Serait-il possible de nous faire une présentation de votre formation pour nos lecteurs?
Douchan : Polarys est une formation metal parisienne, qui recoupe différents courants du genre, entre autres le heavy, le thrash, le prog, le power, le metal atmosphérique. Cette base musicale s’inscrit dans une thématique de science-fiction, un univers futuriste à part entière, tant dans l’identité visuelle et scénique du groupe que dans le concept space-opera de notre premier album, The Va’adian Chronicles.
Vous avez signé avec le label Brennus Music pour la publication de The Va’adian Chronicles, en avez-vous une certaine fierté?
Douchan : Bien entendu, d’autant plus que c’est un label dont je suis les groupes depuis pas mal de temps. Le premier disque que j’avais acheté d’un groupe Brennus Music, c’était Torn Between Two Worlds, le premier album de feu Dream Child.
Fabio : Par ailleurs, nous avons chroniqué et fait des interviews de groupes du label dans notre ancien webzine Heavy Nation. Nous entretenions donc de bons rapports.
Comment avez-vous choisi ce label?
Douchan : Eh bien pour The Va’adian Chronicles, étant donné qu’on avait tout enregistré et produit nous-mêmes, il nous fallait un distributeur qui accepte nos choix artistiques. J’étais en contact depuis longtemps avec Alain Ricard qui dirige le label, depuis quasiment la parution de la chronique de notre première démo dans Hard Rock Mag, il m’a donc paru logique de lui envoyer la version démo de notre album.
Fabio : Oui, Alain connaît Polarys depuis un certain temps déjà, même si notre musique a pas mal évolué depuis la démo dont parle Douchan.
Douchan : La liberté et la confiance. Comme Brennus ne fait plus vraiment de productions, c’est aux groupes d’enregistrer leur album comme ils l’entendent, et ensuite de le proposer à Brennus pour la distribution ; s’il plaît, il sera distribué. Et puis, Alain Ricard est quelqu’un de confiance, mais également quelqu’un de passionné par ce qu’il fait. Perso, je préfère un label modeste comme Brennus mais qui fait des choses et qui s’occupe de ses groupes qu’un gros label qui les délaisse totalement, ne s’occupant réellement que de leurs plus grosses pointures.
Avez-vous des plans pour la suite? Des idées de concerts ou news à nous dévoiler?
Douchan : Déjà, l’album sort le 14 octobre et le 18, on fait une soirée de lancement au Dr Feelgood, à Paris-Bastille. On va essayer de faire un petit live acoustique pour l’occasion. Après, on aimerait faire une mini tournée pour défendre l’album. . C’est en cours de préparation et les dates seront données au fur et à mesure.
Fabio : On reste ouvert à toutes propositions : anniversaires, mariages…
Sly : Enterrements de vie de jeune fille… Et on prend pas cher.
Est-il possible de nous faire un track by track de votre album? Nous détaillant chacun des titres, ce qu’il représente pour vous, des anecdotes sur leur composition enregistrement, ou avec le recul que vous avez des choses qui vous interpellent maintenant… Enfin tous ce que vous voudrez bien nous dire.
Douchan : T’es sûr ? C’est historique ce que tu me demandes… Va falloir condenser 1h20 de musique en quelques lignes alors. Cool !
1. Overture
Douchan : Comme son nom l’indique, ce morceau ouvre l’album avec une première partie très atmosphérique, avec une voix féminine parlée qui pose le contexte initial de l’histoire qui va être contée tout au long de l’album, et une deuxième partie qui fait office d’hymne. Pour l’anecdote, la voix parlée du début a été enregistrée au studio Davout par une amie franco-britannique, Jessica Naylor, et le piano par Ayin Aleph pour ceux qui la connaissent.
Sly : L’histoire, c’est que quelque part dans notre gigantesque univers, les humains et les va’adiens se foutaient la paix mutuellement depuis des décennies. Mais un jour, ça a commencé à péter. Alors comme dans tout bon western spaghetti, chacun a commencé à défriser son voisin avec une question cruciale au bout des lèvres : « c’est toi l’empaffé qu’a tiré le premier ? »
2. CyberneticWars
Douchan : C’est la véritable entrée en matière, un morceau plutôt rapide de l’album, qu’on pourrait qualifier de speed-metal mélodique dans l’esprit, mais qui comporte néanmoins quelques surprises, dont un passage calme avec du violoncelle, interprété par Marie Potosnjak (les Derniers Trouvères, ex-Niflheim), et même une partie aux forts relents de disco après un duel de soli.
