Line-up sur cet Album
- JC EX : tous les instruments
- Sakrifiss : chant, parolier
Style:
Dark Ambient / Musique Bruitiste / Black MetalDate de sortie:
01 août 2022Label:
Les Acteurs de l'Ombre ProductionsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
« Ayant peur de son ombre, elle avait une peur bleue des araignées et mourrait de peur à leur contact, même si elle éprouvait plus de peur que de mal. » Jacques Caron
C’est marrant que cet album m’échût un jour particulier durant mes vacances parce que le sujet dont je traitais avec ma belle-famille le même soir était en rapport direct avec ce qui est proposé ici. Alors, je précise une chose moins glorieuse : je l’ai reçu pendant mes vacances mais je ne l’ai pas chroniqué pendant, je n’ai pas la passion avec autant de verve qu’il faudrait pour que, durant mon repos annuel je sois dans une méditation musicale qui couperait mes activités ensoleillées. Non! Mais une fois rentré, une fois le cerveau bien reposé, on y retourne. Mais en fait, on parlait avec notamment le neveu de ma femme de la peur. Cette notion assez délicate et fort méconnue, malgré le sentiment qu’on la connaisse tous et que l’on confond souvent avec l’angoisse. Permettez-moi donc de vous faire un petit cours clinique sur la différence entre la peur et l’angoisse. Car la question se posera pour la rédaction de cette chronique. La peur est le sentiment que l’on éprouve à la vue d’un danger ou d’une situation qui nous met en insécurité. Tandis que l’angoisse résulte d’une peur d’anticipation d’un évènement particulier et qui ne laisse transparaître pourtant aucune insécurité. En fait un philosophe du nom de Heidegger disait que l’angoisse est une « expérience fondamentale de l’homme, qui lui permet de saisir la réalité du monde, ainsi que la sienne propre. » Sous-entendu que l’angoisse est le résultat de notre perception de la réalité et de sa pénibilité profonde. Je vous passe les manifestations corporelles et psychiques, simplement je fais ce petit rappel parce que les gens ne mesurent pas combien l’appréhension de la réalité est une démarche dangereuse et donc, anxiogène. Nous sommes tous confrontés à des situations qui nous poussent à l’angoisse, comme prendre l’avion, aller à un rendez-vous d’embauche, ou tout simplement se demander si on ne va pas trouver sa voiture cramée en se levant un matin. Et j’imagine que sans s’en rendre compte, certains artistes expriment via leurs créations une angoisse soit refoulée, soit en mal d’expression autres que par ce biais détourné. C’est ainsi que je me retrouve souvent à découvrir des albums qui parlent, sans le vouloir ou bien l’inverse, d’angoisse, souvent existentielle. Mais quid des albums qui parlent de la peur? La vraie peur! Celle qui fout littéralement les pétoches quand on se retrouve dans la pénombre du salon, à rechercher la fraicheur, où le moindre bruit vous fait tressaillir et où les formes les plus obscures de votre salon deviennent des paréidolies? Franchement, jusqu’à ce soir, je n’en avais pas beaucoup entendu. Qu’un album flanque la frousse parce qu’il est obscur au possible, oui cela m’est arrivé notamment avec Lebenssucht par exemple, ou l’album « Exile » d’Anorexia Nervosa. Mais d’avoir le sentiment que la peur elle-même ait enfin une figure musicale, non. cela ne m’est encore jamais arrivé. Jusqu’à ce soir. Et c’était pré-destiné au vu de la conversation engagée sur la peur et l’angoisse. Voici donc le groupe Peurbleue et son album nommé « La Ciguë« .
