Note du SoilChroniqueur (Antirouille) : 9/10

Rien n’arrêtera Decapitated, capable de cicatriser de blessures qui en auraient laissé plus d’un sur le carreau. Les Polonais sortent cette fin mai leur huitième album, « Cancer Culture« , cinq ans après un cultissime « Anticult » apprécié tant par les critiques que par les fans. C’est bien évidemment Nuclear Blast qui signe ce nouvel opus et il est à noter que Paweł Pasek, bassiste sur « Blood Mantra » (2014), revient sur cet album.
“From the Nothingness with Love” est une intro qui te prépare au combat avec le rythme d’une batterie offensive et la bataille débutera réellement avec “Cancer Culture”, menée de front par James Stewart, nouveau cogneur qui transforme son instrument en véritable mitrailleuse Gatling. Il prendra à contre-pied, de par sa rapidité, de belles lignes de guitares.

La rapidité sera de mise sur quasiment tous les titres, la batterie jouant l’urgence d’un bout à l’autre de cet album. Des breaks salutaires ponctueront cette frénésie, soit par un groove implacable, soit par des pannes sévères, très courtes, qui niquent bien le rythme soutenu comme sur “Just a Cigarette”. Ces petits breaks de quelques secondes rendront les relances d’autant plus explosives.
Deux invités se succèderont derrière le micro, à commencer par Tatiana Shmayluk sur le titre “Hello Death”. Elle est la frontwoman de Jinjer, groupe de groove metal progressif ukrainien mis au repos suite au conflit que tu connais. Sa présence scinde le titre en deux parties : une première violente, rapide et incisive et une seconde rendue plus aérienne grâce à sa voix douce et hypnotique. La fin du titre sera d’une mélancolie toute gojiresque sur des riffs acérés.

Deuxième invité, et pas des moindres, Robb Flynn rejoint Rasta au chant. Dois-je te présenter Robb Flynn, emblématique frontman de Machine Head ? Non, bien évidemment. Je ne pense pas t’apprendre que Vogg a rejoint la formation américaine depuis 2019. Robb pose donc son timbre haut en couleur au milieu de cette avalanche de riffs thrashys et donnerait presque des accents nu metal à “Iconoclast “. La superposition des deux voix magnifie ce titre et fera dresser les poils sur les bras des plus sensibles d’entre nous.

Decapitated maitrise l’art de colorer son death metal de plusieurs motifs qui l’ont rendu célèbre, comme de bons passages thrash slayeriens, de belles mélodies accrocheuses et des grooves étouffants.
Nos Polonais sont aussi capables de jouer un death metal pur et dur, sans fioriture ou presque, comme sur “ Suicidal Space Programme” ou “Locked” : violents, rapides, sans concession et d’une sauvagerie dévastatrice implacable.

Chaque album de Decapitated impressionne et « Cancer Culture » n’échappera pas à cette règle. Un album au son massif, alternant violence et groove, rapidité malsaine et breaks punitifs.
Bravo.

Tracklist :

1. From the Nothingness with Love (01:16)
2. Cancer Culture (04:09)
3. Just a Cigarette (03:57)
4. No Cure (03:26)
5. Hello Death (04:55)
6. Iconoclast (04:49)
7. Suicidal Space Programme (04:59)
8. Locked (01:17)
9. Hours as Battlegrounds (03:59)
10. Last Supper (04:22)

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