Sly : Je précise que c’est un hommage au groupe belge des années 70 « Polaris ». Mais ils ont dû mal le prendre car ils nous ont fait chier pour changer de nom. Et maintenant Polarys s’écrit avec un « y ». Au moins, on nous confond plus avec des motoneiges.
Fabio : Ce morceau envoie directement l’auditeur dans le vif du sujet
Le Commando POLARYS, issu de la 5ème flotte de la Confédération Humaine (pour être précis) est envoyé en reconnaissance pour enquêter sur le fait que le fleuron de la flotte humaine, le HCS Liberty, ne répond plus.
3. Lost
Douchan : Lost, c’est un indispensable sur scène ! C’est un peu notre hit, car relativement court, mid-tempo, assez entraînant, et de structure plus simple que la plupart de nos morceaux, donc plus facilement abordable, avec des lignes qui rentrent rapidement en tête. D’ailleurs je me suis fait maudire plus d’une fois pour cette raison !!! Sinon, pour l’anecdote, je me suis bien amusé à prendre une voix d’ordinateur de bord pour faire l’intro !
Lino : Oui, c’est notre Schyrka à nous qui y va de son bip-bip après que le commando Polarys s’est crashé (et non craché) sur une planète toute blanche…
Sly : de neige. Mais heureusement on est que 5 ! J’ajoute qu’à l’époque, Symheris (aujourd’hui dans T.A.N.K.) nous avait pondu cet excellent solo, que je trouve super intéressant car dynamique, avec des alternances de passages aériens et de parties rapides. A un moment donné, alors qu’il était en train de construire son lead, il nous fait comme ça : « eh les mecs, vous préférez ça, ou ça ? » Et là il nous sort deux putains de déboulés de notes que juste pour les jouer faut avoir fait 2 ans de stage chez Malmsteen. Et là, comme on ne réagit pas, il rejoue son truc une deuxième fois et nous dit « non mais parce que là, cette gamme, c’est une couille-molle ». On a explosé de rire avec Douchan. On lui a peut-être redemandé trois-quatre fois de répéter. Et lui, sérieux, de nous expliquer, une « kumoï », c’est une sorte de gamme exotique japonaise. Nous on était naze de rire. On lui a juste dit « ouais, ouais, garde ça, garde ça ! c’est excellent ! ». Franchement y avait pas bézef de différence entre les deux gammes mais avec un nom pareil, y avait pas photo. Et donc sachez-le, a un moment donné, sur une micro seconde, Symheris joue une couille-molle. Et ça, ça change tout. Mortel !
Lino : Accessoirement, c’est moi qui ai pris la relève après le départ de Symheris et je confirme que mon prédécesseur était un terrible guerrier. Ceci dit, en live, je tiens à restituer ses lignes fidèlement parce que Va’adian est un concept album. Mais maintenant qu’on compose sur de nouvelles choses, c’est à moi que revient l’honneur de déboîter.
Sly : Et tu déboîtes sévère, pervers (pépère) !
Douchan : Et encore un jeu de mot pourri. Rien ne t’arrête, toi ?
Sly : J’aurais pu dire « mala » mais personne n’aurait compris.
Fabio : Déboîter-mala ? C’est ça ?
Sly : Oui, mais ça passe mieux avec l’accent espagnol.
Douchan : …
4. Science Almighty
Douchan : Avec ce morceau, on passe à une atmosphère beaucoup plus lourde, pesante, et on assiste à l’entrée en scène d’un nouveau personnage.
Sly : Une sorte de savant fou.
Douchan : Ma voix y est donc soit growlée sur les couplets, claire et grave sur les refrains, et simplement saturée sur d’autres passages. Pour l’anecdote, sur la partie dark electro au milieu du morceau, c’est Sly qui a programmé la boîte à rythme en utilisant un tracker, c’est le seul passage de l’album sur lequel nous ayons décidé de remplacer la batterie par une machine car l’esprit s’y prêtait.
Fabio : Le côté froid de l’ambiance du morceau permet au clavier de faire côtoyer des sons électro avec des rythmiques de guitare bien lourde, un peu comme si on mélangeait Rammstein avec Kraftwerk.
5. Heading For The Crystal Dome
Douchan : Il s’agit d’un morceau épique, entraînant, en grande partie ternaire, avec une importante partie instrumentale basée sur des échanges entre les guitares lead et des passages joués en harmonie. Les deux refrains consistent en des questions-réponses entre moi d’une part et des voix féminines dont un chœur d’autre part.
