Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 10/10

Nul. Misérable. A chier. Navrant. Minable. Pourri. Pitoyable. Voici une liste très sommaire des qualificatifs dont je n’userai pas au sujet de Proponent for Sentience, quatrième album d’Allegaeon.

Comme vous vous en doutez, ma chronique risque d’être courte tant elle pourrait se résumer à un seul et unique mot : excellent ! C’est simple, depuis ma découverte de Fleshgod Apocalypse avec The Agony, je n’avais pas pris une grosse claque de cette ampleur. Si j’évoque Fleshgod, c’est un peu parce qu’on est non seulement au même niveau d’exigence et d’ambition, mais parce qu’on pourrait faire un relationnel entre Allegaeon et eux, notamment dans les passages orchestrés et arrangés pour chœur (parmi mes préférés, comme vous pouvez également vous en douter), mais sans en être un ersatz ou chercher à copier-coller, tant leurs influences vont piocher de ci de là, dans le Heavy ( « Demons of an intricate Design »), le Black (« Terrathaw and the Quake »), l’Emo/Core (« Cognitive Computations »), le tout en ayant évidemment en trame de fond de Death mélodique ultra technique et maitrisée de bout en bout. Je ne m’étendrai donc pas sur la production, soignée comme il se doit pour un album de ce niveau.

Au-delà de son relationnel éventuel au Prog’, ne serait-ce que par la durée de chaque morceau (le plus court faisant 3’24, la moyenne tourne autour de 6’30), le quintette de Fort Collins (Colorado) a beaucoup de choses à dire musicalement et se distingue aussi par une patte hispanique tout autant affolante de maitrise : sortir une habanera à la guitare classique pour 3 minutes d’outro d’un morceau, « Gray Matter Mechanics », (le ton était donné dès le départ avec un flamenco) faut oser ! Pour les néophytes et histoire de simplifier et vulgariser, écoutez l’Air de Carmen de Bizet « L’amour est un oiseau rebelle » : c’est ça une habanera. Sans être affirmatif, j’ai cru également entendre un fandango au fil de l’album…

Au-delà de toute excellence, Allegaeon fait dans la générosité, tant dans la qualité que la quantité et nous gratifie de 72 minutes de bonheur, incluant une petite reprise de Rush, « Subdivisions », pour achever le tout. Scindé en deux grandes parties, mon affection va tout particulièrement au trois dits morceaux éponymes de l’album – plus particulièrement le deuxième, qui sert d’interlude –, les plus orchestrés et ne lésinant pas sur les moyens, somptueux qu’ils sont. Clairement, la seule raison d’émettre un commentaire négatif sur Proponent for Sentience serait liée aux gouts et aux couleurs parce qu’on aime ou pas le genre. Un des must have de l’année !

A écouter en se prenant une fessée et avouant fièrement, sans honte ni gêne, ne pas répugner à tendre l’autre fesse pour en prendre une seconde.

Tracklist:
1. Proponent for Sentience I – The Conception (6:23)
2. All hail Science (3:24)
3. From nothing (5:00)
4. Gray Matter Mechanics – Apassionata ex Machinea (8:18)
5. Of Mind and Matrix (5:33)
6. Proponent for Sentience II – The Algorithm (8:19)
7. Demons of an intricate Design (4:25)
8. Terrathaw and the Quake (6:10)
9. Cognitive Computations (5:58)
10. The Arbiters (6:11)
11. Proponent for Sentience III – The Extermination (6:59)
12. Subdivisions [Rush cover] (5:25)

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