Obscura + Revocation + Beyond Creation + Rivers of Nihil au Divan du Monde le 26 ...
Live report : Willhelm von Graffenberg & Bloodybarbie
Photos & vidéos : Bloodybarbie
Note: Retrouvez la galerie photos du concert à la fin de l’article (ou ici: http://www.soilchronicles.fr/photographies/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-monde-le-26102016 !)
Un concert avec la crème du Death technique, ça se mérite. Je prends le parti de qualifier Obscura ainsi, même si ça peut paraitre élitiste, car rares sont les groupes de ce niveau sachant allier à la fois les paramètres techniques et la musicalité. Alors quand Oscura vient au Divan du Monde, pour une date sur leur tournée européenne, en tête d’affiche, et accompagnés de surcroit de leurs potes de Rivers of Nihil, Beyond Creation et Revocation, non seulement ça se mérite mais, également, c’est une occasion qui ne se rate pas ! Et c’est parti pour 4 heures de violence maitrisée ! L’oraison funèbre de Bloodybarbie : Si je devais citer mon top 3 de concerts cette année ça serait par ordre de préférence : Katatonia, October Tides et… Obscura ! J’ai eu l’énorme plaisir à les voir au Brutal Assault et au Motocultor cet été (deux fois en un mois) et je n’avais qu’une seule envie : les revoir ! Si un abonnement mensuel existait, je l’aurais pris sans hésiter : c’est mieux qu’un abonnement en salle de sport…
Rivers of Nihil : « Nihil, Nihil, Nihil, fleuve impétueux et tumultueux… » Contrairement à sa traduction littérale, il n’y avait pas « rien » dans ce concert. Ni personne, d’ailleurs, puisque la salle est remplie d’une bonne moitié de sa capacité pour assister à ce concert. Nous n’assisterons, ma consœur BloodyBarbie et moi-même, qu’à la fin du set dont nous entendrons le grondement de la première partie que depuis les loges où Steffen, guitariste-chanteur-leader d’Obscura avait la gentillesse de nous accorder de son temps pour répondre à nos questions (http://www.soilchronicles.fr/interviews/obscura). Ce concert n’était pas non plus un long fleuve tranquille, eu égard aux vagues et remous perpétuels créés par le mouvement de la foule qui nous traine et nous entraine jusqu’au devant de la scène, à coup de pogo et de circle pits initiés par le chanteur, très statique et peu communicatif, surtout posté sur l’énergie vocale qu’il veut déployer. Et il lui en faudra, vu comme la balance ne le met pas en valeur, à l’instar des guitares dont on ne discerne pour ainsi dire que la distorsion et peu la technicité, jouant principalement sur la basse, proéminente, et la grosse caisse assassine, envoyant des rafales kalaschnikoviennes dans le sol, pas toujours bien en place. L’ancien poème égyptien disait vrai quant à l’impétuosité et le tumulte de cette « Rivière », mais c’est au détriment d’une bonne maitrise.
L’oraison funèbre de Bloodybarbie : Groupe né des cendres de leur précédent, les pennsylvaniens Jake, Ron et Jon ont chacun quitté leur précédent groupe et se sont unis pour pousser au plus loin leur limites dans le Death Metal et faire du plus technique. Ils ont recruté ensuite deux nouveaux membres qui avaient quitté leur précédent groupe Dissian (du Death Metal technique également) : le bassiste Adam Biggs et le guitariste Brody Uttely, toujours membres à l’heure actuelle. 2014 s’annonce noire comme du Black Metal, Jon quitte Rivers of Nihil pour mieux s’investir dans son autre groupe, Outer Heaven, et est remplacé par un autre Jon – c’est ironique, hein : œil pour œil, Jon pour Jon – Jon Topore (ex-Anesthetized, très bon groupe de Brutal Death, d’ailleurs). Ils se séparent ensuite de leur batteur Ron et le remplacent par Alan Balamut (qui avait 15 jours pour apprendre le set et partir avec eux en tournée américaine). Retrouvez notre interview avec Adam Biggs (le bassiste) : http://www.soilchronicles.fr/interviews/rivers-of-nihil Setlist Rivers of Nihil :
Beyond Creation : au-delà de la récréation Et au 7ème jour arriva Beyond Creation. Le temps d’un changement de plateau et les canadiens, par la voix d’un Simon Girard, tout sourire, s’adressent déjà au public français. C’est un set impressionnant de Death technique et progressif qui va alors s’étaler dans nos conduits auditifs et sous nos yeux. C’est même au-delà de la simple « forte impression » quand je me rends compte qu’Hugo Doyon-Karout, le bassiste, que je trouve le moins impressionnant du groupe, est déjà des plus impressionnants que je connaisse. C’est dire le niveau ! Ce concert paraitra être une partie de plaisir, une récréation pour le groupe… Si le premier morceau envoyé n’a pas un son des plus idéaux, l’équilibre se fait assez tôt, permettant de distinguer suffisamment chaque partie, bien technique en elle-même, des autres. Contrairement au groupe précédent, la basse est un peu trop en retrait ; c’est plus agréable, mais ça gâche un peu sur