De Peurbleue, on n’a que peu d’informations mais pour tous les amateurs de black metal européen, le nom de l’un de ses créateurs parle de lui-même : Sakrifiss. Connu pour son rôle de YouTubeur dédié au black metal, surtout français d’ailleurs et pour ses chroniques pour le compte de nos collègues de Thrashocore, il est également un musicien évoluant principalement en chant pour le compte des groupes Enterré Vivant (avec Erroiak) et ancien de La Faim d’Etang et The Skaden (traduction des textes en japonais). Connu également pour sa superbe cagoule découpée dans un jean ne laissant voir que de grands yeux bleus globuleux, « Levi’s L’éventreur du Japon » comme on l’appelle puisque notre copain y vit revient donc aux affaires avec un projet bicéphale monté avec un certain JC EX qui s’occupe des parties instrumentales, Sakrifiss se contentant je cite des « vocaux impétueux ». Terme poétique original surtout présent pour dire du chant en high scream très puissant, et éventuellement quelques narrations. Peurbleue est donc le projet qui nous intéresse ce jour, avec la sortie cette année de « La Ciguë », suivant un album sorti quant à lui en 2021 nommé « Construction de la Violence« . Comme souvent, le mystère autour d’une formation attire les curieux, et le fait de ne pas avoir les « vraies » identités des musiciens ainsi que la date de formation rajoutant du piment sur ce plat déjà alléchant, je pars donc sur un raptus fortement impétueux lui-même (pléonasme). On y va!
NB : je ne sais pas si vous avez écouté les vidéos YouTube de Sakrifiss, mais il y a parfois un côté Riddler dans le dernier Batman je trouve, c’est bluffant.
En tout cas, on ne peut pas enlever à Sakrifiss et JC EX une certaine… Cohérence. Parce que Peurbleue se pare pour l’occasion et même depuis le premier méfait d’une pochette bleue. Voilà! Comme cela, c’est fait, on passe à autre chose! Merci les gars! Paragraphe suivant! … Non je plaisante bien sûr. Mais effectivement, l’utilisation de cette couleur bleue est à la fois étrange et démontre aussi, plus étonnement encore, une certaine gênante. J’adore le bleu, c’est ma couleur préférée, et non seulement je n’ai pas souvenir d’avoir vu cette nuance quelque part, mais en plus j’ai vérifié sur Photoshop (véridique) pour voir de quelle nuance il s’agissait. Il s’agit de la nuance « 017793 ». Comment cela, vous vous en foutez? Ben pas moi! Parce que j’adore la pochette en fait. Parce que j’épilogue pour rire sur la couleur bleue, mais en vérité, on pourrait tout aussi bien parler de l’expression de peur qui transpire terriblement de l’artwork qui s’avère être une photographie. On y voit un homme sur un trottoir regardant à droite, décontracté, tranquillement serein sous ce réverbère mais il y a deux éléments qui sont particulièrement dérangeants. Le premier est cet arbre, qui apparaît sous la lumière du réverbère avec cette impression qu’il est mort, ou alors est-ce une espèce d’arbre qui donne ce sentiment mais il est spécialement macabre, je ne sais pas pourquoi. L’effet de lumière lui donne en tout cas un côté triste et flippant à la fois comme une sorte de grosse griffe. Et puis surtout, ce personnage en avant-plan, flou, qui tourne le dos à l’objectif et dont la forme du crâne, si tant est qu’il n’y ait pas de coiffe dessus qui fait cet effet, est déformé en trois bosses très distinctes, et ce personnage plus spécifiquement me flanque la chair de poule. D’abord parce que son aspect est bizarre. Et enfin parce qu’on devine qu’il n’a pas forcément d’intentions pacifiques à l’égard de l’autre homme qui semble déconnecté de tout danger. Je pense qu’en fin de compte, Peurbleue a voulu nous immiscer dans une sorte d’ambiance « hantée », avec ce personnage de dos qui semble être plus une sorte de fantôme ou de manifestations paranormales symbolisant le côté métaphysique de la peur et qui fait que nous autres, humains ridicules, nous n’en avons pas la pleine conscience. D’ailleurs, cette image me fait penser à un lieu hanté. En tout cas, l’intérieur de la pochette me parle moins, je trouve cette main difforme avec un… Bouton pression? Clou? Moins à propos que le devant de la pochette. Les photos sont belles quand-même, mais je suis moins touché que le devant qui est véritablement flippant, dérangeant. En fait, pour que l’ensemble visuel soit impeccable, il aurait fallu garder le devant et mettre autre chose en adéquation avec ce côté possession dans l’intérieur de la jaquette, ou tout simplement virer cette main qui selon moi n’a rien à faire ici, ou la remplacer par une main plus fantomatique à la rigueur que ce truc extra-terrestre, je ne sais pas… En tout cas, Peurbleue a un beau visuel général avec un bleu superbe. Bien vu!
