Graves for Gods – The Oldest Gods

Le 21 janvier 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Inconnu

Style:

Doom Metal / Funeral Doom Metal

Date de sortie:

21 janvier 2022

Label:

Sleeping Church Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

« L’amour, c’est un vent qui murmure dans les rosiers, avant de tomber. Mais il peut être aussi un sceau inviolable jusqu’à la mort. Dieu a créé plusieurs types d’amour : ceux qui durent et ceux qui s’évanouissent. » Knut Hamsun

C’est mon anniversaire ce soir. Je m’étais dit que je n’écrirai pas de chronique, mais finalement étant donné que tout le monde pionçait chez moi, j’en ai profité pour un moment de répit avec moi-même. Un anniversaire est selon moi le seul vrai moment où l’on peut s’autoriser à faire le point sur sa vie. Le nouvel an en soi, c’est plus une sorte de fausse promesse collective alors qu’un anniversaire, quand les bougies sont soufflées, c’est plus un engagement personnel, celui que l’on se fait à soi-même avant de dormir. Loin de moi l’envie de vous dévoiler les conversations que je me suis faites, mais j’avais surtout envie de vous parler de ce que nous devrions faire ensemble. Vous savez que nous traversons une période où nous sommes divisés, où nous sommes clivés par nos gouvernants. Essayant de jouer la carte de la culpabilité, ils en viennent à nous faire un remake de la notion du bien et du mal à travers cette crise sanitaire. Pour ma part, j’ai opté pour ce qui me semble être juste, le bien commun. Mais je n’écarte pas l’idée selon laquelle chacun est libre de se soigner comme il l’entend. J’en ai fait un maître-mot dans ma carrière même si je suis amené parfois à contraindre les gens à se soigner, j’essaye d’écluser ce principe par l’éducation thérapeutique. Aussi, vais-je m’éloigner de ces conflits anxiogènes et réducteurs pour ne garder que le meilleur de la relation que je peux avoir avec ma team qui sont devenus depuis longtemps des ami(e)s (Chris Metalfreak, Antirouille, Celtikwar, Arno, BloodyBarbie, Cassie di Carmilla, et j’en passe!) et qui je l’espère demeureront mes compagnons et compagnes de route encore longtemps. Pour le reste, gardons ces conflits à deux balles à ceux dont la vie est morose. C’est donc sur ce souhait de rassemblement et légèrement par cynisme d’amour et de foi, que je me lance dans cette chronique de Graves for Gods. Un album va sortir demain et se nomme « The Oldest Gods« . Il y a donc quelque chose de spirituel ce soir dans l’air, pas que la pollution, la gastro-entérite et la covid de mes couilles.

De ce projet au nom intéressant, on ne connaît pas grand-chose. Graves of Gods est un groupe qui vient du sud de l’Australie, apparemment de la ville d’Adelaide. Enfin, je suppute puisque rien n’est annoncé hormis la possibilité d’acheter l’album dans cette ville, mais bon… On ne connaît pas non plus les acteurs derrière ce beau projet, en fait on ne sait presque rien. Ils sont trois musiciens, les photos l’attestent mais on ne sait pas leurs blases. Enfin, la seule chose que la page Facebook, créée récemment soit en mai 2021, révèle est que l’album « The Oldest Gods » est le premier du groupe. C’est donc une formation jeune, récente, qui sort un premier album chez le label Sleeping Church Records. Voilà! Je suis un peu en peine de vous donner des informations, c’est dommage mais j’ai la conviction que le groupe australien a fait exprès. Car si l’on en croit le dossier presse (un peu anorexique), le groupe veut ressusciter des croyances anciennes, dans un élan presque païen et sous l’égide du doom metal. Et cela, cela me plaît bien!

