Line-up sur cet Album
- Don Carr : guitare, chant
- Sean Kay : basse
- Mike Liffick : chant
- Patrick Nickell : batterie
Style:
Stoner / Stoner RockDate de sortie:
21 janvier 2022Label:
Metal Assault RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« La dignité de l’art apparaît peut-être à son plus haut degré dans la musique, parce qu’elle n’a point de matériaux dont on soit obligé de tenir compte. Elle est toute entière forme et fond. D’ailleurs, elle élève et anoblit tout ce qu’elle exprime. » Johann Wolfgang von Goethe
Je me rappelle d’une fois où je parlais des égrégores. Dans une énième introduction pompeuse dont j’ai le secret et que mon inconscient s’évertue, dans un élan obsessionnel, à me faire écrire. Concept à la fois managérial mais aussi et surtout ésotérique, les égrégores sont les esprits de groupes »constitué par l’agrégation des intentions, des énergies et des désirs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. » En gros, pour vous la faire courte, une religion est constitué d’un égrégore, mais aussi les clubs de football, les équipes au travail, les voisins, etc. Dès lors qu’il y a un but commun qu’il faut nourrir aussi bien spirituellement que matériellement, il y a un ou plusieurs égrégores. Avec des rituels et des incantations, des prières, des chants. En fin de compte, nous sommes régis par les égrégores et nous n’en avons pas toujours conscience. Cela va à l’encontre du principe de liberté individuelle qui a notamment été défendu dans le satanisme des années 90, entier paradoxe sur le fait de se rassembler vers une doctrine sectaire qui promulgue la liberté individuelle. Mais bon, on n’est pas à une contradiction près… Quoiqu’il en soit et c’est désormais vérifié, la musique est un des plus puissants égrégores. Depuis la nuit des temps, l’emploi de la musique a été d’attirer les esprits et les croyances vers l’Homme, au travers de chants liturgiques ou ritualistes. Cela ne m’étonne jamais que les gens se rassemblent autour d’une musique, alors même que lorsque vous en écoutez certains, ils n’en écoutent pas. Ou peu. Au fond d’eux-mêmes, ils en écoutent et ils s’en nourrissent, c’est l’une des meilleures nourritures de l’esprit avec les autres formes d’Art. C’est ainsi qu’au lieu de m’enfermer dans une énième secte, j’ai décidé d’aller vers la musique comme mon meilleur égrégore. Cela ne m’étonne guère de voir des groupes mettre des termes religieux ou mystiques dans leur univers, surtout dans le metal puisqu’il s’agit d’un lien toxique mais réel entre les deux. Voilà pourquoi, alors que j’avais le choix, j’ai opté ce jour pour une chronique du groupe Noisecult et de son dernier album nommé « Seraphic Wizard« . Comme cela, le décor est planté tout de suite.
Noisecult n’est pas le nom d’un groupuscule religieux qui fait beaucoup de bruits avec des casseroles mais pas loin! En vérité, il s’agit d’un groupe américain qui existe depuis 2004. Solidement ancré sur la scène de son pays, Noisecult cumule à ce jour sept albums avec ce dernier et une vidéo. Aucun autre type de sorties que des albums, quatre étant sortis en indépendant, deux autres sur un autre label et ce dernier « Seraphic Wizard » qui sort donc chez Metal Assault Records, ce qui constitue une belle progression. Même si l’on pourrait penser qu’il était temps, vu que le groupe aura attendu dix huit longues années avant d’avoir un album sorti chez un « moyen » bonnet. Après, petit détail histoire de tricoter un peu la présentation : le groupe n’est pas du genre à tenir un presbytère! Aussi, ne vous attendez pas à un truc super beau, plein d’emphase. Non! Cela sent surtout la bagarre! Et on va le vérifier tout de suite.
