Line-up sur cet Album
- Pierre Junod - Chant
- Simon Saint-Georges - Guitare
- Thomas Courtin - Basse
- Gabriel Junod -Batterie
Style:
Metal ProgressifDate de sortie:
Octobre 2019Label:
Finisterian Dead EndNote du Soilchroniqueur (Moland Fengkov) : 5/10
Attention, concept ! Mantra nous propose une expérience originale, à savoir, un album composé de deux titres de 17 minutes chacun qui, si on les superpose, donnent un troisième titre. Au gré du niveau sonore qu’on accorde à l’un ou l’autre titre, lors de ce mix, on obtient une multitude de versions musicales différentes. Originale, comme idée, mais pas nouvelle ni innovante.
Les Français avouent s’être inspirés d’une légende urbaine selon laquelle on obtiendrait un titre caché si on superposait plusieurs titres de l’album 10000 days de Tool. Pour rappel, Neurosis et leur pendant expérimental Tribes of Neurot (groupe composé de membres de Neurosis, servant de la musique expérimentale, électro-acoustique, industrielle, au sens pur du terme) avaient sorti respectivement les albums Times of Grace et Grace.
Le premier était un album classique de Neurosis, qui officient dans le genre qu’ils ont eux-mêmes créé : mélange entre post-rock et sludge, mâtiné de post-hardcore de bon aloi qui a donné naissance à moult rejetons comme Isis, Amenra, YOB ou encore Cult of Luna, et même Mastodon. Le second album, Grace, se compose de titres aux sonorités expérimentales et industrielles, que les esprits chagrins réduiront à des ambiances sonores. Si vous superposez les deux albums, vous obtenez un nouvel album ouvrant une multitude de portes vers des univers sensoriels infinis, en fonction du niveau sonore que vous accordez à l’un ou l’autre album.
Revenons donc à Medium de Mantra. Le groupe nous propose un voyage entre le corps et l’esprit, les deux titres composant l’album représentant l’un et l’autre, et la fusion des deux symbolisant la communion du corps et de l’esprit. Le groupe a même créé un site dédié pour faciliter l’expérience. Très intuitif, un curseur permet de jouer sur le niveau sonore des deux titres. On peut donc aisément, soit les écouter séparément, soit simultanément. Plutôt ludique, comme façon de découvrir leur univers.
La question est la suivante : musicalement parlant, la première approche donne-t-elle envie de multiplier les options, et donc, les écoutes, qu’offre ce concept ? Nous avons joué le jeu, en écoutant chaque chanson, séparément, puis simultanément, en accordant le même niveau de volume aux deux, puis en jouant sur ledit niveau. Verdict ? D’un point de vue purement technique, on a plutôt l’impression d’avoir entre les mains un seul titre, dont on nous aurait fourni les multiples pistes d’enregistrement qui le composent.
En clair, si vous mettez en sourdine l’un ou l’autre titre, après avoir écouté les 2 en simultané, vous vous retrouvez avec une sensation de vide, comme si on vous faisait écouter un titre sans les pistes de basse ou de la seconde guitare, par exemple.
Musicalement, si on s’en tient à une écoute classique des 3 titres, on obtient du metal prog de très bonne facture. Un travail très inspiré en ce qui concerne la progression de chaque voyage de 17 minutes, les ruptures, les transitions, les mélodies. Rien à redire. Si on envisage l’œuvre dans son ensemble, on reste, en revanche, avec cette sensation d’amputation sur l’un et l’autre titre.
En mixant les deux, on s’aperçoit que souvent, des parties plus agressives du premier viennent s’imbriquer sur des parties plus calmes du second, et vice versa.
C’est brillant, mais il demeure un sentiment d’artificialité qui nuit finalement au plaisir et à l’envie d’y revenir. On reste donc avec cette curieuse impression qu’on aurait pu se passer de ce concept et miser directement sur la qualité musicale des compositions.
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