Pour la pochette, le constat est aussi simple : c’est très réduit. En plus, le design fourni dans le dossier presse est flou, style retouche par Paint quoi. Donc on devine deux motifs en arborescence, mais on ne sait pas exactement ce que c’est, du moins avec ce support. Je crois avoir repéré un crâne à gauche sous des branchages, mais à droite je suis moins sûr. On dirait une cage thoracique… Bon le scoop c’est que j’ai perdu mes lunettes aussi! Mais par contre, cela n’enlève pas que le reste demeure très facile. Le nom du groupe, celui de l’album dans une police de caractère bien convenue, et un fond noir. Bon, franchement, pour un groupe qui se vante de faire dans la résurrection de divinités anciennes et qui baigne dans le mysticisme, on pourrait s’attendre à largement plus et mieux. Là, c’est à peine le minimum syndical, je ne trouve aucune saveur particulière à cet artwork qui respire la banalité et la facilité. C’est dommage parce que de nos jours, avec tous les outils qu’il y a, on peut faire des graphismes magnifiques avec peu de moyens. Ne me sortez ainsi pas l’excuse de l’argent. Ce n’est… Pas intéressant quoi.

Pour la musique, heureusement c’est une autre paire de manches, sinon on serait vite déçu. Graves for Gods est clairement sur une vague écumée par le temps, celle du doom metal old school mais quand-même légèrement teinté de funeral doom metal. Bon, le groupe parle de « doom stoner » par moment, en vérité c’est faux, l’album n’a rien de stoner, sauf si évidemment on considère que les riffs très heavy metal et mélodique qui font la recette du doom metal old school fonctionnent également pour le stoner. Mais pour cela, il faudrait une bonne dose de gras et de muscle, deux éléments absents ce jour. Par contre, il existe un élément qui m’a fait énormément plaisir dans ce premier album, c’est l’aspect très épique. Il faut comprendre que derrière ce concept un peu étrange de parler des anciennes divinités, il fallait certainement trouver le petit truc qui amène cette idée. Et d’avoir glissé insidieusement des mélodies à la guitare qui sont magnifiques, au-delà du simple balancement d’arpèges et de gammes, c’était presque le truc parfait. Car « The Oldest Gods » sonne véritablement comme un vibrant hommage, a un aspect guerrier et aventureux non négligeable, et on se prend vraiment au jeu. C’est très étonnant! Mais partir d’une base doom metal classique, avec une légère teinture funeral doom metal dans la voix, la lourdeur du son et l’extrême lenteur des riffs, et arriver à ce rendu mélodique, cela revient à une très bonne surprise pour moi. Quatre morceaux longs, typiquement, mais qui passent tous seuls tant la musique est entrainante. J’ai été très surpris de ce premier album, comme souvent d’ailleurs, mais je ne m’attendais pas à une telle dimension épique. Et cela réitère mon premier opinion sur la pochette : il y aurait eu largement moyen de faire mieux. Quand on entend la musique c’est évident.

Mais qui dit premier album, dit perfectibilité. Souvent! Et « The Oldest Gods » n’échappe pas à cette règle quasiment évolutive. Pour la production j’y vois quelques éléments à améliorer. J’ai fait une première écoute sans casque, et j’étais étonné d’avoir un son bien clair, agréable dans un son neutre et on ne va pas se mentir, pourri, de mon pc portable. Quand j’ai mis le casque, je me suis aperçu de pourquoi je trouvais le son appréciable au départ. C’est qu’il est finalement trop grave, trop épais. A vouloir donner une ambiance funeral doom metal, on tombe dans l’outrancier. Le son est trop épais, occupe un spectre sonore trop petit pour lui, et le résultat est qu’on a une sorte de léger brouhaha dans les oreilles, comme si on était étouffé. Ce n’est pas très agréable, j’aurais aimé un son plus neutre, avec moins de basses fréquences. J’impute la faute aux guitares, puisque la basse quand elle est toute seule sur certains passages est bien audible. La batterie est trop peu présente, ou du moins discrète en simple marqueur rythmique pour peser de trop sur l’ensemble sonore. Le mixage mérite donc un peu plus d’attention pour le prochain album. Mais j’allais dire, ce qui sauve le mixage un peu maladroit, c’est qu’on entend assez les mélodies guitares pour se prêt au jeu et pénétrer pleinement dans l’univers de Graves for Gods. Autrement ce serait le chaos sonore…