Sly : Ça mon p’tit pote, c’est quand-même explicitement sexuel… et prétentieux !
Douchan : Uh uh. Oui mais j’assume. Fernando, notre ingé son, a enregistré les voix féminines lead chez moi et les chœurs d’Ayin Aleph au studio Davout. Sur la fin, on débouche sur un passage très calme et atmosphérique avec beaucoup d’émotions et sur laquelle je n’hésite pas à passer en voix de tête.
Fabio : Ce morceau malgré ses 8-9 minutes est l’un des plus efficaces de l’album. Il me fait penser à Carry On de Angra, avec des bases épiques, une partie symphonique efficace, et des riffs de guitares à la Helloween. Bref, que du bon quoi !
Sly : Accessoirement, au niveau de l’histoire, notre commando paumé dans la toundra se fait capturer par leurs ennemis jurés (ils portent la casquette à l’envers – ah ah). Franchement, ça tombe bien parce que les chances de survie commençaient à s’amenuiser. Y avait plus rien à bouffer et on avait tous les chaussettes trempées.
6. Recurrent Dream
Douchan : Recurrent Dream c’est le moment de repos de l’album, à la fois dans l’histoire puisqu’il s’agit d’une forme de rêve éveillé d’un des protagonistes, que pour l’auditeur, car Onov ne joue pas dessus ! C’est donc un morceau calme, très orchestral, avec parfois plus de 10 lignes de claviers superposées, mais aussi du piano à queue, et du violoncelle, quelques notes de basse et des guitares tantôt saturées, tantôt planantes à la Pink Floyd. Contrairement aux autres morceaux de l’album où tous les membres participent aux arrangements, j’ai pris en charge la totalité des arrangements, ainsi que l’enregistrement de toutes les lignes de guitare et de claviers.
Sly : Moi quand j’repense à ces petites envolées lyriques, ces notes à peine effleurées, ces modulations pitchées et ces bends pleins de patchs… Ça m’fout la gerbe. M’enfin fallait bien un morceau pour plaire à nos vieux.
7. Crimson Stained Times
Douchan : Les premières notes de Crimson Stained Times annoncent le reste du morceau : il est rapide, clairement marqué speed-metal mélodique, et avec beaucoup de changements de voix. Au milieu du morceau, il y a un passage assez funk, avec basse slappée et une fin bien inattendue !
Fabio : Ce morceau est très efficace en live. Perso, je m’éclate à le jouer car il me fait retomber dans mon adolescence, époque Sonata Arctica, où les claviers et les guitares se déboîtaient les doigts pour jouer le plus vite possible. Après ce morceau en live, on est toujours en sueur.
Sly : Dans ce morceau, on en apprend des caisses sur les croyances va’adiennes et la prophétie de « la période pourpre »… sur Terre, c’est une fois par mois.
8. A Secret Revealed
Sly : C’est la pièce centrale de l’album avec un morceau épique de 12 minutes. L’intro est extrêmement glauque avec ses accords diminués puis vient le gros du morceau, qui envoie des couplets thrash syncopés et des refrains aux relents d’hymnes. Onov fait un mini passage solo et de même, j’ai sorti une ligne de basse en tapping dont je suis assez fier. Pour ce passage, je me rappelle que Douchan me mimait un écran d’ordinateur affichant des instructions et il voulait que je m’inspire de sa pantomime pour faire mon solo de basse. C’est vraiment très drôle quand on y repense, surtout vu l’harmonie complexe des accords sur lesquels je devais jouer m’amenant à changer sans arrêt de position. C’est toujours compliqué de refaire ça en concert.
Il y a aussi un hommage à Manowar dans ce morceau. On a beaucoup rigolé en studio avec ça. Mais « chut », seuls les plus attentifs devineront de quel passage il s’agit.
Et pour Astral Vault, la « Part 4 » du morceau, c’est le calme avant la tempête. On s’est souvent servi de ce morceau orchestral pour ouvrir nos concerts. Ce titre a une tonalité particulière et en live on en profite généralement pour se galvaniser. C’est notre haka. Par ailleurs, cette partie est très ancienne puisque Douchan l’avait à l’époque écrite en midi. Il avait une idée précise du rendu dès le départ. Plus tard il a ajouté des timbales et des gongs mais sinon ça n’a pas beaucoup bougé.
Douchan : Vu le titre du morceau, on voudrait pas trop vous « spoiler » le plaisir. Comme vous l’aurez sûrement compris, c’est le tournant de l’histoire.
