Line-up sur cet Album
Matej Pećar : basse, composition de 2 à 7, paroles de 2 à 6 / Ivan Francetić : batterie / Denis Balaban : guitare, composition de 3 / Ljudevit Orešić : guitare, composition de 1, 2, 4, 6 / Tomislav Debelić : chant, paroles de 2 à 7
Style:
Doom Metal /Death MetalDate de sortie:
28 Mai 2023Label:
Tanatofobia ProductionsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Ne combattez l’opinion de personne ; songez que, si l’on voulait dissuader les gens de toutes les absurdités auxquelles ils croient, on n’en aurait pas fini, quand on atteindrait l’âge de Mathusalem.” Arthur Schopenhauer
Ah, ce bon vieux Schopenhauer… Comme j’ai pu en bouffer en classe de terminale de notre ami allemand, philosophe pour les méconnaisseurs. Cela me fait plaisir d’avoir l’occasion fortuite comme cela de caser une de mes citations préférées dans une chronique. Vous comprendrez pourquoi plus bas avec le nom du groupe de ce soir. En tout cas, il est vrai que cela devient compliqué de convaincre les gens qu’ils se trompent, et ce peu importe sur quel sujet ! La crise du covid-19 avait fait resurgir cette propension très humaine à vouloir imposer son opinion, et ce même si ce dernier était d’une stupidité affligeante. Que certains puissent avoir leurs propres opinions sur la situation, je ne le dénie pas. Mais qu’au moins, on nous écoute nous, professionnels de la santé et a fortiori de la santé publique… On avait l’impression d’être revenu à l’époque où on mettait au bûcher les sorcières tellement nos connaissances du terrain et notre soif d’éducation thérapeutique semblaient être des incantations divinatoires de magie noire. Et cet évènement porte désormais un nom : l’ultracrépidarianisme. Franchement, cela ne ferait pas un nom de groupe d’enfer ? Je me souviens à ce sujet, petite parenthèse opportune puisque j’ai acheté l’album récemment, après une chronique, du nom du groupe Tzompantli et de son album : Tlazcaltiliztli ? Cela tue ! Parenthèse refermée. Je disais donc que l’on est sur une ère où chacun voudra imposer sa volonté, et l’on en arrivera à se détester tous les uns les autres à ne pas arriver à s’entendre. Moi, je vois bien poindre un coup pareil dans les futures années. C’est pour cela que je m’efforce d’apprendre à ma fille à respecter les opinions et croyances des autres, et à la fois d’imposer un peu la sienne aussi, histoire de trouver un juste équilibre. Mais en tout cas, jamais cette citation de Schopenhauer, ce bon vieux coquin de Schopenhauer, n’aura autant été d’actualité. Alors, pour l’anecdote, vous connaissez sûrement l’expression qui dit « être vieux comme Mathusalem » ! Mais saviez-vous que Mathusalem est un patriarche, célèbre dans les écrits de l’Islam, mais aussi du judaïsme et du christianisme (ce qui n’est pas courant), pour être une personne extrêmement vieille, soit… 969 ans ! D’où l’expression française, vous l’aurez compris. Eh bien, ce soir, je vous parle d’un groupe dont le nom se rapproche dangereusement, mais pas pleinement. Il s’agit donc de Metuzalem et de son album appelé Infra.
Derrière ce nom qui aspire à la longévité, et donc surement qui porte chance quand on monte un groupe de musique, Metuzalem est en fait un projet tout récent. Datant en effet de 2021, la formation est en plus de cela d’origine croate. Il s’agit donc de mon premier album en chronique de ce pays qui me fascine, et me donne envie d’aller voyager là-bas un de ces quatre ! Formation toute neuve qui se lance donc cette année 2023 avec ce premier album nommé Infra. Du reste, je note que dans les références citées par le groupe, on retrouve des classiques comme My Dying Bride, Anathema et Paradise Lost, mais aussi à ma grande surprise Bolt Thrower ! Et le groupe se revendique comme un hommage à la musique des années 90, citant particulièrement Peaceville. Tout cela me pique de curiosité et je me dis qu’avec des références pareilles, qu’elles soient attendues ou surprenantes, et cet hommage aux années 90, je sens que je vais aimer ! Mais ne tirons pas des plans sur la comète. Allons à la chronique lentement mais surement.
La pochette va de surcroit me plaire beaucoup, non pas que je sois féru de ce genre d’iconographie qui fait très banal dans ce style musical associé, mais parce que j’aime le soin qui est apporté pour une première fois, qui plus est en autoproduction au départ. Les tonalités de couleurs font penser à quelque chose qui oscille entre le doré et le pourri, un mélange subtil entre l’or et le kaki dirons-nous, d’un effet étonnement joli. Pour la représentation en elle-même, nous avons une figure humaine grossièrement dessinée, qui me fait penser à soit un enfant, soit une femme, je ne sais pas trop comme cela. Cela reste simple en termes de recherche graphique, mais je reconnais qu’au moins, le style de peinture utilisé ici a le mérite d’être sympathique et propre. Celui qui a crée ce graphique est en tout cas à son premier essai et même si, comme je disais, le dessin demeure banal dans sa recherche et ne m’attire pas plus que cela d’un point de vue censé, il n’en demeure pas moins que le style est bien fait. Maintenant, il faudra m’expliquer la corrélation entre l’artwork et le nom de l’album Infra qui est un adverbe renvoyant à un équivalent de « ci-dessous »… Là, je coince par contre. Je n’ai pas bien saisi la référence, hormis que ci-dessous, se trouverait l’Enfer par exemple. Enfin, vu comme cela, on pourrait soit ne mettre aucun sens particulier, soit se creuser les méninges pour trouver une métaphore bien enfouie. Mais là, de but en blanc, je n’en ai pas spécialement envie. Je retiendrai, pour la gloire, plus la forme que le fond, ce qui est donc une demi-réussite. Voilà qui veut dire que Metuzalem peut mieux faire.
