Pyre Fyre – Pyre Fyre

Le 4 décembre 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Dylan Wheeler : guitare
  • Dan Kirwan : basse
  • Mike Montemarano : batterie, chant

Style:

Stoner / Rock Psychédélique / Sludge Metal

Date de sortie:

29 juin 2023

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.25/10

Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur.” Victor Hugo

Je suis, comme beaucoup, hypnotisé par le feu. Je crois avoir déjà consacré une introduction, un jour, sur la thématique du feu, mais à force d’écrire des chroniques, je dois bien me répéter quelques fois. Aussi vais-je parler de mon attirance pour le feu. Comme beaucoup, j’adore me mettre au plus près d’une cheminée pour regarder de belles bûches se consumer lentement, dans le confort inégalable d’un foyer chaleureux, avec une boisson chaude. Le feu a quelque chose qui fascine dans son pouvoir de destruction, mais aussi dans son apport de chaleur. Le mythe de Prométhée que les passionnés de mythologies comme moi connaissent trop bien, concerne la découverte du feu par l’humanité. Et ce que j’aime dans ce mythe, c’est l’interprétation faite par le philosophe sceptique peu connu du nom de Lucien, qui dit : « Que cherche à dissimuler Prométhée dans son plaidoyer ? S’il affirme qu’il a crée les hommes pour le bonheur des dieux, c’est peut-être pour dissimuler le contraire, à savoir qu’ils en constituent en fait un danger : on voit la différence depuis Eschyle : il n’y a plus deux ordres différents, mais non opposés, celui des hommes, et celui des dieux, mais deux ordres dressés l’un contre l’autre : Prométhée est le représentant des hommes, il leur a donné l’intelligence et la raison destructrice des divinités. Cf. Schelling « c’est la pensée par laquelle le genre humain, après avoir engendré de sa propre intériorité le monde des dieux, devient conscient de lui-même et se rend compte de ce qu’il y a de funeste dans la croyance aux dieux « . On pourrait donc voir une corrélation bien plus grande entre l’Homme et le feu. Bon après, si l’on reste stricto facto sur la relation pathologique que le feu peut avoir avec l’Homme, on pourrait parler de la pyromanie, qui est un réel problème psychiatrique dans son sens de fascination morbide. Il y a même des pyromanes très célèbres, comme Erostrate, ou encore Néron quand il chanta devant Rome qu’il a fait incendier dans un moment de folie. Bref ! Cela ne m’étonne pas que l’on ait des références quasiment systématiques au feu dans le metal, que ce soit dans les pochettes, dans l’idée même d’un monde enférique plein de flammes comme le stipule la citation de Victor Hugo (avec pas mal d’humour il est vrai) ci-dessus, ou encore dans les effets pyrotechniques que l’on retrouve pas mal de fois sur scène avec des groupes comme Rammstein. Alors, jusqu’où peut-on utiliser le feu comme identité dans sa musique ? C’est une réelle question. En tout état de cause, Pyre Fyre nous propose ce soir rien qu’avec son nom une belle référence au feu, et l’album éponyme qui est chroniqué ici ne déroge pas à cette règle. Même s’il est vrai que la dite référence n’intervient, semble-t-il, que pour inspirer mon introduction du jour.

Pyre Fyre est un groupe issue de la grande scène, gargantuesque même, qui vient des Etats-Unis. De l’Etat du New-Jersey et de la ville de Bayonne plus exactement. Oui oui ! Moi aussi, j’ai été surpris. Il y a bien une ville qui s’appelle Bayonne aux Etats-Unis, et l’histoire semble expliquer que la ville aurait été fondé par des huguenots français. Au passage, le drapeau de la ville est celui de la France avec le blason, et d’après la rumeur, il n’y a que des gens bons… Oui, je sais, je sors. En revanche, peu d’informations circulent sur la formation, on sait uniquement grâce au Bandcamp que Pyre Fyre est composé de trois musiciens, que le groupe a été fondé en 2018 (merci Facebook !) et qu’à ce jour, l’album éponyme n’est pas le premier de la discographie comme c’est d’usage, mais le troisième. Trois albums sur trois ans, le premier datant de 2021. Du reste, on ne sait pas grand-chose, et la formation n’est pas tellement active sur les réseaux sociaux. Il semblerait donc que Pyre Fyre soit une formation underground, bien discrète, avec peut-être peu d’ambitions, sinon on aurait de quoi nous inonder d’informations. D’ailleurs, comme les précédentes sorties, cet album est autoproduit. Alors, généralement, quand on est chroniqueur et un tant soit peu curieux, on aime ce genre de formations sorties du chapeau ! Moi, j’aime découvrir des « petits » groupes, sinon modestes. Alors, allons-y pour cette chronique !

