Line-up sur cet Album
- Michael Burmann : guitare
- Hilton Theissen : guitare
- Christian Mertens : chant
- Gerold Kukulenz : basse, claviers
- Andre Schaltenberg : batterie
Style:
Doom Metal / ProgressifDate de sortie:
07 janvier 2022Label:
Massacre RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6/10
“Chez certaines personnes le moi est une substance poreuse rongée par l’acide de l’existence.” Goce Smilevski
Vous avez dû le remarquer si vous nous lisez, en ce qui me concerne, je ne fais pas vraiment de productions des gros, très gros labels. Pour plusieurs raisons, que je rechigne un peu à expliquer, mais la principale étant la plus importante je vous en parle. Souvent, quand je dois écrire une chronique, j’aime bien essayer de comprendre ce qui distingue untel d’untel groupe, surtout dans le même genre. La tendance au mainstream rend souvent certains albums un peu trop ressemblants entre eux, mais au même titre de toute façon que n’importe quel sortie populaire, « pop » quoi. Attention! Je ne suis pas en train de dire que toute sortie mainstream est foncièrement et obligatoirement mauvaise! J’adore beaucoup de groupes connus, et j’ai acquis la discographie entière de la plupart d’entre eux, ce qui n’est pas rien. Simplement, entre écouter un album et en faire la chronique, il y a une différence notoire : l’analyse. Et malheureusement, quand je dois faire l’analyse d’un album d’un gros label, sincèrement je m’ennuie un peu. C’est pour cela que j’ai laissé le dernier Amon Amarth que pourtant j’adore, à mon Antirouille préféré, plus corrosif que le bicarbonate de soude. Bref! Vous allez me dire que mon raisonnement se tient et que je suis un être doué d’une intelligence incroyable, capable de m’éloigner avec instinct et pondération de la moindre chronique ennuyeuse et ainsi me contenter de sorties intéressantes et originales! Eeeeeeeeeeeeeeeh bien non. Parce que mon choix d’albums à chroniquer se situe sur une logique comparable à celle-ci : « alors, voyons la liste. Hmmmmm… Intéressant. Allez! Je prends tout ce qui est sludge, tout ce qui est doom death, tout ce qui est stoner, tout ce qui est dans un style que personne ne veut car trop barré, et c’est bon! » En vérité, mes choix me prennent deux secondes. L’envoi des albums prend à notre Patron Céleste, Délicieux et Rempli de Paillettes Chris Metalfreak pratiquement une année-lumière (merci sa connexion) et après, seulement après, je réfléchis. Et je me dis « meeeeeeerde mais pourquoi avoir pris cet album??? Il sort chez truc-bidule Label! » et je me retrouve comme un couillon de pacotille, à me morfondre sur mon sort et me dire que malgré tout je suis professionnel, même si je ne suis pas payé (hein???) et je vais la faire. C’est à peu près ce qu’il s’est passé pour l’album « Acid River » du groupe Dark Millenium. Et je m’en excuse par avance.
Je suis peut-être un peu retors quand je parle de mainstram concernant Dark Millenium, mais l’album « Acid River » étant sorti chez Massacre Records, il y a de quoi se poser des questions quand-même. C’est loin d’être un label de petite envergure! Mais bon. En tout cas, l’histoire du groupe n’est pas banale du tout. Dark Millenium a connu deux vies. La première a été très courte, de 1991 à 1993 avec toutefois une période faste composée de trois démos et deux albums, ce qui n’est pas rien, dont le dernier sorti chez le fameux Massacre Records. Et puis, plus rien! Jusqu’à 2015 et la sortie d’une énigmatique compilation, prémices en fait d’un renouveau du groupe d’origine allemande, de Bad Fredeburg en Rhénanie pour être exact. Et effectivement, Dark Millenium va littéralement renaître de ses cendres, avec la deuxième période qui court toujours, depuis 2015, et la sortie de trois albums dont ce dernier « Acid River« , et un single. Un peu moins faste que la première, cette dernière sonne néanmoins comme un renouveau plus franc. En tout cas, la confiance accordée par le label qui va produire l’avant-dernier album et celui-ci, me laisse à croire que le groupe n’est pas dénué de talent. Toutefois, et c’est pour cela que chez Soil Chronicles on fait souvent un rappel biographique, on a une période très longue sans activité, et les renouveaux après des longueurs d’absence aussi grandes ne sont pas toujours gage de bonnes nouvelles. Souvent plus d’essoufflement. Alors, cette chronique permettra probablement de situer sur quel avenir se situe Dark Millenium. On y va!
