Rimfrost – Veraldar Nagli

Le 25 février 2010 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Throllv Vaeshiin : Batterie Hravn Decmeister : Chant, guitare Peter : Basse

Style:

Metal (Black/Death/Thrash)

Date de sortie:

16 novembre 2009

Label:

Season Of Mist

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller):
8 / 10


Que voilà un trio de scandinaves qui avec toute la fougue et l’insouciance de sa jeunesse risque de mettre un sacré coup de pied dans la fourmilière nombriliste du microcosme du Black Metal. D’une part en ne s’imposant aucune obligation à rester cloisonné dans un panel à la « True Norvegian » par exemple ; et de l’autre en agrémentant et rehaussant la charpente structurelle de leur musicalité par des éléments empruntés à différents sous styles Métal concurrents. L’entité ainsi constituée, hybride tri encéphale, n’en deviendra pas pour autant un kaléidoscope de pièces accolées ; mais un combo au label et à l’unicité réelle.

Pourtant, rien ne laissait prévoir une éclosion aussi rapide et encore moins l’accession à une maturité aussi soudaine. Et Surtout pas le premier opus « A Frozen World Unknown » délivré en 2006, qui quoique débordant de potentialité et d’idées, avait un coté « laboratoire expérimental » et tenait plus du « fourre-tout » de génie que du projet finement ciselé et abouti. Des titres trainant en longueurs et langueurs, un chant linéaire et sans réel attrait… L’essai n’était pas convaincant, quand dans le même temps on sentait qu’avec un peu plus de discipline et d’expérience, tous les ingrédients étaient présents. Le trio cherchait sa voie et sa marque personnelle ; tout n’était en fait que question de temps…

Car trois ans plus tard, ce nouvel opus, « Veraldar Nagli », -que l’on pourrait traduire par « Axe du monde » et signifiant la prédominance du Nord-, enregistré au studio de Andy La Rocque (King Diamond), le Sonic Train Studios à Varberg en Suède marque une véritable évolution, voir une révolution, dans la musicalité des trois suédois. Les pièces du puzzle s’imbriquent dorénavant minutieusement et l’alchimie délivrée est parfaite. Rimfrost est le centre parfait d’un triangle dont les pointes seraient la noirceur d’Immortal, le « Catchy Viking » d’Amon Amarth, et le Thrash tueur des Slayer. Mais la liste n’est pas exhaustive et cette figure géométrique pourrait être remplacée par un pentagramme où apparaitraient par exemple des « Iced Earth » (écoutez la rythmique guitare sur le titre éponyme à l’album ou sur « The Raventhrone »…) voir des Exodus ou des bands Death. Autant dire que les dogmes du Black Metal sont jetés aux oubliettes au profit d’un melting pot non sectaire ! Des traces d’Hellfahrt ou d’Agathodaimon fleurant quand même par ci par là ; comme sur la première partie d’un « Legacy Through Blood » assez colossal, et permettant malgré tout de s’essayer à classifier le groupe dans le « Noir » Metal. Mais sans conviction outre mesures.

Car parallèlement à cet éventail métallique, le blizzard nordique des Throllv Våeshiin (le batteur) et Hravn Decmeister (le chanteur guitariste) –qui jouent ensemble depuis l’âge de quatorze ans !!!-, et auquel s’est adjoint récemment le bassiste Peter, est un véritable maelstrom de modernisme. Tout y passe ; du ressac entre tempos modérés et speedés, en alternance de chants éraillés, clairs ou gutturaux. De lourdeurs corrosives et syncopées telle l’entame de « Scandinavium », à l’ambiant volatile et éphémère clôturant « Void Of Time ». Du martèlement binaire aux rafales de blasts en cascade derrière les futs, et des riffs Heavy ou thrashisants… La diversité de la musicalité de Rimfrost est son attrait et atout majeur, et se révélera peut-être paradoxalement son principal écueil à l’agrément du public s’essayant à cette ‘domination nordique ‘.

Au final si le ressenti se veut excellent, et quand bien même seuls « The Raventhrone » et à des degrés moindres « Legacy Through Blood » et « Veraldar Nagli » émergent de la tracklist, un risque insidieux guète cette seconde offrande de Rimfrost. Celui de ne pas trouver un public suffisamment ouvert d’esprit pour pouvoir assimiler une telle pluralité de styles Metal. Les blackeux maquillés rejetteront une production trop « clean », emphatique et actuelle ne collant pas à l’aspect malsain et crado des descendants de Quorthon. Quand à contrario, thrashers et Deatheux n’opineront du bonnet que par intermittences. Les carcans et les cloisons entre « tribus » métaleuses étant foncièrement rigides, seuls les non sectaires et les non affiliés y trouveront leur compte. Et ce sera bien dommageable, car sans jamais flirter avec l’album culte, on a affaire ici à un superbe condensé de ce qui se fait de mieux en Métal moderne. Alors, oubliez vos gouts et genres de prédilections; et tentez l’aventure « multi-horizons » dans une sorte d’Ushuaia à travers la planète Métal qui sincèrement en vaut le détour.

MetalPsychoKiller


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