Line-up sur cet Album
• Bruce Dickinson : Chant • Steeve Harris : Basse • Adrian Smith : Guitare • Dave Murray : Guitare • Janick Gers : Guitare • Nicko Mc Brain : Batterie
Style:
NWOBHMDate de sortie:
04 septembre 2015Label:
BMG Records / Parlophone RecordsNote du SoilChroniqueur (ShaK) : 9/10
Chroniquer un album de la Vierge de Fer n’est jamais chose aisée, tant ce groupe est mythique pour de nombreux amateurs de métal (et pour votre humble serviteur, je ne peux le cacher). Le combo Anglais a aussi cette particularité de savoir réunir les fans de plusieurs générations, qu’ils soient de l’époque Paul Di’Anno, des heures de gloire de la période 82 – 90, les aficionados qui les ont soutenus contre vents et marées sur la période Blaze Bayley durant laquelle Iron Maiden était même qualifié de « Has Been » et ceux, plus récents, qui se sont intéressés au groupe lors du retour de l’emblématique Bruce Dickinson (accompagné du non moins essentiel Adrian Smith).
Je me souviens encore des commentaires nauséabonds de certains, qui qualifiaient alors cette « réunification » de commerciale, de coup marketing pour un groupe à bout de souffle et en panne d’inspiration.
A n’en pas douter, le retour des deux comparses n’est pas étranger au renouveau du combo, audible dès les premières notes de Brave New World. J’ai toujours considéré que Smith et Dickinson étaient des visionnaires (Somewhere In Time et Seventh Son en sont de bons exemples), chacun apportant sa pierre à l’édifice Maiden. Il ne faut, bien sûr, pas minimiser l’importance de Steeve Harris, véritable capitaine du vaisseau, ni des autres membres, Nicko MacBrain et sa bonne humeur communicative, Dave Murray l’éternel acolyte du célèbre bassiste depuis le commencement ou encore l’infatigable Gers (comment arrive-t-il à autant bouger en live ?). Mais voilà, la Vierge de Fer, ce sont bien les 6 musiciens qui la composent, chacun ayant son importance et son rôle dans l’équilibre global.
Mais trêve d’histoire et de palabres, revenons à ce 16ème album, enregistré au studio Guillaume Tell à Paris en 2014 (celui-là même où avait été mis en boite Brave New World en 2000), une fois de plus mixé par Kevin Caveman Shirley, The Book Of Souls s’est fait désirer durant 5 ans. Bien sûr, le groupe n’a pas chômé puisqu’il a enchaîné deux tournées mondiales, l’une pour The Final Frontier et l’autre pour célébrer les 25 ans de Seventh Son Of a Seventh Son. Ajoutez à cela les problèmes de santé de Bruce et vous comprendrez pourquoi il y a eu autant d’attente.
Avant d’évoquer l’album, il me faut vous parler de la pochette, et donc d’Eddie. Ce cher Eddie, mascotte, que dis-je, véritable institution à lui tout seul ! Que de péripéties il a connu, tantôt flic du futur (Somewhere In Time en 1986), dieu égyptien (Powerslave, 1984), revenant (Live After Death, 1985), marionnettiste du diable (The Number Of The Beast, 1982), le revoici aujourd’hui sous une apparence décharnée, tatoué et arborant des peintures de guerre, et qui nous inspire un côté maya (sentiment fortement renforcé par les écritures). Même si le simple fond noir peut surprendre de prime abord, tant certaines œuvres fourmillaient de détails, Eddie semble surgir de nulle part et nous apparaît plus vivant que jamais tellement ses traits ont été travaillés et soignés. On peut aussi évoquer le retour à la police « classique » du nom du groupe (le N, le R et le M ont des branches un peu plus longues que les autres caractères, et avaient été abandonnés avec Virtual XI, hormis Flight 666, mais c’est à l’origine un film ).
The Book Of Souls est à ce jour l’opus le plus long d’Iron Maiden, pas moins de 92 minutes pour un double album de « seulement » 11 titres, dont celui de clôture de 18 minutes, composé par le seul Bruce Dickinson. Mais avant de parler de fin, parlons du commencement.