Et pourtant, la pochette est plutôt cool par rapport à la musique escomptée. J’entends par-là que le style prête plus à l’art visuel qu’à la baston! L’artwork est vraiment superbe. J’ai cherché en vain qui était cette femme ou ce mec qui a pondu un truc aussi beau. Avec ce style bande-dessinée fantastique, on a déjà un rapport graphique sublime, mais le détail et le style en lui-même sont époustouflants. Le personnage qui semble être un sorcier est très bien exécuté, avec cette robe qui fait penser d’ailleurs un peu à une robe de bure, et ce dernier qui collectionne tout de même quelques clichés comme les longs cheveux et la longue barbe blanches à la Gandalf, manipule entre ses mains ce qui ressemble à la planète Terre, encore que le détail des continents n’évoque pas spécialement un continent connu. Ce que je préfère c’est le ciel étoilé derrière, qui fait penser bien évidemment à l’univers mais qui a un côté lumineux par le bas que je trouve très beau. En fait, cet artwork montre bien ce que je disais plus haut : le pouvoir des égrégores. Quand on nourrit des croyances, notamment sur le devenir de notre monde, on augmente le pouvoir de persuasion et ce dernier peut se matérialiser ensuite par des formes humaines qui sont loin d’être représentatives, mais qui donne à l’Homme une place qui ne lui va pas. C’est tout le paradoxe de ce processus! L’Homme se voit comme un leader. En ce qui me concerne, je pense que cet artwork, au-delà de son style graphique magnifique, démontre bien ce lien entre musique et croyance. Cela ne m’étonne pas que Noisecult utilise ce procédé pour « Seraphic Wizard« , cela me réjouit. Et je suis donc très content du travail accompli sur cette pochette, le genre qui à coup sûr m’aurait fait acheter le CD chez un disquaire. C’est que le boulot est impeccablement rempli!
Je vous disais en préambule que la musique serait en indélicatesse avec l’artwork dans le sens où on est aux antipodes du côté soyeux et soigné. On part en fin de compte sur un stoner très lourd et agressif, le tout sur un fond heavy metal qui se ressent dans les mélodies guitares et le côté rock qui swingue bien. C’est la magie de ce style de musique, associer le côté rock et mélodieux du heavy metal avec la lourdeur environnante du stoner. Noisecult jongle habilement dans la composition avec les passages très lourds, et les quelques mélodies en plus ou soli qui font le bon côté de l’association musicale. L’esprit est résolument rock sur cet album et j’aime bien! Maintenant, reste à savoir si le groupe propose un album de stoner ou de stoner rock ce qui n’est pas totalement la même chose. J’ai un peu de mal à savoir dans le sens où « Seraphic Wizard » me paraît être varié, plus que la moyenne, dans les incorporations. Je sens une pointe de rock ou de heavy metal un peu plus envahissante que l’habituelle recette du stoner qui est plus lourd et viril que réellement swing, mais cette pointe n’est pas assez piquante pour occasionner une franche étiquette stoner rock. On est probablement sur un entre-deux presque parfait pour cet album de Noisecult. Comme cela fait quelques temps que je n’avais pas écouté du stoner, je prends un réel plaisir cette fois. Après, décrire ce style de musique reste assez succinct car c’est un genre qui ne se renouvelle pas si bien. Ce sont souvent des chroniques courtes (lol) mais c’est que le genre me plait toujours autant. Si j’avais des choses à redire, je le ferai. En tout cas, sur bien des points, « Seraphic Wizard » est un album qui me plait beaucoup. Le visuel a beaucoup joué, mais la musique est suffisamment intrigante dans son oscillation entre stoner et stoner rock pour que je sois emballé. Très belle découverte en première écoute!
Comme souvent, la reconnaissance du genre stoner passe par sa production. Il faut un son bien lourd, viril comme je le dis peut-être maladroitement, avec surtout cette prédominance de la basse dans le mixage qui joue un rôle fondamental dans le côté rebondi du son. « Boueux » diraient certains. Ici, je retrouve les ingrédients adéquats à la mise en place d’une production stoner, avec donc ce fameux son lourd, cette basse en avant. Il faut également des guitares plus aiguës pour permettre de prendre la place mélodique qui incombe aux riffs heavy ou rock, et il arrive souvent qu’il n’y en ait qu’une comme dans le cas de Noisecult. C’est souvent un bel exploit car une guitare seule ne peut pas toujours assurée de parties rythmiques sans être accompagnée, or dans le cas du stoner la basse sert non seulement d’accompagnement rythmique, mais aussi mélodique, ce qui permet en fait d’avoir un véritable duo de composition. « Seraphic Wizard » ne déroge pas à cette règle fondatrice. Les deux instruments s’adonnent parfaitement aux joies de la mélodie et de la rythmique, avec une vraie complémentarité. Noisecult a vraiment travaillé sa production. La batterie aussi est excellente, très rythmée et en plus de cela bien coordonnée sur le plan sonore. En tout cas, la base instrumentale est impeccablement mixée. Une production qu’il faut montrer aux amateurs de stoner! Encore que souvent, ce n’est pas le fruit de l’erreur, la production dans le stoner, puisque ce son rebondi se prête bien à un exercice d’enregistrement « garage ». Donc pas vraiment de risques de se planter! Excellent job les amis!