Et quand on parle d’autoproduction, on associe souvent à tort la qualité visuelle de l’artwork avec le peu de moyens usités. Ce n’est pas le cas ici. Pyre Fyre utilise exactement la même photo, les musiciens en moins, pour couvrir son album, que celle qui est présente sur leur Facebook, à savoir un pont, que je pensais naïvement être le pont de Bayonne, mais en fait non ! Je n’ai pas reconnu ni retrouvé de quel pont il s’agissait, mais en tout cas, si l’on en reste sur la qualité de la photographie, elle est plutôt jolie. Cette couleur violette n’est pas désagréable, après là encore, on ne sait pas bien pourquoi le ciel a été peint de cette couleur, sachant qu’au vu des éclairages, il s’agit d’un ciel nocturne… De toute manière, c’est un bête jeu de retouche, puisque le rivage est également coloré en violet. Bon. Je ne pense finalement pas grand-chose de la pochette. Elle me laisse indifférent en fait. Je pense que ce genre de photographie, qui trahit finalement un fort relent nostalgique ou un attachement particulier à un lieu, au-delà de la symbolique du pont comme passerelle temporelle par exemple, est trop personnelle pour parler à tout le monde. Ou alors, il faut être « pontophile », un truc du genre. Ou encore, il faut aimer l’art contemporain et la mise en image de la rigidité du temps par les paysages modernes. Pour ma part, je pense que cette photographie est intervenue par désintérêt pour se creuser la cervelle et pondre un truc plus personnalisé, plus travaillé, comme on pose bêtement une photographie dans son salon, vous savez ! Les paysages insipides que l’on met en salle d’attente des cabinets de médecin. Eh bien, c’est à peu de choses près ce que m’inspire l’artwork de Pyre Fyre. C’est vous dire…

J’allais dire, fort de ce constat triste, heureusement que la musique sauve carrément la donne ! J’ai été très agréablement surpris par la qualité de l’ensemble et le côté un peu hybride de la musique. J’ai eu beaucoup de mal à situer l’étiquette musicale potentielle, pour la simple et bonne raison que la composition jongle joliment entre deux styles cousins que sont le sludge metal et le stoner. L’un se situe généralement sur un côté très sombre et lourd, l’autre sur l’héritage très fuzz voire rock psychédélique. Et là où Pyre Fyre est très doué dans la composition, c’est que les riffs alternent habilement entre ces deux sphères radicalement différentes, avec en toile de fond cette basse omnipotente et la guitare qui jouit d’un son très fuzz, allant sur des terrains lead ou rythmiques au besoin. Le fond est quand même très rock, ce n’est pas de l’agressivité à la stoner tout court, on est sur de la mélodie et de l’entrain, et l’alternance de sons pour la guitare fait que l’on se perd clairement sur le rock psychédélique ou le rock stoner pour moi. La lourdeur en plus du sludge metal et vous avez ce fameux hybride surprenant que propose crânement la formation américaine ! L’album est court, et j’aurais aimé avoir plus de compositions pour motiver davantage mon entrain, parce que la musique n’en manque pas ! Elle sent bon l’old school, le bon vieux rock qui allait sur les prémices de ce que l’on appelle communément aujourd’hui le hard rock, avec cette nostalgie très stoner américain, qui fait que l’on vit la culture ricaine avec un vrai plaisir. Par contre, ce qui me sied le plus, en première écoute, est que malgré le caractère autoproduit de cet album éponyme, la musique transpire l’expérience et le bon sens. Il n’y pas de trop-plein mélodique ni de pas-assez, puisque là encore, Pyre Fyre brouille habilement les cartes entre des pistes instrumentales, des pistes très courtes et qui ont la patate, les morceaux plus conventionnels en longueur mais qui sont minimalistes, ceux qui innovent un peu dans la construction mélodique, etc. En fin de compte, cela constitue une réelle prise de risque qu’il convient de saluer parce que, loin de crier à l’incohérence, je trouve au contraire cette absence manifeste de concept-album bien efficace par sa variété riffique et son côté « on s’en fout, on va défourailler les tympans des auditeurs et advienne que pourra ! » Pour vous la faire courte, l’impression que m’a laissé l’album est que le trio se fiche de faire un truc ultra logique, le seul lien de cohésion étant l’esprit rock quoi. Et cela, contrairement à d’habitude dans le metal, je l’adore, cet esprit ! Voilà pourquoi en première intention, je me suis régalé sur Pyre Fyre. C’est vraiment le genre d’albums qu’on écoute pour se faire du bien, pas pour se creuser la caboche. Et cela fait un putain de bien fou !