Tout débute sur « If Eternity Should Fail » et son intro synthé/chant d’une minute trente. J’en vois déjà qui font référence à « Satellite 15 » de Final Frontier. Et bien détrompez-vous il n’en est rien (elle était à la limite de l’indigeste). Les instruments débarquent puis font place à un pont central qui ne laisse aucun doute, c’est bien du Maiden pur jus. A ceci près que les 3 guitares sont cette fois reconnaissables de façon plus distincte (j’y reviendrai). Le morceau se referme sur un monologue classieux et envoutant obtenu par une superposition de voix du plus bel effet.
Support du premier single/clip, et dévoilé début août, « Speed Of Light » avait suscité quelques inquiétudes lors de sa sortie. Avec le recul et plusieurs écoutes on est rassuré, on est clairement dans le standard des précédents premiers singles. L’intro fait un peu penser à « El Dorado » (The Final Frontier) ou encore un « Wildest Dream » (Dance Of Death). Les solos de guitares nous permettent de reconnaître à tour de rôle la patte de chacun des six-cordistes. L’ensemble est finalement agréable et s’intègre plutôt bien au reste.
«The Great Unknown » nous transporte dans ce que Maiden sait faire de mieux. Après une jolie intro s’appuyant sur la basse de Steeve Harris, le morceau s’intensifie au fil des lignes de chant d’un Bruce très inspiré. L’ensemble est très convaincant et fait la part belle aux solos. On retrouve ce petit côté prog’ que le combo a su insuffler à sa musique depuis déjà pas mal d’albums (pourrait on le qualifier « d’effet Smith » ?).
« The Red And The Black » débute sur un solo de basse qui n’est pas sans rappeler The X Factor et plus précisément « Blood On The World’s Hands ». La comparaison s’arrête néanmoins là à mon sens, même s’il s’agissait d’une bonne chanson avec le recul. Non, on a affaire ici à l’un des titres les plus épiques de l’album. On y retrouve multitude de références à ce que le groupe a su faire de mieux dans sa carrière, cavalcades, phrasés et solos de guitares en question-réponse ou lignes de chant qui devraient permettre au public de participer activement en live. Plus de treize minutes d’un Maiden en grande forme et qui s’assume.
« When The River Runs Deep » se veut plus direct et rentre dedans. Murray, Gers et Smith se renvoient la balle de bon cœur sur une bonne partie du titre. Plaisant.
Autant le dire tout de suite, avec le titre éponyme « The Book Of Souls » le groupe nous sert une pièce maîtresse, non pas uniquement de l’album, mais j’ose dire de sa discographie tant on est dans le grandiose. Les références au passé sont palpables. Gers nous gratifie d’une intro à la guitare classique qui vous donne des frissons. Tout au long des plus de dix minutes, on oscille entre l’époque Powerslave (la similitude du pont avec celui de « Losfer Words ‘Big Orra » est flagrante) ou des productions plus récentes comme sur Dance Of Death ou A Matter Of Life And Death. Impossible de ne pas taper du pied et de bouger la tête dans tous les sens à l’écoute de ces intenses cavalcades et chevauchées. Du très grand Maiden avec des musiciens dans une forme olympique qui parachèvent de très belle manière la première partie du double album.
« Death Or Glory » malgré un refrain un poil conventionnel, varie efficacement les ambiances. Assez direct et comportant de très bons solos le titre aurait pu prendre la place de « Speed Of Light » en tant que premier single. J’avoue cependant qu’il est difficile d’apprécier le morceau à sa juste valeur tant il est compliqué de passer après le titre éponyme. On est un peu frustré et on reste sur sa faim.
Impossible de parler de « Shadows Of The Valley » sans faire référence à « Wasted Years » (Somewhere In Time) ou encore « Out Of The Silent Planet » (Brave New World). Là encore, ce qui saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles) c’est ce croisement parfait entre le Maiden de l’époque 82-88 et celui post 2000. Les passes d’armes entre les guitares sont une fois de plus grandioses, jamais sans doute avons nous eu droit à tant de solos variés et portant chacun la patte indélébile de son créateur au cours d’un album. Le chant de Bruce est fabuleux, vibrant d’émotion et vous touche en plein cœur. L’ajout des synthés renforce subtilement l’ambiance générale. Tout comme le titre éponyme, « Shadows Of The Valley » est à classer directement dans la catégorie « excellence ».
Titre le plus court de l’album, « Tears Of A Clown » souffre d’un problème majeur, à l’instar d’un « Death Or Glory », c’est de débarquer lui aussi après une pièce maitresse. Malgré une seconde partie un peu plus entraînante, impossible d’accrocher et de s’immerger totalement. Loin d’être mauvais, il s’agit d’un titre assez conventionnel qui ne décolle jamais vraiment et qu’on ne devrait pas voir poindre dans la future liste live.
