré jeune et, avec ses refrains en chant clair (pas toujours d’une justesse phénoménale), ses passages obligés et son côté facilement assimilable, il ne révolutionnera pas le paysage musical. Certains titres, comme « Loser », avec leur côté Rock ou Punk-Rock, seraient très radio-friendly, s’ils n’étaient pas si saturés. Mais c’est assez violent et direct pour fonctionner, les gars se donnent comme des jeunots qui ont envie de prouver ce qu’ils valent – et semblent même parfois bouger pour eux-mêmes, juste pour se faire plaisir, qu’importe si le public suit ou pas.
Et bien vite, je me surprends à dandiner de la tête, à être impressionné par la très bonne gestion d’un pain technique. Je me mets à penser à Evergreen Terrasse. Autre groupe de Metalcore américain pour ados, il m’avait fait une bonne impression au Sylak , avec une prestation enjouée et fougueuse, aidée par des refrains Pop immédiats ; je pourrais les revoir avec plaisir, sans avoir réellement l’envie de m’intéresser à leurs albums. Voilà ce que c’était Beartooth, pure groupe live. Un bon moment passé – meilleur que prévu –, un bon souvenir, mais pas une révélation.
Après une pause permettant de prendre un peu l’air, on arrive enfin à l’un des deux groupes qui ont provoqué ma venue. Et Norma Jean pourrait se résumer en une seule photo. La seule que j’ai pu prendre John Finnegan en pleine action. Un bassiste au look très « Trévorien » (pour les amateurs de GTAV), en plus propre quand même, particulièrement déchainé. Avec une telle ardeur, on aurait pu croire qu’il allait se fatiguer au bout de quelques morceaux, comme n’importe-qui de sensé sur cette terre, mais non. Pas du tout ! Non seulement le gars tient tout le set, ne prenant que de rares pauses (comprenez par là des moments où il est juste un peu moins agité), mais en plus, il entraine avec lui ses camarades. L’un des deux guitaristes notamment. Le second, s’il reste de son côté, n’en demeure pas moins remuant, et c’est un set moins « ordonné », mais bien plus fougueux qui nous est offert. Quant à Cory Brandan, chanteur, il prend bien la scène pour faire venir à lui un public moins mouvementé qu’auparavant.
Il y a bien quelques circles pits de lancés, un peu de pogos, un accident de bière (qui m’a arrosé), mais la plupart du temps, l’auditoire écoute en secouant la tête en rythme, un peu décontenancé. Faut dire aussi que Norma Jean est nettement moins easy-listening que son prédécesseur. Pas de refrain en chant clair, du hurlement, du hurlement et rien que du hurlement. De la hargne, de la violence et pas juste du gros son. Pas de riff mémorisable au premier coup d’oreille, pas de passages aisément identifiables ou prévisibles. Du coup, les teenagers qui scandaient auparavant les refrains de Beartooth sont soit absents, soit dans une sorte de sentiment d’incompréhension.
Pour ma part, je suis toujours autant étonné de voir un groupe nous servir des riffs aussi alambiqués, dans un écrin aussi fou, tout en restant groovy et brutal au possible. Là où la recherche et la sophistication auraient pu amoindrir leur impact, Norma Jean nous fait l’effet d’un parpaing reçu sur le coin de la gueule. Et ceux qui ont écouté au moins Ô God, the Aftermath savent de quoi je parle.
La soirée passe bien vite, et c’est déjà la tête d’affiche qui se met à fouler les planches. Quand on voit les musiciens entrer sur scène le sourire aux lèvres, on se dit que ça va bien se passer. Et le reste ne va pas vraiment démentir cette impression. Les lumières se font bien plus vives que pour les deux groupes précédents – et sans stroboscopes –, renvoyant ainsi à l’image positive que dégage le groupe. « Angry music for positive peoples », c’est ce qui est marqué sur quelques-uns de leurs T-shirts, et ça leur correspond parfaitement. August Burns Red, c’est du feeling good en barre, aussi bien pour eux, que pour nous. Il faut voir comme ces gars restent presque constamment sur le devant de la scène. Particulièrement photogéniques, tous les membres ne cessent les allers-retours d’une extrémité à l’autre et posent sans passer pour des poseurs. Le show est fou et nous embarque dans un flot de bien-être violent, à l’image de, Jake Luhrs, leur chanteur, qui danse, soutient ses copains, joue de la air-harpe (?) ou blague avec les gars de Norma Jean entre deux morceaux (des vannes à base de savon, à ce que j’ai compris). Les morceaux, qui allient une efficacité redoutable et brutalité qu’on n’imaginerait pas envisageable chez ces jeunots aux têtes d’ados sympas, sont mis en valeur par des soli aériens et mélodiques à souhait et ne s’enferment jamais dans des structures classiques du banal couplet-refrain, tout en restant incroyablement accessible.
August Burns Red met un feu d’enfer, et c’est peut-être ça qui déclenche l’alarme incendie en plein cœur de « Provision ». Croyant d’abord à un gros problème technique, coupant le son de tous les instruments en même temps, on met un certain moment à comprendre ce qu’il se passe. La sirène sonne, la foule commence à sortir, tandis que tranquillement, Jake Luhrs désaltère le premier rang. Dans le calme – et avec un peu de dégoût tout de même – on sort de la salle. Et vite, « PLUS VITE ! », on se retrouve dehors, dans le flou et ne sachant pas vraiment si on pourra voir la fin du show.
Heureusement, l’alerte est fausse et August Burns Red revient plus remonté que jamais pour une fin de set monumentale.
Cette coupure, c’était vraiment dommage. Ça a entaché une soirée qui n’a fait qu’aller en progressant, après l’efficace et énergique, mais commun, premier groupe, se sont succédé deux formations qui ont su intégrer un genre très codifié pour en dégager leur style. Norma Jean, brutal, fou et complexe, et August Burns Red, généreux, aérien, mélodique. Une affiche qui avait quand-même de la gueule.
*Bien sûr, ces deux exemples sont caricaturaux, j’ai vu de très bons groupes se produire un 21 juin.
1 Commentaire sur “August Burns Red, Norma Jean, Beartooth – Lyon [21.06.16]”
Posté: 3rd Nov 2016 vers 19 h 56 min
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