Conclave – Dawn of Days

Le 16 juin 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Jerry Orne : basse, chant
  • Dan Blomquist : batterie
  • Chris Giguere : guitare
  • Jeremy Kibort : guitare, chant

Style:

Doom / Sludge Metal / Stoner

Date de sortie:

23 avril 2021

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Qui entre pape au conclave en sort cardinal » Proverbe français

Je ne sais pas exactement pourquoi mais le mot conclave me semble être un mot important, avec une grande puissance. Cela me rappelle un peu le principe de l’égrégore, et surtout tout son pouvoir. Il faut savoir que, si l’égrégore désigne en temps normal le principe d’assemblage des forces d’un groupe d’individu pour se réunir dans un but commun, il est aussi un concept très important dans le chamanisme et l’ésotérisme. Le pouvoir de la pensée commune est une chose qui revient fréquemment dans les croyances et il existe une vraie métaphysique concernant ce pouvoir. A titre d’exemple, vous avez les prières collectives, les moments de deuil partagés, les réunions diverses mais surtout avec un but spirituel derrière, ou plus terre-à-terre encore les hooligans dans les tribunes de football, ou encore les manifestations. En fait, tout ce qui permet de créer une connivence forte au travers des opinions, des croyances et interprétations, peut créer un égrégore. C’est aussi très associé au principe des topiques de Freud, notamment celle qui parle du conscient, de l’inconscient et du préconscient. C’est une sorte de libération de l’inconscient puisqu’il s’agit plus encore d’une libération des fantasmes, rêves et interprétations. Bref! Je me lance un peu dans cette explications foireuse parce que le mot « conclave », tout le monde ou presque connaît le grand pouvoir égrégorique qui se cache derrière, probablement de base l’un des égrégores les plus puissants de l’égrégore chrétien! Désigner un pape, chef suprême de la Foi catholique, qu’y-aurait-il de plus fort? En tout cas, je ne le pensais pas mais le choix de faire la chronique du groupe portant ce nom si puissant, Conclave, s’avèrera être un choix payant. Mais au départ, cette introduction était là pour dire à la Quantum que j’ai choisi Conclave et son album Dawn of Days simplement pour le nom. Voilà. Presque quinze lignes pour dire ça, la honte…

Conclave n’est donc pas ici présent pour élire un nouveau pape, fusse-t-il que l’on s’en passe, mais pour déverser sa musique pleine de lourdeur. En effet, le groupe nous vient tout droit du Massachusetts aux Etats-Unis, la même ville que l’un de mes groupes favoris au passage, Dropkick Murphys. Concernant les premières bases musicales, on l’ignore, mais le groupe a sorti un premier EP en 2014, donc l’on pourrait supposer qu’il s’agit d’une année de commencement potentielle. Par la suite, la discographie se montrera aussi épaisse qu’un sandwich jambon-beurre de la Gare de Lyon : un album en 2016, un single en 2018 qui ne paraîtra pas sur le fameux album Dawn of Days qui nous intéresse ici. Un quatuor de musiciens qui prend bien son temps pour sortir de nouvelles sensations, puisque l’écart entre les deux albums se situe sur cinq années. On pourrait ainsi se dire que le groupe Conclave en est à ses premiers balbutiements encore. A noter au passage que les musiciens officient chacun dans au moins une formation en plus, mais pas plus de deux. J’ai le sentiment, au départ, d’avoir à faire avec un jeune groupe. Pourtant, le style musical et la typographie du logo du groupe me faisaient surtout penser à un groupe de papas! Mais bon, entre les interprétations et la réalité, il y a des fois un gouffre. Voyons donc voir de quel côté du canyon on se situe.