Alexander Freund est le nom bien « amical » (ceux qui connaissent la langue allemande comprendront) de celui qui a fait cet artwork, au même titre que tous les précédents du groupe Dark Millenium. Honnêtement, je ne suis pas franchement emballé qui plus est par les précédents qui sont soit totalement abstraits, soit totalement banals. Il n’y a pas tellement de juste milieu, on a du blanc ou du noir. Mais dans les deux cas les deux couleurs (le noir n’en est pas une mais bon…) me piquent les yeux, peu importe la nuance. En fait, j’y vois une preuve manifeste d’inconstance dans le travail du créateur des pochettes. Pour celle-ci, le groupe se targue d’avoir un visuel, à moins que ce ne soit le label, qui « a capturé parfaitement l’atmosphère et l’ambiance de l’album ». Je ne vois pas tellement en quoi. On pourrait éventuellement apprécier le contraste de couleurs, entre ce vert pâle et ce bleu cyan, mélangés à ce rouge et ces tonalités violettes foncées, encore que le mot « apprécier » me semble un peu fort. Mais sur la signification, je ne vois pas du tout en quoi cet album représente une « rivière acide » et en quoi c’est représentatif de la musique de Dark Millenium. On dirait une simple forteresse genre Tolkien que l’on a tout bêtement retourné en effet inversé, pour avoir ce résultat. Je me suis même amusé à essayer d’inverser les couleurs via Photoshop pour voir si ce n’était pas tout simplement cela qui avait été fait. Bon, on n’en est pas là, je vous rassure. Mais je ne vois pas en quoi cet artwork est utile, ni même en quel caprice il est beau. En plus, Metal Archives, dans sa grande mansuétude, a carrément proposé un format zoomé de l’artwork ce qui permet de voir qu’il n’y a pas tellement de détails. Ce ne sont que de vulgaires coups de pinceaux faits à la va-vite, et en plus le mélange des couleurs n’est pas du tout harmonieux. Ajoutez à cela que le bas est beaucoup trop flashy et ne rend pas honneur à cette espèce de forteresse à l’envers. Bon enfin, voilà. Cet artwork ne me sied pas du tout, je ne comprends pas en quoi le groupe a apprécié cette dernière. Il serait temps de dire à ce fameux monsieur Freund, tout sympathique qu’il doit être, qu’il n’est pas très doué. Histoire d’avoir une « vraie » pochette digne de ce nom pour plus tard, si tant est qu’il y ait un après, parce que sincèrement, sur ce coup-là, c’est même pire que les précédents. C’est vous dire! Et franchement, déjà que les pictogrammes sont limite illisibles, alors quand en plus on les retourne…
Vendu comme un album de doom death metal, je m’attendais de prime abord à ce registre, très lourd et très macabre. Il n’en est rien, enfin! Si. Mais pas totalement. On a un truc un peu hybride, étrange, entre quelque chose qui ressemble à du doom metal mais pas trop lent, sur des riffs old school dans le genre donc mélodiques et un brin heavy, avec quelques passages qui me semblent être du metal progressif puisqu’il n’y a pas de ligne directive, les riffs s’enchainent en étant tous différents et avec des tempos différents, ce qui n’est pas banal dans le genre doom metal. C’est même un peu la curiosité totale, proposer un mélange des deux alors que le doom metal a pour essence d’être minimaliste, et le metal progressif a pour particularité d’être complexe et varié. J’avoue que je me suis un peu pris les pieds dans le tapis à comprendre le pourquoi du comment, à commencer par le mental un peu borderline qui a accouché d’une idée aussi saugrenue. C’est un peu comme faire s’accoupler un ornithorynque et une gazelle quoi. Cela donne un album hautement bizarre, complexe, avec quelques ingrédients dominants sur le metal progressif faits de passages en accélération progressive, puis des coupures quasiment systématiquement soit avec des passages clean guitares, soit des samples ambiants ou atmosphériques c’est selon. Mais le résultat est que cet « Acid River » est tout sauf un fleuve tranquille. La musique est difficile à avaler, puis à digérer, clairement. Je ne suis pas contre la haute technicité dans la musique et généralement les musiciens qui se targuent de faire dans le metal progressif sont de très bons musiciens de base, mais quand la musique se situe sur un mélange qui normalement ne devrait pas avoir lieu d’exister autrement que sous une forme tératogène et donc repoussante, on a du mal à savoir sur quel pied danser. J’ai donc sincèrement eu du mal à pénétrer pleinement dans cet album. Je suis passé par un ascenseur émotionnel où certains riffs me plaisaient bien, mais je n’avais pas le temps de les apprécier que déjà on passait à un autre nettement moins bon, pour au final revenir sur un moyen, et hop! Ces passages en clean ou en samples qui cassent l’ambiance. Et vous savez le pire? C’est que malgré cette musique extrêmement difficile à appréhender, j’y ai trouvé beaucoup d’éléments en faveur d’une production mainstream! Parce que, vous l’avez peut-être remarqué, je n’ai pas fait d’argumentaires acerbes sur le « mais où est le death metal dans tout cela??? » Rassurez-vous, bonnes gens, cela va venir. Mais ce que je peux d’ores et déjà dire, c’est que je n’ai pas accroché totalement à cet « Acid River« . J’étais plus éberlué que réellement content de l’écoute. Et je ne crois pas que faire une analyse pompeuse m’aiderait à comprendre quoique ce soit. Dark Millenium, qu’on se le dise, est certainement un bon groupe, mais qui pond un album trop compliqué pour moi. La suite.