NB2 : les photos avec la main ne seront pas présents dans le livret, donc mea culpa.
Mais le visuel ne fait pas tout. Même si le devant est flippant, il est loin, très loin de la retranscription de la musique de « La Ciguë » qui est tout simplement monstrueuse. Mais vraiment! On partait initialement au vu du pedigree de Sakrifiss sur du black metal, bien malheureux nous sommes de faire des raccourcis aussi bêtes! La musique de Peurbleue est un concentré incroyablement efficace de dark ambient, de musique bruitiste (noise) voire par moment d’éléments industriels déstructurés, le tout avec un peu de black metal très agressif. Mais je dirais que l’ensemble instrumental est surtout dédié aux ambiances malsaines, angoissantes et oppressantes comme en sont capables les grands compositeurs du genre dark ambient comme Lustmord, ou noise. Il est assez difficile de décrire en des termes techniques la musique puisque l’intérêt de la musique bruitiste est d’installer un sentiment de malaise, et quoi de mieux alors que de faire une sorte de machin inaudible, déstructuré et surtout sur des ambiances apeurantes? Le résultat est donc que l’album s’écoute plutôt en plein jour, sous peine de vous imaginer voir débarquer une sorte de monstre à la Grave Encounters dans votre chambre en pleine nuit (mon cas), et de ne pas avoir froid aux oreilles en ce qui concerne les productions « maisons ». Parce que « La Ciguë » est un album qui a été entièrement composé et mixé par JC EX avec certainement quelques moyens mais on sent que cet album a un côté raw qui rajoute encore davantage de malaise à l’écoute. Sakrifiss intervient dans des vocaux dont je détaillerai le contenu plus bas comme d’habitude. Généralement, ce que je recherche dans ce genre d’albums qui rendent hommage à la dark ambient et la musique bruitiste se situe dans mes ressentis corporels et psychiques. Se perdre en palabre autour de la technique instrumentale reviendrait à mettre un coup de glaive dans la rivière, alors il vaut mieux parler de ce que l’on ressent puisqu’un album comme « La Ciguë » est une véritable expérience personnelle et sonore. Et le résultat est que Peurbleue m’a foutu sacrément les pétoches! D’abord parce que l’album suit une sorte de continuité dans le déroulement de l’album qui permet de ne pas tellement faire de pauses. Que la composition fait la part belle à l’imprévu grâce à sa déstructuration totale, et au fait que l’on passe d’une forme d’hypnose ou de méditation avec les parties ambiantes à des moments de pures folies furieuses dans les (rares) accélérations black metal qui en plus sont loin d’être posées, se situant sur un registre proche de la brutalité. Et qu’enfin l’ensemble fonctionne en totale symbiose, que ce soit dans l’utilisation des voix et des samples que dans les passages metal. « La Ciguë » me fait incroyablement penser au procédé qu’utilise le groupe L’Acéphale sur son album éponyme chroniqué d’ailleurs par mes soins, qui mélange habilement aussi les parties dark ambient et les moments black metal extrêmement violents. Vous l’aurez donc compris, Peurbleue s’est donné pour objectif de faire vivre à l’auditeur une expérience sonore des plus impressionnantes. Mélangeant deux styles habitués à ce principe de symbiose, que sont la dark ambient / musique bruitiste et le black metal, le résultat dépasse mes espérances. J’ai été totalement transcendé et l’après-écoute a nourri mon imaginaire au point de ne pas bien dormir après. C’est donc que l’album est redoutablement efficace!