J’ai en tout cas bien aimé ces riffs épiques, je trouve que le doom metal s’exprime tellement bien avec cet univers guerrier, divin et presque païen, que j’en viens à vénérer chaque sortie de ce style. J’aimerais bien que Graves for Gods soit un peu plus sérieux dans tout ce qui gravite autour de la composition, parce que cette dernière est le gros point fort des australiens. Il y a cet équilibre entre musique minimaliste et sophistication, avec cette place apportée pour la mélodie guitare dans un marasme très répétitif dans les accords, parfois les deux-tiers d’une même piste. Et j’ai franchement aimé cette première étape dans la vie du groupe. Les moments moins durs, plus aériens, et donc qui font penser à ce funeral doom metal dont se revendique un peu le groupe, sont également intéressants, peut-être un poil trop longs mais globalement intéressants. C’est difficile de trouver les mots justes, aussi vais-je bientôt stopper mon propos. En même temps, quatre morceaux, on en fait vite le tour.

Pour ce qui est du chant, je note que majoritairement ce dernier se situe dans un registre très funeral doom metal, avec une profondeur gutturale importante, allant jusqu’au grunt grave intense et très retouché, apportant un côté très sombre qui colle bien avec le reste mais que je trouve parfois un peu mal choisi. Mais je suis bien en peine de savoir lequel il faudrait, notamment quand les mélodies se répètent. En revanche, j’ai bien aimé le chant clair, qui est très sincère et qui malheureusement n’est pas assez présent. Peut-être est-ce une carte à jouer pour l’avenir, de mettre plus en avant le chant clair, grave et masculin et donc très raccord avec le côté épique, plus que le grunt grave. Mais alors, cet espèce de narration nasillarde, en voix de gorge simple, qui ressemble plus à la voix d’un homme qui meurt d’une dyspnée que de réellement quelque chose d’utile, je n’aime pas. Je ne comprends pas du tout ce choix de voix qui ne souffre d’aucune technique de chant, qui n’est qu’un ramassis de râles et de gargarismes, et qui n’a strictement aucune utilité dans les compositions. C’est donc un constat moyen que je fais du chant, qui mériterait selon moi que l’on reste sur deux techniques, les premières citées, que le groupe abandonne totalement ces narrations inutiles et mal faites, et que « The Oldest Gods » réfléchisse un peu plus à ses placements vocaux, pour ne pas que les mélodies guitares superbes ne soient pas entachées par des chants hasardeux et mal choisis.

Voilà donc venu le temps d’arrêter cette chronique, rédaction journalière qui m’a permis de mettre en avant-première ce premier album du groupe Graves for Gods. Derrière ce nom trébuchant se dissimule un groupe australien qui sort ce premier album nommé « The Oldest Gods » sous l’étendard d’un doom metal old school, simple et minimaliste, et rajoute quelques incorporations funeral doom metal dans les mélodies en guitare lead et dans le chant très grunt grave. Quatre morceaux longs mais dans le standard, et voilà un premier album fort bon! Perfectible mais intéressant, il faudra selon moi revoir la production et les parties chant qui sont tous les deux d’une maladresse dommageable, mais la musique est tellement épique et tellement bien construite que ce « The Oldest Gods » est un album qui met en exergue un groupe prometteur et plein de talent. Il suffit de progresser, mais c’est notre lot quotidien n’est-ce-pas?

Tracklist :

1. FireTop Mountain
2. Embalmed Embrace
3. The Oldest Gods
4. Wake

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