Line-up sur cet Album
- Ilia Dobrokhotov : nyckelharpa, jouhikko
- Vyacheslav Salikov : violoncelle
- Ekaterina Dolmatova, Alexander Platonov : choeurs
- Maria Starostina : harpe, flûtes
- Evgeniy Khromov, Alexander Dubovoy : piano, synthétiseurs
- Sergey Smirnov, Timofey Smagliev : batterie, percussions
- Viktor Sankov, Pavel Paukov, Vasil' Davletshin : basse
- Alexei Kalinovskiy : claviers, guitares
- Kusas : percussions, marimba, melodica, shakers
- Fedor Svolotch : dulcimer des Appalaches, percussions, batterie, guitares, synthétiseurs, claviers, bruitages, ukulele, davul, cloches, programmation, parolier, chant
- Yana Veva : flûte, claviers, synthétiseurs, guitares, tambour sur cadre, ukulele, shakers, ocarina, clay whistle, parolière, chant
Style:
Néofolk / DarkwaveDate de sortie:
25 juin 2021Label:
Season of Mist (réédition)Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10
“J’adore votre pays, la Russie, ses hommes, son histoire, ses écrivains. Mon père était un communiste à l’époque, il écoutait Radio Moscou ! C’est aussi cela ma culture » Gérard Depardieu
Pardonnez-moi ami(e)s lecteurs/lectrices, mais cette citation s’imposait d’elle-même tant l’on a besoin de rire un peu de la bêtise de certains en ce moment. Il y en a une autre qui résume parfaitement selon moi comment la Russie doit être perçue, et elle est de Winston Churchill : “La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme.” Bon, le terme « rébus » est un peu fort mais dans l’idée, il y a de cela. La Russie a une réputation très mystique, voire fascinante. Mais surtout clivante ! Adorée par certains, détestée par d’autres, l’histoire de ce pays est tellement énorme que l’on en viendrait à se demander à quel saint se vouer quant à l’interprétation de son rôle dans l’échiquier mondial. Je fais largement fi des considérations politiques, je préfère de loin m’attacher aux croyances ancestrales qui sont légion, et à la culture. C’est un pays qui en lui-même m’attire, je ne m’en cache pas. J’adore y découvrir sa musique, en particulier dans le milieu qui nous intéresse ici. On connaît tous, ou presque, évidemment Arkona, mais il y en a d’autres ! Et parmi cette foule de représentants de la caste extrême, on retrouve un duo de musiciens qui s’est rassemblé derrière un projet qui ne mérite aucunement d’être passé sous silence. Il s’agit de Theodor Bastard ! Pour ma part, j’avais un peu écouté quelques morceaux d’albums anciens sans plus, mais jamais je ne m’étais penché sur un album, encore plus récemment. C’était donc l’occasion pour moi de gommer cet affront et d’aller vous présenter « Volch’ya Yagoda » en réédition, sachant que la sortie officielle était en… 2020. Curieux non ?
Derrière ce nom étrange pour un groupe de cette ampleur, Theodor Bastard est l’œuvre d’un duo de musiciens principal accompagné d’une tripotée d’autres. Fedor Svolotch et Yana Veva sont le cerveau bicéphale d’un projet musical qui a vu le jour en 1999 ! Du moins sous ce nom car de 1996 à 1999, le duo russe se nommait Фёдор Сволочь sous le nom du fameux Fedor Svolotch qui officiait donc seul. Theodor Bastard, outre le fait dont l’on pourra juger l’intérêt selon le bien commun, qu’il vient de Saint Pétersbourg, a sorti à ce jour huit albums, une compilation, deux albums live et surtout, trois bandes-son de films. Sans compter que trois rééditions de leurs albums sont sorties, dont celle-ci en 2021. Sans compter également que le groupe s’est produit dans au moins une soixantaine de festivals ! Bref, je vous bassine probablement un peu avec ce pedigree florissant, mais Theodor Bastard est réputé pour être le pionnier du genre neofolk en Russie, et probablement l’un des pionniers du genre. On a donc du très lourd ce soir, c’est le moins que l’on puisse dire. Chroniquer un album, même s’il s’agit d’une réédition, même si cette dernière n’a qu’une année d’écart avec la sortie initiale, de la trempe d’un groupe comme Theodor Bastard, moi je vois cela comme un honneur. Etant très friand du genre de musique qu’il propose, je trépigne comme un morpion au Salon de l’Erotisme ! C’est vous dire.