Il serait mentir que d’affirmer qu’il y a une production qui siérait à tout le monde. C’est évidemment l’un des points forts de « La Ciguë » et du genre dark ambient et bruitiste, mais il convient de préciser que ce genre de musique n’est pas à la portée de tout le monde. Je crois que le groupe Peurbleue a l’honnêteté lui-même de le dire dans des interviews. Toutefois, cette production un peu raw (et encore!) convient parfaitement au procédé ambient horrifique qu’essaye de mettre en exergue le duo. D’abord parce que le dérangement n’intervient que quand l’ensemble est dérangeant, et le son doit suivre la cadence, ce qui est largement le cas ici. « La Ciguë » se dote d’un son extrêmement fort, c’est à dire que le spectre sonore se voit occupé par l’ensemble, procurant donc une forte oppression dans les oreilles et une place précaire à l’amoindrissement. C’est ce que je voulais dire quand je parlais qu’il n’y avait pas ou peu de pauses dans l’album, c’est que le son n’offre aucun répit du tout. Les sons utilisés restent néanmoins logiques à la représentation sonore de la peur, avec donc beaucoup de fonds simples, quelques répétitions de samples et de passages vocaux typiques de la musique bruitiste, mais encore une fois comme je le disais, sans vouloir fuir mes responsabilités, il est difficile de décrire avec des termes techniques la composition de musique dark ambient ou bruitiste. Pour le black metal, étant donné que ce dernier est emprisonné avec des samples, qu’il n’est que très rarement tout seul, on n’a un peu de mal à l’entendre mais je pense que la volonté de Peurbleue était justement de faire la prépondérance aux styles précédemment nommés, et que le black metal n’est là qu’en accompagnement. Voilà pourquoi, à la lumière de cette production, il est important de dire que les amateurs de black metal ne trouveront pas non plus tellement leur compte. Mais j’espère que vous aurez l’esprit ouvert! Parce que cette production est ce qui se fait de mieux pour le genre de « La Ciguë » : oppressant, terrifiant et un peu raw donc un peu sale sur les bords. Du très bon boulot!
En fin de compte, j’ai très envie de passer directement au chant parce que je pense avoir bien résumé les écoutes de l’album. Pour les ressentis, on est très clairement sur le souhait de véhiculer de la peur chez l’auditeur, sinon un profond sentiment de malaise et j’ai affirmé que c’était largement le cas puisque j’ai vécu un moment de flippance après. En partie causé par les parties voix de Sakrifiss qui s’avère être plutôt complet dans le registre. Le high scream est de qualité, extrêmement nasillard et j’y voyais même un côté possédé puisqu’il me paraît que les lignes de chant sont brutes de pomme comme on dit. Sans réelle recherche technique, plus comme un râle immense et profond que l’on débite quand on se tord le petit orteil! Non je plaisante. En tout cas le chant ne souffre d’aucune contestation même si un petit effort d’articulation n’aurait pas été de trop, j’expliquerai après pourquoi. Mais ce que j’ai adoré par-dessus tout, ce sont les narrations. Tantôt il y a de réelles narrations avec une voix grave et intense, tantôt des répétitions par le biais des samples de phrases ou de mots enregistrés. J’adore ce procédé parce qu’il faut trouver la bonne tonalité de voix pour retranscrire le côté flippant de la musique de Peurbleue, et comme le groupe joue la carte de ce qui me semble être le hantement d’un lieu ou d’un esprit, il faut une voix lointaine mais profonde. Et c’est exactement ce qu’est parvenu à accomplir notre camarade Sakrifiss, qui a démontré des qualités incroyables de narrations. J’avais souvenir d’Enterré Vivant dans un coin de ma tête et de ses capacités pour accompagner Erroiak, mais alors là en gagnant le toss du chant principal et de toute la partie vocalise, il rajoute indéniablement un truc en plus pour davantage accentuer la terreur. C’est franchement génial! Les voix restent dans la tête et s’insèrent comme un pivot dans une gencive, comme quoi il va me falloir un bon bout de temps avant de faire sauter ce pivot.
