Idolos – Náa

Le 15 juillet 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


MgRcH : guitares, basse, chœurs, paroles, programmations / NnK : chant, interprétations cosmiques (?), imagerie / Lord Nacron : batterie, percussions

Style:

Black Metal Atmosphérique

Date de sortie:

31 mai 2021

Label:

Non Posse Mori Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« La bonne nouvelle c’est que, comme toute créature vivante, la terre possède également un système immunitaire, et que tôt ou tard elle se mettra à rejeter les agents porteurs de maladie, telle l’industrie pétrolière. Et avant, espérons-le, qu’on finisse comme l’Atlantide et la Lémurie. » (Thomas Pynchon)

Bon ben les gars, on y est. Notre président a parlé, encore. Encore et encore. Et vous savez quoi ? J’en ai eu marre, donc je ne voulais pas faire de chronique ce soir. Bien épuisé par mon boulot de matin, je n’avais franchement pas envie de me mettre à la bafouille Soilienne, et j’étais prêt à partir rejoindre à la fois les bras de ma femme et ceux de Morphée.
Comme quoi, il y a eu bug dans la Matrix…
Non ! En vérité, je n’avais pas envie d’écrire.
Et puis, j’ai réfléchi. Je me suis dit assez connement qu’il ne fallait pas céder à la déprime ou à la déception, et que le meilleur moyen d’avancer est de faire ce qui me plait le plus. En l’occurrence, écrire. Voilà pourquoi cette courte introduction a pour but d’interpeller les gens d’une manière globale par l’encouragement et le dépassement de soi : ne cédez pas à la déprime, faites surgir l’élan vital et faites ce qui vous fait du bien! On vus aura prévenus comme dirait quelqu’un! Pour le reste, cette chronique va être une belle continuité d’une découverte amorcée dans notre doux webzine d’une entité surnaturelle vraiment originale, sinon planétaire : Idolos. Et son deuxième opus est sorti cette année, il allait de soi qu’il fallait en faire la chronique!

Idolos n’est pas de notre monde.
Enfin, si !
D’adoption, Idolos est un citoyen de la Terre, et a choisi comme terre d’exil la France ! Mais si vous écoutez ce noble conteur qu’est le dossier presse, vous découvrirez que les gonzes viennent de la planète Vénus. « Nous sommes des IDOLOS, entités membres du Royaume des Cieux, gardiens de l’antique science traditionnelle Atlante et originaires de Vénus. Nous sommes similaires au prototype physique humain mammifère auquel vous appartenez, mais nous avons la faculté psychique de pouvoir nous incarner et contrôler des corps véhicules transitoires vivants. » De quoi faire passer Sylvain Durif pour un perdreau de trois semaines. Et pourtant, Dieu sait qu’il fallait y aller franco pour surpasser ce génie incompris du cosmos. Du reste, Idolos nous explique qu’il a choisi la musique comme mode d’expression et d’épandage des ondes sonores, au travers de deux humanoïdes répondant aux doux noms de NnK et MgRcH.
Belle inspiration des parents pour les prénoms, hein ?
En tout cas, mieux que la Rencontre du Troisième Type et sa musique bien connue, Idolos nous sert sur une soucoupe en argent deux EPs, « Ahi Cab » chroniqué >> ici << et le fameux « Náa » qui nous intéresse ici.
Nous pouvons officiellement dire que Soil Chronicles est l’un des plus grands adeptes de la secte à en devenir des Idolos, puisque nous répandons la bonne parole depuis l’incarnation terrestre dans notre deuxième millénaire.
La date exacte, on ne l’a pas! Mais qu’importe.

