Report : Lusaimoi
Photos : Metalfreak
Jour 1:
En 2011, je n’avais pu assister qu’à un petit bout de la première édition du Sylak Open Air et l’impression qu’elle m’avait laissée était plutôt bonne : un chouette festival pas si petit que ça et qui ne demandait qu’à grandir. J’ai suivi les éditions suivantes de loin, car ce n’est qu’à la quatrième que j’ai vraiment pu profiter pleinement de cet événement se déroulant dans la région de mon enfance. Une quatrième édition où j’ai pu constater le chemin parcouru par l’association The Rock Runners, avec un vrai grand événement qui conservait tout de même sa dimension humaine, son cadre agréable et sa bonne humeur générale. Alors dire que j’attendais cette nouvelle édition est inutile.
On est donc vendredi 7 août, un peu avant 18 heures, j’arrive sur les lieux. Juste le temps de retrouver Metalfreak, toujours aussi bien équipé pour s’occuper des photos des deux premiers jours, bavarder un coup, et le premier groupe démarre son set.
Et à vrai dire, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Entamer les hostilités est un exercice difficile, surtout qu’à cette heure-là : encore pas mal de personnes sont encore sur la route ou au boulot, le public n’est pas encore chaud…
De plus, sur le site du Sylak, la seule description du groupe est sa devise « Boire des bières, faire du Rock et foutre la merde ». Le genre de devise, qui peut augurer le meilleur – un groupe humble venu pour s’éclater et nous éclater –, comme le pire – un groupe médiocre à l’amateurisme consternant (souvenez-vous de LouKa et son « Prenons du plaisir entre amis à composer, à tourner et on verra ce qui se passe … »).
Heureusement pour nous, c’est la première option à laquelle on va avoir droit ce soir, puisque Dust arrivera rapidement à chauffer le public, grâce à un Rock/Metal nourri d’un soupçon de gras typiquement Stoner particulièrement efficace. Et, chose qui ne gâche rien, le tout est servi par des gars qui, effectivement, sont venus pour foutre la merde. Pas dans une optique de tout péter jusqu’à ce qu’il y ait une émeute, mais un joyeux petit boxon qui met en humeur pour le reste de la soirée. Les musiciens font le job, se concentrant sur le plaisir auditif qu’ils nous procurent, et c’est au chanteur, que revient le rôle de mouiller la chemise – qu’il ne tardera d’ailleurs pas à enlever, pour le plaisir de ces dames. Une belle impression qui promet beaucoup pour la suite de ces trois jours.
Après avoir un peu discuté de Dust « C’était pas mal, hein ? – Ouais, franchement bien ! », on rencontre quelques connaissances, puis on va faire un tour dans la tente merch’, réaménagée pour cette année, donnant l’impression d’un vrai petit marché. On est un peu serré, surtout lorsque certaines averses plus fortes y rameuteront une bonne partie des festivaliers, mais c’est vraiment sympa.
Et puis rapidement, la musique du deuxième groupe de la soirée se fait entendre.
Ils ne sont que deux, un à la guitare, l’autre au chant, rythmique et tout le reste, ils sont assis, et pourtant The Chainsaw Blues Cowboys arrive à mettre une sacrée ambiance et enfonce le clou d’un Dust déjà convainquant. Avec un Blues/Rock typiquement Américain, diablement entêtant et énergique à mort, ils marquent déjà de sacrés points. On tape rapidement des pieds et on suit avec un grand intérêt. Voir le public se mettre à une line dance furieuse n’aurait pas été étonnant, mais il faut se contenter de choses plus classiques du monde du Metal, ce qui n’est déjà pas si mal.
En plus, on a droit à un chanteur qui, en plus de s’occuper de plein d’autres choses, possède un sens de l’humour qui nous régale aussi bien lors des annonces des prochains morceaux, qu’au sein même de ceux-ci, grâce à pas mal de grimaces et autres mimiques. Ça rappelle Mon Onc’ Serge – mais dans un style qui me sied beaucoup plus –, présent l’année dernière, qui avait foutu le feu au public tout en restant assis presque l’intégralité de son show.
Mon coup de cœur perso de cette première journée.
Avec Eight Sins, c’est le groupe le plus violent de la soirée qui monte sur les planches. Les Lyonnais pratiquent un Hardcore classique, mais toujours efficace en public. Et ce n’est pas l’énergie déployée par les gaillards qui me fera dire le contraire. Le groupe existe depuis près de 10 ans et ces gars-là savent exactement ce qu’ils font et prennent même un plaisir évident. C’est d’ailleurs eux qui déclenchent le début de la désormais traditionnelle soirée mousse.