les tappings. C’est d’ailleurs une des techniques de jeu favorites des cordeux de ce groupe, tant elle est utilisée soit en duo, soit en trio, en fill ou en harmonie simultanée, et répartie de manière équilibrée dans les morceaux. Musicalement, ça colle une bonne fessée, d’autant quand on note que chaque membre la pratique « sans pression », Simon se permettant même de le faire en simultané de sa partie de chant, le tout sur des parties de batteries des plus chiadées qui semblent d’une facilité déconcertante aux bras et pieds d’un Philippe Boucher léger dans ses frappes, pour une balance également équilibrée. C’est un très bon moment que passe le public, l’agitation dans la fosse en témoigne, vu que le chanteur n’a que peu besoin de se faire attendre pour que la furie s’y déclenche : quand la moitié de la salle, qui s’est bien remplie depuis, fait un circle pit, on peut considérer que l’objectif « foutre le feu » est atteint. C’est d’ailleurs mon grand regret quant à ce concert, non pas que l’animation y règne en maitresse, mais que ce groupe, francophone donc celui qui peut le plus se mettre l’« audience » dans la poche, ne communique pas davantage avec le public. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’interaction, loin s’en faut, mais juste trop peu selon moi. Ça n’empêchera cependant pas un gugusse – probablement bien déchiré déjà – de venir faire son chaud/show sur l’espace scénique, à deux doigts de se vautrer dans la batterie, ce qui ne rassurera pas forcément Simon ou Hugo entre lesquels il s’est posté et gesticule, le chanteur cherchant tant que possible, entre deux tremolos, à l’en faire descendre – et on sait que « l’en faire », c’est les autres. Ce fut donc une très belle prestation, qui a débuté directement in da face sans jamais vraiment relâcher l’énergie, avec une setlist variée et prenante, musicale à défaut d’être exceptionnelle scéniquement.
L’oraison funèbre de Bloodybarbie : Au-delà de la Création, il y a Beyond Creation, qui porte bien son nom et son caleçon – oui, je sais : ça ne veut rien dire, mais ça rime bien. C’est le niveau au-dessus de Rivers of Nihil, et très légèrement en-dessous d’Obscura. Si le Canada est plus réputé pour son Black Metal que son Death Metal, ils ont quand même une belle scène quand on creuse bien (avec une faux). Et parmi ceux qui font parler d’eux : les québécois de Beyond Creation, connus de toute la scène Death technique du 21ème siècle. Malheureusement, depuis 2015, Dominic ne fait plus partie de Beyond Creation et est remplacé par Hugo, qui est bon mais pas aussi excellent que Dominic. Donc, à mon grand regret, je n’aurai jamais vu Dominic œuvrer en live. Inutile de parler de guitaristes, puisque sans guitariste virtuoses, le Death technique n’est plus du Death technique, et sans le fondateur, guitariste et chanteur du groupe, Simon Girard et son second Kevin Chartré, avec leur 8 cordes et doigtés impressionnant, Beyond Creation ne serait plus ce qu’il est. Une belle équipe de branleurs de manche – ce soir, c’est concours ! Il n’y a absolument rien à jeter chez les québécois : chaque morceau est un chef d’œuvre en soi (et en soie). Comme dirait Gojira « Le Metal, c’est de la dentelle » et Beyond Creation en fait des belles avec une discographie de deux albums : même si le groupe date de 2005, il prend son temps pour sortir des albums ficelés à la perfection, le dernier en date « Earthborn Evolution » date de 2014. Néanmoins, ils tournent beaucoup. En espérant un nouvel album bientôt et les voir en tête d’affiche avec un set bien plus long. Setlist Beyond Creation :
Bloodybarbie s’enquiert d’aller interviewer Rivers of Nihil (http://www.soilchronicles.fr/interviews/rivers-of-nihil) et me demande de garder son spot au balcon bien au chaud afin d’y prendre de belles photos et vidéos, la pause clope attendra et je profite de ce temps pour échanger mes impressions avec des copains présents et des voisins de place en hauteur. Cette salle est franchement bien agencée pour ça : une sorte de double salle de spectacle qui permet d’avoir un double point de vue. Les plus téméraires tenteront la fosse, au risque d’y perdre des choses, de la dent à la dignité, les autres assisteront au spectacle vu du dessus – c’est toujours plus attrayant quand il y a du monde au balcon. J’ai eu quand même l’insigne honneur de passer ces concerts aux cotés de LA star de la soirée. Je ne parle pas de Steffen que j’ai eu le plaisir d’avoir en interview, loquace et amène, mais du chien qui se prendra tous ces décibels de la soirée, tenu en laisse par son maitre, non-voyant installé dans son fauteuil qui trône centralement sur toute la salle. Le Divan du Monde porte bien son nom : beaucoup de fauteuils y sont présent et permettent de se détendre, voire même discuter comme dans un boudoir entre deux avalanches de riffs.
