King Bastard – It Came From the Void

Le 14 janvier 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Mike Verni:: guitare
  • Isabel Guido: claviers, saxophone, chant
  • Arthur Erb: basse
  • Matt Ryan: batterie, percussions

Style:

Stoner / Doom Metal

Date de sortie:

14 janvier 2022

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10

« Les gens d’ici sont comme cela parce qu’ils ne savent rien d’intime sur eux-mêmes, parce qu’ils traînent une vie qu’ils n’ont jamais pensée. On leur a seulement dit qu’ils l’avaient reçue et qu’ils devaient la garder. Certains la traînent comme un boulet, d’autres l’endurent comme une longue et incurable maladie. Tous sont étranglés par la vacuité de cette vie à garder sans raison donnée, sans raison admise. C’est de vivre pour rien qu’ils mourront un jour prochain et que le monde n’en aura rien à faire. Telle est cette terre première, le fameux berceau de l’humanité : elle n’engendre plus que des faits divers.  » Leonora Miano

La question de la vacuité a toujours été un sujet philosophique qui m’a passionné. Curieusement ou non, c’est un sujet que l’on retrouve dans le metal, et je suis intimement convaincu qu’il s’agit bien de la vacuité, et non du vide en lui-même. Il y a les deux sens littéraux donc méfiance avec cette confusion. La vacuité telle que la mentionnent les philosophes concerne l’existence même de l’individu, et surtout son vide existentiel voire intellectuel. Le vide, ou « vide existentiel », est une condition humaine caractérisée par un sentiment d’ennui généralisé, d’aliénation et d’apathie. Des sentiments de vide peuvent survenir pendant la dysthymie1, la déprime, la solitude, l’anhédonie, le désespoir, ou autres troubles émotionnels/mentaux, dont les troubles de la personnalité schizoïde, schizotypique, borderline, et le trouble du déficit de l’attention. Un sentiment de vide peut également survenir lors d’une séparation interpersonnelle, à la suite d’un décès, ou autre changement significatif. Cependant, la signification de « vide » varie selon le contexte, et la tradition culturelle ou religieuse dans lesquels il peut être employé. Mais quoiqu’il en soit, cette notion je l’affectionne avec son lien fusionnel avec certaines pathologies psychiatriques que je croise dans mon service. Le « vide psychotique » comme on dit. Cela questionne aussi dans le sens que l’on donne à notre vie, et je dois vous avouer que ma période actuelle n’est pas simple. Actuellement la seule distraction qui me fait du bien, c’est l’exercice de la chronique. Et la musique en général! Voilà pourquoi ce soir je n’ai pas pu m’empêcher de faire un préambule sur la notion de vide existentiel, puisqu’il y a un groupe qui m’a indirectement ou non rappeler ceci : c’est King Bastard et son EP nommé « It Came From the Void ».

Derrière ces noms pittoresques, se cache dans un premier temps un groupe. Suspense hein? Mais pas n’importe lequel! King Bastard vient de la ville de New York qu’il me semble ne pas avoir besoin de présenter. Si? Allez! Un groupe américain qui a donc posé ses premières armes durant l’année… On ne sait pas. C’est délicat de faire des chroniques dans le style stoner psychédélique puisqu’on n’a pas les mêmes informations qu’ailleurs. Bon. Quoiqu’il advienne, après avoir farfouillé dans les brumes épaisses d’Internet, j’ai fini par dénicher la quantité astronomique de sorties que le groupe a proposé. Soit : un EP. Album? Bref on ne sait pas, mais ce dernier nommé donc « It Came From the Void » était précédé d’un single avec un titre présent sur le skeud. King Bastard est composé de quatre musiciens, avec notamment un gars qui fait du saxophone ce qui est peu commun dans le genre. J’avoue que la fatigue ne m’aide pas à partir sur de bonnes bases, j’essaye de me motiver mais il me faudra du temps. Autant être honnête tout de suite!

Pour la pochette, j’aime bien le concept général avec cet hommage à la franchise Alien, enfin en tout cas j’y vois une référence. Ce cosmonaute de la NASA réduit à l’état de squelette en position de cri, qui semble être happé, sinon entouré d’un vortex lumineux et couvert de flashs colorés, j’y vois en effet une sorte de référence à cet univers filmographique. Mais en lui-même, cet artwork ne me dit pas grand-chose. Je reproche à ce dernier une certaine confusion entre le côté psychédélique qui induit souvent une imagerie old school, et cette dernière qui semble être très moderne dans l’élaboration, j’ai de facto un peu de mal à m’y retrouver. Après, selon la volonté du groupe, on peut entendre ces choix moyens, mais sincèrement, je préfèrerais autre chose. Donc je ne vais pas polémiquer plus.

