Report : Excalibur

Photos : Chris Besse (dans l’article) et Dominique Poiret (galerie en fin de report)

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En programmant l’unique date en France de Nina Hagen, Chris Slade et les Blues Pills, l’organisation du Rock’N Festival a tapé un très grand coup pour la sixième édition.

C’était la date inloupable du printemps.

Idéale pour introduire la saison tant attendue des concerts et des festivals.

Les amateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, puisque la soirée affichait complète avec quelques 900 personnes au rendez-vous.
Celui-ci avait lieu au Forum de Chauny. Une salle qui s’est révélée tout au long de la soirée très agréable, tant au niveau de l’acoustique qu’au niveau de la capacité d’accueil du public et de l’organisation autour (restauration, buvette et petit merch’).
Le groupe qui avait la lourde charge d’introduire cette affiche de fou était Mante, un jeune et talentueux trio parisien formé depuis 2015.

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Une formation qui tourne autour de sa leadeuse, Marie Isïa, dont le look tout en douceur et sensualité tranche avec sa façon plutôt énervée de jouer de la guitare électrique. Le style est original, tant au niveau du look ( le clavier, par exemple, arborait une combinaison blanche des plus saillantes, ainsi qu’une toque, qui lui donnait des airs de laborantin russe), que par la musique.

L’un des gros points forts étant les textes poétiques et particulièrement soignés tantôt chantés, tantôt parlés par Marie Isïa à la manière d’un Bashung ou d’un Bertrand Cantat de l’époque bénie de Noir Désir. Les arrangements tournent totalement autour de ces textes, le synthé et la forte prégnance de l’électro contribuent à donner une ambiance atmosphérique, frôlant parfois le psychédélique sur certains morceaux.

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Fort heureusement, la guitare électrique de Marie Isïa et la batterie nous font remettre les pieds sur terre rapidement grâce à quelques passages sacrément énervés. La complicité entre les 3 membres du groupe est évidente. Ils se permettent quelques blagues entre eux…

Par exemple sur le titre « connecticut », le clavier commence son intro pendant le discours de la chanteuse, et l’oblige à l’interrompre, ce qui lui vaut un superbe doigt d’honneur… On se sent immédiatement proche de ces 3 là. On se prend au jeu. On écoute, on découvre, et c’est assurément un groupe dont les débuts sont ultra prometteurs.
Après cette introduction réussie, on entre dans le vif du sujet avec un des poids lourds de la soirée, les Blues Pills, groupe d’origine suédoise particulièrement en vogue et qui multiplie les dates un peu partout en France et en Europe depuis la sortie de son dernier album « Lady in gold » en 2016. Un set rodé à mort, qui fleure bon le rock des années 70, mêlant compositions de leurs deux albums studio « Blues Pills » et « Lady in Gold », ainsi que reprises telles que « Somebody to love », de Jefferson Airplane. La figure de proue, Elin Larsson, sourire radieux greffé au visage, nu-pieds et totalement déchaînée, danse, bondit, joue des maracas, nous envoute complètement par sa voix « bluesie » et conforte plus que jamais ceux qui la comparent à Janis Joplin.

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A ses côtés, le guitariste Dorrian Sorriaux, notre talentueux frenchie du groupe, tranche avec son look romantique et son calme apparent. Quant à Zack Anderson, le bassiste, et Rickard Nygren aux claviers, ils se livrent pendant tout le concert à un concours de secouage capillaire, rendant quasi inexistante la possibilité de les reconnaître dans la rue si ce n’est par un prélèvement ADN de l’un de leurs magnifiques cheveux blonds.

On est forcément sous le charme de ce groupe aussi sympathique que talentueux et énergisant, qui arrive à faire danser le public dès les premières notes et nous rappelle la grande époque du rock.

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Cette soirée ayant débutée par des groupes marqués par leurs leadeuses féminines, nous étions fins prêts pour accueillir celle que nous attendions tous, la star incontestée de la soirée.

La magnifique Nina Hagen.

S’il y a une chanteuse icône de la période punk des années 80, c’est bien elle, qui est le pendant européen de Patti Smith aux États-Unis. Et c’est avec une impatience teintée tout de même d’une petite appréhension car on ne l’a pas vue sur scène depuis longtemps, qu’on voit arriver la diva allemande.

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Dès son entrée sur scène, nous comprenons que nos attentes vont être largement récompensées.

Car à 62 ans, et malgré un rhume qui lui a fait collectionner les mouchoirs pendant tout le set, on se dit qu’il va falloir que Nina nous donne les ingrédients de sa recette pour avoir une telle pêche.

