Cracher sa haine, ses pulsions, tel un exutoire, du moins c’est comme cela que j’ai ressenti ce « Boggeyman » du groupe français Anthropovore. Alors « Boogeyman », sorti en 2021, n’a rien à voir avec le terme boogie cher à Status Quo, mais signifie : le croquemitaine. Et ce titre va comme un gant à la musique proposée sur cet album : ici, on parle de black metal teinté d’une légère odeur death.
Il faut vous dire, messieurs dames, que cette formation ne compte que deux membres, issus de Muertissima (voir chronique), avec à ma gauche Stéphane Prados (guitare) et à ma droite Simon Perrin (guitare, basse et chant). Et la batterie là-dedans ? Et bien, c’est du programmé, mais c’est tellement bien foutu que l’on peut y croire.
Quant au reste, et bien, n’étant pas un grand spécialiste du metal noir, je dirai avoir pensé à des groupes comme Dimmu Borgir sur des titres comme « Bogeyman », voire à un vieux Satyricon pour le coté hypnotique de la chose sur « Seasons of suffering », titre qui débute sur un beat presque death n’roll.
Par contre, servi par un son volontairement brouillon, genre tsunami sonique, leur black s’avère agressif, massif, porté par des mélodies simples et efficaces (« Jurassic altered »). Brutalité et sentiment d’oppression sont au rendez-vous, conjugués avec une aura de solitude dépressive.
Bref… Du Black !

Et qu’il soit glacé genre « fin du monde » (« Last sin of humankind ») où pesant (« Times marches on »), on sent que les deux compères ont joué la carte du spontané, déversant toute leur fureur quotidienne dans cet opus, ce qui est le propre du metal.
Si vous aimez le frontal, bien dessiné tout de même, car évoluant sur plusieurs paysages musicaux au sein d’un même titre, le genre pas linéaire, mais qui prendrait plutôt les allures d’une mer sans cesse changeante dans la tempête, c’est pour vous.
Perso, bien kiffé, car empreint d’une véracité dévastatrice qui met à vif tout ce que l’être humain charrie de noirceur dépressive alliée à une rage de tous les instants.
Amateur de metal lumineux s’abstenir, car ici, on plonge au cœur de la bête.

Tracklist :

1. Ave Satani (3:03)
2. Boogeyman (7:03)
3. Purulence Cerebrale (6:19)
4. Rising Anger (6:17)
5. The last sin of humankind (6:41)
6. Torture et mort (8:31)
7. Time marches on (5:38)
8. Suicide ordinaire (5:55)
9. Seasons of suffering (5:05)

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