Revocation : une vocation! Le Death technique teinté de Thrash du groupe fait mouche, par sa variété, sa qualité. Cette teinte se ressent dès le soundcheck durant lequel les guitaristes se chaufferont les doigts en entreprenant le riff central de « Lepper Messiah » de Metallica. Ce sera donc un très bon concert avec une énergie Thrash/Death qui va se dérouler, avec un charismatique leader qui se met souvent en avant, épaulé par son bassiste Brett Bamberger aux 5 cordes qui claquent, son guitariste en second Dan Gargiulo, plus éveillé sur scène que lors de l’interview du groupe, agrémentée de ses ronflement émanant de sa position fœtale sur le canapé avoisinant, et la rythmique carrée et pointue des fûts d’Ash Pearson, qui quant à lui se chauffait les poignets et rotules durant sa balance sur l’ouverture du « Painkiller » de Judas Priest – quoi de mieux, me direz-vous, pour tester et équilibrer un peu tous les éléments d’une batterie et donner déjà une idée du niveau de technique qu’on va se prendre… Bloodybarbie revenue, après les 3-4 premiers morceaux, j’en profite pour prendre l’air – ou la nicotine, c’est selon – et, à mon grand plaisir, on entend bien mieux tous les éléments du groupe. Dès le départ, la balance était déséquilibrée. Pas besoin d’être un expert ingé son pour se rendre compte que qu’avant même de commencer, les voix étaient sous-mixées… m’enfin bon, c’est pas mon boulot, ni à moi de m’en rendre compte, et il aura fallu un demi-set pour que ceci soit corrigé. Aaaaah, enfin, c’est réellement appréciable musicalement, même si ça ne dérangera nullement, visiblement, la horde de fous furieux qui détruisent l’avant-scène en s’y bousculant, aux invectives et invitations de Dave. Ce sera donc un très bon concert également, malgré cette balance déséquilibrée sur une bonne moitié, qui ira piocher dans leurs deux albums Empire of the Obscene (2015) et Great is our Sin sorti en juillet dernier (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/revocation-great-is-our-sin). Mon seul reproche – et vous l’aurez compris au nombre de fois où je l’ai cité nommément – est l’omniprésence au détriment des autres de Dave ; je ne sais pas si c’est un choix dans la politique du groupe qu’il soit plus en avant, que les autres choisissent de se mettre en retrait, ou si c’est parce que lui seul prend les rênes sur scène mais je trouve dommage, vu la qualité de tous les intervenants, que chacun n’y trouve pas sa place.