J’ai omis un détail mais qui a son importance : le groupe sort son deuxième album chez Argonauta Records! Quand-même! J’ai tiqué quand j’ai vu la pochette, je ne sais pas exactement pourquoi mais elle m’a rappelé que le groupe américain avait signé un contrat chez le label italien. Du coup, on a ici une pochette de grande qualité! Une abondance de symboles pour lesquels une association semble loufoque, mais qui donne un rendu intéressant et bien accrocheur. Ce personnage central tout d’abord qui me fait penser à Kylo Ren dans Star Wars mais qui symbolise probablement quelque chose de plus spirituel, tient une bougie à droite et une planète style Saturne à gauche. L’idée d’associer par la symbolique de la bougie la religion et le cosmos, déjà cela m’intrigue. Et le mélange ne s’arrête pas ici : le cimetière en bas du personnage et les comètes en haut, ce qui me fait penser à des éruptions solaires et des étoiles dans les cadres sur les côtés, et ce noir profond qui fait ciel nocturne, en fait Conclave crée une sorte de dualité spirituelle entre religion et ordre cosmique. Le tout serait de savoir vers quelle dimension nous emmènerait cette porte ouverte dans le torse du personnage. En fin de compte, cette pochette me plaît d’une part par son style et ses couleurs très contrastées et bien alliées, et d’autre part pour la dualité qu’elle montre métaphoriquement, où le point d’ancrage chaotique serait ce fameux Kylo Ren de l’espace! C’est donc un artwork intelligent, sombre mais chouette à contempler. J’aime beaucoup.

Première surprise lors de l’écoute de l’album : la musique sonne comme un havre de modernité. Je m’attendais sincèrement à quelque chose d’assez old school notamment dans la production, je me retrouve finalement avec un doom metal fort bien exécuté, quelques accentuations qui oscillent entre le stoner et le sludge avec tout de même une très nette domination pour le premier cité. Les riffs sont clairement dans la mouvance rock avec des soli en pagaille, des accords très heavy mais en conservant une très grosse lourdeur et je me suis surpris des moments à discerner quelques moments de son « boueux », à la sludge. Mais cela reste très léger. Je me retrouve en tout cas dans beaucoup de formations qui m’ont énormément plu, comme Splendidula (du même label), Sons of Otis ou encore Conviction (toujours du même label). La musique est superbe, sans rire, un vrai kiff. Plus encore que de simples compositions, il y a une vraie authenticité, un vrai esprit musical qui se dégage. Une sorte d’égrégore en petit comité, qui fonctionne comme une électrochoc mental. En plus d’être entrainante, la musique de Conclave est lourde, parfois sombre et torturée, et cette alternance de passages stoner et d’accords lourdingues à la doom sludge, cela donne un rendu vraiment fou. J’ai donc franchement adoré la première écoute, un vrai régal. Pour un deuxième album, les ricains de Conclave ont frappé un très grand coup!

La production est très bonne aussi. Elle l’est d’autant plus que parvenir à mettre bout à bout deux sons pourtant assez éloignés comme celui du doom stoner et du sludge metal n’était pas chose aisée. Et j’ai été bien épaté par cette capacité de la part de la personne qui a produit l’album de marier ses deux sons, sans en plus de cela trouver une sorte de concordance qui aurait dénaturé le résultat. Un petit exploit dans un grand album. En tout cas, cela fait vraiment plaisir d’entendre ce type de productions dans le sens où la lourdeur est bien représentée mais pas trop, suffisamment pour prendre le spectre dans sa majorité, mais aussi avec un peu de retrait nécessaire pour la place qui incombe aux guitares lead. Petit étonnement toutefois : la batterie que je trouve étrangement un peu basse, mais qui de toute manière sert surtout à marquer le rythme à la noire, donc en soi rien de bien méchant. J’aime de plus en plus ce type de productions, et limite Conclave réussit à me réconcilier avec les riffs heavy rock, ou tout simplement stoner. Bon! En tout état de cause, la production est un modèle du genre. Je commence vraiment à comprendre le choix d’Argonauta Records qui réalise un quasi sans faute avec moi.