Et musicalement, disons que le constat précédent se voit rattrapé de manière satisfaisante par la musique. Un Doom Death Metal, ou Death Doom Metal c’est selon tant l’équilibre prête à confusion, qui sonne lourd mais pas trop. Cela prévaut à expliquer que la musique alterne très habilement entre des passages Doom Metal qui sont d’une lourdeur suffisante, pas excessive pour un sou, et qui rappelle sans difficulté le Doom Metal comme on le connait dans sa forme old school presque, et des accélérations en mid tempo qui font d’un coup exploser le compteur des bpm, pour aller vers des riffs plus Death Metal, mais là encore sans parler d’une lourdeur extrême. J’ai remarqué que ce phénomène qui consiste à alterner les deux styles plutôt que de les mélanger comme le font d’autres, devient à la mode et à défaut d’être très productif ces derniers temps, disons que mes propres découvertes tendent à démontrer qu’il existe bien une alternance riffique dans des groupes comme O.L.T.A.S ou plus récemment comme Tzompantli, Eternal Rot, etc. Alors, toute la question est donc de savoir si un groupe comme Metuzalem peut revendiquer une étiquette doom death metal, ou tout simplement que l’on respecte la scission stylistique? Moi, j’opterai pour la scission. Cela ne change toutefois rien à l’impression positive qui se dégage de la musique et qui m’a fait aimer ce premier album. Infra se pare d’une assise composale solide, qui révèle un talent indéniable pour les musiciens, et qui se veut perfectible augurant pour la suite beaucoup de promesses ! En première intention, je dirais donc que le groupe va sur de la musique solide, pas forcément déjà-entendue tout en ne reniant pas les assises préalables à ce style fortement minimaliste au départ, mais en tout cas, sur la composition en elle-même, je n’en tire qu’une majorité de positif. J’ai bien aimé l’écoute de cet album, je ne me suis enthousiasmé mais en tout cas j’ai bien aimé ! C’est un bon début pour un début, n’est-ce-pas ?
Si j’avais éventuellement quelque chose à redire, ce serait sur la production de ce premier album. Infra est incontestablement un album de Doom Death Metal pour résumer, cela ne fait aucun doute. Mais. J’aurais probablement aimé un son plus lourd pour le coup. Alors, en même temps je dis cela, mais au moins on peut entendre les instruments sans tomber dans la lourdeur extrême qui étoufferait volontairement ou non les instruments entre eux. Or, dans le cas de Metuzalem, on entend tout très bien ! Il est ainsi vrai que je penche sans regarder sous mes pieds, offrant donc un spectacle de perplexité. Simplement, moi qui suis un grand amateur de Doom Death très gras, je trouve le son général un brin léger dans cette intention. Je me dis que c’est probablement une volonté du groupe, et le fait que j’explique plus haut que j’ai parfois le sentiment d’entendre un doom metal un peu old school, le tout en lien avec l’appartenance revendiquée sur une franchise sonore très années 90, fait que je suis persuadé au final que c’est fait exprès. Alors, en soi, cette production qui me laisse un peu sur ma faim a au moins le mérite d’être logique avec les revendications du groupe. Et c’est très bien ! C’est rare d’entendre un groupe qui propose une musique aussi raccord avec les biographies. Voilà. Pour le reste, étant plus dubitatif qu’autre chose, j’en resterai là. Mais j’en pense pas moins. Un poil de lourdeur en plus m’aurait fait grandement plaisir. Une prochaine fois, peut-être?
Passons désormais au chant, qui constitue une belle surprise pour ma part. Du moins, après un temps d’écoute moins spontané je dirais. Parce que la technique au départ m’a laissé un brin perplexe là aussi, mais comme j’ai fini par m’imprégner pleinement d’Infra, j’ai fini surtout par accepter l’idée que la musique n’était justement pas aussi lourde que je le voudrais. Donc, la technique en growl medium me sied bien ! Et elle a le mérite d’être bien maitrisée, conférant à l’album un côté bestial et démoniaque qui passe bien. Je trouve d’autre part les variations rythmiques qui sont tentées par le chant, qui pourtant évolue dans un cadre instrumental très long et lent, à la hauteur de la prise de risque associée, soit très bon ! Bref, je n’ai rien de plus à ajouter. Le chant est excellent, c’est tout ce qui compte.
Pour conclure, Metuzalem offre une entrée dans la cour des grands de ce style de musique avec Infra. Sorti cette année, mûri pendant deux années, ce premier album offre des bases sacrément solides pour une première ! Allant sur un doom death metal si l’on n’est pas trop tatillon sur le sens des mots, le groupe revendique une inspiration qui fleure bon les années 90 et offre ainsi un album qui pourrait dérouter les puristes du genre, cherchant une lourdeur extrême, mais qui vont se heurter à un doom death metal moins lourd, mais plus old school dans l’intention globale. Passé l’effet de surprise, il s’avère au final qu’Infra est un très bon album, d’une qualité rare pour une première sortie et qui confère donc à Metuzalem la longévité métaphorique qui émane de son nom.
Espérant que la vieillesse ne fasse pas de ravages trop vite, et que le groupe maintienne comme il le doit toutes ses promesses. Mais pour un début, c’est déjà du très bon. Bravo !
Tracklist :
1. Strepitus Diaboli (1:10)
2. The Vanishing Sea (7:09)
3. Sigil Tartarus (6:14)
4. Reign of Ash (5:09)
5. Hallucinating Eternities (8:47)
6. Divinations (3:25)
7. Infra (6:49)
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