Note du SoilChroniqueur (Le Marquis Arthur) : 9/10

« Dans la splendeur du néant, j’ai traversé le miroir » (Seth, Les Blessures de l’âme)
Bien que tirée d’un autre groupe, cette phrase résume bien ce second album du groupe canadien Medevil. Ils nous proposent des créations musicales, depuis 2014, qui sont axées sur un style à cheval entre le Heavy et le Power Metal. Pour ce deuxième album, ils sont toujours indépendants et produits par eux-mêmes, la qualité est admirable !

Très franchement, j’apprécie beaucoup leur musique très riche qui, en plus, conserve l’authenticité des groupes de Heavy des années 80 /90, mais en le combinant avec de la musicalité moderne sans changer l’esprit général, c’est très beau.
Tout est bien écrit et composé, autant les paroles que les mélodies sont bien travaillées. Pour la thématique, on est sur une introspection profonde et inhérente, c’est très profond et presque philosophique.
Ils dépeignent la noirceur et la complexité interne de l’Homme, un sujet délicat à saisir mais ils le font avec beaucoup d’habilité, à l’image d’une folie indicible qui se répand subtilement comme le poison.
C’est bien sûr dans les paroles que c’est le mieux évoqué, mais même dans la musique on le retrouve, entre un passage qui va être lourd ou plus soutenu qu’un autre, un ensemble d’accords particulier, voire même les différentes atmosphères de chaque chanson évoquent les différentes facettes de cette étude psychologique.
La voix parfois torturée du chanteur accentue encore davantage cette impression. C’est, à mon avis, la voix du subconscient qui décrit les pensées les plus noires, les travers morbides de l’humain. Malgré ce sujet peu flatteur, la musique a quand même quelque chose d’entraînant, sûrement lié à son côté rythmé.

On dit souvent qu’une image vaut mille mots, eh bien ici c’est bien vrai, la pochette réalisée par Ivona Vasileva représente à merveille la thématique de cet album, autant que son titre : ce buste de femme, beauté froide et fascinante, mais à qui il manque une chose importante : le regard, miroir des émotions. Et le fait que tout le haut du visage est invisible par les fractures du miroir dans lequel elle apparaît, laisse l’interprétation à la folie et la noirceur qui y résident. Bien que cette image illustre au mieux les paroles de la chanson éponyme de l’album, elle correspond très bien aussi aux autres chansons de l’album, c’est subtilement recherché et le résultat est vraiment intéressant.
Toutes les chansons ont leur identité propre, mais les deux qui ont vraiment retenu mon attention (et qui sont aussi mes préférées de l’album) sont ‘Among Thieves’ et ‘Pray for me’.
J’aime beaucoup la musicalité sur ces deux-là et les détails des paroles.
Sur ‘Among Thieves’ ils nous décrivent que chacun peut être voleur : voleur de richesses, voleur de liberté, et même voleur de vie. En soi, une leçon de morale qui pourrait faire couler beaucoup d’encre.
Sur ‘Pray for me’ c’est la sensibilité que j’ai appréciée, il y est dit que le personnage est bloqué dans un château, je pense que c’est une métaphore d’une forteresse dans laquelle il est emprisonné par un passé qui le ronge. Une mélange de tristesse et d’agonie presque, j’aime beaucoup.

La complexité du sujet de leur thématique est une source d’inspiration riche, depuis laquelle ils ont magnifiquement réalisé cet album que j’invite à écouter.

Tracklist :

1 Dead before birth (06:18)
2 Among thieves (05:00)
3 Pray for me (06:35)
4 The signal (07:22)
5 Smoke and mirrors (01:48)
6 Weight of the crown (04:18)
7 Mirror in the darkness (08:31)
8 Gateways (02:41)
9 Veiled (03:56)
10 No peace in rest (09:23)

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