Hellfest 2018 : sacrée ambiance !
Live report : Willhelm von Graffenberg & Bloodybarbie
Photos : Bloodybarbie & Metalfreak
Bloodybarbie : Trois jours en Enfer !
Le Hellfest dès qu’on y goûte c’est comme de la drogue, difficile de s’en passer. Si le Metal est notre religion, le Hellfest est un lieu de pèlerinage sacré fréquenté par 180000 metalleux qui y viennent pour pratiquer leur culte à fond pendant 3 jours, déconnexion et immersion totale dans le métal sous toute ses formes. Des moments qu’on ne partage qu’avec nos semblables, les metalleux.
Mon premier baptême a eu lieu en Juin 2017 après plusieurs années d’appréhension et d’hésitation à cause du nombre très important des festivaliers qui peut faire fuir des personnes comme moi. Mais finalement tout s’est bien passé tant que je ne tentais pas d’être bien placée devant les Mainstage après 18H et que je me concentrais surtout sur la Valley/Altar/Temple. Le grand écran à l’espace VIP a été une bénédiction quand il s’agissait de voir les têtes d’affiche le soir après avoir cavalé depuis 11h entre les scènes ; à la fin, on ne tient plus debout.
La première chose qu’on fait dès les premiers jours, c’est de chercher les nouveautés sur le site du Hellfest :
– quelques décorations de feu autour des bars.
– les murs d’eau pour se rafraichir et pour pousser le concept au plus loin, on y voit un défilé de dessins et de textes « Welcome to Hellfest 2018 » la nuit (et ça c’est vraiment magnifique). La superbe déco des portes des toilettes VIP (Zut, j’ai oublié de prendre en photo).
– le plus important de tous : le pavage de la fosse à côté des Mainstage et ça, c’est top contre la poussière !
La météo a été très clémente avec nous car il a fait moins chaud quel l’année dernière (autour de 25°C), pas un nuage sur les trois jours donc la crème solaire était aussi indispensable que les bières en ce fest (même si certains ont pris cher, on ne l’appelle pas « Hell » fest pour rien). 180 000 festivaliers sur les trois jours (et 800 000 pintes vendues !), beaucoup moins de déguisés (et on retrouve les mêmes déguisés de l’année dernière), 159 groupes à l’affiche, beaucoup de « core » sur les mainstages à mon goût (surtout les deuxième et troisième jours), le Metal symphonique n’a pas été au RDV (à part Nightwish), ni le Power Metal, moins de Folk à la Temple et moins de Grind. La Valley a été bien plus accessible que l’année dernière même en heure de pointe (après 16h) ; certainement moins de fans de Stoner cette fois, peut-être que la prog a été moins séduisante ? Quant à la Warzone, elle est toujours aussi blindée et mouvementée (j’avoue que les quelques fois où j’y suis allée, non seulement elle est loin mais en plus elle pullule… alors, étant fan occasionnelle de punk et de hardcore, j’ai laissé ma place à ceux qui y tiennent le plus).
J’ai eu l’impression que les tarifs de la nourriture avait augmenté et la qualité s’était dégradée (parfois j’ai l’impression qu’on se fout bien de notre gueule : à 8 euro le sandwich on y trouve 10g de poulet et une demi-baguette de 50 centimes qui date de deux jours agrémentée de quelques épices). Mais il y avait énormément de choix et pour tous les régimes (vu le prix, difficile de gouter à tout ; je préfère mettre mon argent dans du merch’ que dans de la bouffe de fest… et puis je me nourris de Metal). La Metal Corner nous a gâté comme toujours, un large choix de merch’ et diverses boutiques.
Quelques prix que j’attribue personnellement :
– Mon coup de cœur découverte du festival: In this Moment qui a envoyé du méga lourd.
– Le pire concert : Limp Bizkit (trop de temps mort à faire les cons et jouer des bouts de reprises) mais il parait que Marylin Manson a surenchérit.
– Le meilleur concert, bien évidemment : Iron Maiden car difficile de faire mieux que ces papys.
– Le plus gros bordel dans la fosse a été orchestré par Pleymo.
