Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10

Trove of Oddities at the Devil’s Driveway est le quatrième album studio des doomeux de Witchthroat Serpent. Le dernier opus de la formation toulousaine remontait tout de même à 2018 avec Swallow the Venom. Entre temps, le groupe était toutefois apparu sur le split Doom Sessions 666 avec Dead Witches. Un split qui fut aussi l’occasion pour le groupe d’évoluer pour la première fois sous la forme d’un quatuor avec l’arrivée d’un second guitariste en la personne de Djé.
Witchthroat Serpent faisant incontestablement partie des formations les plus intéressantes en matière de Doom dans l’Hexagone, il y a une certaine impatience à voir ce que le groupe va nous proposer en 2023 avec cet album.
Dixit le groupe, cette quatrième offrande est un “hommage aux classiques du cinéma d’horreur (Le Nosferatu de Murnau, la Gorgonne de Terence Fisher, La Maison qui tue de Peter Duffell…) autant qu’aux drogues psychédéliques et aux âmes perdues”. Autant dire que les six titres suintent d’ambiances aussi lourdes que sinistres. Pour l’enregistrement, Witchthroat Serpent a fait le choix de l’analogique afin de donner au son une coloration à la fois plus brute et naturelle.

D’emblée ce disque apparait comme assez différent de ses prédécesseurs. Dès le titre d’ouverture “Multi-Dimensional Marvelous Throne”, le changement saute aux oreilles. La musique a évolué vers quelque chose de plus sombre et de plus malsain encore, elle est plus lente, plus dense aussi. Le deuxième titre “Nosferatu’s Mastery” ne fait que confirmer ce parti-pris avec une lourdeur qui donne l’impression de s’enfoncer toujours plus sur le chemin des ténèbres. Et ce n’est pas l’instrumental “Gorgon”, ses effets sonores, ses notes de mellotron et ses samples de film, qui va être de nature à égayer l’ambiance. Sur le titre éponyme, on revient à quelque chose de plus classique mais sans jamais se départir de cette atmosphère inquiétante. “Yellow trip” est probablement le morceau le plus proche de ce que Witchthroat Serpent avait pu proposer auparavant, mais avec des effets de guitare étranges et un chant aux accents presque désabusés. “Mountain Temple in Bleakness” referme l’album tout en noirceur avec quelques passages de bandes sonores de film en guise de conclusion.
De tous les albums de Witchthroat Serpent, ce petit dernier est probablement le plus difficile d’accès. Trove of Oddities at the Devil’s Driveway est de loin le plus lent, le plus pesant, le plus sombre mais aussi le plus riche d’un point de vue sonore. Ce choix n’est pas sans rappeler celui de leurs collègues Clermontois de Witchfinder qui nous ont offert dernièrement un album très sombre également, avec des analogies thématiques et graphiques. A se demander si ces deux-là ne mijoteraient pas quelque chose ensembles, d’ailleurs.

Toujours est-il qu’avec cet album Witchthroat Serpent nous pond un disque remarquable, moins Wizardien dans la forme et beaucoup plus personnel à tous les niveaux, ce qui n’est pas le moindre des compliments dans une scène Doom où il n’est pas toujours facile de sortir du lot.

Tracklist :

1. Multi-Dimensional Marvelous Throne (10:31)
2. Nosferatu’s Mastery (07:48)
3. The Gorgon (03:12)
4. The House That Dripped Blood (05:54)
5. Yellow Nacre (06:00)
6. Mountain Temple in Bleakness (08:17)

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