Dans la veine de sa première pochette, Idolos nous propose un travail affiné et sympathique, avec un côté un peu rustre dans la représentation globale. De fait, la représentation en arrière-plan est moins équivoque que le premier artwork, on ne sait pas exactement ce dont il s’agit. Je suppute en tendant les yeux au maximum qu’il s’agit de représentations murales, je décèle une main humaine avec une couleur verdâtre qui fait un peu écaille. En vérité, je préfère non moins le logo du groupe que ce qui l’entoure, je trouve l’avant de la pochette un peu trop simple à mon goût. Franchement, avec un tel manifeste, un tel univers, toute cette mise en scène écrite m’avait tellement donné l’eau à la bouche que je suis sincèrement déçu. Je suis absolument convaincu qu’Idolos peut se donner les moyens de faire mille fois, dix-mille fois mieux en termes d’image !
Là, on est au mieux sur un truc vraiment mis de côté pour ne pas dire négligé, au pire une vraie faute de goût. Pourquoi ne pas jouer la carte à fond d’une sorte d’idolâtrie ? Avec des images créées de toutes pièces, une vraie représentation « divine » si l’on peut dire de Venusian Foundation qui est semble-t-il étroitement liée à la musique d’Idolos ? Pourquoi avoir bêtement balancé un artwork des plus simples alors qu’avec cet univers de création immense, il y aurait eu moyen de faire autrement ?
Je ne comprends pas…

Petite aparté avant d’aborder le chapitre tant attendu de la musique : j’ai écouté le premier EP une fois la chronique de notre Grand Mamamouchi Chris Metalfreak sortie, et je dois admettre que je n’avais pas énormément accroché. Je louais déjà ce beau mélange de black metal atmosphérique et de quelques légères incorporations industrielles qui font d’ailleurs bien krautrock, mais je trouvais les pistes un peu trop longues et je n’avais tout simplement pas réussi à pénétrer entièrement dans la musique cosmique d’Idolos. Mais comme je n’aime pas rester sur un constat d’échec, encore que ce n’en fut pas réellement un, je suis parti sous de bons auspices pour l’écoute de « Náa« .
Et bien mesdames et messieurs, sans que je ne puisse l’expliquer, j’ai adoré. Le black metal atmosphérique d’Idolos est plutôt élaboré, avec des structures de composition de grande diversité et de qualité et ce qui est particulièrement appréciable dans les quatre pistes de l’EP « Náa« , ce sont les incorporations à la limite du krautrock.
Soit des parties indus, voire électro, somme toutes légères et discrètes mais qui apportent un plus indéniable et rajoute une belle amplification à des parties atmosphériques soit planantes, soit un peu plus cosmiques. Il y a également quelques samples de narration dont on a un peu de difficulté à comprendre le sens profond, ni l’importance d’untel placement dans les morceaux, mais loin de dénaturer le reste, je leur trouve un bel apport. Le chant est relativement old school dans son approche ce qui accentue un peu le côté vintage du krautrock et contraste un peu plus avec le black metal atmosphérique se situant entre le moderne et l’ancien, ce qui vaudra un paragraphe plus bas. Tout cela pour dire évidemment que la première écoute de « Náa » est un vrai plaisir auditif et j’ai franchement aimé l’EP, mais que le précédent fait d’armes d’Idolos ne pouvait être aimé par mes soins qu’après un travail d’analyse. Ce qui démontre toute la complexité musicale de l’expression par prosélytisme de l’idéologie Idolosienne.
Un vrai plaisir en tout cas !

Là où je trouve que la production amène véritablement un bonus à l’EP, c’est sur cette approche un peu déroutante. Mais dans le bon sens ! Se situant ni dans un trop-plein de modernité qui pourrait effectivement parfois rendre le black metal moins attractif, ni dans un nostalgisme acerbe, la production sonne donc comme un équilibre juste et sincère qui offre un son qui peut surprendre. Les guitares sont suraiguës mais pas nasillardes, la batterie est probablement programmée et cela s’entend un peu trop, j’ai trouvé la basse un peu plus audible que ce qui se fait d’ordinaire, etc. A noter aussi que les samples sont bien sonnants et bien situés. Difficile en ce sens de décrire davantage la production de l’EP mais une chose est certaine : c’est presque la même que le premier et avec du recul, je pense que c’est aussi ce son qui m’avait beaucoup surpris à l’époque. Aujourd’hui, j’ai réussi à affronter sereinement ce dernier ici et je suis en mesure de penser que la production est intelligente, bien travaillée et donne ainsi une saveur spéciale à cet EP.
Il faut vraiment le découvrir si ce n’est pas déjà fait !