– Ma déception : Sons of Appollo, alors que c’est censé être parmi les groupes les plus carrés car c’est du prog et c’est le groupe de Mike Portony…
– Les concerts que j’attendais avec impatience : tout d’abord Dimmu Borgir car étant grande fan de ces Dieux du Black symphonique, j’étais bien contente de leur prestation en espérant les voir un jour avec un vrai orchestre. Mais aussi Corrosion of Conformity car c’est un groupe qui fait rarement des tournées et passe très peu en France.
– Le moment le plus épique : Nico McBrain qui montre son cul à la fin du concert après avoir distribué ses baguettes.
– Les plus belles mises en scène et décorations : Iron Maiden puis In this Moment. N’oublions pas le Hellfest lui-même !
– Le coup de gueule : les premières notes transperçantes de la basse de Zeal and Ardor qui m’ont poussée à prendre la fuite sous peine de mourir transpercée – également – par les notes de basse. La musique ne m’avait jamais rendue malade comme ces quelques notes. On va dire que c’est la seule manière de se faire remarquer pour un/e bassiste. Depuis cet instant, je suis traumatisée par Zeal and Ardor.
– Le zicos le plus sexy : toujours et pour toujours Richie Faulkner de Judas Priest.
– La zicos la plus sexy : j’hésite entre Alissa White Gluz (Arch Enemy) et Maria Brink (In this Moment) [NdMetalfreak : Et Johanna Sadonis alors ???!!!].
– Le zicos le plus ridicule et le moins talentueux : Johnny Depp en tant que troisième guitariste de Hollywood Vampire à jouer deux trois accords, ça sent le marketing à fond !
– Le zicos le plus talentueux : Steven Wilson (c’était la grosse branlette intellectuelle du fest), et je ne citerai pas Mike Portnoy qui, pour une fois, ne m’impressionne pas sur scène (avec son groupe Sons of Apollo).
– Un concert que je voulais voir et que j’ai raté : celui de Megadeth, pour aller voir une star plus importante, Ben Barbaud, en conférence presse. Et de toute façon, il parait que Megadeth était nul à chier malgré une excellente setlist et que finalement, le seul moment auquel j’aurai aimé assister, c’est celui où Michael Amott se joint au groupe pour jouer « Symphony of Destruction ».
Eh oui, le Hellfest, c’est 13 ans déjà, sous le slogan « You can’t control it », un chiffre qui n’a clairement pas porté malheur car tout s’est déroulé à merveille. Et pour couronner le tout, Ben et son équipe nous ont réservé une belle et méga surprise, une sacrée nouveauté qu’ils vont tenter de maintenir : c’est l’annonce préalable de cinq premiers noms de l’édition 2019. L’annonce a eu lieu à 23H40 juste après le concert d’Iron Maiden, sur les écrans géant avec des extraits « devinette » avant de révéler le nom et un petit discours des groupes en question : Carcass, Slayer pour sa tournée d’adieux (probablement leur dernier Hellfest même si on ne croit plus aux tournées d’adieux), Mass Hysteria et les Dropkick Murphys. La plus belle annonce de tous les temps, celle que je n’ai même pas imaginé dans mes rêves les plus fous, après dix ans d’absence au Hellfest, un de mes groupes sacrés que je vénère : Manowar ! Et le plus beau, c’est la présence de Joey DeMaio en personne sur la Mainstage pour nous faire un petit discours qui m’a foutu la chair de poule, j’en avais les larmes aux yeux. MERCI HELLFEST pour cette méga surprise, vous êtes les meilleurs !
Un ENORME merci à Ben Barbaud et à toute l’équipe du Hellfest, qui encore une fois, a fait un sacré bon boulot pour permettre aux festivaliers de régaler ses oreilles et ses yeux pendant trois jours intenses. Rendez-vous l’année prochaine !
Willhelm von Graffenberg : Mes « off » du Hellfest
J’ai entendu dire assez souvent de part et d’autres : « Ouais, le Hellfest, c’est une machine à gaz, c’est surfait et commercial, moi j’y vais plus » (de la part des mêmes qui ont certainement déjà réservé leur pass 3 jours pour l’édition 2019, mais bon… « Vaut mieux en rire que de s’en foutre » comme disait le penseur pseudo keupon). C’est vrai que vu de l’extérieur, ça y ressemble : des centaines de milliers de festivaliers parqués dans un espace clos et bagués comme du bétail. Je vous avoue que, cumulant misanthropie et agoraphobie, mon bien-être psychique a été mis à rude épreuve et, extérieurement également, n’ayant pas encore eu l’occasion d’y mettre les pieds, les oreilles ou les yeux ou toute autre partie du corps que la décence me permet de montrer en public, j’avais également ce point de vue assez fermé, en complément d’un emploi du temps qui ne permettait pas vraiment de changer de point de vue en y venant.