Pour la musique, je dois dire qu’au début j’étais agréablement surpris de découvrir ce qui ressemblait à un bon, voire très bon stoner doom metal, avec des riffs lents et un son particulièrement épais et boueux, mais avec une connotation rock incroyablement bien faite, entrainante et revigorante! Et puis, sans trop que je comprenne pourquoi, King Bastard a basculé dans un long, très long modèle progressif avec des parties psychédéliques intéressantes mais vite redondantes. A la rigueur on aurait pu trouver une touche jazzy sur certains morceaux et l’apport du saxophone est prépondérante pour originaliser ces fameuses parties que je définis comme « mortes ». Le seul souci c’est qu’elles sont trop longues. Catégoriquement! Je me suis vite ennuyer, je n’ai pas compris l’intérêt de mettre des lignes musicales aussi vides, avec une basse qui se retrouve toute seule aux commandes avec la batterie, et d’entendre que de temps en temps une note de guitare par-ci par-là, et le tout dure parfois la moitié d’une piste. Alors, je veux bien jouer la carte du psychédélique, mais il faut un peu de patate quand-même, surtout quand on a un véritable clivage entre des riffs stoner doom metal lourds et mélodiques, et des passages presque en clean. Pour le reste, je ne jette pas la pierre aux américains concernant la sempiternelle question de l’originalité de la musique puisque, naturellement, « It Came From the Void » est un album classique du genre, qui ne révolutionne pas le genre stoner hormis peut-être un ou deux courts passages au saxophone mais insuffisants pour donner une quelconque envie de démarquer King Bastard. Mais bon, je peux dire que la première écoute a été globalement satisfaisante, agréable et non dénuée d’intérêt. Mais sans enthousiasme réel.

Je pense que mon manque d’enthousiasme intervient en partie à cause de la production. Elle est loin d’être dégueulasse! Mais il y a quelques manquements qui sont inhérents à ce que l’on entend souvent dans une autoproduction. Rien de grave! Mais on devine que le son est trop épais, limite grésillant dans le casque sur les passages stoner doom metal. D’aucuns diront que c’est normal mais un son boueux peut l’être sans pour autant tomber dans le trop-plein. Après, curieusement, les passages calmes que je n’aime pas beaucoup, j’y préfère le son. Parce que la basse occupe du coup une place importante, ce qui là encore est normal mais la surenchère sonore permet une vraie mise en avant que je ne trouve pas déroutante. C’est tout le paradoxe que je retiens de cette production. Pour le côté psychédélique, il convient de dire qu’il faut s’attendre à beaucoup d’effets sur les guitares, c’est d’usage mais certains seront sans doute étonné. Et au moins les effets m’ont paru tout à fait en adéquation avec le reste. C’est au moins un bon point! Dans une production qui en a des petits inversés.

Je retiens néanmoins après deux autres écoutes que cet album est un hommage à un univers cinématographique très spatial, j’ai cru reconnaître quelques narrations de films captés. Je trouve que cette nostalgie artistique a le mérite de planter un décor précis pour « It Came From the Void », et de lui donner une identité. On peut critiquer comme moi la composition de l’album qui s’avère effectivement reprochable, mais au moins King Bastard se pare d’une identité intéressante et pleine de potentiel. Je pense qu’à la lumière de ces écoutes, je suis en mesure de penser que le groupe américain a de quoi s’améliorer et grandir, il ne manque pas grand-chose en plus. Simplement, retenir que la composition mérite d’être revue sur le jeu clivant entre le stoner doom metal lent et mélodique, et les parties psychédéliques, pour pourquoi ne pas essayer un mélange plus homogène entre les deux. Une sorte de musique hybride, ou une musique qui privilégie plus un style qu’à l’autre par exemple. En cinq titres, je dirais donc que cet album a montré de la réserve dans tous les sens du terme. Et c’est donc un constat pas aussi mauvais que je le pensais au final!

Le chant quant à lui me laisse un peu plus perplexe dans son utilisation. Pour vous la faire courte, il n’y en a pratiquement pas et c’est dans un style très high scream, donc plus sur une idée black metal… Alors là, je reconnais avec un tantinet de honte que j’étais bien content que le chant soit aussi peu présent, parce que je n’aurais pas supporté cette technique vocale qui s’adresse pourtant plus à un style qu’à d’autres, sur tout un album avec de la présence accrue. Alors, c’est sur cette étrangeté qui consiste à louer le peu de présence du chant que je dis : merci! Sérieusement, ce n’est ni fait ni à faire, et cela ne colle pas du tout avec les riffs mélodiques très stoner de l’album. Cette orientation vocale me laisse perplexe au plus haut point même si techniquement parlant, le chant est bon.

Pour finir ici cette nouvelle bafouille, je pense que j’aurais aimé faire mieux pour une chronique qui sera présentée en release du jour demain. Mais force m’est de constater qu' »It Came From the Void » est un album perfectible et récoltant le fruit de son errance artistique. Alors rassurez-vous, la musique stoner doom metal avec quelques rajouts psychédéliques est loin d’être traumatisante! Mais il existe un tel clivage entre les deux genres qu’on n’en vient à se perdre sur ce que l’on doit ressentir à l’instant T. Je n’épiloguerai pas sur le chant mais retenons pour ce constat que King Bastard doit probablement encore piétiner ses doutes avant d’enterrer ces derniers pour aller de l’avant sereinement. C’est donc un premier album à prendre avec ses doutes, et ses moments de clairvoyance. Et vous arriverez comme moi à trouver du bon pour l’avenir. Lâchez rien les gars!

Tracklist :

1. From Hell to Horizon
2. Kepler-452b
3. Psychosis (in a Vacuum)
4. Bury the Survivors/Ashes to Ashes
5. Black Hole Viscera
6. Succumb to the Void

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