L’artwork, pour commencer, est exactement le genre auquel je m’attends objectivement quand je découvre un album de neofolk. Avec une belle empreinte de culture russe et des symboles typiques d’une intention soit chamanique, soit en communion avec la Nature et toutes les croyances qui en découlent. D’ordinaire j’aurais tendance à trouver ce type d’artwork relativement pauvre mais il n’en est rien. En vérité, Theodor Bastard a eu largement raison de faire dans la sobriété et de mettre l’accent sur ce symbole d’assemblage avec des couleurs dorées et claires, et ce fond bleu-gris foncé qui accentue le tout. L’idée étant selon moi de mettre en avant ce fameux symbole dont l’on pourrait interpréter plein de choses et ainsi pousser au questionnement et à la découverte ! Je vous partage le ressentiment de ma femme qui adore la culture russe et les mythologies slaves : le symbole représenterait le cycle des saisons et le personnage en bas un Dieu celte ou deux Dieux slaves qu’elle m’a défendus de nommer dans le doute. Le nom de l’album voulant dire « Goji », j’avoue avoir un peu de mal à m’y retrouver. Mais en tout cas, stricto facto, la pochette est bien sympathique, accrochant bien le regard et donnant envie d’aller à l’écoute de l’album ! C’est évidemment tout ce qu’on demande, n’est-ce-pas ? Beau choix surtout si l’on exclut le fait que la réédition présentement chroniquée et l’album original ont exactement la même pochette.
La musique est hautement complexe mais tellement magnifique… Résumé assez succinct d’un premier constat, d’une première écoute incroyablement envoutante et belle. Theodor Bastard offre un album de neofolk à l’identité primaire propre et irréfutable de ses origines russes. Mais pas que, et c’est là tout le côté surprenant de « Volch’ya Yagoda« . La musique est majoritairement neofolk donc, mais se permet quelques petites escarmouches de dark wave incroyablement bien placées et étonnantes. Offrant une dimension étrange, encore plus mystique à une musique tellement traditionnelle qu’elle en arrive à nous faire voyager et méditer à la fois ! Un peu comme si notre corps était resté au fond du canapé et que notre esprit vagabondait avec légèreté dans la toundra russe. Les instruments sont multiples, nous gratifiant d’un ensemble instrumental mélodieux, onirique et hypnotisant. La voix féminine est au cœur de tout cet écosystème musical et sonne comme l’animal alpha qui apporte cette touche finale de puissance. C’est d’une telle complexité qu’hormis mes sentiments, j’ai du mal à décrire sans tomber dans le pompeux la musique de Theodor Bastard. Retenez simplement que cette première écoute a largement fait balancer mon choix vers le positif, dans le sens où la musique est magnifique. Digne selon moi des bandes-son de films « de voyage », à la « Sept Ans au Tibet », je suis extrêmement ébahi par l’immense qualité de cet album et par le talent extraordinaire qui permet au duo Fedor Svolotch / Yana Veva de sortir, et d’offrir en réédition, un « Volch’ya Yagoda » pratiquement parfait, sinon album phare du genre neofolk russe. Une merveille absolue.