Autant je sais maintenant que je n’y reviendrai probablement pas à cause de mes névroses personnelles, autant je trouve ce point de vue négatif très suranné pour avoir eu le plaisir de voir une autre facette du Hellfest avec un point de vue de l’intérieur. Déjà, c’est gigantesque : certes, ça parque, mais ça parque d’attractions parce que peu de festivals peuvent se vanter d’avoir des structures en dur pérennes, ce qui en fait un cas spécifique parmi les festivals et mérite de prime abord le respect légitime envers la sueur au front de ceux qui ont bâti cet empire, souvent au détriment des avis locaux et de leurs porte-paroles/drapeaux bienpensants à la croix levée devant les méchants satanistes du zizi sexuel qui viennent pervertir la jeunesse, aussi affublés du gentil sobriquet de « zombies assoiffés de sang » (oui, M6, j’ai une bonne mémoire, suis très rancunier et n’oublie pas vos propos d’il y a une dizaine d’années de ça quand vous crachiez à la gueule des vilains chevelus alors que vous ne cracheriez pas dans la soupe désormais pour remplir vos éditos d’ouverture de JT…)
Ensuite, c’est un grand rassemblement festif dans lequel je n’ai vu que peu d’exactions et beaucoup de respect (si l’on omet les deux-trois connards bourrés, et j’ai une pensée toute particulière pour la jolie jeune fille asiatique au bar, toute mimie et gentille, qui s’est faite emmerder par un crétin qui avait renversé sa bière et voulait s’en faire offrir une autre gratos, insistant lourdement). D’ailleurs, quitte à parler du personnel, bénévole pour la très grande majorité, ils ont été super dans tous les cas de figure, ouverts à la discussion, affables et aimables et ça n’en rend le séjour que plus agréable.
Pour poursuivre, c’est aussi une occasion de rencontrer et/ou revoir des gens, des copains, des connaissances, des vedettes, et ceci grâce à une infrastructure idéalisée et optimisée où, si certains m’as-tu-vu viennent se montrer pour je-ne-sais quelle raison narcissique égocentrée ou combler un manque d’estime de soi, la très grande majorité vient profiter d’un bon moment, sans se prendre la tête avec une quelconque notion de notoriété – les attitudes de princesse n’étant pas les bienvenues, et d’ailleurs lesdites « princesses » ne fréquentaient même pas leur cour. On peut y croiser des Dédo, des Zegut, des Hodor, des Leclercq, des Buriez, des… plein de monde avec une notion de respect et d’équité autour d’une bière – ou d’un café pour ma part, mais je sais que vous savez suffisamment barge pour ne pas apprécier votre flotte aromatisée au houblon. Et même, on a l’occasion, si tant est qu’on soit coté coulisses, de l’autre coté du miroir, d’interroger et/ou interviewer les artistes et artisans de cet évènement, que ce soit lors de conférences de presse, en signing session, en boxes ou au hasard d’une clope et un café (voir ce que je pense de la binouse ci-avant).
C’est également spectaculaire. Si les concerts à foison s’enchainent non-stop, c’est aussi un spectacle visuel de tout instant : de jour, c’est haut et vaste, de nuit, ça s’éclaire de mille feux et flammes… C’est grand, c’est beau. De plus, c’est même amélioré chaque année, de ce qu’on m’a raconté, avec par exemple le pavement des chemins de traverse, l’ajout des arches aquatiques aux jets synchronisés mêlant le rafraichissement et l’esthétisme. Entrer dans la War Zone, c’est comme entrer dans l’arène de par son agencement…
Alors évidemment qu’il y a des points noirs, il y en a toujours et pas que sur la tronche d’un post-pubère. Je prends pour exemple la date qui, si elle concorde avec la proximité de la fête de la musique, se trouve surtout sur un créneau climatique bien saignant niveau luminosité, UV et chaleur – imaginez comme le mec que je suis, qui vit dans sa crypte, a pris cher –, ou encore le système de cashless qui, s’il est plus pratique et plus efficace pour le paiement, n’en est pas moins totalement sécurisé et infaillible – je me suis fait niquer de 5 balles et quelques je-ne-sais comment ou pourquoi, qui ont disparu de mon portefeuille virtuel désempli de monnaie dématérialisée – ou encore la bouffe et les stands de merch’ officiels, trop souvent blindés ou pas vraiment intéressants niveau rapport qualité-prix (les burgers des stands officiels à 5€ pour un petit pain où tu cherches un morceau de viande minuscule et trop cuit… bof…) Oui, « la vie n’est pas toujours rose », « le monde est injuste », « c’est la vie » comme disent les anglais (sic, en plus : c’est même pas une vanne) ; on peut en sortir à la pelle de ce genre de poncifs… mais franchement… honnêtement… ce sont des broutilles en comparaison avec tout le positif qu’on peut tirer de cette expérience, non ?
