Interviewé : Dimitri (Basse)
Intervieweuse : Bloodybarbie
l’occasion de la sortie du nouvel album de Primal Age, « Masked Enemy » (chronique ici), nous avons eu le plaisir d’interviewer Dimitri, le bassiste et un des deux membres fondateurs restants du groupe fondé il y a 28 ans.
Remontons un peu le temps, plus de 20 ans plus tôt, quelle est l’histoire de votre groupe ? Vos influences et vos débuts, vos succès et vos galères, le choix du nom du groupe…
On a démarré vers 93 et officiellement en 95. Au tout début on jouait un hardcore old school par choix mais aussi par manque de technique. Nos influences étaient Minor Threat, Uniform Choice, Sick Of It All, Youth Of Today… En 97 on a pris le parti de mixer hardcore et metal car on écoutait tous Slayer ou Sepultura, Metallica… C’est là que le nom de Primal Age a été choisi pour faire référence à des temps révolus d’une planète moins agressée par l’activité humaine. On a forcément connu des changements en 28 ans, et de la première formation il ne reste que Didier au chant et moi à la basse.
Un commentaire sur « Masked Enemy » ? J’imagine que la pandémie vous a pas mal inspirée pour la composition de l’album (et l’analogie avec la pochette) ? Quelles valeurs vous défendez dans cet album ?
(rires) Alors pas du tout puisque la musique était prête depuis 3 à 4 ans à 95 % et tous les textes dataient de 4 ans, donc aucun rapport. En plus ça n’aurait pas été de très bon goût que de vouloir profiter de cette situation merdique pour faire du business. C’est une simple coïncidence mais je me doutais que ça poserait question. L’ennemi masqué dans cette période de manque de repères représente ces élites cachées qui tirent les ficelles sans qu’on les connaisse. On râle après les politiciens qui ne servent pas à grand-chose car on ne sait plus à qui s’en prendre. C’est un système bien huilé avec des pions dans toutes les sphères d’influence.
Comment se déroule le travail de composition pour vous ?
Depuis 15 ans on a un fonctionnement qui nous permet d’avancer dans une bonne cohésion. Je m’occupe des textes et du chant car Didier fait énormément pour le groupe en dehors du processus de composition et que je me sens à l’aise avec ça. Les morceaux ont été composé par Flo (guitare) et moi. En tant que seul musicien ayant de l’ancienneté dans le groupe j’ai amorcé le processus en sachant que je ne pouvais faire qu’un demi album. Par chance Flo a pris le relais et amené la suite qui permet d’avoir un album riche et cohérant à la fois. Ca a été une belle collaboration.
Avez-vous des tournées de prévues cette année ou l’année prochaine ?
Tout reste flou car on ne sait rien de ce qui va être envisageable. Bien sûr on va défendre cet album dès que possible. C’est déjà compliqué de monter une tournée, donc dans ces conditions on ne va peut-être pas se hasarder dans l’immédiat à vouloir traverser la planète. On a quelques dates pour la France et Belgique / Hollande pour le moment et on voit comment ça se passe avant d’envisager d’aller plus loin.
Quelle est votre philosophie actuelle de la musique ?
On est remontés à bloc après cette période de diète forcée. On est en manque de concerts et avec cet album on sent qu’on va avoir un bon partage avec le public donc on trépigne comme des jeunots qui feraient leurs premières dates. C’est cette envie de prendre du plaisir en rencontrant du monde et en voyant du pays, c’est ça qui nous anime tous.
Quelle était le plus dur à faire pour « Masked Enemy » (les difficultés rencontrées) ?
Sans hésitation la batterie. Entre le début du projet et son terme on a eu 5 batteurs différents, c’est ce qui nous a fait perdre beaucoup de temps. C’est un poste très important pour notre musique et il a presque toujours fallu composer la batterie à la place du batteur. On doit beaucoup à Rudy d’Explicit Silence qui nous a proposé son aide en voyant qu’on était bloqués. Avec Flo on a connu plusieurs phases de découragement car on savait comment ça devait sonner et que ça tombait à plat. Avec Rudy ça a été génial, rien à lui dire il a su composer comme s’il jouait avec nous depuis toujours.
Votre clip « The devil is hidden in shadow » a été tourné dans une construction démolie, quelle était l’idée derrière ce choix ? D’autres clips en préparation ?
On aimerait car ça reste un vecteur de promo essentiel. Nous avons très peu de moyens et Marine, la copine de Didier qui nous suit a fait ce premier clip et on est supers contents du résultat. Pour les ruines elles ne sont pas loin de chez moi et je me disais que ça pourrait donner un truc sympa pour compléter les images du stud. En plus on avait le couvre-feu à 18 h je crois à ce moment, sachant qu’on habite assez éloignés les uns des autres. Pour la petite histoire, ça ne se voit pas mais il faisait -2 degrés quand on a tourné.
Comment vous avez vécu cette année pandémique ?
Au début on a soufflé car on avait beaucoup joué pour les 20 ans du premier skeud. En plus on était en phase de compo, donc ça ne se passait pas trop mal malgré le manque de répètes. Maintenant on est en pleine promo de Masked Enemy avec que des retours très positifs et c’est frustrant de rester à la maison au lieu de jouer. Mais ça c’est le lot de tous les groupes.
Quelle est ton histoire avec le punk hardcore, l’instrument que tu joues, tes débuts et ta carrière… ?
J’ai commencé la basse au lycée avec un bon pote avec lequel on jouait du punk. J’écoutais aussi bien Sex Pistols, The Business que Sepultura ou Motörhead. Puis avec d’autres gars du bahut on a formé un groupe, toujours punk, et c’est là que j’ai fait mon premier concert un midi devant tous les élèves et certains profs qui se demandaient ce qui se passait. Un peu plus tard un autre pote m’a fait écouter la scène New York hardcore et les premiers groupes straight edge via l’intermédiaire de Didier que je ne connaissais pas encore.
Avec le recul, si vous pouviez remonter le temps, qu’est-ce que vous auriez changé de votre carrière ?
Sans doute plein de choses mais je ne veux pas avoir de regrets. On a fait ce qui semblait être bons à différents moments. C’est sûr qu’on aurait pu faire bien mieux, mais on a déjà fait énormément et on reste un des derniers survivants. Avec du recul, oui, peut-être plus rapidement se séparer des boulets qui te font perdre du temps et beaucoup d’énergie. Aujourd’hui on est moins patients avec ça.
Quelques anecdotes à nous raconter de ces plus de 20ans de carrières ? De vos tournées en Asie, festivals… ?
Il y a beaucoup de choses qu’on garde pour nous car c’est difficile à raconter, mais bien sûr que les tournées au Mexique, au Japon et au Brésil ont été des moments qui restent gravés car tu ne fais pas ça tous les jours. Ca reste magique, même si au Mexique, c’était très roots, dans des coins bien pourris. On est tombés en rade au beau milieu du désert et on a viré notre tour manager au bout de 4 jours car on sentait que ça allait mal finir avec lui, surtout quand on s’est fait arrêter par l’armée dans le nord du pays. Après deux fois le Hellfest, on en veut toujours plus. Au Sonisphère c’était spécial de regarder Metallica et juste après courir faire notre concert sur une autre scène (plus petite). Tellement de rencontres, on a joué avec tous les gros à deux ou trois exceptions près, aussi bien en hardcore que metal.
Une moralité de l’histoire de « Masked Enemy » pour clore cette interview ?
Qu’il faut aller au bout de ses idées. Cet album est le plus long et le plus dur à sortir, mais au final c’est notre meilleur, donc on a eu raison d’y croire jusqu’au bout.
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