9. Hyperspace
Sly : C’est un grand classique basé sur une rythmique excellente et des refrains pleins de chœurs. Une fois encore, Symheris tape un grand coup avec un solo très mélodique et impressionnant, mais je tiens quand même à rendre à César ce qui est à César puisque la ligne d’origine du solo, même si elle a bien bougé, avait été amenée par notre guitariste précédent Sébastien Normand.
Douchan : C’est de ce morceau qu’est tirée notre devise : « We pierce the space from side to side ». Un morceau qui parle d’emprunter un passage spatio-temporel.
Sly : Oui, on emprunte un petit trou, une sorte de backdoor. On entre côté sud. Puis alors qu’on cherche un chemin dans les ténèbres, risquant à tout moment de chavirer dans la panade, on finit par se frayer un chemin vers la lumière. Et nous voilà ressortis face nord, nimbés de gloires, sans un pet sur le revers des « cosmo-trousers ». La classe, quoi.
10. Chaos Unleashed
Sly : C’est le second morceau extrême – typé death-metal – de l’album qui fait de nouveau place à la voix du grand méchant.
Douchan : Oui, et cette fois-ci, il se prépare à faire la guerre.
Sly : Franchement, Douchan tu t’en es donné à cœur joie au niveau des paroles. Alors que tu avais adopté une tonalité très sérieuse sur tout le reste de l’album, là je trouve que tu t’es lâché. D’abord, il y a la manière dont le gars harangue ses troupes : « Forth, my children, my servants, my slave ! ». Et puis les refrains « No love, no fear… ». Mais le summum, c’est la fin. Un jour, Douchan nous a dit comme ça : « Comment on pourrait faire pour que le méchant atteigne des sommets d’ignominie, qu’il soit vraiment détestable, l’ennemi ultime »… et peu à peu, la réponse s’est imposée d’elle-même comme une évidence : « il va faire du rap ! ». Et donc c’est une histoire vraie. Vous pouvez vérifier, il y a bien un passage chant rap vers la fin de ce morceau. L’ennemi ultime du Metal. Lol. Franchement, on s’en bidonne encore.
11. Battle Of Light
Sly : Le grand final. C’est un très vieux morceau du groupe qu’on jouait à l’époque sous le nom de Death Star puisque Douchan s’était librement inspiré de Star Wars à l’époque. Il subsiste encore quelques références mais pas de quoi payer des droits à Georges, pardon Disney.
Ça ouvre par un battle harmonique à deux guitares. Après quelques couplets mid-tempo et refrains speed-metal, on arrive sur une partie arpégée qui va grandir en intensité pour nous amener graduellement jusqu’au final titanesque avec tous ses solos et compagnie. On en profite sur scène pour laisser Onov taper comme un dingue. Cette partie-là a souvent changé. Au tout début, ça ressemblait à du Pink Floyd et ça durait des plombes. On a appris à mieux gérer tout ça et c’est très intense. La toute fin, très lyrique, a été inspirée par le morceau Keeper of the Seven Keys de Helloween, dont Douchan est un grand fan.
12. Infinity
Sly : Encore une ballade. Mais là c’est un au revoir. On trouvait ça sympa de clôturer cet album atypique par un épilogue. Après, on sait très bien que c’est aussi le côté « pouet disparu » de Douchan. Il peut pas s’empêcher d’essayer de faire chialer les mémères. C’est son truc. En tout cas, vous remarquerez ma magnifique ligne de basse, typique de mon jeu, avec moult slides qui ont fait ma réputation et mon surnom. Et c’est sans doute une des rares fois où vous entendrez cet instrument sur l’album, alors profitez-en.
Douchan : Oui, encore une ballade, mais contrairement à Recurrent Dream, celle-ci prend en ampleur, avec une montée en puissance progressive. Je sais que je vais rentrer dans les clichés les plus innommables avec cette petite anecdote, mais j’ai composé ce morceau juché sur une falaise près du village de Howth en Irlande à quelques kilomètres au nord de Dublin, en pleine tourmente spirituelle ! Si si, c’est vrai ! Haha vous trouvez ça cul-cul pas vrai ? Tant pis, j’assume ! Cela explique en grande partie les bruits de mer et le côté très introspectif de ce morceau, qui annonce la retraite et l’exil volontaire des membres du commando. Mais rassurez-vous, ce n’est pas la fin mais juste une fin !
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Chronique de l’album:http://www.soilchronicles.fr/chroniques/polaris-the-vaadian-chronicles
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