Par conséquent, mon « off » du Hellfest touche à son terme – et toi, touche à ton cul ! – et je le conclurai par un « bravo » et un « merci » : j’ai eu l’occasion de me démontrer que je n’étais pas qu’un con – car seuls les cons ne changent pas d’avis – grâce à vos efforts cumulés au fil des années pour créer cet environnement qui, s’il est loin d’égaler un séjour à Center Parcs, procure au moins un dépaysement et une perte de notion de temps pendant trois jours durant.
[PS : L’aubaine de la présence de café a été salutaire et j’encourage tous les festivals ou concerts quelle que soit leur dimension à en avoir. Déjà parce que tout le monde n’apprécie pas cette « boisson » mousseuse de la couleur identique avant et après ingurgitation – sauf cas d’overdose puis de galette – et ensuite parce remplir un festival ou un concert nécessite de venir en véhicule et l’appel à la modération n’enlève rien au fait que l’ambiance l’annihile… Donc si on pouvait responsabiliser à la fois les clients et les vendeurs, une pierre deux coup qui évite d’une pierre tombale de plus.]
Metalfreak : Ma conclusion
Je n’ai rien, mais alors rien à contredire dans les propos de mes amis Wilhelm von Graffenberg, que je ne saurai remercier pour avoir passer outre ses, comme il le dit, « petites névroses personnelles » (c’est vrai que se retrouver au milieu de 60.000 personnes a de quoi donner quelques appréhensions) et Bloodybarbie, qui m’accompagne pour la deuxième fois à la grand messe annuelle du metal, confortant que notre webzine est avant tout une petite famille que j’aime profondément (le premier qui y voit une allusion digne des #metoo et #balancetonporc, ça va saigner pour son matricule), ils ont parfaitement décrit l’ambiance générale de ce festival une nouvelle fois réussi !
Je tiens malgré tout à remercier du fond du cœur l’équipe du Hellfest en général, Ben Barbaud et son staff bien évidemment et surtout Roger Wessier qui a su se montrer, malgré un travail titanesque pendant ces trois jours, disponible pour gérer immédiatement un petit souci administratif qui a pu nous permettre de faire notre travail dans les meilleures conditions.
Je tiens également à souligner la gentillesse et le professionnalisme de toute l’équipe de sécurité, en particulier ceux qui gèrent le passage des photographes et ceux qui récupèrent toute la journée à bout de bras des vagues incessantes – suivants les groupes – de slammers avec un souci de protéger tant ces festivaliers que les photographes qui font leur travail au sein du pit : c’est mon cinquième Hellfest en tant que photographe et les retrouver chaque année est un pur plaisir.
Un mot également pour les personnes qui accueillent tant les festivaliers que les VIP, et qui restent souriant(e)s malgré un flux incroyable de personnes toute la journée et sous une chaleur parfois difficilement supportable, pour les bénévoles aux divers bars à l’humeur souvent délirante, restant toujours sympathiques, aux forces de l’ordre présentes qui se joignent bien souvent aux délires des festivaliers pour des selfies, plaisanteries diverses ou autres discussions sympathiques, aux Clissonnais désormais habitués à la déferlante metallique de fin juin et qui nous accueillent toujours à bras ouverts, à nos hébergeurs Gérard et Nicole qui se mettent en quatre pour que nous soyons les plus à l’aise possible. [NdWvG : +1 !]
Je le redis comme l’an dernier : merci, encore merci de nous ouvrir à ce point, pendant quelques jours, les portes du rêve avec une clé de sol !
Galerie Photo :
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