Et qui dit stoner, sludge metal, fuzz, et tout le bazar associé, dit production particulière à ne pas louper. Contrat rempli pour Pyre Fyre qui, je le rappelle, produit son album intégralement avec des moyens qui lui sont propres. Le résultat prévaut au constat que je faisais en parlant d’expérience et de bon sens : le son est impeccable. Une basse complètement imposante, peut-être (histoire d’être pointilleux) un poil trop, une guitare toute seule mais bourrée d’effets qui lui donne la voie libre à toute inspiration mélodique et rythmique et lui confère un rôle imposant aussi, une batterie simple mais efficace, très « garage » dans le son avec, à mon avis, assez peu de retouches, peu de lourdeur ce qui est étonnant mais redoutablement efficace ici. Un chant en retrait, comme si ce dernier était enregistré en condition répétition, ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié par ailleurs tant le groupe frise le côté « root ». Mais toujours est-il que la production est totalement raccord avec ce que l’on attend d’un style, certes polymorphe comme le présente Pyre Fyre, oscillant entre stoner rock, le rock psychédélique et le sludge metal. Avec ce côté rebondi, boueux comme disent les initiés, et cette impression de lourdeur bien old school qui est caractéristique des genres. Rien à redire !

S’agissant d’un album lambda, sans l’ombre d’un concept, et ayant exprimé tous mes ressentis sur Pyre Fyre, je vais directement passer au chant. C’est là que j’ai été un peu plus perplexe au début, avant de me retrouver amadoué par ce dernier qui, certes, est original pour le ou les styles abordés, mais qui passe bien, vraiment bien. Une technique vocale finalement très rock, mais même sur un versant un peu psychédélique avec de nombreuses retouches et plein d’effets. Très peu d’innovation sur les techniques et sur les lignes rythmiques, et Pyre Fyre ose même faire quelques pistes purement instrumentales. Ce constat de mésusage du chant sur un album aussi varié me donne l’impression que le chant est secondaire. D’ailleurs, sur le Bandcamp du groupe, détail peu commun : aucun chanteur n’est crédité officiellement. Ne le sont que les trois instrumentistes, et pas de trace d’un quelconque chanteur. Bizarre… Ce qui me fait dire que le chant est insignifiant chez Pyre Fyre. Et c’est dommage parce que le peu que l’on entend, il n’est évidemment pas hyper original mais il a son utilité propre. Il apporte un côté davantage fuzz ou psychédélique sur un style musical plutôt lourd, et le seul travail à revoir reviendrait à varier plus les rythmiques. Mais bon… Constat bizarre donc. Quel place a le chant chez nos amis ricains ?…

NB : après recherche, un clip YouTube m’a montré que c’est le batteur qui chante ! D’ordinaire je trouve cela génial par rapport à a capacité hors norme de synchronisation. Mais quand on voit la pauvreté des lignes rythmiques au chant, je comprends mieux.

Pour ainsi mettre un point final à cette chronique, voici que Pyre Fyre s’est présenté ici avec un troisième album nommé de manière éponyme. Démarche surprenante, et la surprise ne s’arrête pas ici. Un groupe qui s’amuse à franchir différentes frontières entre le stoner, le stoner rock, le sludge metal et le rock psychédélique, voire carrément bien fuzz, pour donner une musique qui semble à la fois totalement hybride, et à la fois commune tant les similitudes entre les styles dûment cités sont légion. Cependant, l’autoproduction offre un son impeccable, l’esprit bien américain propre notamment au stoner que j’aime beaucoup, une belle habileté à jongler entre des riffs très énergiques, des pistes complètement minimalistes et des courts instants bien lourds. Une musique qui sent donc bon l’expérience, et le talent, sans toutefois renier des éléments perfectibles encore dans la musique comme ce chant un peu insignifiant et cet artwork famélique. Un bel ouvrage mais à améliorer !

Tracklist :

1. Hypnotize 01:22
2. Flood Zone 04:13
3. Wyld Ryde 02:02
4. Dungeon Duster/ Ice Storm 03:08
5. Don’t Drink the Water 03:31
6. Arachnophobia 02:00
7. Cordyceps 02:28

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