Rendez vous est pris dans un hôtel du 18eme arrondissement, bien caché dans une petite ruelle entre divers appartements cossus et un terrain à vague. Je vous vois venir tout de suite et vous coupe sur le champ : oui, dans le 18eme, y’a des choses cossues. Et même que l’hôtel dans lequel nous allons, nommé le Kube, est sacrément chicos, possédant le premier Ice Bar français. Pas étonnant que le groupe ait choisi cet endroit luxueux et renommé. Bah non, c’est raté pour le petit 1 étoile cette fois ci.
Après avoir patienté dans la cour dans une chaleur étouffante, nous sommes enfin invités à rentrer dans une salle qui donne sur cette dernière. Mais avant, nous sommes gentiment mais surement incités à donner tout ce qui ressemble de près ou de loin un truc qui prend des photos ou enregistre. Même mon vieux portable Samsung première génération (sans tout le toutim quoi) y passe. Et à voir la tête des gorilles qui nous les prennent, on s’exécute sans broncher. La salle est bien vite remplie, et l’attente commence, assis en rang d’oignons sur des chaises métalliques (mais très confortables). Tout d’un coup, on entend un souffle, un murmure musical qui monte tout doucement. Ça y’est, l’écoute en avant première de World Painted Blood commence !
Et c’est parti pour 11 titres dont la durée est estimée à peu près à 45 minutes. Dès les premières secondes, le son, le rythme de batterie si caractéristique nous indiquent que ce premier morceau ne dérogera pas à la très vieille règle Slayerienne : Des riffs surpuissants, une batterie décollant tout sur son passage, un Tom Arraya survolté… celui qui ne savait pas pourquoi il était là ne pouvait pas se tromper. Pendant ce temps, et pour toute la durée de l’écoute, notre gorille avaleur de portable et appareil photo passait dans les rangs pour surveiller que personne n’avait triché. Franchement, avec un uniforme et une kalachnikov en plus, on se croirait dans un camp militaire.
Je vous avoue que ca fait drôlement bizarre d’écouter du Slayer tranquillement assis sur une chaise. Quelques personnes tapotent du pied, certaines osent bouger légèrement la tête, d’autres restent impassibles… bizarre quoi. Les morceaux s’enchainent, et ne se ressemblent plus ou moins pas. Pour ne pas trop en dire et ne pas gâcher une éventuelle chronique à venir, je dirai juste qu’il y a à la fois des morceaux ultra traditionnels et des morceaux plus surprenants, utilisant des passages assez atypiques et des effets stylistiques de bonne figure. Je ne sais pas ce que vont en penser les fans. Quoi qu’il en soit, à la fin de l’écoute, les avis étaient franchement hétérogènes, en passant du meilleur des derniers albums à des mines plus surprises, voir déçues.
On nous laisse respirer 5 minutes et on récupère tout notre matériel. Les photographes s’installent, un caméraman vient filmer la scène,….et on attend. Soudain, on voit apparaître dehors, dans la cour, des gens. Et pas n’importe lesquels : nos amis de Slayer sont en train de faire une séance photo devant l’hôtel, et viennent faire les pitres devant les vitres de la salle. Ca met tout de suite une bonne ambiance, oh pas qu’elle fut mauvaise avant, mais disons que ca a permit de se décoincer un peu.
Après nous avoir fait bien poireauté comme il faut, les guys arrivent enfin dans la salle : Kerry King, toujours aussi balaise (voir un peu plus), Dave Lombardo, toujours aussi classe, Jeff Hanneman, toujours aussi blagueur, et…et…c’est tout. Pas de Tom Araya en vue. Les responsables nous disent de l’attendre, il va arriver. Ok, alors en attendant, on fait des blagounettes, on prend des cours de français (je vous informe que Dave sait maintenant dire dans un parfait français : il fait chaud ici. Intéressant non ?)… Tom n’arrivant toujours pas, on décide de commencer.
Passé ce flottement assez curieux, les questions vont s’enchainer : pourquoi Tom n’est pas la, quelle a été l’approche musicale, comment avez vous travaillé avec Greg Friedman, de quelle nouvelle guerre Slayer parle dans ces textes, qu’en est il de la grosse tournée en place (à notre grand regret, pas de dates prévues en France pour le moment), comment créent ils leur setlist, peuvent ils en dire un peu plus sur le texte de la chanson Unit 731, le travail collectif était il difficile, qu’en est il de la rumeur sur la fin du groupe, comment gèrent il leur vis à vis de leur famille, prennent ils en compte leur avis,… et bien évidement une question sur la fameuse tournée avec…avec…. ? Megadeth. Pour ce qui ne comprendraient pas l’allusion, je les renvoie aux nombreux articles sur « l’affaire » Kerry King/Dave Mustaine).
Kerry et Dave répondent volontiers à toutes les questions avec bonne humeur et humour. De façon générale, on comprend qu’ils sont vraiment contents de ce nouvel album, que le travail a vraiment été super fun, en gros, tout a bien glissé comme il faut avec Greg. Les textes ressassent divers questionnements et réflexions sur le monde d’aujourd’hui (guerres, religions, etc.), et même si leur approche a été un peu différente que d’habitude, cet album s’inscrit dans une lignée homogène. Homogénéité qu’ils veulent garder en concert, en faisant le choix de jouer seulement 3-4 nouveaux morceaux, et de faire revivre les grands moments de la carrière du groupe. A la question sur la rumeur que ce World Painted Blood soit leur dernier bébé, la réponse a été plutôt claire de la part de Kerry : absolutly not. A moins que quelqu’un meurt pendant la tournée, parce que ce n’est pas facile d’être une rock star, il n’en est pas question (dixit Kerry). Ils seront aussi catégoriques mais un peu moins à l’aise pour aborder le sujet Mustaine. Les deux compères renchériront que Dave est un grand guitariste, un mec super, même s’il faut qu’il se calme un peu, c’est vraiment quelqu’un qu’on respecte. That it. C’était clair, et ca donnait pas envie de continuer sur le sujet.
19h45, malgré un petit arrière gout amer d’avoir vu un groupe tronqué de deux de ses membres, je rentre chez moi en me disant ca y’est, c’est fait : quelque soit le succès de leur nouvel album, j’ai pu approcher et connaître un petit plus la mentalité d’une des plus grandes légendes du métal.
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