L’oraison funèbre de Bloodybarbie : J’ai vraiment découvert Revocation en 2013 lors de la boucherie ouverte par Cannibal Corpse à Lyon, et lorsque j’ai vu ce groupe en première partie, live, je me suis dit que ce frontman, il fallait que je le rencontre personnellement un de ces jours. Il m’avait marqué, pour des raisons que j’ignore : sa sympathie peut-être, son charisme, son jeu technique, son chant, sa bonne humeur… Et ce jour est arrivé, puisque j’ai eu l’honneur de l’interviewer, et il est encore plus cool que ce que je pensais ! D’ailleurs, je me souviens comment Revocation a rendu le public lyonnais fou ; même leur guitariste s’en souvient puisqu’il y avait trois ou quatre mecs suspendus alors que le morceau était terminé (j’étais très étonnée qu’ils s’en souviennent, d’ailleurs). Le guitariste en garde un souvenir puisqu’il porte le T-shirt d’Aeon, le troisième groupe de leur précédente tournée européenne. Un set court, très court (surtout que j’ai raté les trois premiers, dont un de mes préférés « Dismantle the Dictator »), pas rassasiant du tout, j’étais tellement frustrée ! Je n’ai qu’un seul souhait, les voir en tête d’affiche pour 1h30 de concert ! Après ces 7 minutes de dégustation de ce chef-d’œuvre, il annonce le suivant en nous disant fièrement : « Allez les nerds, écoutez moi cette signature de temps et cette complexité, prenez des notes, 5/4, 7/13, voici « Scorched Earth Policy » ! » Setlist Revocation : • Arbiters of the Apocalypse
Je ne vais pas vous mentir : je suis ci-présent pour CE groupe, que j’ai découvert hasardeusement avec Akróasis (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/obscura-akroasis), leur dernier album, qui trône déjà dans ma caste sélecte – tant les excellents dans la masse proposée sont rares – des albums de l’année. Et un petit retour sur leur discographie ne m’a fait que les apprécier davantage. Je ne suis décidément pas le seul à les attendre puisque la salle est comble, quasi sold-out (à prix modique pour une soirée de cette qualité), et le public est prêt à en découdre. Si on oublie le petit accroc de la voix de Steffen qui ne sort pas dans les enceintes du Divan du Monde pour sa première attaque, ce qui sera corrigé de suite, tout en restant pragmatique et le plus objectif, ce sera un excellent concert, probablement mieux qu’au Motocultor – passage du groupe cet été à Saint-Nolff que Steffen rappellera par un « vous étiez au Motocultor cet été ? [Réponse du public en partie affirmative] Eh bien, on vous remercie d’être également là ce soir » – car ce ne sont QUE les amateurs du groupe qui seront présents pour mettre l’animation et pour « leur » groupe. Et si Steffen Kummerer est un leader charismatique à l’instar de son maitre à penser (et composer) Chuck Schuldiner – l’évidence ne peut pas se cacher, tant il en fait part au public, de vive voix mais aussi musicalement avec le morceau joué en rappel, « Incarnated », extrait de Cosmogenesis, avec le regret de ne pas l’avoir rencontré/vu de son vivant, car trop jeune alors –, il n’en laisse pas moins la place aux autres membres, d’un niveau tout aussi excellent. C’est remarquable, dans tous les sens du terme, quand on regarde les parties virevoltantes exécutées par Linus Klausenitzer sur sa basse fretless – le bouquin de tablature est disponible dans leur merch’ (bien fourni en goodies divers, y compris des flags), si vous voulez vous y atteler et pleurer vos doigts, bon courage – ou celles du guitariste lead Rafael Trujillo, qui sait se mettre en avant mais reste quelqu’un de très réservé hors cadre scénique, sans oublier celles bien techniques également de Sebastian Lanser derrière sa double grosse caisse. Retrouvez notre interview avec Steffen Kummerer qui nous a reçu quelques heures avant le concert : http://www.soilchronicles.fr/interviews/obscura
Ce sera donc un excellent concert qui ira piocher dans la discographie forte de quatre albums, les deux derniers du quatuor bavarois, Akróasis et Ominivium, étant des must have pour tout fan de Death technique et mélodique. Le petit instant rigolo de la soirée : quand le groupe sort de scène, ceux du premier rang se rue sur le pied de micro de Steffen pour s’y servir en médiators estampillés au logo du groupe… et quand celui-ci revient, n’en trouvant plus aucun, il finit par demander : « Est-ce que quelqu’un aurait un médiator, s’il vous plait ? » L’oraison funèbre de Bloodybarbie : Rien à dire à part que c’était (et c’est), comme d’habitude, toujours aussi PARFAIT, à en perdre mes mots ! Setlist Obscura :
Le temps d’aller faire craquer son livret A, voire son PEL au merch’ et la soirée s’achève avec les serrages de main et les congratulations auprès des membres de Revocation. On ne remerciera jamais assez Garmonbozia de proposer ce genre d’évènement et nous y accréditer !
La galerie photos du concert : |
4 commentaires sur “Obscura + Revocation + Beyond Creation + Rivers of Nihil au Divan du Monde le 26/10/2016”
Posté: 2nd Nov 2016 vers 0 h 19 min
[…] l’occasion de leur passage à Paris le 26/10/2016 en ouverture pour Obscura (http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-…), nous avons eu le plaisir d’interviewer Adam Biggs, le bassiste du groupe américain de […]
Posté: 2nd Nov 2016 vers 0 h 20 min
[…] du groupe américain de death metal : Revocation lors de leur passage à Paris le 26/10/2016 (live report http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-…), en tournée avec […]
Posté: 2nd Nov 2016 vers 0 h 21 min
[…] l’occasion de leur concert à Paris (live report : http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-…), nous avons eu l’honneur et le plaisir d’interviewer le frontman et guitariste […]
Posté: 2nd Nov 2016 vers 0 h 53 min
[…] Retrouvez notre live report complet : http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-… […]
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