La production ne plaide en tout cas pas en la faveur d’un doom death metal, progressif ou pas. Parce que le son n’est pas lourd, ou un peu quand il faut on va dire. En même temps, vous m’arrêtez si je dis une connerie, mais je crois que pour que l’on contienne la quintessence suprême du metal progressif, il ne faut pas que les instruments se noient non pas dans une rivière acide, mais encore moins dans un son trop épais. Sinon, vous avez beau gratter la guitare comme personne, pas même comme Shiva, vous n’allez rien entendre. En tout cas, la production n’est en rien idoine à celle d’un groupe de doom death metal. En revanche, pour le doom metal progressif, puisqu’on va l’appeler comme cela, ce n’est pas mal du tout! On va rendre à César ce qui appartient à la salade, et concernant une production mainstream on n’en attendait pas moins, le son est bien. Je n’y vois pas tellement d’originalité, on retrouve cette mouvance moderne notamment sur la batterie et la basse, mais là où j’ai été mauvaise langue en introduction c’est qu’au moins, le label a respecté ce qui me semble être un soupçon d’old school. Avec les guitares qui sont plutôt sur une sonorité un peu rebondie, moins clinique comme le veut la tradition actuelle (oxymore), et le chant reste sur une sonorité lointaine et moins grouillante. Du coup, le mélange n’est pas si mal que cela et constitue selon moi l’un des points forts un peu trop rares de cet album. Au moins Dark Millenium a su conserver une touche ancienne, étant donné que le groupe existe officiellement depuis 1991, cela ne m’étonne guère. Et c’est bien, très bien même! Bonne surprise. Malheureusement, ce dernier n’aidera pas à la digestion un peu trop lourde pour le coup de l’album, et je ne crains que si la production ne suffise pas à arrondir les angles, on ne va pas y arriver les ami(e)s. Au moins peut-on dire qu’il y a objectivement du bon dans cette dernière sortie de Dark Millenium. Maigre consolation.
Parce que, hélas et trois fois hélas, le souci de beaucoup, beaucoup, beaucoup de sorties mainstream, c’est qu’il y a un cruelle manque d’originalité. Le label a beau me dire « »Acid River » n’est pas un concept album au sens traditionnel du terme mais a un fil conducteur (l’acid river) qui traverse l’album et ses chansons. Le thème principal est l’effraction d’un monde occulte dans notre réalité, qui est décrite par différentes histoires. », on croirait quand-même un concept déguisé, ou tout bonnement un concept raté. Car, excusez-moi, mais raconter l’arrivée d’un monde occulte dans notre réalité, ce n’est pas franchement original, juste un attrape-nigaud de plus dans le sens où au moins, n’importe quel auditeur dira « ah ben enfin un concept qui me parle! » Eh oui! Cela parle à tout le monde présenté comme cela. Sauf que des albums qui parlent de cela, on en a des pleines brouettes! Et j’ai essayé, franchement, de voir en quoi Dark Millenium allait vers ce concept, je n’ai pas trouvé. C’est tout le problème de cet « Acid River » qui en soi, ne souffre d’aucune contestation pour un auditeur lambda, mais pour un chroniqueur, hormis le fait de s’être égaré et d’avoir lâché la sortie du labyrinthe, il n’y a rien de fou à se mettre sous la dent. Et j’allais même jusqu’à penser que je suis dur, que proposer un doom metal progressif c’était rare et cela pouvait donner un truc bien. Mais en fait, même pas tant que cela. Donc, au final, je dirais que je n’ai pas aimé l’album, que je reste sur ma faim à bien des égards, même si la production n’est pas mauvaise du tout, le résultat que je n’ai pas accroché et quand bien même j’aurais eu un soupçon d’attache ou d’affect pour le dernier né de Dark Millenium, il n’aurait pas été suffisamment solide pour que je revienne dessus. L’album plaira, c’est une évidence. Mais pas pour moi.