Malheureusement, ce qu’on retiendra aussi de cette prestation-ci, ce sont les problèmes techniques. Une coupure de courant en plein milieu d’un morceau, laissant le groupe un peu pantois – heureusement, à la deuxième, le chanteur saura mieux meubler grâce à un accent québécois –, puis des enceintes qui grésilleront, très légèrement, jusqu’à la fin du set. A cela se rajoute la première averse de la soirée, éloignant les moins courageux et ceux possédant du matos à plusieurs centaines d’euros, et on peut dire qu’Eight Sins n’aura vraiment pas eu de bol.
Un groupe à revoir un jour de chance, parce que même avec toutes ces galères, il n’aura pas démérité et aura délivré un show aussi classique que sa musique, mais plutôt bon et assez brutal.
Alors que la nuit s’abat sur Saint-Maurice-de-Gourdans, l’une des formations les plus attendues du vendredi commence ses balances. Rien qu’à ces simples extraits de morceaux, on devine qu’on va assister à un vrai show. Et la chose n’est pas démentie lorsqu’Opium du Peuple envahit les planches sur un air de Disney. Parce que, petite précision, le groupe reprend à sa sauce Punk Rock des standards de la chanson française. Le truc n’a rien d’original sur le papier : on a tous déjà entendu un groupe du genre à une fête de la musique ou autres. Mais là où Opium du Peuple se démarque, c’est qu’il ne va pas puiser son style du côté des groupes californiens aseptisés à la Blink 182, non, une bonne dose de Rock n’Roll vient rendre son Punk nettement plus crasseux et couillu – et ce, malgré la présence de deux chanteuses peu prudes. Du coup, les compositions prennent un aspect vraiment étonnant et parfois bien éloigné du tube original, tout en étant parfaitement reconnaissable. Surtout que les paroles sont souvent détournées au profit d’un humour pointant assez souvent sous la ceinture.
L’humour, d’ailleurs, on le retrouve dans le jeu de scène, avec des postures, des interactions entre trois chanteurs (en particulier, mais pas que), et à travers les multiples interludes qui viennent ponctuer les entre-deux. Tout est ultra-pro, ultra-calculé et pourtant, Opium du Peuple parvient à nous faire croire à un bordel. Bordel maitrisé, mais bordel quand même.
La soirée mousse, elle, bat son plein.
Et la voilà, la tête d’affiche, celle dont tout le monde parle depuis le début de la soirée. Pas forcément parce que c’est le moment réellement attendu, plus par curiosité. Le décalage de la programmation fait son effet, même si Bernard Minet était déjà présent à la première édition.
Et on pourrait reprocher pas mal de choses. Un écart trop grand avec le reste de la programmation, la musique diffusée sur enregistrements (avec la voix incluse, ce qui ne veut pas dire playback non plus) et donc l’absence d’orchestre, ce qui aurait pu être intéressant, quelques trous de mémoire de du chanteur, qui se repose alors sur les bandes…
Pourtant, je dois avouer que j’ai aimé.
Déjà par nostalgie, c’est un bout de mon enfance que j’ai pu revivre et je me suis surpris à chanter en chœur. Mais aussi parce que le chanteur possède bien plus de second degré et un vrai recul sur lui-même que n’a pu le laisser croire une récente interview controversée, en témoigne la courte reprise de « Chanson Biouman » des Inconnus (qui le parodiaient allègrement). De plus, sa capacité à transmettre son plaisir non-feint à un public vraiment réceptif fait mouche. Ce dernier chante, participe, puis une queue-leu-leu géante se forme… Enfin, dernier argument, et pas des moindres, Florian de Bounty Hunter (le groupe de Grind des organisateurs) rejoint la scène à plusieurs reprises avec deux autres musiciens, tandis que Minet passe à la batterie, pour des versions… originales des génériques. Ces moments représentent les plus fous et convaincants de cette heure, même si le public cible de l’artiste a dû être surpris.
Non, vraiment, beaucoup ont reproché ce choix, ce show avait ses défauts, mais personnellement, j’ai trouvé ça cool.
1 Commentaire sur “Sylak 2015 – Jour 1”
Posté: 15th Sep 2015 vers 9 h 14 min
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