On reconnaît un groupe qui navigue dans les hauts flots par la qualité de sa production. Chacun le sait, une production change beaucoup la donne dès lors que la musique est en plus de cela accessible comme le propose avec aisance Theodor Bastard avec « Volch’ya Yagoda« . Et visiblement, ou auditivement, nos amis russes ont mis les petits plats dans les grands ! Dans le genre production qui frôle la perfection, vous avez celle-ci, où l’ensemble instrumental pourtant énorme est d’une fluidité déconcertante et exceptionnelle. Un véritable travail d’orfèvre pour donner à chaque instrument, certains étant même aux antipodes les uns des autres, une place suffisamment importante et aussi humble pour qu’aucun ne soit lésé. C’est un incroyable travail de fourmi qui a été fait en studio, un truc digne des plus grands albums de musique en général. Pas besoin d’en décrire davantage les arrangements, l’écoute suffira à étayer mon propos. Je suis définitivement fanatique de ce genre de son, qui touche du bout du doigt la perfection sonore ! Pour moi, c’est du tout cuit !
L’album est relativement long sur le papier puisqu’il se compose d’onze pistes officielles et d’une douzième cachée, mais la longueur totale n’excède même pas 45 minutes. Ce que j’adore énormément dans les albums de genre neofolk, c’est cette capacité à faire voyager l’auditeur dans des contes et légendes différentes par le biais de compositions variées. L’ensemble instrumental, je le répète, est d’une exceptionnelle richesse et offre un panel plein de possibilités. Il aurait été malvenu d’offrir un album sans aucune variation ni originalité, et Theodor Bastard a largement contribué d’abord par cette incroyable machine de composition qu’est l’être bicéphale derrière le projet, et ensuite par ces enregistrements orchestraux, à offrir un album d’une extraordinaire richesse. La Russie n’aura rarement eu meilleur représentant – en même temps ce n’est pas difficile – sur la scène musicale selon moi qu’avec ce « Volch’ya Yagoda« . Les mots me manquent et c’est bon signe puisque l’esprit analytique est étouffé par ce qui fait la sensibilité de l’auditeur lambda. Retenez simplement que cet album est un immanquable !
Un mot néanmoins pour la chanteuse Yana Veva qui a une voix là encore qui me fiche des frissons. Décrire en quelques mots reviendrait à usiter « captivant », « ensorcelant », et plein d’émotions. La technique vocale est irréprochable et les textes écrits en russe donnent une dimension folle. Bon, je manque clairement de mots, et j’en suis désolé, mais les évidences sont telles concernant la voix féminine de Theodor Bastard que l’on ne peut souffrir plus longtemps d’aller à l’essentiel. Un chant qui colle en tous points au reste, rarement une voix féminine m’aura fait un effet aussi fort après Hekate.
Car pour finir cette chronique, il serait facile de dire que « Volch’ya Yagoda » n’est que la confirmation que Theodor Bastard est l’un des meilleurs groupes de neofolk en activité, et pas uniquement dans ses frontières gigantesques de sa Russie ! Exit le fait que ce soit une réédition, puisqu’il y avait aucune information supplémentaire. Cela sonne donc pour moi comme la chronique de l’album de départ en 2020. La musique se passe parfois largement de mots, et les ressentis ne souffrent d’aucune contestation quand l’évidence est le seul maître mot valable. « Volch’ya Yagoda » est donc l’un des albums de neofolk les plus extraordinaires qu’ils m’aient été donné de découvrir et je considère Theodor Bastard comme l’un des meilleurs. C’est tout ! Il n’y a rien à ajouter, tout se joue désormais dans vos enceintes et dans l’impact que vous donnerez à ce groupe. A vous de jouer ! Pour ma part, « Volch’ya Yagoda » figurera en très bonne place chez moi.
Tracklist :
1. Flute Song 02:08
2. Shumi 04:30
3. Skejgored 04:43
4. Urzala 04:04
5. Les 04:09
6. Kamen, Sneg, Metal 03:02
7. Secrety 03:42
8. Requiem 02:35
9. Pozhato 05:05
10. Volchok 03:27
11. Obereg 02:53
12. Fjorn Gaden 04:08
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