Après, sur le principe même d’évoquer un « sorcier séraphique » j’avoue que je n’aurais pas spécialement choisi le stoner, mais ce style de musique m’a toujours désarçonné dans les concepts abordés. Quoiqu’il en soit, « Seraphic Wizard » est un album qui rend hommage à des références littéraires, fantastiques et graphiques qui en revanche ne m’étonnent moins. Plusieurs fois, le stoner et ses cousins parlent des films d’une autre époque, avec une part non négligeable de fantastique ou de science-fiction un peu nanard sur les bords, du coup je ne suis pas totalement surpris de la référence, quoiqu’inconnue à ce stade, qui sert de concept-album à « Seraphic Wizard« . La musique s’empreint bien en tout cas dans une intention énergique, bourrine un peu et aussi mélodique, avec un côté rock comme je disais qui transpire. C’est typiquement le genre d’albums qu’on écoute pour le plaisir! Avec une longue route à faire, ou accouder avec une bonne bière, le genre d’albums qu’on écoute surtout pour passer un moment agréable, sans se défouler pour autant. Voilà à peu de choses près ce que j’avais à redire sur l’album en lui-même. Noisecult signe en tout cas un septième album de grande qualité, avec ce petit regain propre au stoner qui me fait présentement du bien.
Pour le chant c’est du tout cru. On a bien la technique propre au stoner plus estampillé rock, ce qui me laissait un peu dubitatif sur l’orientation musicale claire et nette de Noisecult est donc bel et bien le chant. Techniquement parlant il n’y a rien à redire, le chant est très bon avec cette voix claire un peu enraillée, virile encore une fois mais avec une belle part laissée à la mélodie ce qui fait du bien à l’ensemble plus énergique. Mais c’est surtout que je retrouve principalement ce type de chant dans un stoner rock, et non dans un stoner tout court. C’est ce qui m’a, l’espace de quelques secondes, laissé un peu surpris. Mais passé cet effet, on devient vite pris par la fougue du chanteur, qui maintient en tout cas cette posture masculine et imposante tout en incorporant de la mélodie et quelques courtes envolées. Le chant est donc un peu la curiosité de ce « Seraphic Wizard« , je trouve. A vous de vous faire votre opinion!
Terminons ici cette chronique! Noisecult est un groupe américain qui propose un septième album nommé « Seraphic Wizard« , sorti chez Metal Assault Records. Qui dit septième album dit potentiellement album de maturité, solide et sérieux, et c’est exactement le cas. Le stoner se voit marcher sur une frontière parfois old school, parfois rock, sans jamais véritablement décider dans quel camp il se situe, pour le plus grand bonheur de l’auditeur. Parce que mine de rien, dans un style musical qui a du mal à se renouveler, essayer comme le fait Noisecult de proposer au moins un mélange subtil et parfois insondable de stoner et stoner rock, au moins la musique se veut un peu plus originale. Et rien que pour l’effort, en plus du talent et de la verve, je mets une belle note! Bravo à vous!
Tracklist :
1. Psycho Cerebral Manipulation 04:13
2. Forever Nevermore 04:10
3. Seraphic Wizard 06:45
4. Season of the Dark Witch 03:40
5. War Eternal 02:55
6. Feth Fiada 05:03
7. The Lords of Eden 05:17
8. Running Wild Running Free 02:55
9. Nachthexen 05:53
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