Plus inspiré, « The Man Of Sorrows » et son côté power ballade peut faire penser à un mix de « Wasting Love» de l’époque Fear Of The Dark, d’un « Prodigal Son » de l’album Killers ou encore un plus ancien « Strange World » du premier opus. Bruce porte le titre à bout de bras avant de s’effacer au profit d’un joli pont central. Sans être transcendant, l’ensemble se laisse écouter avec plaisir.
L’album s’achève sur « Empire Of The Clouds » qui apporte son lot de premières à plus d’un titre. Il s’agit en effet du morceau le plus long de la carrière des Anglais, plus de dix-huit minutes. L’intro est au piano, là encore une nouveauté, et on a même droit à un violon. Impensable chez Maiden il y a quelques années, c’est aussi en cela que le combo a su se renouveler. Ecrit par le seul Dickinson, le morceau traite d’un accident de ballon dirigeable britannique survenu en France dans les années 30. Quand on connaît la passion de Bruce pour l’aviation (il est lui-même pilote) on est en droit de penser que le frontman se sent particulièrement touché par cette tragédie. Cela se ressent dans son interprétation, toute en émotion, au cours d’un titre fleuve qui aurait rapidement pu être ennuyeux. Mais malgré une durée énorme, notre attention reste captée, en partie grâce à de nombreux changements d’ambiance, même si on aurait pu opter pour un format plus court qui n’aurait rien enlevé à la qualité du titre.
Avec ce Book Of Souls, la Vierge de Fer nous délivre un album complexe qui nécessitera plusieurs écoutes pour en apprécier les subtilités et les nuances. A n’en pas douter, il alimentera pendant longtemps les discussions entre les « pro » et les « anti ». Le format double album est finalement un atout puisqu’il permettra d’alterner entre l’un et l’autre au choix, sans avoir à enchaîner les plus d’une heure trente d’écoute. Mais une chose est certaine, il s’agit d’un album d’une très grande qualité que l’on n’attendait pas forcément.
Certes, on pourra lui trouver des défauts, dus peut être à la production et à son enregistrement « live » qui impose certaines contraintes, ou encore à la durée qui peut en rebuter certains. Oui, le tempo a un peu ralenti au fil des ans, en live Harris ne saute plus de la batterie gigantesque de Nicko, Dave n’est plus aussi gringalet qu’à ses débuts. J’entends ces arguments mais, soyons francs : que sont ces petits reproches face aux titres fabuleux qui composent cet album ?
Il s’agit, à mon sens, d’une véritable performance, que peu de groupes sont capables de réaliser, surtout après une carrière aussi riche. Iron Maiden, après plus de 40 années de bons et loyaux services, est toujours là, debout, flamboyant, prêt à battre le fer et le pavé, capable de remplir des stades et de faire entonner des hymnes à des dizaines de milliers de personnes. Oui Eddie va nous en mettre encore plein les yeux sur scène, à l’instar des 6 musiciens. Le combo Anglais se fait plaisir, explore, tente et innove même. Ainsi va Maiden, libre de ses choix et fidèle à ses envies, affranchit de toute obligation ou contrainte.
Mêlant une multitude de références au passé tout en y apportant fraicheur et spontanéité, tel était le pari risqué de cet album. Pari ô combien réussi. Un vrai coup de cœur pour ma part.
Tracklist :
Disc 1
1. If Eternity Should Fail (8’28)
2. Speed Of Light (5’01)
3. The Great Unknown (6’37)
4. The Red And The Black (13’33)
5. When The River Runs Deep (5’52)
6. The Book Of Souls (10’27)
Disc 2
1. Death Or Glory (5’13)
2. Shadows Of The Valley (7’32)
3. Tears Of A Clown (4’59)
4. The Man Of Sorrows (6’28)
5. Empire Of The Clouds (18’05)
Site Officiel : http://www.ironmaiden.com/
Facebook : http://www.facebook.com/ironmaiden
Twitter : https://twitter.com/ironmaiden
Myspace : http://myspace.com/ironmaiden
Youtube : http://www.youtube.com/ironmaiden
Chronique du précédent album : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/iron-maiden-the-final-frontiers
Laissez un commentaire