Le chant m’offrait un peu plus d’espoir, puisque le procédé sonore le mettait sur un registre old school qui me plaisait à peu près bien, mais même la technicité de ce dernier me laisse souffreteux. Parce que je ne crois pas que la technique qui se situe sur une sorte de high scream un peu bâclé, soit la technique la plus appropriée. On pourrait se dire qu’elle emmène un peu d’agressivité sur une musique qui fait la part belle à la cadence, mais pas tant que cela. On sent en fait que le chant manque de puissance, et que le studio n’a même pas daigné le maquiller. Cela ressemble à un chant amené tel quel, pour au final très peu de retouches. On a ainsi la sensation que le chanteur se fatigue la voix à chaque prise, qu’il n’a pas réellement de technique propre, et que cela sent même je dirais l’autodidacte qui ne s’est jamais objectivement écouté. J’aurais bien vu un chant en growl médium, voire aigu. A la rigueur cela aurait obligé le chanteur à plus, beaucoup plus de puissance, plutôt qu’un high scream à peine repris pour masquer sa faiblesse pathologique. Seul point positif pour ce dernier, la rythmique des textes qui est très bonne, pas évidente quand on connait la complexité d’écrire sur du metal progressif, qui plus est estampillé ou non doom metal. Au moins peut-on reconnaître cette qualité et le travail qui a été fait pour que le chant colle très bien avec les riffs. Voilà donc un constat mitigé, pour des vocalises largement perfectibles sur la forme.
Exceptionnellement, parce que les textes sont en anglais et que d’habitude je ne fais plus de traduction, je veux quand-même souligner ce que je reproche souvent aux groupes mainstream. Récemment un collègue chroniqueur d’un autre webzine m’a demandé pourquoi je raréfiais les paragraphes sur les textes moi qui suis un écrivain de poésie amateur et parolier pour des groupes. Le premier problème étant le temps que me prendraient les traductions, je ne le fais que quand les textes sont en français. Mais surtout, voilà le mal qui ronge les sorties commerciales et qui me rebutent quelque peu à commenter les textes. Pas de généralité hein! Mais quand vous lisez les textes de l’album « Acid River« , c’est tout à fait le mal de ces sorties dûment commerciales qui sont de plus en plus légion… Vous prenez le premier morceau, vous avez des phrases que j’appelle « random » comme :
« Extermination
Des faibles
Visite impie
Dans votre sommeil
Éradiquer
La douleur est partie
La volonté est forte
Ta chair est faible
Subdivisé en morceaux
Il passe le mot
La racine de tout ce qui est mal
Le porte-parole est un fantôme
Transmission
Une horrible arrivée
Un voyage dans un règne de deuil »
Franchement, comment voulez-vous trouver un intérêt à… Cela? C’est pauvre, c’est du réchauffé. Moi, sincèrement, je ne le lis même pas ce genre de textes. C’est faible, tellement faible que j’en suis dégouté… Voilà pourquoi. Et tout l’album est comme cela. Donc pas de commentaire supplémentaire.
J’ai été avare de gentillesse sur cette chronique, et la conclusion n’en sera que plus malaisante pour le groupe Dark Millenium qui sort cette année son cinquième album nommé « Acid River« . Si je devais rester totalement objectif, je dirais que l’adjectif qui qualifie l’album de ce groupe pourtant expérimenté est « pas mal ». Il ne vendrait pas une Tour Eiffel en or à un aveugle, mais au moins fait-il un peu le boulot pour le commun des auditeurs. Seulement, ce genre d’albums cumule pour le chroniqueur casse-bonbons comme moi toutes les tares, ou presque. Son mélange de doom metal et de metal progressif, d’abord vendu comme du doom death metal, frise l’erreur chromosomique en ce sens que les morceaux sont difficiles à ingérer pleinement sans faire de pauses, c’est le premier point. Ensuite, le côté mainstream de cette sortie casse un peu l’originalité qui découlerait d’un projet plus secret. On a un artwork mauvais de chez mauvais, et un rendu final qui sonne creux, qui est fadass au possible. Je ne crois pas qu’il y ait de quoi être fier, même quand on s’appelle Dark Millenium, que l’on a une longue carrière malgré sa pause gargantuesque et que l’on sort cet « Acid River » uniquement pour se maintenir le plus possible hors de l’eau, pour exister. Tout simplement. Je ne crois pas que le Dark Millenium d’avant aurait voulu sortir cet album. Et c’est bien le souci. Mais bon, quand on veut continuer à avoir du succès… Pas fait pour moi en tout cas. Et ce n’est pas en sortant sept morceaux de sept minutes chacun que l’on fait un super album original. Je dis cela…
Tracklist :
1. The Verger 07:02
2. Godforgotten 07:03
3. Threshold 07:02
4. Lunacy 07:02
5. Essence 07:07
6. Vessel 07:02
7. Death Comes in Waves 07:01
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