Inutile de dire que les autres écoutes ont été nombreuses et agréables donc. J’ai eu du mal à mettre de côté mes ressentis pour essayer de conserver un esprit analytique. Il faut dire que sous ses apparences d’albums de metal noir, la musique est une vraie bouffée d’oxygène. J’étais même étonné de mettre une pochette aussi pessimiste avec une musique stoner qui au final donne plus envie de trinquer à la pinte que de s’enterrer vivant. C’est déroutant comme idéation. Mais je pense que c’est simplement un défaut d’incompréhension que j’ai encore vis à vis du stoner, je suis novice après tout dans le genre! Mais oui, l’album Dawn of Days est génial. Les cinq morceaux sont en plus de tout cela relativement court pour le genre, entre six et sept minutes pour les deux premiers et seul le dernier déborde des dix minutes fatidiques, ce qui laisse place au changement assez vite et n’endort pas l’auditeur. J’ai aussi bien apprécié les changements rythmiques à la batterie, on sent que l’idée de linéarité n’est pas maitre mot dans la musique de Conclave. Il faut que ça bouge! Donc on a une batterie bien groovy, permettant aux parties lead et solo de se démarquer correctement, avec des moments plus doom metal, longs et lents. Il y a de fait peu de réels mélanges des genres, c’est soit doomy, soit stoner. Mais pour le coup, cela passe divinement bien. Au contraire d’un Splendidula qui avait réussi l’exploit de mélanger trois genres – stoner, sludge et doom -, ici Conclave jongle habilement entre les deux genres, et même de temps en temps se paye le luxe de mettre comme je disais un peu de sludge metal. Au compte-gouttes certes, mais quand-même!

Bien entendu, les musiciens assurent! Mais le plus impressionnant de tous, pour moi, et c’est un compliment, c’est le chanteur. J’ai adoré sa technique vocale de growl medium. J’aimerais bien avoir la même, et en plus de cela il ne varie quasiment jamais sa technique, et réussit malgré tout à envouter par son chant limite funèbre les oreilles ingénues. Niveau rythmique, c’est lent bien entendu et ce y compris pendant les accélérations. Un chant très doomesque, avec toutefois non pas un chant clair mais saturé, qui me fait penser à quelques passages de Varanak. Et le clou du spectacle ce sont les chœurs. Alors franchement, là, c’était grandiose. Vous en avez dans quelques passages, assez discrets mais quand vous avez votre casque, vous fermez instinctivement les yeux et vous vous croyez dans un grand cérémonial. Le fameux égrégore, c’est exactement ce ressenti-ci! Une communion spirituelle autour des chœurs qui donnent envie tout simplement de basculer dans les méandres de l’inconscient collectif. Sincèrement, c’est du génie à ce stade. Créer un égrégore dans un album, quel exploit!

Pour terminer, Conclave nous balance directement un deuxième album tellement bon que l’on se demande comment ils ont réalisé cette prouesse. Partant sur des bases faméliques, le groupe américain fait une sincère et fracassante entrée dans le milieu doom. Dawn of Days est un album rassembleur, qui mélange subtilement plein d’aspects pourtant contraires comme ce son moderne mais ces riffs d’un autre temps, ce doom metal aux accents stoner un peu old school mais ce chant divin et en growl medium, cette dualité entre le sombral et ce stoner qui donne plus la pêche qu’une envie de suicide. Bref! Un album extrêmement intéressant, plein de promesses et qui donne surtout envie de le réécouter encore et encore. Conclave est un groupe qui parvient à créer un égrégore, une musique qui parle à beaucoup et qui ramène nous, les ouailles, vers une communion spirituelle profonde. Une très belle découverte pour moi! Et mon petit doigt me susurre que je vais devoir appeler Chris Metalfreak comme alibi pour mon banquier…

Tracklist :

1. Dawn of Days 08:05
2. Death Blows Cold 06:38
3. Haggard 08:14
4. Thrown on Spikes 09:14
5. Suicide Funeral 13:33

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