Et comme j’aime à le faire quand j’y ai accès, ce qui arrive peu malheureusement, je vais vous parler des textes. Puisque le grand Sakrifiss oblige, il écrit les textes. Et par conséquent, fort de ce constat, nonobstant qu’il avait déjà écrit des lignes textuelles de qualité sur Enterré Vivant, je me suis penché sur ceux de « La Ciguë« . Eh bien mes aïeux! Loin de céder à la facilité je trouve qu’il est parvenu à écrire ce qui ressemble à s’y méprendre à des écrits d’un psychotique en période d’angoisse. Un peu cliché que d’imaginer un psychotique écrire frénétiquement sur du papier ou sur tout ce qu’il trouve les mots qui lui apparaissent dans son esprit malade, on dirait des verbigérations. Et même si l’on pourrait croire que le style est minimaliste, ce qui est d’ailleurs potentiellement le cas, l’intention de mettre en avant certains mots parmi d’autres est un procédé poétique. Les textes sont donc très bien écrits, rythmés, et le principe de répétition qui est considéré à tort comme une faute de styles (véridique), joue ici un rôle essentiel dans le fait de forcer l’idée et de créer de l’émotion. En tout cas, sur les thématiques, on est sur quelque chose de très métaphorique pour représenter la peur, ou l’état dans lequel la peur met un individu. Avec la sensation de mort, de pourriture, de rage intérieure, tout ce qui fait les angoisses les plus existentielles et les plus profondes. Le tout étant bien accompagné comme je disais par des lignes de narration ou de chants qui sont en adéquation totale avec les textes. Vous avez donc tout ce qu’il faut dans les mots employés par Sakrifiss pour passer un moment de peur incontestable. Et en plus c’est en français!
Pour conclure, je dirais que Peurbleue sort un premier album (« Construction de la Violence » doit être un EP) nommé « La Ciguë« . Un hommage au poison dans le nom mais pas que. Véritable album dédié aux ambiances malaisantes, n’utilisant le black metal qu’à des fins d’expression de cette peur qui demeure enfouie et qui explose tout d’un coup dans un relent de violence extrême, l’album est surtout un vrai bonheur si j’ose dire de dark ambient et de musique bruitiste. Avec tout le panel qui s’impose dans la sphère ambiante et flippante, mélangeant des samples parfois un peu industrielles mais surtout des captations apeurantes sur des fonds sonores lancinants, les vocalises de Sakrifiss se nourrissent parfaitement de la musique composée par JC EX. Résultat : l’album est un modèle du genre. Il faut bien entendu aimer les productions un peu sales, la perspective que la musique peut être autre chose qu’un truc rythmé et mélodique au possible. En même temps, quoi de mieux pour parler de la peur que la destructuration, le chaos sonore et des voix d’outre-tombe? Peurbleue signe selon moi un album de haute volée dans la matière, et je crois que la peur peut se targuer d’avoir enfin une de ses meilleures allégories musicales et la peur est un vrai concentré de ciguë. Un bijou!
Tracklist :
1. Fécondation 03:12
2. A la Gloire ! 03:42
3. Rosée Eternelle 04:54
4. Ressac 04:00
5. Survie 01:12
6. Canvieau 03:06
7. Plus Rien 03:48
8. Apparition 04:18
9. Vision de Mort 04:02
10. La Fin Approche 04:12
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