Pour la suite des réjouissances, je dirais que là où Idolos est très fort, c’est dans sa perception de la musique. Je m’explique : Idolos joue clairement la carte du « décalage » dans le sens où tout son univers artistique repose au départ sur quelque chose de farfelu, sinon qui relève d’une forme de spiritualité hors des cases. « Náa » fonctionne donc avec habileté comme un manifeste musical d’une idéologie certes un peu floue, mais qui s’anime vraiment à chaque morceau. Le black metal atmosphérique est devenu par effet de mode un genre musical qui permet l’expression de nombreux états d’âme ou de certaines philosophies tout en gardant le côté agressif et froid du black metal normal. Ce n’est donc pas étonnant qu’Idolos ait choisi ce genre pour parler de ce qui l’anime à la fois intérieurement et extérieurement avec « Náa« . Il faut à mon sens prendre ce deuxième EP comme un éloge à la pensée, pas que comme un CD lambda de metal !
De fait, les compositions prennent un tour logique et censé qui défie toute approche artistique en amont. Ne connaissant pas la doctrine dominante d’Idolos, je ne peux pas dire que je suis pleinement entré en connivence avec, mais je devine un peu ce qui se trame derrière. Il y a de la métaphore en tout cas. C’est ce que je retiens principalement des deux ou trois écoutes qui ont suivi, n’empêchant pas de trouver « Náa » fort intéressant d’un point de vue strictement musical, et bien composé.
Belle satisfaction, quoi!

Il serait incongru d’affirmer que les musiciens sont bons… puisqu’ils le sont !
Enfin, au moins un, je n’ai pas bien saisi quels étaient les rôles exacts des deux compères, mais bon.
Pour le chant, je vais m’y attarder comme toujours. J’avais déjà évoqué l’aspect un peu old school de la technicité vocale et des arrangements qui ont été faits. Un peu surpris toutefois de constater que les lignes de chant ne varient pas, ou peu, dans une musique pourtant complexe et atmosphérique il y aurait eu largement possibilité d’innover, d’expérimenter. Or, je trouve que la technique vocale reste invariablement la même et c’est dommage. Après, objectivement parlant je n’ai rien à dire de négatif dans le sens où j’adore ce chant black metal old school, limite sans forcer mais avec une certaine profondeur gutturale qui donne ce ton si nasillard, si distinct. J’adore! Un effort d’articulation aurait été le bienvenu, ainsi que la fourniture des textes pour comprendre encore davantage l’univers spécial d’Idolos mais bon…
Un bon chant dans sa globalité, qui manque juste de variation.

Pour la conclusion, il serait aisé de dire qu’Idolos est un groupe bien lunaire (NdMetalfreak : Venusien, qu’on te dit !!!).
Proposant un univers dont on ignore un peu s’il faut le prendre au sérieux ou s’il y a un côté décalé, de prime abord cela va de soi, la musique met tout le monde d’accord.
Black atmosphérique aux accents indus voire krautrock, ce « Náa » avait tout pour me plaire et ce fut mission accomplie.
J’ai surtout loué l’aspect très spirituel, très spiritueux surtout de la musique de nos compères français qui sont dans une mouvance originale et qu’il faut d’abord dompter. Ensuite, le rodéo peut être chaotique, il n’en demeure pas moins que la musique est plaisante, cosmique mais d’une belle élaboration. La complexité de « Náa » en fait un exemple clinique de ce qui se joue dans la tête tachypsychique d’un artiste multi-facettes comme Idolos.

Un peu HPI, tantôt autistique, ce deuxième EP est surtout un livre religieux à part entière, un éloge vénusien de la différence et de la vie, tout simplement.
Superbe.

Tracklist :

1. Prolog (2:20)
2. The Descent (8:34)
3. The Tricks of Lady Blood (7:10)
4. The Miracle of the Maize (6:04)

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Chronique « Ahi Cab« 

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