Perchée sur des chaussures qui me font faire des entorses rien qu’à les voir, drapée de vert, un voile rose dans les cheveux, et deux petites nattes sur les côtés qui lui donne des allures de jeune fille, elle n’a rien perdu de son excentricité.

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Elle mène le show de A à Z, accompagnée de sa guitare folk et de musiciens hors paire. Elle enchaine les morceaux qui lui ont assis sa notoriété, tel « Shalom », et les reprises de classiques, à  commencer par du Piaf en début de concert, en passant par « Alabama Song » des Doors. Le public est aux anges et lui clame qu’il l’aime.

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Elle le lui rend en déclarant son amour à Paris et à la France. Elle  profite du show pour faire passer des messages politiques, en véritable artiste engagée et ne se prive pas pour égratigner au passage le monde de la finance et des spéculateurs. Alors certes, les plus grognons vont nous dire qu’elle ne monte plus autant dans les aigus qu’ avant, et qu’ on la sent fatiguée sur « All when the saints », dernier morceau du rappel. Certes. Mais ce sont des critiques bien accessoires comparées à la qualité de la prestation qu’elle nous délivre. La magie opère, et on ressort de ce concert avec cette sensation de joie mêlée de respect que seuls les plus grands arrivent à nous faire ressentir.

 

La soirée se concluait par un autre concert très attendu, celui de la nouvelle formation de Chris Slade, Chris Slade Timeline.

Petit décryptage pour ceux qui auraient des trous de mémoire: Chris Slade, essentiellement connu en tant que batteur d’AC/DC avec qui il officia pendant 5 ans, mais qui a  joué aussi avec d’autres monstres sacrés tels que Tom Jones ou David Gilmour.

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Bref. Chris Slade a tendance à savoir taquiner de la grosse caisse et des cymbales. Du coup, forcément, quand on vous annonce un show de Chris Slade Timeline, vous vous dites que vous allez assister à un truc énorme, même si vous savez rien que par le nom qu’il s’agit d’un groupe de cover.

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Et là, premier hic. Vous vous rendez compte que le set commence, et que les mecs en polaire grise que vous avez pris pour des roadies en train de régler les instrus sont en fait les musiciens et chanteurs qui l’accompagnent. Bon. Ma maman m’a toujours dit de ne pas me fier aux apparences. Mais lors des concert, ça peut quand même avoir une importance. Passé ce détail, retour au show en lui même: Chris est derrière sa batterie. Les éclairages lui donnent un air blafard qui pourrait faire pâlir (le mot est faible) d’envie Dracula.

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Le premier morceau commence, et bien qu’énorme fan d’AC/DC, j’ai du mal à reconnaître  » Dirty Deeds Done Dirt Cheap ». On enchaine avec d’autres standards du groupe tels que « High Voltage » ou « Back in Black ».

Le groupe s’est échauffé et a pris confiance. Entre temps on passe à du Gary Moore et à « Comfortably Numb » des Pink Floyd.

Alors certes, Chris les a côtoyés et se fait sûrement très plaisir en reprenant les morceaux qu’il a joué avec ses copains. Mais le changement de style entre AC/DC et Gary Moore est quelque peu radical, voire surprenant. Techniquement, en revanche, c’est propre, c’est carré, on admire la qualité des guitaristes et bassistes… Sauf qu’il manque le petit quelque chose. Ce petit truc essentiel pour  la synergie entre les musiciens. Le truc qui va te faire dire que ces gars là ne se retrouvent pas sur une scène juste pour prendre un cachet, mais qu’il s’éclatent ensemble. Ce truc là manque incontestablement à ce groupe, et c’est fort dommage. Trêve de critiques.

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Il n’en reste pas moins que la programmation de ce festival était d’une qualité rare où se mêlaient générosité des artistes et convivialité des participants. En un mot, cette soirée a été une réussite sur tous les points de vue.

Pour finir, l’équipe de Soil Chronicles adresse un grand merci à l’organisation, et notamment à Jean-Michel Fondement qui lui a permis d’être présente sur cette édition du Rock’N Fest.

Toutes les photos de Chris Besse sur sa page Facebook !

 

Galerie photos par Dominique Poiret :

 

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1 Commentaire sur “Rock ‘N Festival (Chauny, Forum, 1er avril 2017)”

  1. pingback pingback:
    Posté: 14th Avr 2017 vers 14 h 09 min
    1
    The Moon And The Nightspirits + Trobar De Morte + Rastaban (Paris, le Glazart, 1er avril 2017) | Soil Chronicles

    […] qu’Excalibur et Chris Besse sont sur le trajet du Rock’N Festival a Chauny, moi je suis en route pour Paris pour assister à The Moon And The Nightspirits + Trobar […]

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