Note du SoilChroniqueur (Mitch) : 8/10

Il est des albums dont on peut écrire une bonne partie de la chronique, avant même de les écouter !
L’histoire de Dropdead Chaos est, en effet, plutôt belle, et ce « collectif » de musiciens hétéroclites, devenu au fil du temps « un vrai groupe », fait suffisamment parler de lui depuis quelques mois, pour que tout métalleux un peu à l’écoute de l’actualité ait déjà été en contact avec le « phénomène », d’une façon ou d’une autre.
Il faut avouer que démarrer (ou presque) sa carrière au Hellfest (scène Altar), ça vous pose un groupe, ça lui donne d’entrée une exposition maximale !
De plus, l’opération promotion de l‘album a été menée tambour battant par les ambassadeurs Renato Di Folco, vocaliste polyvalent et chouchou du public (Les Tambours du Bronx, Trepalium, Flayed…), qui partage avec passion son plaisir à évoluer dans DDC ; et par le producteur HK, du studio Vamacara, véritable manager – chef d’orchestre de cette hydre à 7 têtes.

Car il fallait bien un chef d’orchestre, pour fédérer les énergies, agendas et inspirations, de musiciens venant de groupes aussi divers que Black Bomb A, Smash Hit Combo, Betraying the Martyrs, Sidilarsen, Sirenia, Maladie…
En 2020, en pleins confinement et détresse sanitaire, un titre a été composé et enregistré à distance, par quelques artistes piochés dans le carnet d’adresse de HK : les motivations n’étaient, alors, que de tuer le temps et récolter quelques fonds pour les soignants (le guitariste Nils Courbaron est infirmier à la ville, et donc sensible à la cause).

Et puis, de titre en titre, la troupe s’est prise au jeu, et un véritable groupe a pris forme, au fil des enregistrements et préparation de concerts (sous la houlette et les conseils de Maître Steph Buriez, de Loudblast).

Une telle addition de talents et de professionnels reconnus peut-elle donner un résultat autre que bon ?
Un premier début de réponse a été donné en live, à partir du printemps 2022, avec des prestations énergiques, des musiciens survoltés, prenant plaisir à partager leur musique et honorant leur public de shows parfaitement pensés et maîtrisés. A titre personnel, n’ayant pas été assez matinal au Helfest ( ! ), c’est au Furiosfest à Saint-Flour, Cantal, que j’ai pu constater l’efficacité de ce qui aurait pu donner un gros bordel : 7 musiciens sur scène, ce n’est pas courant !

Concernant le studio, le test est réussi, également.
Sur la forme, la production est qualitative, avec un gros son, moderne, et une variété de sons, d’un titre à l’autre (piano, hip hop, gros metal, voix diverses…).
La part belle est laissée aux chants, qui sont les moteurs des morceaux et s’expriment sur une large palette.
Dropdead Chaos possède, en effet, deux vocalistes de grande qualité. Renato Di Folco met un point d’honneur, depuis une vingtaine d’années, à étendre son registre à chaque nouveau projet auquel il participe. Si je l’ai d’abord connu en quasi-clone de Phil Anselmo dans God Damn, groupe lyonnais de groove metal, j’ai également pu l’entendre faire du chant bien saturé avec Trepalium au Hellfest 2019. Et pour avoir eu la chance de partager la scène avec lui, avec mon groupe, deux fois fin 2021, croyez-moi que ça ne rigole pas non plus, quand il part en classic rock-blues-soul dans Flayed, ou en maître de cérémonie devant les Tambours du Bronx ! Une vraie belle voix, polyvalente et pleine d’émotion, un vrai chanteur doublé d’un showman.
Par ailleurs, Déhà apporte une grosse touche hip-hop au projet DDC, que ce soit avec ses voix carrément rappées, ou avec ses sons et beats peu habituels dans l’univers du metal. Ceci est d’autant plus étonnant qu’il est plutôt classifié black metal, il exprime ici une autre facette de ses talents.

On a, d’ailleurs, affaire à deux types de morceaux bien distincts, sur ce « Underneath The Sound ». Tout d’abord, du consensuel – accrocheur – qui-envoie, façon neo metal à la Korn, avec basse slappée qui claque, gros riffs jumpy, grosse caisse énorme, et le refrain qui tue (« Escape ») ; façon metal alternatif US, entre Slipknot, Linkin Park, voire Avenged Sevenfold et Alter Bridge en grattant bien, avec « Humans », « Black Thoughts », « Sun »…

Et, par ailleurs, des titres plus surprenants, plus personnels, plus émotionnels, plus « artistiques », dirais-je. L’introductif « Underneath The Sound », par exemple, qui démarre avec des incantations vocales presque tribales, un peu à la façon d’un Zeal & Ardor, avant de partir en rap engagé, couplé à un chant mélodique, de monter en puissance, puis s’éteindre sur un solo de guitare, puis quelques notes de piano.
« One Last Encore », très émouvant, avec des parties de chant remarquables. « What I’ve Learnt », duo rap / chant sans aucune guitare, et pourtant avec une sacrée personnalité et des mélodies réussies. L’intermède « Dropdead », beats hip hop et prêche rap directement sorti d’un quartier US. « Rainman », encore une combinaison de flow rap riche débité avec les tripes (pas l’imposteur qui cache sa médiocrité derrière un auto tune, quoi !), surmontée de gros riffs et d’un solo final valeureux.

Suis-je trop vieux pour m’enflammer sur du neo metal fédérateur ? Ai-je une réaction de protection inconsciente face à des titres « que tout le monde va aimer » ? A moins que j’accorde plus de valeur à des ovnis barrés (balancer un gros shred de guitar hero anachronique sur une partie improbable, mêler les voix et les styles de chant, oser mixer du gros metal à du hip hop – pourtant pas ma musique de prédilection) ? Toujours est-il, vous l’aurez compris, que j’ai bien plus vibré sur les pistes les plus « risquées », j’ai aimé être surpris et brossé dans le sens inverse du poil.
J’aime à penser que le groupe a, d’abord, assuré le coup en faisant ce que ses membres savaient le mieux faire, avec des morceaux efficaces dans leurs styles habituels, avec tous les « codes » du succès ; avant de s’autoriser plus de prises de risques artistiques et de se lâcher avec des mélanges improbables, mais tellement intéressants. La suite apportera peut-être une réponse, en tout cas « Underneath The Sound », possède assez de contenu, et un travail vocal remarquable, pour ne pas rester juste le buzz du moment, ça c’est sûr !

Tracklist :

1. Underneath The Sound 3:31
2. Escape 3:45
3. Save Yourself 4:17
4. Humans 4:57
5. One Last Encore 3:51
6. What I’ve Learnt 3:29
7. Black Thoughts 4:16
8. Sun 3:36
9. Dropdead 1:41
10. Rainman 4:24

Site officiel
Facebook
Instagram
YouTube
Bandcamp
Spotify