Ce mois de février nous aura gâté, niveau concert dans la région. Entre le Forum Fest il y a trois semaines, No Return, demain, samedi 22, et ce The Small Four ce vendredi 21, j’ai pu pas mal rattraper mon sevrage involontaire de live, qui durait depuis la Fête de la Musique, quand même. Il fait beau, bon, la salle est pas loin, elle est plutôt cool, et en plus, c’est gratuit, hors adhésion, alors pourquoi se priver ? Quatre groupes, tous issus de la région, tous jouant fort, voilà ce qui nous est promis, et ça démarre avec Synopsys.
Un démarrage doux et lent, qui met en place toutes les ambiances, prenant bien son temps pour se distiller à travers la salle. La musique s’insinue dans la fosse, jusqu’à la première explosion. Car c’est ça, Synopsys, une émotion qui naît des extrêmes, entre des passages ambiants, tirant vers le Post-Rock, avec un chant à base de chœurs parfois proche du Rock Progressif, et des parties Postcore plus rageuses aux cris écorchés. Synopsys porte étonnamment bien son nom, sa musique se comprend à partir des émotions qu’elle dégage, c’est un vrai film musical qui se déroule devant nos yeux et, surtout, dans nos oreilles. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, malgré la petitesse de la scène, ils tiennent à mettre en place un petit écran sur lequel défilent des images d’une étrange poésie inquiétante. Les morceaux sont longs, tirant dans les dix minutes, et semblent raconter une sorte d’histoire. Pas une histoire dans le genre un début, un milieu et une fin, mais quelque chose plus proche du rêve, une progression qui nous insuffle des images dans notre esprit. Et si les membres du groupe restent effacés derrière leur musique, sans avoir la tête dans leurs chaussures pour autant, c’est pour mieux nous faire profiter des atmosphères qu’ils dégagent.
On vide la scène de tout matos superflu, et puis changement radical de style, avec les timbrés de Godisdead. Groupe pour lequel j’étais venu à la base, ayant vraiment aimé leur mélange de Thrash/Black Stoner Punk bien barré, que j’avais découvert grâce à leur album II. Et connaissant leur musique, malsaine à souhait, je m’attendais à un peu tout. Voir du sang, des crânes de bouc, ou des sacrifices de vierges n’aurait pas été étonnant. Tout comme les voir arriver complètement bourrés, incapables de tenir debout et presque autant de jouer. Pourtant, ces gars, s’imposent en de vrais putains de pros. Une présence qui s’installe et s’impose dès l’entrée des gaillards, dès les premiers riffs, dès les premiers hurlements d’Alex, chanteur-bassiste. Ne pouvant mettre en scène toute la déchéance de leur musique sans tomber dans l’illégalité, c’est leur côté très Punk, que nous montre le combo. Les canettes de binch commencent à couler dès les premiers pas sur les planches, pas pour être bues, non, mais pour être vidées dans un verre, lui même balancé dans l’assemblée à qui veut en boire quelques gorgées. Entre les riffs furieux et décadents, interviennent ce genre de moments forts, le micro est même lâché dans la fosse pour que les plus furieux du public s’époumonent. Un groupe qui sait investir les planches, donc, même si François, le deuxième guitariste, se montre un peu plus discret, sans s’effacer non plus. Et après nous avoir offert un titre inédit issu de leur prochain album – que j’attends, vous pouvez pas savoir –, Godisdead quitte la salle, rendue aussi souillée qu’une pute au petit matin, après une nuit bien rentable.
Souillée, oui, fatiguée, absolument pas, parce que le public, bien chauffé par le groupe précédent, se montre encore plus énervé avec Clone Shop. Troisième groupe de la région, dans lequel on retrouve Vincent, le chanteur/guitariste de Synopsys, troisième genre, avec du bon Death Metal bien violent, mais toujours un son aussi fort. Trop peut-être ? Bon, l’habitude des boules quies préserve des acouphènes, néanmoins, j’ai eu la petite impression que le volume élevé ne servait pas totalement la musique, qui, bien que gagnant du coup en intensité, paraissait un chouille confuse. Chose aussi due au fait que je n’en connaissais pas les morceaux. Néanmoins, ce petit défaut est largement compensé par une énergie de dingue, qui semble prendre chacun des membres, particulièrement rageurs – avec une belle mention spéciale à Vincent, dont le jeu diffère totalement de celui qu’il montrait dans Synopsys, et à Pierre Gilles, qui sait s’éclater même avec un soutien-gorge au bout de sa basse –, et se diffuser jusqu’au public. Un public, comme je l’ai déjà dit, particulièrement remonté ce soir, entre les pogos, les cirlce pits et les slams, et qui frôlera même quelques petites catastrophes en conduisant certains sur la scène, faisant tomber le pied d’un micro et le micro qui va avec… Bref, même si on est « seulement » en présence des Small Four, l’énergie est là, aussi bien sur les planches, avec Clone Shop, que dans la fosse.
Il est plus de minuit lorsque le quatrième et dernier (sinon, ça ne s’appellerait pas The Small Four !) entame son show. Les rangs ont été un peu clairsemés par l’horaire tardive. Clairsemés, oui, mais toujours en forme ! Et on nous le montrera tout au long de cet ultime set. Alors déjà dès qu’il démarre, le Thrash de Jack Face nous fout un gros poing dans la gueule grâce à un groove tout bonnement incroyable ! Surtout que ça nous est servi par des musicos qui en imposent dès les premiers instants – avec une entrée en matière particulièrement efficace et réellement impressionnante, et qui ne se verra pas démentie par la suite –, complètement assurés et énergiques. Les quatre gaillards prennent super bien l’espace qui leur est confié. Le show est super carré, mais sans tomber pour autant dans la chorégraphie trop répétée et sans surprise. Et puis, si les lights sont un peu sombres pour mon objo à la faible ouverture, elles n’en sont pas moins très dynamiques pour mettre le tout en valeur. C’est simple, il aura même pas fallu une minute pour que je soit totalement totalement pris par la musique et par le show. Le reste de l’auditoire semble être tout aussi réceptif. Et si, à bien vite une heure du mat’, le public s’est un peu (mais alors juste un peu) calmé niveau « on monte sur scène pour foutre le dawa », les pogos et tout le reste remuent encore bien bien bien la foule. Tellement, même qu’ils ne cesseront pas et qu’ils prendront de plus en plus d’espace.
À une heure et demi du mat’, le concert se termine, et pourtant, la salle restera agitée et ne se videra pas tout de suite. Une soirée qu’on n’a pas vu passer. Le genre de concert qui vaut à lui tout seul qu’on paie la cotisation – au prix faramineux de 2€ !! Wouah ! – à l’association. Les Passagers du Zinc, des concerts comme ça, c’est quand vous voulez !
3 commentaires sur “The Small Four : Avignon – [21.02.14]”
Posté: 10th Mar 2014 vers 9 h 42 min
salut lusaimoi!! merci beaucoup pour cette chronique du small 4!! juste un truc, quand on est monté sur scene… on été bourré, mais on a quand meme botté des culs!!! Ah! merci encore et a+!!!
Posté: 11th Mar 2014 vers 12 h 31 min
La classe!! 😀
Posté: 12th Juil 2015 vers 13 h 45 min
[…] qui arrive, avec Synopsys. Le groupe de la région, que j’avais déjà pu voir lors de la soirée The Small Four, avec, entre autres, Godisdead (dès que je peux parler d’eux, je le fais, voyez ?). Et il est […]
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